En mai 2016, le fondateur de Wikileaks le lanceur d’alerte Julian Assange déclarait :
« Je vais dire quelque chose de très controversé. Afin de venir à bout du terrorisme de façon agressive, la France aurait pu mettre un terme à la libre circulation des personnes au sein de l’espace Schengen, elle aurait pu établir des contrôles frontaliers plus stricts. Elle aurait pu ne pas prendre part à la destruction de la Libye et rester à l’écart du conflit syrien. Mais son impérialisme et son désir de plaire aux Etats-Unis l’ont poussée à choisir une voie tierce qui est la surveillance de masse. Or la question est de savoir à quel point cette surveillance est efficace pour lutter contre le terrorisme. Un peu, mais pas trop. En outre, à moyen terme c’est une menace sérieuse à la démocratie, à l’Etat de droit. Cela peut conduire à l’émergence d’un Etat terroriste et non plus quelques cas isolés de cellules terroristes », a dit M. Assange.
Un an plus tard, force est de constater que le renforcement tout azimut des mesures liberticides soit disant pour lutter contre le terrorisme n’ont en rien permis d’empêcher des attentats. En revanche – même les rapports d’une ONG pourtant si souvent citée comme référence par les médias et chancelleries occidentales comme Amnesty International le prouve – ces mesures n’ont eu pour but que d’attaquer et réprimer le mouvement social afin d’imposer par toujours plus de force le dumping social et environnemental en faisant les poches aux travailleurs pour remplir les coffres des milliardaires dans les paradis fiscaux.
Le seul résultat tangible de cette politique c’est la mise en place d’une surveillance de masse tout azimut. Avec par exemple en France la réalisation d’une mise sous écoute systématique de l’internet et des télécommunications (avec les fameuses boîtes noires), ou encore le fichage de la totalité des français, une première depuis le régime de Vichy ! Et ces mesures liberticides n’ont empêché aucun attentat. De la même façon, l’état d’urgence n’a eu pour principale fonction que d’interdire des manifestations, réprimer des opposants politiques, des syndicalistes et des manifestants.
Union Européenne : sous prétexte d’anti-terrorisme, la restriction des libertés
L’exemple donné par Assange est édifiant surtout si on le met en perspective d’avec les décisions de l’Union Européenne contre le mouvement social. A la suite des attentats de 2015, 2016 et 2017, l’UE n’a jamais suspendu la liberté de circulation des biens, des capitaux et des personnes : de simples contrôles aux frontières tels qu’ils étaient pratiqués avant l’Union Européenne n’ont rien de liberticide, mais permettraient de façon très simple d’entraver les financements vers les organisations terroristes telles que Daech, l’État Islamiste, les bandes néo-nazies qui sévissent en Ukraine. Et également de stopper les terroristes tentés de les rejoindre en Syrie, ou de les interpeller à leur retour. Au contraire, l’UE a validé l’assouplissement des voyages avec la Turquie dont on sait pourtant que sa frontière sert au passage depuis et vers les groupes terroristes en Syrie, en supprimant les visas, cela pour récompenser les actes de son allié le régime fascisant de Erdogan. Mais dans le même temps, sous prétexte d’anti-terrorisme c’est une énorme machine à ficher l’ensemble des passagers aériens – commun avec les États-Unis – qui a été mis en place.
A contrario, lors des G7 et autres sommets européens des dirigeants de l’Axe Euro-Atlantique, là l’Union Européenne ne rechigne pas à valider la fermeture des frontières. On se souvient ainsi de la fermeture des frontières lors du sommet du G8 à Gènes ou encore lors de la signature du traité de Nice. Mais aussi de l’autorisation de la fermeture soigneusement choisie des frontières pour mieux permettre la déportation de pays en pays des migrants poussés sur les routes par les guerres impérialistes menées par l’Union Européenne. Mais attention, le Capital veut pouvoir continuer à renforcer le dumping social en mettant en concurrence un salarié bulgare ou roumain avec un salarié français ou belge pour pouvoir aligner par le bas salaires et droits du travail, et donc les frontières restent ouvertes. Si on résume, les frontières sont fermées pour les militants du mouvement social, anticapitalistes, pour les migrants lorsque cela arrange : et ce qui se passe de façon scandaleuse à la frontière franco-italienne, dans la vallée de la Roya, à Menton en témoignent . Mais les frontières sont ouvertes pour faire circuler les travailleurs détachés, les capitaux et les biens et marchandises entre les usines délocalisées ! Frontières également ouvertes pour vendre des armes et alimenter les guerres partout dans le monde.
Macron la fascisation en marche : un état d’urgence permanent
Sous prétexte d’attentat terroriste, la France est sous état d’urgence depuis 2015. Un état d’urgence soit disant temporaire. Surtout un état d’urgence dont les faits démontrent qu’il est principalement utilisé contre le mouvement social, contre les opposants politiques du régime. Là encore, on peut citer le rapport d’Amnesty international qui est sans équivoque sur le sujet. Cette utilisation n’est pas une surprise et il faut rappeler que dès l’instauration de l’état d’urgence, le PRCF avait été parmi les rares organisations politiques à dénoncer son véritable but antisocial, antidémocratique.
Le résultat de l’état d’urgence – tangible – c’est l’interdiction de manifestation, des assignations à résidence d’opposants politiques au gouvernement, la répression du mouvement social.
Et Macron se prépare à renforcer cet état de fait antidémocratique, à activer les feux de la fascisation. En intégrant purement et simplement dans la loi ordinaire les mesures liberticides et prétendument temporaires de l’état d’urgence avec une énième loi antiterroriste. Cela n’a bien sûr rien à voir avec les méthodes totalitaires et violentes que Macron veut utiliser pour liquider les droits des travailleurs en démolissant le code du travail. Car ce n’est pas par un débat parlementaire que Macron veut agir, mais par un coup de force autoritaire, l’utilisation de pouvoir d’un régime d’exception, celui des ordonnances. Pour mener une véritable guerre éclair contre les travailleurs, un blitzkrieg pour supprimer plus d’un siècle de conquêtes sociales. Et à l’évidence, intégrer les mesures de l’état d’urgence pour réprimer le mouvement social dans le droit commun c’est cela le principal argument que veut utiliser le président Macron – l’ex-ministre de Hollande aux six 49.3 – pour faire passer en force ses euro-ordonnances
JBC pour www.initiative-communiste.fr