8 et 9 mai 1945, vaincue par les soldats soviétiques de l’armée rouge qui ont pris Berlin, appuyés par les résistants – pour la plupart communistes – de toute l’Europe, le IIIe Reich est vaincu, l’Allemagne nazie capitule. À l’époque, les Français savaient dans leur immense majorité, pour l’avoir vécu, qu’ils devaient « leur libération à l’URSS », pour reprendre les mots de De Gaulle pourtant connu par ailleurs pour son anticommunisme.
Et c’est un fait historique confirmé par exemple par l’historien britannique Richard Overry
«Si la défaite de l’armée allemande était l’objectif stratégique central, le conflit sur le front de l’Est en a été le théâtre principal. C’est là-bas que l’armée allemande a été affaiblie puis a battu retraite, avant que l’essentiel des troupes alliées, terrestres et aériennes, n’arrive sur place en 1944.»
Richard Overry – historien britannique, spécialiste de la seconde guerre mondiale
74 ans de guerre froide et de bourrage de crâne anticommuniste plus tard, pour plus de la moitié des français ce sont les USA qui auraient le plus contribué à la défaite de l’Allemagne Nazie, seul un quart des Français répondant l’Union Soviétique. Les faits sont pourtant têtus, c’est bien l’armée soviétique qui a militairement détruit, de Moscou à Stalingrad, de Koursk à Berlin la quasi totalité des forces militaires de l’Axe. Les pertes militaires de l’Allemagne nazie et ses alliés ont a 87% été causées par l’armée rouge. Elles étaient quasi nulles à l’Ouest jusqu’en 1944, l’URSS supportant la quasi totalité des attaques des armées de l’Axe jusqu’au débarquement qui n’est intervenu qu’à partir du moment où l’armée rouge avançait sur Berlin. Ce n’est pas au débarquement que la France doit de manière décisive sa libération, mais bien aux sacrifices des peuples soviétiques.
Le seul argument employé pour bourrer le crâne des écoliers, collégiens et lycéens en France et de faire passer dans ce qu’il faut bien appeler une infox l’URSS pour un allié de l’Allemagne. Pour cela, les anticommunistes primaires, en bon révisionnistes attaquant systématiquement le premier pays socialiste de l’histoire pour excuser les régimes fascistes de l’Axe en les amalgamant, brandissent le pacte germano soviétique. On observera d’ailleurs que personne ne reproche aux USA leur entrée en guerre tardive ainsi que le commerce massif qu’ils ont entretenu avec l’Allemagne nazie.
Pourtant, les faits sont têtus et la chronologie implacable. Si l’URSS a dû signer le pacte germano-soviétique, c’est contrainte et forcée en raison des alliances entre les puissances occidentales et l’Allemagne nazie. Jugez plutôt :
Liste des années au cours desquelles des États ont conclu et signé avec l’Allemagne nazie d’Hitler des accords ou pactes :
- 1933 : GB France italie – Pacte des quatre
- 1934 Pologne – pacte Hitler-Pilsudski
- 1935 GB accord naval anglo-allemand
- 1936 Japon-Allemagne – pacte antikomintern
- 1938 septembre : GB pacte de non agression
- 1938 décembre: France Pacte de non agression
- 1939 mars Roumanie – accord économique
- 1939 mars Lettonie – pacte de non agression
- 1939 mai Italie – pacte d’Acier
- 1939 mai Danemark- Pacte de non-agression
- 1939 juin Estonie – pacte de non-agression
- 1939 juin Lituanie – pacte de non-agression
- 1939 août URSS – Pacte de non-agression
Dès 1938 la France et la Grande Bretagne avaient signé des pactes de non- agression avec l’Allemagne nazie.
L’URSS ne se résoudra au pacte germano-soviétique que bien après avoir proposé et attendu en vain que la France et la Grande Bretagne répondent à sa proposition d’alliance militaire, après les accords de Munich, après que ces dernières aient signé elles-mêmes des pactes de non-agression (Bonnet-Ribentrop par exemple pour la France).
Rappelons que le pacte Bonnet-Ribentrop permettait l’amélioration de la coopération économique entre le capital français et le capital allemand, avec notamment des livraisons importantes de matières premières, ainsi qu’un débouché pour les productions industrielles allemandes, participant ainsi directement au réarmement de l’Allemagne nazie.
L’autre 8 mai 1945
Le 8 et 9 mai nous commémorons aussi des événements qui furent à l’origine du mouvement de libération nationale dans le Tiers-Monde, comme le guerre d’Indochine(1946) et son cortège de carnage accompli par les troupes des impérialistes français, le soulèvement et l’horrible répression de Sétif en Algérie (1945) ou l’immense massacre des Malgaches révoltés à Madagascar (1947) . Dans ces trois pays, c’est l’impérialisme et le colonialisme français qui, refusant de lâcher prise, oppriment, torturent, massacrent. Et finalement après des années de guerre et de crimes, les peuples triompheront et la libération nationale s’imposera avec l’appui de ce “grand arrière” qu’était alors l’URSS pour les peuples en lutte. Les communistes français ont combattu ces guerres coloniales – dès les années vingt contre la guerre du Rif – avec courage et détermination, certains d’entre eux le payant de leur vie, de prison, de tortures : et nous honorons toujours les noms d’Henri Alleg, membre du comité de parrainage du PRCF, et d’Henri Martin, récemment décédé. Les communistes ont toujours compris et dit que la libération des autres peuples était la condition de la libération du peuple français, “Un pays qui en opprime un autre ne saurait être libre” comme l’avaient écrit Marx et Engels .
Combattre l’impérialisme français aujourd’hui dans ses aventures guerrières néo-coloniales en Libye, en Irak, en Syrie, au Mali, en Côte d’Ivoire, c’est plus que jamais s’affirmer patriote et internationaliste. Dien-Bien-Phû fut ainsi une victoire vietnamienne mais aussi une victoire du peuple français héritier de 1789 et de la Commune, une victoire de la classe ouvrière française contre son propre impérialisme, ses propres exploiteurs, ses propres “saigneurs de la guerre”: “l’ennemi principal est dans ton propre pays” comme le disait le communiste allemand Karl Liebknecht. C’est encore plus vrai aujourd’hui où du même mouvement, et sous couvert de construction euro-atlantique, l’impérialisme français détruit des peuples étrangers (ingérences caractérisées en Syrie, Ukraine, Afrique francophone, Libye) ET son propre pays dont il arase les institutions républicaines et laïques, les acquis sociaux, le « produire en France », la langue (arrachée subrepticement au profit d’un basculement galopant vers le tout-anglais), la souveraineté et la conscience nationale, défigurée en xénophobie.
C’est pourquoi le PRCF brandit les deux drapeaux révolutionnaires créés au cours de notre histoire : le drapeau tricolore de la grande Révolution des Sans-Culottes et de Robespierre, le drapeau des Résistants, mais aussi le drapeau rouge frappé de la faucille et du marteau, ces deux drapeaux unis et non opposés l’un à l’autre, tous deux symboles du Front Antifasciste, Populaire et Patriotique qu’il faut construire contre les deux drapeaux de la destruction et de la honte nationale, le drapeau bleu-marine et le drapeau bleu-marial de l’UE. Du même mouvement, combattons l’impérialisme français, cette oligarchie qui soumet et détruit la France tout en opprimant les autres peuples.
JBC pour www.initiative-communiste.fr