28 novembre 2022: 202ème anniversaire de la naissance de Friedrich Engels, révolutionnaire, philosophe et savant,
par Georges Gastaud, agrégé de philosophie, auteur de Lumières communes, traité de philosophie générale à la lumière du matérialisme dialectique, 5 tomes, Delga, nouvelle édition relue et actualisée, Delga 2019.
DEFENDRE SANS CONCESSION L’HERIGAGE DE FRIEDRICH ENGELS (1)
UN DUO PHILOSOPHIQUE ET MILITANT INDISSOCIABLE
Depuis toujours, les milieux « marxistes » petit-bourgeois, c’est-à-dire révisionnistes et…
social-carriéristes (socialistes en paroles, carriéristes en fait!) dénigrent la contribution décisive d’Engels à la fondation du socialisme scientifique et, plus largement, à celle du Mouvement communiste international moderne. Rien de plus sot et de plus contraire à la grande amitié que se portaient Marx et Engels, comme à leur constante solidarité de vue sur tous les plans: humain, philosophique, scientifique et, bien entendu, organisationnel et militant. Il faut dire que ce que Lénine appelait ironiquement le « marxisme de la chaire », cette caricature universitaire du communisme scientifique, et que le dirigeant bolcheviks opposait à juste raison à la nécessaire fusion de la théorie scientifique et du mouvement ouvrier de classe, semble pouvoir prendre quelque appui sur la modestie personnelle sans doute très excessive d’Engels: en effet, le cofondateur du marxisme qui a toujours valorisé l’apport théorique de son grand ami Karl aux dépens de sa propre contribution, Friedrich ne s’attribuant que du « talent » alors qu’il n’a eu de cesse de qualifier Marx de « génie »…
COSIGNATAIRES ET… COFONDATEURS DU MATERIALISME HISTORIQUE ET DU COMMUNISME PROLETARIEN MODERNE
Historiquement, rappelons que c’est Engels qui, notamment à travers son livre La situation de la classe ouvrière en Angleterre (1843), a su recentrer l’attention du philosophe « jeune-hégélien » encore passablement spéculatif qu’était le jeune Marx, sur le primat des questions socioéconomiques, sur le rôle des modes de production dans l’histoire et sur la centralité du prolétariat dans les problématiques politiques, organisationnelles et militantes propres au temps modernes. Rappelons que les deux livres fondateurs que furent L’Idéologie allemande (qui, dès 1846, jeta les bases du matérialisme historique et, si l’on y regarde de plus près, du matérialisme dialectique et de la dialectique de la nature) et Le Manifeste du Parti communiste (1848), charte sociopolitique du communisme prolétarien moderne, furent cosignés par les deux jeunes révolutionnaires.
DEUX PHILOSOPHES D’UN TYPE NOUVEAU
Par la suite, les travaux de Marx et d’Engels furent constamment co-assumés jusqu’à la mort de Marx puisque les deux amis se communiquaient tout ce qu’ils écrivaient, le discutaient sans se faire de cadeaux et l’élaboraient en commun: toutes choses que ne peuvent évidemment pas comprendre les « marxistes » petit-bourgeois dont l’égotisme est aux antipodes de la nouvelle manière de théoriser et de philosopher qui était celle de deux militants pratiquant le travail collectif et dont l’oeuvre théorique était intimement liée à l’organisation pratique du Mouvement prolétarien naissant. En un mot, la coopération constante de Marx et d’Engels, ainsi que leur ancrage fort dans le mouvement prolétarien résument ce que Lénine appellera par la suite des « philosophes de type nouveau », Louis Althusser ayant bien fait sur ce point d’observer que la philosophie marxiste émergente n’était pas seulement une nouvelle théorie philosophique, ni même seulement une nouvelle « théorie de la philosophie », mais avant tout une nouvelle manière radicalement neuve de pratiquer la philosophie. En un sens faussement paradoxal, la collaboration d’Engels et de Marx continua même après la mort de ce dernier puisque c’est Engels qui, avec l’aide intelligente de Jenny
von Westphalen, l’épouse et camarade de Marx, consacra le meilleur de ses dernières années de vie à décrypter les manuscrits (presque illisibles) de Marx pour publier et mettre en forme l’édition finale du Capital. N’oublions pas par ailleurs, qu’Engels – qui exerçait, pour raisons alimentaires, des responsabilités d’encadrement nullement plaisantes dans la fabrique de son père (ce qui lui permettait d’observer l’exploitation capitaliste « du dedans », et sans cesser de fréquenter les milieux ouvriers auxquels il était consubstantiellement lié par l’entremise de l’ouvrière communiste irlandaise Mary Burns), faisait tout son possible, pour permettre à Marx de disposer du temps libre indispensable à la rédaction du Capital. Etrange manière « matérialiste » du reste, pour les modernes contempteurs « marxistes » d’Engels, de mépriser la face cachée et « bassement matérielle » de l’oeuvre théorique de Marx sans laquelle cette dernière n’eût pu voir le jour !
ORGANISATEURS INLASSABLES DE L’INTERNATIONALISME PROLETARIEN
C’est ensemble que Marx et Engels fondèrent l’Association Internationale des Travailleurs, dite Première Internationale, et c’est sans l’aide de Marx récemment décédé qu’Engels apporta par la suite son parrainage décisif à la fondation de la Deuxième Internationale, dite Internationale ouvrière, dans laquelle triomphaient enfin, non plus les conceptions utopistes, petite-bourgeoises et anarchisantes, mais les conceptions marxistes, prolétariennes et scientifiques; même si rapidement hélas, et du vivant du vieil Engels déjà, y émergeaient des conceptions révisionnistes avec Bernstein, puis Kautsky.
DIVISION DU TRAVAIL
Sur le plan proprement théorique, et sans qu’il pût s’agîr là de frontières épistémologiques intangibles, Marx et Engels s’étaient en quelque sorte réparti les tâches scientifiques d’une manière en quelque sorte paradoxale puisque Marx, jeune philosophe de formation, s’était surtout chargé d’écrire une critique radicale de l’économie politique bourgeoise (Contribution à la critique de l’économie politique, Le Capital, sans parler des subtils et étonnants « Grundrisse« , ces jalons matérialistes pour une théorie matérialiste-historique de la subjectivité) alors qu’Engels, qui mettait quotidiennement ses mains dans le cambouis des pratiques économiques, était devenu la tête chercheuse de cette paire d’amis dans le domaine de la philosophie, de la théorie politique et des recherches de pointes menées à l’époque en matière de sciences de la nature (Marx restant de son côté un praticien émérite des mathématiques supérieures). C’est ainsi qu’Engels rédigea l’Anti-Dühring où, se confrontant durement à un professeur bourgeois socialisant, il établissait de manière polémique la conception marxiste du monde et de la société. Ainsi parurent notamment Socialisme utopique et socialisme scientifique (dont le titre allemand dit exactement « le socialisme de l’utopie à la science »), le Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande (paru après la mort de Marx et où Engels résume brillamment l’esprit de la nouvelle philosophie en la nommant « matérialisme dialectique »), puis prit forme le brouillon génial, inédit du vivant d’Engels et fortement anticipateur sur le plan scientifique, de la Dialectique de la nature. Un brouillon… génial que la Deuxième Internationale se garda de publier après la mort d’Engels car Karl Kautsky et les autres dirigeants de la social-démocratie rejetaient déjà l’idée d’une philosophie marxiste: ils entendaient confiner le marxisme sur le seul terrain de l’histoire, de l’économie et de la politique sans faire droit à la légitime ambition d’opposer aux conceptions bourgeoises et réactionnaires du monde une conception du monde alternative dans sa cohérence plénière: ce qui signifiait aborder aussi offensivement, dans l’esprit du rationalisme, de la dialectique héritée d’Engels (et largement retravaillée par Marx), les problématiques naturalistes émergentes (mécanique, physique, cosmologie, chimie, géologie, biologie) sur la base de ce qu’Engels (de son point de vue d’ « amateur éclairé » et ami des lumières) pouvait connaître des résultats de pointe de son époque. En un mot, mener une lutte large pour ce qu’aujourd’hui nous appellerions une hégémonie culturelle contestant la bourgeoisie sur l’ensemble de ses conceptions réactionnaires et de plus en plus obscurantistes.
FONDATEUR DU FEMINISME PROLETARIEN
ur le plan anthropologique, Engels fut un pionnier de l’étude de la famille et, sur de solides bases classistes et matérialistes, de ce que l’on appelle aujourd’hui les études de genre. Dans don grand livre L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat où il démontre, sur la base des travaux les plus avancés de son temps, notamment ceux de Morgan, que « la » famille et l’ « héritage » ne sont pas des données immuables mais que, comme l’Etat, dont les contenus de classe varient en fonction des modes de production existants (esclavagistes, féodaux, capitalistes, potentiellement communistes et prolétariens). En particulier, Engels souligne l’impressionnante régression (il parle de « défaite historique de la femme ») qui accompagna au Néolithique, avec la sédentarisation des sociétés, le remplacement progressif de l’ensemble cueillette-pêche-chasse par le nouveau couple conflictuel agriculture-élevage, l’apparition de la propriété privée du sol et des troupeaux; et avec elle, la consolidation des sociétés de classes, de l’héritage privé et, dirions-nous, dynastique, de l’exclusion de toute propriété de la masse des individus producteurs (une exclusion qui constituait le socle à venir de l’esclavage pour les travailleurs sans-terre). Et du même coup de ce qu’Engels appelle ironiquement la « monogamie pour les femmes », surtout pour celles de la classe dominante dont il importait qu’elles arrivassent vierges au mariage et qu’elles demeurassent ensuite « fidèles » à leur seigneur et maître afin de pouvoir lui garantir (« maman sûrement, papa peut-être… ») la transmission « garantie » de l’héritage dynastique et l’impossibilité au moins théorique des mésalliances de classe: si bien que, démontrait Engels, la propriété privée du sol, l’héritage de type dynastique, la domination patriarcale accrue des maîtres de la terre et des troupeaux, et pour finir la dictature de classe garantie par un Etat, par une religion et par un droit de classe formant un tout cohérent. Engels établit ainsi que le combat du prolétariat pour l’émancipation sociale est structurellement solidaire de la lutte des femmes pour l’égalité, toutes choses qu’aura en tête l’Allemande Clara Zetkin, rédactrice du journal L’Egalité et future cofondatrice de l’Internationale communiste, quand elle fondera le féminisme prolétarien et qu’elle créera la Journée de lutte internationale du 8 mars (1911).
ENGELS EXPLORATEUR DE LA DIALECTIQUE DE LA POLITIQUE ET DE LA CHOSE MILITAIRE
Il faut en outre ajouter qu’Engels, qui avait commandé des troupes révolutionnaires au plus fort de la tempête de 1848, et que toute la famille Marx appelait affectueusement « Général », fut également un pionnier des études militaires et qu’il comprit très vite le parti que le marxisme devait tirer du livre magistral De la guerre écrit par l »officier prussien contre-révolutionnaire Carl von Clausewitz: ce dernier établissait notamment que « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens, ceux de la violence armée »; ce qu’Engels, ultérieurement suivi en cela par Lénine, complètera en ajoutant que, dès lors que la lutte de classes est l’épicentre des luttes politiques modernes, il suit logiquement que la guerre est la continuation de la lutte de classes (et non « de la folie meurtrière d’un individu » et autres sornettes psychologisantes) par les moyens de la violence d’Etat ou de parti…
MATERIALISME DIALECTIQUE ET MATERIALISME HISTORIQUE: UN BLOC COMPACT ET SANS FISSURE
Ajoutons que, pour ceux qui veulent bien se donner la peine de lire Engels, et aussi de suivre de près l’actualité scientifique dans les revues spécialisées, la Dialectique de la nature est stupéfiante de cohérence et de puissance d’anticipation – du moins si l’on a l’intelligence minimale de comprendre qu’il faut saisir les lignes de principe que dessine ce texte inachevé et non pas de reprocher mesquinement à Engels d’être tributaire, comme tout un chacun l’est à toute époque, des connaissances limitées de son temps. Par ex., le chapitre de Dialectique de la nature intitulé Rôle du travail dans la transformation du singe en homme prolonge et enrichit la phrase capitale de l’Idéologie allemande qui affirme déjà, avec l’accord de Marx, que « les hommes commencent à se distinguer des animaux dès lors qu’ils commencent à produire leurs moyens d’existence, pas en avant qui résulte de leur complexion corporelle elle-même. En produisant leurs moyens d’existence, les hommes produisent indirectement leur vie matérielle elle-même« . Pour qui sait lire, ce texte d’une irréfragable logique matérialiste-rationaliste démontre la thèse centrale du matérialisme historique, c’est-à-dire la centralité historique des modes de production (les hommes s’autoproduisent à partir du mode de production de leur vie matérielle, en résumé, à partir du travail et de la place qu’ils y occupent distributivement). Pour cela, L’Idéologie allemande arrime le matérialisme historique, cette méthodologie de la science historique moderne et ce rempart contre les naïvetés idéalistes, ouvre la voie
DIALECTIQUE DE LA NATURE ET MATERIALISME HISTORIQUE: LE TRAVAIL HUMAIN COMME PIVOT
a) à la dialectique de la nature; en effet, le passage révolutionnaire de l’animalité (l’homme est d’abord un animal et le reste en grande partie puisqu’il est d’abord à tout jamais un corps dans un environnement) à l’humanité proprement dite (émergence et accumulation au moins possible d’objets artificiels, d’outils, de savoir-faire appris s’interposant entre l’homme et la nature, susceptibles de croître en nombre et en qualité avec les générations, s’accompagnant d’une culture mentalement intériorisable par l’éducation, donc apparition et développement de l’héritage socioculturel en complément, voire en concurrence avec la seule hérédité génétique ou épigénétique). Il s’agit bien d’une dialectique puisque le passage de l’animalité à l’humanité s’opère en vertu du « pas en avant » (par la suite les marxistes parleront de « bond qualitatif ») que constitue l’apparition de la production technique proprement dite, donc d’un seuil qui, certes, s’annonce déjà chez certains animaux (utilisation régulière ou épisodique d’outils), mais qui, chez l’homme, se systématise et ne cesse de s’étendre; il s’agit aussi d’une dialectique de la nature ; en effet, et quoi qu’en disent certains fétichistes actuels de la « praxis humaine » prétendument « créatrice » et toute-puissante, lesquels nient la dialectique naturelle et rendent ainsi mystérieuse l’émergence de l’humanité « culturelle », le « pas en avant » constaté par Marx et Engels dès 1845 est explicitement relié par eux aux transformations de la « complexion corporelle » des hommes, bref, à ce que les préhistoriens à venir nommeront après Leroi-Gourhan, la révolution anatomique qui a affecté le « dispositif corporel de l’homo sapiens »: redressement vertébral lié à la station debout (elle-même conditionnée par des transformations climatiques radicales survenues en Afrique), libération de la main des contraintes locomotrices, développement crânien lié au repositionnement de la tête par rapport à l’axe vertébral, régression de la face et recul des crocs, apparition chez Sapiens des organes facilitant la phonation, pouce opposable de la main et résorption de la quadrumanie; à quoi sans doute il faut ajouter l’allongement de l’enfance humaine, propice à l’apprentissage et à la transmission. En cela, Marx et Engels « tendaient la main », si j’ose dire, à leur contemporain Darwin, lui-même héritier de Lamarck, et à sa théorie de la transformation des espèces biologiques, ainsi qu’à Lyell qui avait établi, après Cuvier, le caractère historique et évolutif de la géologie terrestre, Kant et Laplace ayant déjà de leur côté formé l’hypothèse objectivement dia-matérialiste du caractère historique de la formation du système solaire. Bref, l’historicité intrinsèque de l’humanité possède, si l’on ose dire, des origines clairement naturelles et évolutives et symétriquement, la nature comporte une historicité intrinsèque marquée de manière complexe par des dialectiques matérielles de l’évolution quantitative et des mutations qualitatives: en un mot, une dialectique de la nature, CQFD! C’est ce que développe brillamment sur tous les terrains, cosmogonie, dialectique des diverses formes d’énergie physique, « passages » de la pure physique aux réactions chimiques, origine chimique et biochimiques du vivant, la Dialectique de la nature en montrant que les relations entre nature et culture sont elles-mêmes dialectiques et interactives: car la centralité émergeante du travail et de la production va favoriser et accélérer chez les ancêtres d’Homo, au moyen de la sélection naturelle envisagée par Darwin, tout ce qui, du côté de la nature, peut en retour favoriser l’aptitude des hommes premiers à l’acculturation, notamment l’augmentation de la taille du cerveau qui, entre autres, va creuser l’écart considérable qui existe désormais entre nous et nos cousins anthropoïdes.
DIALECTIQUE DE LA NATURE, REVOLUTION COMMUNISTE ET REVOLUTION DU RAPPORT A L’ENVIRONNEMENT
b) le matérialisme dialectique proprement dit puisque, comme on le voit, le matérialisme historique et la théorie du communisme qui va s’y arrimer s’emboîtent eux-mêmes dans une conception générale du monde et de la nature qui comporte des dimensions mathématiques, mécaniques, physico-chimiques, géo-climato-biologiques, si bien qu’il serait vraiment stupide à notre époque, où la question des relations nature-culture prend une dimension politique axiale, de nous priver de cet apport pour penser la manière dont l’humain, sorti de la nature par une révolution interne à cette dernière, a désormais pour tâche proprement vitale de maîtriser son rapport à l’environnement de façon telle que la culture, fille de la nature, d’abord étroitement soumise à elle (religions de la nature, paganismes…), puis brutalement négatrice à son égard (« le capitalisme ne produit la richesse qu’en épuisant ses deux sources, la Terre et le travailleur », Marx), se fixe pour tâche, via le communisme (la « société des producteurs associés », dira Marx, « des coopérateurs civilisés », précisera Lénine) d’éliminer la sauvagerie des relations sociales (la « guerre de tous contre tous » inhérente au capitalisme, cette jungle sociale/asociale) pour mieux pouvoir civiliser le rapport de l’homme à la nature en réconciliant, si l’on peut dire, Gaïa à Prométhée: de même que la production communiste de l’avenir devra reproduire scientifiquement un environnement qui n’a plus grand chose à voir avec la « Mère-Nature », de même cette révolution anthropologique des rapports hommes/environnement nécessite-t-elle symétriquement qu’au sein même de la société, la domination barbare implicite de la sauvagerie naturelle (dont le néolibéralisme contemporain est l’exacerbation avec sa « concurrence libre et non faussée » globalisée) soit éliminée au profit d’une planification rationnellement et internationalement organisée. Voilà entre autres de quoi l’on se priverait, politiquement et anthropologiquement si l’on décidait, avec le « marxisme » dominant mâtiné d’idéalisme et de positivisme, de la dialectique engelsienne de la nature… Laquelle est au contraire le moyen décisif de mettre le communisme de nouvelle génération, et à travers lui, le prolétariat, au coeur des transformations environnementales progressistes, politiquement révolutionnaires et scientifiquement progressistes, qu’appelle notre époque au lieu d’abandonner ces problématiques aux pseudo-écologistes « verts » réactionnaires et impérialistes !
CONCLUSION
Résumons-nous: ricaner sottement quand on parle d’Engels ou plus encore, quand on parle de Lénine, et par ce fait même, transformer Marx en un « grand philosophe classique » dissocié du matérialisme dialectique, de la dialectique de la nature, de la dialectique de l’émancipation sociale et de l’émancipation féminine, de l’analyse de classe de l’Etat et de la propriété (les révisionnistes n’aiment guère qu’on leur rappelle que leur prétendu « révolutionnement de la société » sans dictature du prolétariat ni socialisation des moyens de production n’est que poudre de perlimpinpin!), rattaché à Hegel, à Feuerbach ou à Lukàcs non par ce qu’ils ont de fort, mais par ce qu’ils ont de faible ou d’idéaliste, couper du même coup le matérialisme marxiste de l’essor dia-matérialiste prodigieux des sciences « dures » contemporaines, et pour finir, déraciner la conception du monde, de l’histoire et de la société dont nous avons besoin pour opposer, cohérence contre cohérence, les nouvelles Lumières communes de l’hégémonie culturelle progressiste à l’hégémonie culturelle réactionnaire et obscurantiste qui tend à dominer aujourd’hui, c’est fondamentalement EDENTER le marxisme, DESARMER les communistes, et pour finir, sous couvert d’exalter Marx, dé-marxiser le communisme tout en décommunisant et en déprolétarisant le marxisme.