Réponse à l’éditeur de « Trotsky n’est pas coupable »
Actuellement attelé à la traduction et à l’édition d’un livre italien sur Trotsky intitulé Le Vol de Piatakov, je voulais vérifier, à des fins d’exactitude, s’il existait déjà une traduction française du rapport de la Commission Dewey. On connaît en effet l’importance de ce document pour tout ce qui touche au fondateur de ladite Quatrième Internationale, car la Commission avait rejoint en avril 1937 Léon Trotsky à Coyoacán, non loin de Mexico, pour interroger ce dernier et lui permettre implicitement de répondre aux accusations portées contre lui par les procès de Moscou alors en cours.
Je découvre donc que l’édition en français de ce texte paru en 1938 en anglais et d’ailleurs aujourd’hui disponible dans son intégralité sur internet dans cette langue, loin d’être – curieusement – un classique militant dans les rangs trotskistes hexagonaux, n’a fait l’objet d’une édition dans la langue de Molière qu’en 2018. Et ce, par les Editions Syllepse (Paris) et Page 2 (Lausanne), lesquelles confirment en 4e de couverture que ce texte publié en 1938 était resté inédit en français.
Je n’aurais certes jamais eu l’outrecuidance de penser que cet effort documentaire, louable mais bien tardif, pouvait avoir été motivé par les récentes publications des éditions Delga, dont je suis l’un des responsables, éditions, comme on le sait peut-être, pour le moins réticentes au culte de la personnalité porté à Léon Trotsky.
Et pourtant, je constate que la préface à cette édition française de la Commission Dewey, au lieu d’une présentation historique attendue, s’acharne à fustiger lesdites « néostaliniennes » éditions Delga, coupables d’avoir publié les livres de Grover Furr, à savoir Les Amalgames de Trotsky et Khrouchtchev a menti. Et Furr est aussi jugé avoir depuis « aggravé son cas » avec un autre ouvrage, qui – je peux sur ce point rassurer mes confrères – sera lui aussi publié en français par nos soins en 2021.
J’avoue n’avoir guère compris ce que mes confrères reprochent à Grover Furr, car les seuls passages cités concernent quatorze lignes de la présentation de l’éditeur (et cet éditeur c’est moi-même, Messieurs, sans nulle vanité), quatorze lignes décrites comme ajoutant, je cite, « la falsification à la falsification ».
Voici donc ces quatorze lignes, dont je suis bien l’auteur, et que je n’ai aucun problème à republier :
« Bien que précédemment purgées d’éléments trop compromettants au moment de leur ouverture aux chercheurs en 1980, les Archives Trotsky de Harvard ont depuis laissé filtrer certains documents sans équivoque, comme des accusés de réception de lettres à des inculpés des procès de Moscou, ou encore une lettre de Léon Sedov à son père, Trotsky, évoquant la création d’un bloc conspirationniste unissant leurs partisans aux zinoviévistes. Des soviétologues éminents comme John Archibald Getty ou encore l’historien trotskyste de renommée mondiale Pierre Broué ont ainsi apporté les preuves tangibles et irréfutables de l’existence d’un complot trotskyste en URSS dans les années trente, fait que Trotsky avait toujours nié. […] Ce livre révolutionne la compréhension des procès de Moscou. Les écrits et les activités de Trotsky dans les années trente doivent être revus sous un nouveau jour, celui des ultimes menées d’un intriguant génial et sans scrupule, prêt à tout pour revenir au pouvoir. »
J’avais également ajouté ces quelques phrases qui n’ont manifestement pas retenu l’attention de mes contradicteurs :
« Faisant fond sur les sources primaires des Archives Trotsky ainsi que sur les archives soviétiques, Grover Furr soumet les témoignages des accusés aux procès de Moscou à un contre-examen au plus près des sources. Sa conclusion : les aveux des témoins sont authentiques et concordent. Les mêmes sources primaires, ainsi que les écrits de Trotsky, démontrent que ce dernier a menti sur presque tout concernant l’URSS, dans ses écrits sur les procès de Moscou (1936, 1937 et 1938) ainsi que sur l’assassinat de Kirov, enfin dans son témoignage devant la Commission Dewey en 1937. »
Nous y voilà. Nous avons donc publié un livre démontant, entre autres, les conclusions de la Commission Dewey. Démarche à laquelle on nous oppose… la Commission Dewey. Dans le même genre comique involontaire, après la publication de Khrouchtchev a menti de Grover Furr, l’historien trotskyste Jean-Jacques Marie n’avait pas hésité à faire republier… le rapport Khrouchtchev ! Quant à Edwy Plenel il s’était d’ailleurs, lui aussi indigné dans un article de Mediapart contre notre publication à laquelle il avait opposé, lui, la vérité d’évangile de « Ma Vie » de Léon Trotsky. Bref, on tourne en rond.
J’ai connu dans ma jeunesse des militants trotskystes dont l’alpha et l’omega sur ce qu’ils savaient de l’URSS reposait sur ce que Trotsky avait bien voulu écrire et rien de plus, sans aucun élément de comparaison. C’est vraiment le propre de la pensée sectaire. Mais je ne pensais pas trouver ce travers chez des intellectuels d’âge mûr… C’est dans ce contexte tragi-comique que j’ai eu l’idée d’écrire mon livre Et pour quelques bobards de plus. Contre-enquête sur Staline et l’Union soviétique, pour répondre à tout cela, et je vous promets que cette lettre figurera dans la prochaine édition de l’ouvrage.
Donc j’ai l’habitude et je remarque que, comme je l’avais déjà fait remarquer à Jean-Jacques Marie, au lieu de nous répondre sur le fond, on s’indigne. Comme disait Nietzsche, personne ne ment autant que l’homme indigné. Et j’ajouterais que lorsqu’on n’a rien à dire, on cherche à faire diversion.
En l’occurrence, mes aimables détracteurs des éditions Syllepse et Page 2 vont me chercher une mauvaise querelle sur Pierre Broué en faisant semblant de ne pas comprendre ce que j’ai voulu dire ou, pire, en n’ayant rien compris à ce qui est réellement en train, dans la recherche actuelle, d’éroder la statue de marbre de leur idole Léon Trotsky.
Je les cite, ou plutôt leur préfacier M. Patrick Le Tréhondat :
« Ajoutant la falsification à la falsification, l’historien Pierre Broué devient, avec cette note de l’éditeur, l’instrument de la dénonciation d’un « complot trotskiste en URSS », alors qu’il a consacré sa vie à la dénonciation du stalinisme et à la défense des idées de Léon Trotsky. » (p. 27 de Commission Dewey, Trotsky n’est pas coupable).
Rassurez-vous, ni Furr ni son éditeur n’ignorent que Pierre Broué est un historien trotskyste, j’ai même écrit noir sur blanc : « l’historien trotskyste de renommée mondiale Pierre Broué ».
Le fait est que c’est Pierre Broué qui, tout trotskyste qu’il fût et fût resté jusqu’au bout, et parce qu’il était d’abord historien avant tout, ce qui est tout à fait à son honneur, a mis en valeur des documents exceptionnels trouvés sans les archives Trotsky ouvertes à partir de janvier 1980, et notamment la reconstitution d’un bloc oppositionnel, dont Trotsky avait toujours nié l’existence.
On trouvera l’article en ligne ici, publié dans les Cahiers Léon Trotsky de 1980 : https://www.marxists.org/francais/clt/1979-1985/CLT05-Jan-Mar-1980.pdf
Broué y revient bien entendu dans son imposante biographie de Trotsky de 1988, elle aussi disponible en ligne ici :
https://www.marxists.org/francais/broue/works/1988/00/broue_trotsky.pdf
et notamment dans le chapitre suivant intitulé : « Regroupements contre Staline en URSS ».
Je n’ai donc jamais voulu dire, car je ne partage pas en aucune façon, Messieurs les éditeurs, votre vision binaire des choses, que Broué serait passé dans le « camp » stalinien et que nous voudrions lui faire jouer un rôle évidemment aux antipodes de sa personnalité. Je dis simplement qu’il est le premier de cordée d’une lignée d’historiens ayant apporté des éléments décisifs sur la poursuite clandestine d’une activité trotskyste bien réelle, que Trotsky niait, et que Broué par ailleurs approuvait, y compris jusqu’à son dernier ouvrage Communistes contre Staline. Jugement qui sous-estime sans doute les risques de déstabilisation que ces militants professionnels faisaient courir à un pays assiégé par le pire du pire, mais ce n’est là que mon humble avis et ce n’est pas là l’essentiel.
En tout cas, de grâce, rendez-vous compte de la contradiction entre ce qu’on sait aujourd’hui et ce qu’on croyait savoir à l’époque, messieurs les éditeurs, mettez-vous à jour au lieu de continuer à présenter comme vérité révélée le rapport de la Commission Dewey où Trotsky affirme mensongèrement (ou plutôt réaffirme mensongèrement car alors il se citait lui-même) la chose suivante :
« J’ai déclaré plusieurs fois et je le répète que Piatakov, comme Radek [les deux principaux accusés du second procès de Moscou], a été durant les neuf dernières années, non mon ami, mais mon ennemi le plus acharné et perfide, qu’il ne peut être question de négociations entre nous. » (p. 282, op. cit.)
De plus, en page 10 de la treizième et dernière session (édition mise en ligne par vous), Trotsky fait cette déclaration intéressante :
« Cependant, même en ce qui concerne les « faits négatifs », je ne puis accepter le jugement trop catégorique du professeur Beard. Il suppose qu’en tant que révolutionnaire expérimenté, je n’aurai pas conservé des documents qui m’auraient compromis. C’est tout à fait exact. Mais aurais-je écrit de façon la plus imprudente et la plus compromettante des lettres aux conspirateurs ? »
C’est exact, l’idée de trouver une preuve d’une lettre aux conspirateurs écrite de la main de Trotsky était à l’époque hautement improbable, voire loufoque. Et pourtant. Eppure… Et pourtant elle tourne, c’est comme cela que progresse la recherche.
Car, à la suite de Broué, l’historien Getty a, quant à lui, trouvé le reçu d’une lettre envoyée à Radek, jugé par Trotsky, à l’instar de Piatakov, « son ennemi le plus acharné et perfide » au point qu’il ne pouvait « être question de négociations » entre l’un et l’autre.
On sait que Radek faisait partie de ceux qu’on appelait les « capitulards », c’est-à-dire ceux qui, comme Piatakov, avaient depuis au moins 1929 renié leur trotskysme et s’étaient intégrés au plus haut de l’appareil stalinien.
Or la lettre date de 1932, c’est-à-dire bien après le reniement officiel du trotskisme par Radek. Ce dernier avait reconnu à son procès l’existence de cette lettre et même le lieu de réception, Genève. Tout ce dont on disposait alors à ce sujet était donc le témoignage de Radek au procès de Moscou, infirmé catégoriquement par Trotsky. Et je vous prie de croire que je n’aurais pas perdu une minute de mon temps à publier des ouvrages qui s’en seraient tenus au raisonnement suivant : « Les accusés sont coupables, la preuve ils ont avoué ! » Car on sait qu’un témoignage peut être extorqué de différentes façons, y compris les plus inquisitoriales et ce, sous tous les régimes.
Mais le problème (pour vous, certainement), c’est qu’en affirmant l’existence de cette lettre (pour l’accusation), en la niant son existence (pour la défense de Trotsky), personne ne pouvait, en 1937, prévoir qu’en 1986 un chercheur faisant autorité, ni trotskyste ni antitrotskyste, du nom de John Archibald Getty, à la suite de ce qu’avait déjà révélé Broué, découvrirait la confirmation dans les archives mêmes de Léon Trotsky de l’existence même de cette lettre.
Il fallait la ténacité d’un Grover Furr pour mettre tout cela bout à bout et avoir le courage d’en tirer, avec bien d’autres éléments depuis tirées des sources russes, des conséquences redoutables pour la bien-pensance actuelle, en tout cas celles-ci :
– Non seulement un bloc oppositionnel clandestin (ce sont les mots de l’article cité de Broué) existait
– Non seulement il allait au moins jusqu’à Radek, c’est-à-dire dans les hautes sphères de l’Etat
– Mais aussi que cela avait été évoqué au cours d’une réelle enquête, preuve que, sur ce point-là, l’accusation n’a pas « fait avaler » un témoignage fantaisiste aux accusés.
Le chercheur Sven-Eric Holström avait, de la même manière, montré qu’une réfutation classique de Trotsky, tenue lors de quatrième session de cette même commission Dewey que vous publiez, tombait désormais complètement à plat. Il s’agissait de celle portant sur l’hôtel Bristol à Copenhague. En effet, un des accusés du premier procès, Holzman, autre faux « capitulard » avait reconnu avoir rencontré le fils de Trotsky, Léon Sedov, à l’hôtel Bristol à Copenhague, lequel l’aurait amené voir son père. Trotsky avait eu à l’époque beau jeu de montrer qu’il n’y avait pas d’hôtel Bristol près de la gare de Copenhague, ni à Copenhague d’ailleurs.
Or il y avait bien un café « Bristol », près de la gare de Copenhague, juste à côté d’un hôtel au nom impersonnel « Grand hôtel », qui faisait que l’on pouvait confondre l’un et l’autre, comme l’a fait vraisemblablement Holzman, d’autant qu’à l’époque, et le chercheur Holström l’a bien montré, les deux établissements communiquaient par un couloir (mentionné au procès) et appartenaient à la même famille, ce qui rendait le témoignage de Holzman plausible, en tout cas non trafiqué. Et vous verrez, chers confrères éditeurs, que Grover Furr apporte dans son dernier ouvrage d’autres éléments d’enquête très intéressants sur le Bristol, je vous laisse donc découvrir cela.
De même, vous serez surpris du livre que je traduis actuellement, Le Vol de Piatakov. La collaboration tactique entre Trotsky et les nazis, de Burgio, Leoni et Sidoli.
Afin de vous préparer à sa lecture, possible dès maintenant si vous lisez l’italien et en français si vous attendez notre édition début 2021, je vous invite, à partir de votre ouvrage publié, à un petit exercice de logique :
Dans la sixième session, Trotsky entend démonter l’accusation suivante, faite au second procès de Moscou :
Piatakov, que Trotsky présente – rappelons-nous – comme son ennemi le plus acharné, avait en fait renoué secrètement avec ce dernier et, en décembre 1935, aurait profité d’un voyage officiel d’ailleurs forcément tendu dans l’Allemagne de l’époque, pour s’éclipser le temps d’une journée en avion, de Berlin à Oslo, ce afin d’y rencontrer Trotsky. Echappée qui ne pouvait se faire qu’avec la complicité des autorités nazies.
Vous publiez d’ailleurs des déclarations de Trotsky sans équivoque quant à l’enjeu de cette allégation :
« S’il devait être prouvé que Piatakov m’a réellement visité [je préfèrerais la traduction « rendu visite »], ma position serait sans aucun doute compromise. » (p. 282)
L’enjeu est donc de taille !
Je ne vous dévoilerai bien sûr pas, pour vous laisser le plaisir de la découverte, l’enquête des trois sagaces Italiens, mais je peux déjà vous inciter à vérifier dans ce que vous publiez vous-mêmes que Trotsky, pour démonter cette accusation, avait un alibi en béton armé. Sauf que l’alibi était valable pour les dates du 20 au 22 décembre, ce qui n’a pas échappé à l’attention de Dewey lui-même (vous vérifierez cela en page 288 de l’ouvrage que vous publiez), car ce dernier a aussitôt fait remarquer à Trotsky, que les déclarations de l’accusation (le compte rendu du procès de Moscou), portaient non pas de cette date mais sur le 11 décembre.
Petite erreur d’ailleurs, car Trotsky a alors répondu à Dewey du tac au tac qu’il s’agissait, non pas du 11, mais du 10 (ce qui est exact, le témoignage de Piatakov au procès de Moscou indiquait bien la date du 10).
Preuve du fait que, malgré son intelligence redoutable, en rectifiant une petite erreur de Dewey Trotsky avait commis là une bien plus grave erreur, dévoilant involontairement et pour la postérité qu’il était en réalité parfaitement au courant de la date avancée par l’accusation alors qu’il s’évertuait dans la même séance à proposer un alibi tardif en espérant que la commission ne serait pas trop regardante sur les dates. On sait par ailleurs que Piatakov était arrivé le 9 à Berlin et Trotsky avait donc espéré pouvoir jouer sur le flou de la date en montrant que le 20 décembre un journal allemand annonçait effectivement que Piatakov était bien à Berlin (mais non qu’il venait d’arriver), pour avancer un alibi trop tardif.
Le plus scandaleux est que dans les conclusions de l’enquête, en l’occurrence à la treizième session, Trotsky a osé affirmé qu’il avait opposé un alibi indémolissable à la thèse du vol de Piatakov. Alors qu’à la conclusion de l’enquête de la commission Dewey, Trotsky n’avait toujours rien démontré !
Or, Messieurs les éditeurs, vous n’avez pas publié l’intégralité de la treizième session, sans doute pour des raisons de place puisque vous avez l’honnêteté de le signaler et de pallier cette situation en proposant le texte en ligne :
https://www.syllepse.net/syllepse_images/trotsky-n-est-pas-coupable-13e-session.pdf
Je ne discute pas vos choix éditoriaux. Mais là où je peux me permettre une critique, c’est que vous justifiez cela en disant, p. 541, que le rappel par Trotsky des points jugés par lui résolus durant l’enquête de la Commission Dewey avait quelque chose de « redondant ». Non messieurs, pas redondant, con-tra-dic-toire !
Quant à moi, je ne vous cherche pas de mauvaise querelle, je suis personnellement opposé aux divisions du mouvement ouvrier, et a fortiori aux divisions portant sur le passé, je suis prêt à en débattre avec vous. Je suis contre tous les cultes de la personnalité, quels qu’ils soient, je suis pour la recherche et m’efforce, par mon travail, de favoriser tout ce qui va en ce sens.
Le point où j’en suis, en mon âme et conscience, si vous me permettez cette expression désuète, est qu’aussi incroyable que cela paraisse, les procès de Moscou, dont le terme même, comme vous le dites à juste titre dans votre préface, est « passé dans le langage courant pour désigner une accusation calomnieuse manipulatrice », comportent de véritables et redoutables éléments d’enquête. C’est sans doute la confusion entre les procès et l’époque des purges qui ont suivi, où, dans ce cas, les autorités elles-mêmes ont reconnu des erreurs gravissimes, au moins au cours du procès Iejov, qui explique sans doute cette confusion dans les esprits.
Mais une explication tout de même plus plausible des purges que celle d’un prétendu délire néronien de Staline est aussi le fait que si visiblement, une véritable paranoïa s’était installée dans tout le pays, c’était à cause du fait que les complots révélés au procès de Moscou montraient un danger bien réel. Je rappelle aussi que, si l’on peut parler de surréaction, à l’inverse le laxisme, face à une invasion hitlérienne qui allait coûter entre 20 et 30 millions de mort au pays – et qu’aurait-ce été si les nazis avaient gagné ? –, était évidemment, pour l’époque comme pour maintenant, inenvisageable.
Pour terminer, vous avez publié un livre où Trotsky avait eu le mérite de dire que sur certains points c’était soit Staline soit lui qui avait raison et qu’il n’y a pas de moyen terme. Vous tirerez de ces éléments nouveaux que je vous apporte les conclusions qui vous chantent. Personnellement je ne suis pas là pour tirer des conclusions, je ne suis pas là pour juger ni encore moins rejuger, mon rôle est simplement de favoriser pour les lecteurs la communication des informations manquantes, mais force est de reconnaître que sur de nombreux points, en tout cas dans le texte que vous publiez, aussi étrange que cela puisse vous paraître, Trotsky a menti.
Aymeric Monville, 12 décembre 2020.