Substituer l’animation à la culture et l’obscurantisme aux lumières, c’est la logique du capitalisme déclinant. La Ville de Calais s’y inscrit pleinement. Elle s’offre un dragon pour la prochaine Toussaint. Cette bête de grande dimension «plongera la ville dans trois jours de magie et de féerie». L’objectif : «faire basculer Calais de l’ère industrielle à celle du ludique». Un «ludique» un peu forcé pour ceux qui naviguent entre pôle emploi et chantier d’insertion. Quant aux forçats du TGV bossant à Lille ou à Paris…
Entendons nous ! Les communistes n’ont rien contre le rêve et encore moins contre les fêtes authentiquement populaires ! Evènements de rue et défilés comptent dans la tradition locale. Refusons toutefois l’instrumentation ! Madame Bouchard entend réveiller chez les habitants la fierté d’être Calaisien, en en faisant les ambassadeurs de l’équipement. Drôle de manière, peu libérale, de respecter la personnalité de chacun!
Ce dragon serait un projet culturel, touristique, économique et urbain «d’attractivité». Son coût est d’ampleur nationale. 27 millions d’euros sont annoncés. Environ 70% du budget annuel d’investissement de la commune! Pendant ce temps, les équipements sont astreints à une austérité sans fin. Ils apprécieront, de même que les créateurs du cru! Certes, le fameux groupe des « Bourgeois de Calais » est régulièrement restauré. Mais, faute d’entretien, plusieurs sculptures et œuvres implantées en extérieur dans le cadre du 1% Malraux ont disparu de la ville,.
A l’image du dragon affamé, l’événementiel sort de sa juste place. Il tend à « bouffer » la culture de service public. Cette boulimie se double d’une volonté d’amnésie. Célébrée par Rodin, la longue histoire de résistance du Calaisis passe à la trappe. Quant aux traditions ouvrières agricoles et maritimes, elles sont vouées à l’oubli !…Nous ne mangeons pas de ce pain là!
Bien au contraire, élargissons le cercle des connaisseurs ! Multiplions les équipements de proximité ! Développons la formation artistique ! Donnons accès à la lecture publique ! Favorisons l’accès de tous aux spectacles ! Avec 27 millions d’euros, il y a de quoi faire !
Commission Culture du PRCF