Les syndicalistes, inscrivant leurs luttes actuelles dans la perspective d’un changement de société, ne peuvent fermer les yeux sur ce très dangereux vote du Parlement européen !
Le 19 septembre 2019, le Parlement européen a adopté, à une écrasante majorité, une résolution sur « l’importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe ». Cette résolution a pour objet d’assimiler nazi-fascisme et communisme.
D’une part, le parlement européen fait du pacte germano-soviétique du 23 Août 39 la cause du déclenchement de la seconde guerre mondiale. Ce qui est une énormité historique tant les collusions entre France, Angleterre et Allemagne nazie sont documentées (Espagne, Autriche, Accords de Munich et Tchécoslovaquie…) ainsi que le refus des gouvernements anglais et français de négocier un accord militaire avec l’URSS.
Les causes de la seconde guerre mondiale doivent beaucoup à la crise économique capitaliste générale des années 30 et à l’option des groupes économiques dominants de soutenir en Allemagne le nazi-fascisme avec la déclinaison tristement célèbre en France du « Plutôt Hitler que le Front populaire » rapidement commuée en collaboration active.
Peu importent ces péripéties pour les députés européens, l’essentiel est de mettre un signe d’égalité entre nazisme et communisme pour en arriver à l’objectif politique de la résolution : demander à tous les pays européens d’appliquer ce qui se fait dans certains pays (en réalité en Pologne et en Hongrie) et d’interdire tous les partis, signes, emblèmes rappelant nazisme et communisme.
Adieu drapeaux rouges, étoiles jaunes, faucilles et marteaux, effigies de Che Guevara et bientôt noms de résistants communistes sur les rues de nos villes ?
En réalité, comme le dénonce l’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC), « cette résolution, d’une extrême gravité, vise à ouvrir la voie à l’interdiction des partis communistes, puis des forces progressistes et du mouvement syndical, comme ce fut le cas, dès 1933, en Allemagne ».
Une telle démarche n’est malheureusement guère surprenante.
En effet, de plus en plus de consciences observent que l’organisation capitaliste de la société conduit à des catastrophes écologiques et anthropologiques irréversibles. Dans les manifestations contre le réchauffement climatique, on voit des banderoles pointant la responsabilité du capitalisme. Même Nicolas Hulot -qui n’est pas un vilain « bolchevik au couteau entre les dents »- déclarait, il y a peu, que le mode de développement actuel est responsable de la destruction de l’environnement.
La question qui se pose, à nouveau, avec de plus en plus de force est : par quoi remplacer ce système de plus en plus violent, destructeur et générateur de conflits et de guerres ? (« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée dormante porte l’orage » nous avait prévenus Jaurès !)
L’assimilation du communisme au nazisme pour interdire le premier vise clairement à freiner la diffusion des idées de « mise en commun » et la marche vers une société où les hommes et les femmes seront les leviers de leur propre vie.
Interdire une partie importante du patrimoine du mouvement ouvrier et populaire n’est que la première étape pour criminaliser l’ensemble des mouvements de résistance et de progrès. Il s’agit d’une gravissime menace sur les libertés qui s’inscrit dans la montée à l’extrême observée partout dans le monde, de la violente répression des mouvements sociaux en France à Trump et Orban, en passant par Bolsonaro qui vise lui-aussi à faire du Brésil « le rempart contre le communisme »…
La bataille fait rage. Les serviteurs loyaux des possédants au parlement européen ne reculent devant aucune énormité pour sauver le système existant. Les syndicalistes doivent dénoncer, avec force et de manière unitaire, ce coup de force contre les libertés.
FSU 81