DEBAT – Dans une tribune, notre camarade espagnol, figure du syndicalisme de classe – il est Secrétaire Général de l’UIS des Pensionnés de la FSM – explore les éléments nécessaires à la révolution socialiste au 21e siècle. Une réflexion théorico-pratique qui pose de façon très nette la question de l’organisation des travailleurs. A quel niveau, comment, pourquoi ? Cette réflexion, au delà des différents postulats donc chacun pourrait discuter, aboutit à une conclusion efficace mais qui est issue de l’expérience des luttes, de celle des révolutions gagnantes telle la révolution bolchévique de1917. Une conclusion qui démontre la grande actualité du marxisme-léninisme pour faire gagner la classe des travailleurs. Cette conclusion c’est celle de la nécessité de l’organisation politique et idéologique de la classe des travailleurs avec un parti communiste faisant lien avec un syndicat de classe et de masse et des organisations capables d’irriguer la société pour animer la résistance face aux injustices scandaleuses du capitalisme. Un vrai parti communiste et non pas une organisation sociale démocrate. C’est bien ce à quoi travaillent les communistes en France avec le PRCF et les JRCF.
LA RÉVOLUTION SOCIALISTE AU 21e SIÈCLE
Camarades, amis.
Je vais expliquer, aussi brièvement que possible, ma conception du processus révolutionnaire, ESSENTIEL, pour en finir avec le Capitalisme génocidaire. Je me fonde sur mes expériences, très diverses, de près de 60 ans de lutte militante et organisée.
PRÉAMBULES :
CONSTAT DE DÉPART
Alors que le capitalisme traverse une crise profonde, différentes luttes syndicales et politiques se développent dans de NOMBREUX pays. Des forces politiques radicales d’importances diverses, aussi minimes soient-elles, se font jour et sont présentes dans tous les coins de la planète. Les guerres impérialistes génèrent de fortes réactions anti-impérialistes dans l’avant-garde de la classe ouvrière. De ce fait, une situation révolutionnaire pourrait se produire, dès “demain”.
Les conditions objectives et subjectives pour renverser le capitalisme et construire les sociétés Socialistes qui mèneront l’Humanité au Communisme, se mettent en place, bien sûr, mais pas aussi vite que nous le voudrions.
Sans être européo-centristes, nous devons reconnaître que la décision du capital de subventionner la classe ouvrière européenne (en général, occidentale) afin d’éliminer toute velléité de processus contestataire et révolutionnaire, l’a désidéologisée et ce depuis longtemps. Ce fut ce moment quand les États ouvriers (notamment l’URSS) ont donné de l’espoir à une classe exploitée.
L’État-providence était la réponse des démocraties bourgeoises au véritable socialisme. Mais aujourd’hui (pour surmonter leurs crises cycliques), ils procèdent au démantèlement de tout ce qui est service public. Supprimant ainsi les avantages que la bourgeoisie n’a accordés à aucun des habitants des États d’Asie, d’Amérique ou d’Afrique. Chez ces derniers, apparaissent différentes conditions révolutionnaires.
Pour combattre toute velléité de rébellion en dehors du premier cercle du pouvoir, le capitalisme affiche son caractère impérialiste qui, d’une part, réprime dans le sang et le feu et, d’autre part, tente d’agréger de larges pans de la classe ouvrière de ses pays en usant de la peur, des invasions, de l’immigration, de la lutte des civilisations, du terrorisme… afin de mettre l’opinion publique de son côté, et tenter de la convaincre que la lutte des classes n’a rien à voir avec le conflit actuel.
Les classes dirigeantes ont démontré leur grande capacité à réagir et à s’adapter, pour continuer de retarder leur mort, ainsi certaines monarchies de type féodal survivent et coexistent avec le capitalisme, qui revêt certains aspects d’un esclavage moderne.
Le leadership économique, politique et, dans une certaine mesure, militaire, du cœur du pouvoir capitaliste, à savoir les États-Unis, bien qu’il n’ait pas été vaincu, est sérieusement atteint. Aujourd’hui, les États-Unis ne sont plus en mesure de diriger le monde comme ils le faisaient auparavant, même s’ils inféodent l’UE.
L’autre arme du Capitalisme, l’économie, est en chute libre; le Dollar n’est plus qu’une pâle image de ce qu’il était dans la sphère économique internationale, seules ses « colonies » continuent à le considérer comme le modèle économique de référence dans les transactions commerciales internationales. Les États-Unis détiennent la plus grande dette extérieure au monde, en 2020 cette dette a atteint 135% du PIB, et environ 25% des obligations émises par le gouvernement nord-américain, afin d’obtenir des liquidités, sont entre les mains du Gouvernement chinois.
Chaque fois que la lutte des classes s’accentue, le phénomène social-démocrate apparaît sous différentes formes, avec pour mission de freiner la lutte et détourner l’attention vers le possibilisme bourgeois.
Nous, communistes, qui avons certainement écrit les pages les plus héroïques de l’histoire, avons commis une erreur, que nous continuons parfois de commettre encore aujourd’hui, celle de nous taire et d’accepter la social-démocratie, en lui accordant une reconnaissance ou une aide presque égale à celle des révolutionnaires, alors qu’en réalité, c’est tout le contraire.
Pour leur plaire, pour les avoir comme alliés (sans qu’ils veuillent l’être), nous avons évité, à de nombreuses reprises, de parler clairement, avec fermeté, sans détour. Nous avons évité de parler de lutte des classes, de révolution, de socialisme, nous avons évité de les dénoncer auprès des travailleurs, nous avons évité de les accuser d’être complices du capital, nous leur avons donné un espace qu’ils ne méritent pas et nous sommes allés jusqu’à autoriser et adopter une partie de leur discours.
Face à cette réalité, l’essentiel est que le moment venu, un parti révolutionnaire soit prêt et capable de tirer parti de la contradiction fondamentale créée, répétée et exacerbée par la crise capitaliste.
Une question cruciale est de savoir si un parti marxiste-léniniste peut saisir la situation révolutionnaire à temps (au bon moment, comme l’ont fait Lénine et le Parti Bolchevik), et mener la lutte de masses vers le renversement social du système exploiteur. Par exemple, en mai 1968, la France connaissait alors une situation révolutionnaire, le Parti Communiste ne sut pas en profiter pour un renversement social qualitatif. Le Parti Communiste argentin fit la même erreur, quand au lieu d’appeler à la subversion sociale par l’action, il lança des slogans appelant à des transformations réformistes, au sein du système capitaliste.
LISTE DES POSTULATS :
- Les dirigeants du Capitalisme (les propriétaires des multinationales) n’abandonneront pas leurs places au pouvoir (économique, idéologique, informationnel, législatif, juridique, social, etc.) si ce n’est par la force. Si nous ne les dépossédons pas de leur pouvoir actuel, et si nous ne construisons pas un nouveau pouvoir de classe et un nouvel État avec notre propre système.
- Les capitalistes sont organisés au niveau mondial, et « achètent » les personnes les plus instruites et les plus compétentes, afin qu’elles conçoivent les décisions qui sont ensuite mises en œuvre par les gouvernements de la classe dominante, les gouvernements du capital. Cela crée la confusion que (en dehors des « achetés » qui partagent pleinement le projet capitaliste) certains des « achetés » pensent même avoir leurs propres critères et croient lutter contre les grands capitalistes, alors qu’ en réalité, ils jouent leur jeu et suivent leur idéologie.
- Au XXIe siècle, sous réserve du PREMIER PRÉAMBULE, je ne pense pas qu’il soit facile (même si nous ne pouvons et ne devons pas l’exclure) de reproduire les conditions (objectives et subjectives) qui nous permettraient de réitérer (avec les variations appropriées) les exploits des révolutions vécues à Cuba, en URSS, en Chine, au Vietnam, au Laos ou en RPDC. En réalité, les conditions objectives sont nombreuses, mais les conditions subjectives ne sont pas encore une réalité pour la grande majorité des gens (c’est à l’avant-garde révolutionnaire d’aider à les créer, par la lutte).
- La tactique de la pensée hégémonique, qui a inoculé l’individualisme et inventé la fausse classe moyenne, a morcelé le prolétariat. La puissance du mouvement féministe subit une contre-attaque similaire avec l’invention de « l’identité de genre ».
- La voie que je conçois, somme des voies politiques, économiques, culturelles, sociales, etc., est celle du changement de conscience politique de la majorité de la population. Autrement dit, la lutte idéologique comme base permettant à la majorité de la population de voir clairement qu’il nous faut détruire le capitalisme, et donc, d’agir en conséquence. Tout cela sans oublier qu’à un moment donné, il faudra renverser le pouvoir étatique et ses appareils de classe, car la bourgeoisie ne les abandonnera pas de son plein gré.
- Notre ennemi en est conscient, et c’est pour ceci qu’il investit tant d’argent et d’efforts dans sa lutte idéologique, et c’est pour cela qu’il a pris le contrôle des médias (privés et publics).
- Pour chacun, l’éducation idéologique commence, dans son entourage familial, amis, collègues de travail et de voisinage, mais prend racine dans les établissements d’enseignement (aujourd’hui, sauf exceptions, sous contrôle de l’idéologie bourgeoise) et TOUT PARTICULIÈREMENT dans toutes les luttes contre les injustices. L’apprentissage s’enrichit de sa propre expérience. Sans expérience de lutte et d’organisation, il n’y a pas de possibilité de maturation de la conscience.
- Nous partons généralement d’un faible niveau de connaissances sociales et historiques, tout comme du manque inquiétant d’intérêt pour ces questions. Le capitalisme a consacré beaucoup de ressources pour que ses exploités n’aient pas conscience qu’ils le sont, favorise l’inculture et les loisirs non formateurs, » les vendant » comme bien-être (et ainsi laisse croire qu’il n’y a pas d’exploitation).
- Les révolutionnaires aspireront toujours à mieux comprendre ce qui se passe autour d’eux et dans le monde. D’où leur soif d’étudier et de débattre, de confronter leurs idées et de les améliorer.
- Nous devons tenir compte de la nouvelle réalité des « réseaux sociaux”. Ils constituent un élément de plus en plus important de la bataille idéologique. Les multinationales des technologies de l’information et de la communication contrôlent cette bataille, censurant et empêchant la circulation de tout ce qu’elles veulent.
- Les réunions virtuelles ont l’avantage de faire économiser du temps et de l’argent (notamment sur les déplacements) mais suppriment le contact humain, indispensable au renforcement des liens relationnels, si utiles lors des batailles difficiles.
- Enfin, dans la lutte idéologique, nous devons être très clairs sur ce que signifie avancer, pour que, dans de fausses perspectives d’unité dans la lutte, notre ennemi ne puisse pas nous faire régresser.
- Tant que le Capitalisme existera, l’exploitation et les innombrables injustices qui l’accompagnent perdureront, et nous DEVONS SAVOIR FAIRE COMPRENDRE que les injustices ne disparaîtront que si nous éliminons le capitalisme. Le capitalisme est basé sur l’exploitation et l’oppression, ce qui génère les injustices.
- Il ne s’agit pas de vaincre, une à une les injustices, nous devons vaincre le pouvoir capitaliste qui les provoque.
- Nous devons apprendre à tirer les leçons des erreurs commises dans les pays qui ont lutté pour construire le Socialisme, comme étape préalable au Communisme, en particulier dans l’ex-URSS. Sans ces graves erreurs commises, et sans l’intervention (infiltrée) de l’ennemi de classe au sein des partis ayant cessé d’être communistes, jamais le Capitalisme n’aurait pu faire son retour dans les pays qui construisaient le Socialisme depuis des décennies.
- En tant que système politico-économique, le Capitalisme, si nous, révolutionnaires anticapitalistes, ne le détruisons pas, finira (comme Karl Marx le prédisait) par s’autodétruire, en raison des contradictions (que nous, révolutionnaires, essayons de multiplier) entre les forces productives et les rapports de production, dans chacun des modes de production. Mais au lieu d’attendre que cela se produise, nous, les révolutionnaires, devons intervenir pour l’accélérer.
- Une guerre nucléaire peut signifier la fin du Capitalisme. Et actuellement, cette possibilité n’est pas à exclure, compte tenu du besoin constant de plus de plus-value, d’une plus grande rentabilité pour le capital productif, et de la volonté pour les dirigeants des multinationales de s’enrichir davantage (pour la nécessité de maintenir actif le cycle élargi de reproduction du capital). Une guerre nucléaire pourrait être la fin de l’existence humaine.
- C’est pourquoi la lutte pour la PAIX est une partie fondamentale et URGENTE de la lutte pour une société sans capitalisme. La lutte pour la paix ne donne de véritables résultats que si elle est menée contre les causes des guerres, c’est-à-dire contre l’impérialisme, en tant que stade suprême du capitalisme.
RÉALITÉ:
- . La lutte des classes existe (même si aujourd’hui, des syndicats tels que les CCOO dans l’état espagnol la nient, CCOO qui dans leurs premières années d’existence étaient anticapitalistes), et elle existera tant que le Capitalisme existera.
- Dans cette lutte, nous devons souligner le rôle avant-gardiste de la classe ouvrière dans la lutte révolutionnaire, en démontant les mythes, inventés par notre ennemi de classe, tels que la classe ouvrière n’existe pas aujourd’hui, ou que les ONG, les étudiants, les sans-abri et les sans-terre constituent l’avant-garde. Tous ces collectifs peuvent et doivent (par une réflexion idéologique) admettre que la cause principale contre laquelle ils luttent est le capitalisme, et rejoindre la classe ouvrière dans le processus révolutionnaire.
- L’OTAN est l’instrument principal de l’impérialisme américain, y compris pour la domination des pays capitalistes (et également impérialistes) d’Europe, (comme le démontre la guerre que l’OTAN a provoquée entre la Russie et l’Ukraine). L’Impérialisme, en tant que stade suprême du capitalisme, continue à pressurer de nombreux pays, à piller les richesses naturelles des anciennes colonies, au prix de génocides qui dépassent de loin les massacres perpétrés au Moyen Âge par les colonisateurs espagnols, britanniques et autres.
- Pour financer les dépenses de l’OTAN, 40 % de nouveaux billets de dollars ont été fabriqués (sans contrôle). Pour son impérialisme en Afrique, la France a, elle aussi, imprimé (sans contrôle) des millions dans la monnaie utilisée par ses anciennes colonies africaines, qu’elle utilise pour rétribuer les terroristes qui contrôlent militairement les territoires, d’où décollent les avions des multinationales françaises qui volent aux pays africains leurs minerais. En réalité, une fausse économie s’est créée, basée sur la dette et la monétarisation d’une économie de plus en plus fictive.
- Grâce à la guerre en Ukraine, l’OTAN a réussi à faire en sorte que les États-Unis vendent le gaz à l’Union européenne à un prix 40 % plus élevé que celui auquel l’UE l’achetait à la Russie. Et cela dans le cadre de la nouvelle répartition des marchés et de la nouvelle subordination de l’économie européenne aux intérêts des multinationales basées aux États-Unis.
- Une preuve manifeste de l’existence de la lutte des classes est la répartition inéquitable des richesses. 1% de la population possède plus de richesses que les 99 % restants, et la pauvreté s’étend de manière effrénée, touchant principalement les femmes, et la famine entraîne chaque jour la mort de 20 000 personnes. Cette situation, sous le Capitalisme, s’aggrave d’année en année.
- La Santé sous le Capitalisme relève de plus en plus du business, alors qu’à Cuba, pays socialiste, elle se révèle être un outil pour l’amélioration de la qualité de vie et qui peut s’exporter vers les pays capitalistes (comme cela s’est fait lors de la pandémie, et continue de se faire sur plusieurs continents).
- Les gouvernements, sauf dans les pays qui essaient de se rapprocher du socialisme, sont les purs gestionnaires des intérêts des grandes multinationales. Ce sont eux qui décident qui doit gouverner, en finançant et menant de façon conceptuelle les campagnes électorales et les décisions gouvernementales.
- Les personnes qui exercent la profession de juge, à de très rares exceptions près (qui ne parviennent pas à changer la Justice de l’intérieur), sont clairement des défenseurs et des instruments du Capitalisme. La justice, toujours à disposition et en faveur de la classe dominante, ne sera jamais (sous le Capitalisme) une Justice Populaire, défenseure des intérêts populaires. Sous le Capitalisme, la séparation des pouvoirs n’existe pas et n’existera jamais.
- IL N’EXISTE AUCUNE COORDINATION RÉELLE des organisations qui pourraient mener le processus révolutionnaire : partis anticapitalistes (réels et sincères), syndicats et associations de toutes sortes. Une grande partie de leurs dirigeants ne le veulent pas, ni ne l’aident (parfois pour préserver des sphères de prédilection, ou par manque de conscience de classe, ou les deux à la fois). Cette réalité nous oblige à approfondir la réflexion collective pour la changer.
- Même les Partis qui se déclarent communistes ne se coordonnent même pas pour unir la classe ouvrière du monde entier dans la lutte, à des dates convenues (comme le 1er mai).
- Ils ne se coordonnent pas non plus pour soutenir la seule organisation mondiale clairement et résolument ANTICAPITALISTE et ANTI-IMPERIALISTE, qu’est la FSM (Fédération Syndicale Mondiale). L’opportunisme, avec l’eurocommunisme, conduit trop de Partis Communistes à pousser leurs militants (espérant, illusoirement, pouvoir changer les syndicats jaunes de l’intérieur) à renforcer le syndicalisme réformiste, de Pacte Social ou social-démocrate.
- Il est prouvé (avec plus de 50 ans d’expérience) qu’il est impossible de changer les syndicats jaunes ou sociaux-démocrates de l’intérieur, pour qu’ils soient à nouveau combatifs et défenseurs de la classe ouvrière. La seule façon de mettre fin au réformisme syndical est de le combattre et de le dénoncer ouvertement.
- Le syndicalisme de classe, lequel se définit comme anticapitaliste (et ne peut être qu’anti-impérialiste), a accompli sa grande unité de lutte en 1945, lors de la création de la FSM (le 3 octobre, à Paris).
- Les dirigeants capitalistes ont réussi à briser cette unité en créant la CIOSL (aujourd’hui CSI, Confédération Syndicale Internationale) qui soutient et appuie les décisions des multinationales. Au Chili, sous Pinochet, ces syndicats, traîtres à la classe ouvrière, soutenaient déjà la privatisation des retraites, et ont toujours soutenu l’impérialisme, l’OTAN, la Banque Mondiale, le FMI (Fonds Monétaire International), l’UE (Union Européenne), l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), etc.
- Pour s’assurer le soutien des syndicats jaunes (partisans de la conciliation de classes), le capitalisme les finance et les soutient, généreusement, de diverses manières (entre autres, et il existe des données vérifiables et publiques, de l’argent est versé, à divers niveaux, aux dirigeants de la CSI. Aujourd’hui, certains d’entre eux sont payés plus que la plupart des ministres des gouvernements capitalistes).
- Il fait de même avec toutes sortes d’associations, en achetant et en corrompant leurs dirigeants (du moins il essaie toujours de le faire) lorsque l’organisation (qu’elle soit de quartier, écologiste, féministe, etc.) gagne en prestige et en capacité d’intervenir dans la lutte idéologique anticapitaliste. Ici, les révolutionnaires doivent investir plus de temps et d’efforts pour empêcher le succès de notre ennemi de classe.
- Une conséquence directe de ce qui précède est le fait que l’hypocrisie (recours au mensonge), autrefois utilisée uniquement par les religions (en particulier le christianisme), est devenue l’instrument de toutes les organisations qui trompent la classe ouvrière et les gens en général. Les fascistes, et leurs alliés, sont ceux qui l’ont le plus utilisée et l’utilisent encore. La vérité a été, est, et sera toujours, révolutionnaire.
- Par conséquent, les organisations (quartiers, syndicats et partis) qui sont nées avec Pour cette raison, les organisations (de quartier, syndicats et partis) qui sont nées avec un grand respect des masses populaires, sont aujourd’hui, dans une large mesure, méprisées ou facteurs de méfiance populaire. C’est la seule façon d’expliquer le niveau très élevé de l’abstention lors de nombreuses batailles politiques (pas seulement électorales), abstention que promeuvent (et c’est dans leur propre intérêt) les dirigeants du capitalisme.
- Ils ont également inventé (et surtout promu) des moyens pour que les gens aient des centres d’intérêt de masse sur des sujets qui n’affectent en rien la lutte contre le capitalisme (le sport, surtout le football ; la musique, surtout celle que promeuvent les médias bourgeois ; le cinéma, surtout les films violents ou romantiques simplistes ; la littérature, surtout la science-fiction, etc.)
- À cela s’est ajoutée, et continue de l’être, la consommation de drogues, qui isole encore plus les gens, et contribue à rendre la lutte collective plus difficile.
- Les nouvelles religions évangélistes qui ont tant d’influence dans de nombreux pays d’Amérique peuvent être considérées comme une autre drogue.
- La jeunesse, élément important, vital et stratégique, est aliénée, brutalisée et ne sait pas où elle va. La plupart des jeunes ont abandonné la politique et la religion, et se sont réfugiés dans le nihilisme en général, et dans l’extrême droite en particulier, en réponse à la façon dont l’État capitaliste les traite, eux et leur avenir.
- Enfin et surtout, le Capitalisme utilise le patriarcat pour prolonger son existence. C’est la principale raison pour laquelle les femmes, qui constituent la majorité de la population nationale et internationale, ne participent que peu aux affaires sociales et politiques.
OUTILS POUR LA LUTTE RÉVOLUTIONNAIRE :
Je vais les décrire regroupés en 3 niveaux :
- Celui de base, celui qui rassemble les personnes qui luttent contre des injustices concrètes (trop souvent sans lutter contre les causes de celles-ci). Je fais référence aux AA.VV. (Associations de quartier), aux ONG, aux groupes écologistes, anti-expulsions, féministes, etc…
- Les syndicats ou autres organisations qui peuvent (et doivent) être conscients de l’existence de la lutte des classes.
- Les vrais Partis Communistes, qui luttent pour le Socialisme, comme première étape de la construction de la société communiste.
Au premier niveau, je place toutes les organisations qui luttent contre les injustices collectives (c’est-à-dire qui ne sont pas causées de manière opportune et / ou personnelle).
Je pense qu’il s’agit d’un instrument fondamental et nécessaire.
Comme le disait Che Guevara, les injustices peuvent être à la base d’un processus révolutionnaire si nous parvenons à ce que les gens qui les rejettent cherchent à en éliminer les causes.
Par exemple (je me référerai toujours à des exemples vécus, dans l’état espagnol), sous la dictature fasciste de Franco, nous avons expliqué que tout problème (un feu de circulation nécessaire mais inexistant, ou qui ne fonctionnait pas, une rue dépourvue des services communautaires minimaux, l’eau potable qui n’arrivait pas, le manque de logements habitables, le manque d’écoles ou d’hôpitaux, etc.) existait du fait du dictateur et du fascisme. Il s’agissait de la cause ultime et principale qui rendait possible l’injustice dénoncée.
En ce sens, les associations, DIRIGÉES PAR DES PERSONNES AYANT UNE CONSCIENCE DE CLASSE, sont et seront toujours celles qui fournissent le premier niveau de conscience de toute personne qui pense, réfléchit, et qui, ayant sa propre façon de penser, ne se laisse pas dominer par l’idéologie capitaliste régnante.
Le travail de ces personnes ayant une conscience de classe et un projet de social anticapitaliste ne sera fructueux que s’il y a, à leurs côtés, des militants communistes organisés, qui luttent au quotidien.
Au deuxième niveau, je place les syndicats de classe, et toute organisation qui, dans ses Statuts ou ses documents de base, déclare clairement qu’elle lutte pour mettre fin aux injustices engendrées par le capitalisme.
Ce niveau de conscience ne peut pas être demandé aux personnes des organisations du niveau décrit ci-dessus, comme niveau qui devrait être celui de toutes les composantes de ces organisations.
Nous allons travailler pour que, grâce aux réflexions que la lutte entraîne, de plus en plus de personnes appartenant à des organisations de premier niveau assument la nécessité de mettre fin à l’exploitation capitaliste.
Mais ce sera une conséquence de la lutte idéologique, tout comme l’a été le passage de personnes non organisées à celui de personnes liées à des organisations de premier niveau.
À ce deuxième niveau, nous devrons travailler à faire croître, jour après jour, la conscience de classe de toutes les personnes, affiliées ou non, que chaque organisation peut contacter. Nous devons contribuer à ce que les acquis en matière de droits du travail ne conduisent pas à un phénomène de conservatisme et à un ralentissement de la lutte.
La FORMATION SYNDICALE, en lettres capitales, est la base pour que les membres des syndicats (qui, pour la plupart, n’ont pas de conscience de classe lorsqu’ils adhèrent à un syndicat) acquièrent la conscience de classe nécessaire et la volonté d’intervenir dans la lutte anticapitaliste.
Au troisième niveau , je place les partis politiques, c’est-à-dire les organisations dont
Aujourd’hui, peu de partis luttent réellement contre le capitalisme.
Il est vrai que beaucoup, comme le PCE (Parti Communiste d’Espagne), se déclarent anticapitalistes, mais dans leur gestion (quand ils peuvent prendre des décisions, que ce soit au niveau local, régional, étatique ou mondial) continuent à respecter les lois et les normes imposées par le Capitalisme.
L’eurocommunisme était le nom de la théorie politique promue par les Secrétaires Généraux de 3 PC ( Partis Communistes ), ceux d’Italie, de France et d’Espagne : Berlinguer, Marchais et Carrillo. L’eurocommunisme, né à la fin des années 70 du siècle dernier, est la théorie politique (inventée par la social-démocratie) visant à rassembler les Partis Communistes avec les Sociaux-Démocrates.
Les Partis Communistes, s’ils étaient vraiment cohérents avec leur propre nom, devraient TOUS dénoncer le Capitalisme dans toutes ses facettes et activités.
Mais en réalité, nous avons trop de PC qui gouvernent avec des organisations sociales-démocrates et qui EXÉCUTENT un programme capitaliste clair, et même génèrent des lois néolibérales misogynes et patriarcales.
Les exemples les plus récents ont été ceux de Syriza en Grèce et d’IU (Izquierda Unida) en Espagne. Cette dernière expulsa de son sein (lorsque Gorbatchev en donna l’ordre) le PCPE (parti qui participa à la création et à la fondation d’IU), en janvier 1989, pour éliminer immédiatement du programme fondateur d’IU tout ce qui était anticapitalisme (par exemple, la nationalisation des banques, la réforme agraire expropriant les terres des grands propriétaires, etc.).
Ainsi, aujourd’hui en Europe, trop de partis se disant communistes (mais ne le sont pas en réalité), acceptent l’UE, l’OTAN et les lois adoptées par le parlement bourgeois européen (y compris sa monnaie, comme un instrument de contrôle de l’économie des 27 États membres).
Ces pseudos partis communistes arrangent bien notre ennemi de classe, .
COMMENT LES RÉVOLUTIONNAIRES DOIVENT-ILS UTILISER LES 3 NIVEAUX D’OUTILS ?
C’est la QUESTION CENTRALE, que nous devons régler, afin de ne pas retarder davantage la disparition du capitalisme.
Premièrement, nous devons faire en sorte que le maximum de personnes, agissant par solidarité collective (vertu humaine fondamentale), rejoignent (de manière organisée) les luttes contre les injustices que les organisations de premier niveau doivent organiser.
Deuxièmement, dès le premier niveau, nous devons privilégier la lutte des idées afin que la celle menée contre chaque injustice ne contribue non seulement à résoudre le problème concret (expulsion, santé, éducation, écologie, genre, etc.), mais serve aussi à faire voir et comprendre quelle en était l’origine (le capitalisme, comme toujours cause principale et originelle) pour que l’on puisse bien comprendre qu’il est nécessaire de lutter collectivement contre la cause principale.
Pour cela, nous devons nous organiser pour mobiliser, intervenir dans les conflits et les radicaliser (afin d’exposer les véritables intérêts de classe qu’ils cachent), populariser l’alternative socialiste, et former des leaderships pour mener et diriger toutes ces luttes ouvrières et populaires.
Troisièmement, nous devons faire disparaître (ou affaiblir, dans un premier temps) les syndicats traîtres à la classe ouvrière, ces syndicats que financent (pour tromper les travailleurs) le patronat et les gouvernements pro-capitalistes. Pour ce faire, nous devons dénoncer clairement chacune de leurs trahisons envers la classe ouvrière.
Quatrièmement, nous devons intégrer dans les PC, vraiment anti-capitalistes, le maximum de combattants honnêtes. Mieux encore, s’il s’agit des dirigeants des organisations du premier et du second niveau susmentionnées. Ils auront ainsi une meilleure information et une meilleure formation pour pouvoir contribuer à la nécessaire lutte idéologique contre le capitalisme.
Cinquièmement, nous devons aider à coordonner les luttes, TOUTES LES LUTTES, en les fédérant autour de la question de l’ennemi principal, contre la cause première de tous les problèmes : LE CAPITALISME.
Aujourd’hui, trop d’actions sont organisées, parfois le même jour et à la même heure, bien que menées réellement contre le capitalisme, mais qui affichent des objectifs dispersés (écologiques, féministes, de quartier, de travail, de santé, d’éducation, etc.) Cette dispersion favorise le capitalisme et rend difficile la réalisation de véritables actions de masse.
Nous devons lier ces actions entre elles, comme se sont unis tous les antifascistes pour en finir avec Hitler et ses alliés. Pour y parvenir, nous devons réussir sur le deuxième point. Les tâches s’entremêlent, elles ne peuvent être effectuées séparément ou de manière échelonnée.
Sixièmement, en outre, à TOUS LES NIVEAUX, nous devrons développer un grand travail de « vigilance collective » pour empêcher le Capitalisme et ses instruments de corrompre les dirigeants, les entraînant à rendre inactives (dans le cadre du processus de conscientisation idéologique anticapitaliste) les organisations qu’elles dirigent. Rappelons que le Capitalisme a pu corrompre Gorbatchev et Eltsine, hauts dirigeants du PCUS, qui, une fois livrés individuellement au capitalisme, parvinrent à faire disparaître le plus grand (après le PC de Chine) Parti Communiste (9 millions de membres) de la planète.
Septièmement, nous devons toujours rechercher l’unité maximale, avec un PRINCIPE IMPRESCRIPTIBLE : l’unité n’est utile que si elle nous permet d’avancer. JAMAIS d’unité qui nous amène à reculer, dans ce que nous avions déjà conquis par la lutte collective. Non à l’unité pour l’unité. Pour meilleur exemple, nous ne devons pas accepter l’unité syndicale si les objectifs ne sont pas clairs et si ce que nous finissons par signer comme accords ne profitent qu’aux employeurs (CCOO dans l’État espagnol en est un exemple clair et désastreux, en tant que promoteur d’une fausse unité qui conduisit à la démobilisation des salariés, avec des actions théâtrales pour simuler la lutte et finir par signer des reculs inacceptables, tels que le report de l’âge de la retraite, la diminution du montant des pensions, ou le développement des pensions privées).
Huitièmement, lorsque nous percevons la nécessité d’un changement dans les alliances, nous devons savoir choisir le bon moment, à la fois pour nous unir à d’autres forces et pour rompre avec des opportunistes de toutes sortes, c’est-à-dire le moment qui nous permettra d’avancer le plus possible, ou éviter le plus grand recul possible.
CONCLUSION
J’espère que cette réflexion qui est la mienne (qui a été enrichie par quelques amis et camarades en lutte avec leurs commentaires) servira à la réflexion de plus de gens combattants, qui, comme moi, veulent la destruction du capitalisme.
CHAQUE RÉVOLUTIONNAIRE, à mon avis, DOIT INTERVENIR DANS LES 3 NIVEAUX MENTIONNÉS, en encourageant l’organisation du maximum de personnes à chaque niveau.
Ce n’est qu’avec des idées claires, sans opportunisme (recherche de fausses alliances), que nous pouvons créer la conscience collective et MASSIVE nécessaire que nous devons vaincre le capitalisme.
J’espère que ma réflexion (qui a enrichi de ses commentaires quelques personnes amies et camarades de lutte) servira à la réflexion de plus de personnes lutteuses, qui, comme moi, souhaitent la destruction du capitalisme.
TOUT RÉVOLUTIONNAIRE, à mon avis, SE DOIT D’INTERVENIR À CES 3 NIVEAUX, en encourageant l’organisation du maximum de personnes à chaque niveau.
Ce n’est qu’avec des idées claires, sans opportunisme (en cherchant de fausses alliances), que nous pourrons créer cette conscience collective nécessaire, MASSIVE, que nous devons vaincre le Capitalisme.
VIVE L’INTERNATIONALISME PROLÉTARIEN !
Quim Boix
Syndicaliste, communiste, espagnol.
Barcelone, octobre 2022
NOTES
1)Je tiens à remercier pour les remarques (toujours critiques et constructives) que j’ai reçues sur les avant-projets de ce document, afin de les améliorer. J’ai consulté des camarades luttant dans divers pays (en Espagne et dans d’autres). J’aurais aimé les citer tous, mais certains ont préféré que leur nom n’apparaisse pas.
Quoi qu’il en soit, ceux que je cite ci-dessous ne coïncident pas (ce qui est logique et enrichissant) avec toutes les idées exprimées dans le texte que j’ai rédigé, signé, et dont je suis seul responsable :
- George Mavrikos, Président d’honneur de la FSM
- Valentin Pacho, important dirigeant de la FSM durant des décennies, ancien sénateur du Pérou, où il fut le Secrétaire Général de la CGTP.
- Sven Tarp, communiste danois
- Julio Díaz, secrétaire général du PCPE (Parti Communiste des Peuples d’Espagne);
- Luis Miguel Busto, syndicaliste de l’État espagnol, Coordinateur du Comité d’état de la FSM
- Lisímaco Velasco, syndicaliste et communiste d’Équateur, Secrétaire à la Propagande de l’UIS des P&R de la FSM
- Leonor Meza, syndicaliste du Honduras, Coordinateur pour l’Amérique centrale de l’UIS des P&J de la FSM
- Jose Maria Lucas, historien, syndicaliste, militant du PCPE, Coordinateur pour l’Europe de l’UIS des P&J de la FSM
- Daniel Casal, Secrétaire Général du FSOC, Front Syndical Ouvrier des Canaries
- Nelson Guzmán, syndicaliste et communiste de Colombie, Président de la Commission de Recherche et d’Etudes de l’UIS des P&R de la FSM;
CE DOCUMENT SERVIRA DONC À POURSUIVRE UN DÉBAT QUI, JE L’ESPÈRE, SERA UTILE À CEUX D’ENTRE NOUS QUI SOUHAITENT FAIRE AVANCER LA NÉCESSAIRE RÉVOLUTION SOCIALISTE.
Tout commentaire (positif ou négatif, avec les arguments correspondants), sur ce document, sera toujours le bienvenu.
2) Tous les exemples que j’ai utilisés proviennent des situations que j’ai le plus vécues et connues, tant en Espagne qu’en Europe, du syndicalisme de classe mondiale et des conférences annuelles des Partis Communistes et Ouvriers. J’y suis depuis leur début, et j’y ai participé pendant 19 ans en tant que Responsable des Relations Internationales du PCPE (Parti Communiste des Peuples d’Espagne, qui est un parti marxiste-léniniste, c’est-à-dire non eurocommuniste), un parti dans lequel je continue à militer et à apporter ce que l’on me demande. Aujourd’hui, je suis le Secrétaire Général de l’UIS des Pensionnés de la FSM.