Critique de film par V – Les salles de cinéma sont tristement vides en ce moment, si vous voulez vous détendre devant le 7ème art, je ne saurais trop vous recommander ce film qui est clairement une très belle peinture du peuple danois. Évidemment on ne saurait jamais assez rappeler les dangers de l’alcool, et notamment les dramatiques conséquences de l’alcoolisme et de la dépendance à l’alcool. Retrouvez ici toutes les informations utiles et pour la meilleure des préventions, évaluer ici votre consommation. L’alcool c’est avec prudence et modération : « maximum 2 verres par jour et pas tous les jours. »
https://www.allocine.fr/seance/film-275050/pres-de-115755/
Drunk est un film danois nous racontant l’histoire de quatre professeurs de lycée en plein crise existentielle, galérant à trouver un second souffle à leur vie professionnelle mais aussi familiale. Rongés par l’âge, la famille ou le travail, les 4 amis vont tenter une mystérieuse expérience d’un sociologue danois : boire de l’alcool pour mieux travailler et être mieux dans leur peau. Sous ce pitch qui pourrait très bien être celui d’une énième comédie américaine débile, se cache un excellent film, traitant de la place de l’homme dans la société, de la joie de vivre au quotidien, de la patrie et bien évidemment de l’alcoolisme.
Un film réunissant patriotisme et internationalisme
Avant de passer au gros morceau du film, il est intéressant de revenir sur un thème important du film : le rapport à la patrie des personnages du film. Bien souvent dans le cinéma européen de ces dernières années, la patrie ou bien la nation n’est pas mise en avant, les lauriers reviennent souvent à l’Union Européenne ou bien à un certain « internationalisme » souvent mal placé. Ici le réalisateur danois, Thomas Vinterberg, montre une belle fresque danoise. De l’équipe poussin de football qui chante l’hymne du pays aux élèves de terminale qui chantent un chant patriotique en cours de musique, on voit des professeurs fiers d’enseigner ces chants danois à des élèves respectueux de les interpréter. Pourtant le film n’exclut pas l’immigration. On aperçoit plusieurs personnages visiblement non-danois d’origine : une jeune fille voilée, plusieurs personnes noires et cela n’entraîne pas de longs débats pénibles sur les origines, la patrie et l’identité comme on le voit bien trop souvent dans les films français, anglais ou américains. On voit un peuple fier de sa patrie, qui accueille l’étranger en l’incluant dans son pays en ne rejetant pas sa culture.
Un conte sur les joies et horreurs de l’alcool
Souvent le cinéma a eu une fâcheuse tendance à diaboliser l’alcool ou bien à l’inverse de le rendre « cool ». Nous sommes dans un cas de figure bien plus subtil et réaliste dans « Drunk ». L’alcool est montré comme un élément positif mais également avec ses aspects sombres. Déjà le discours générationnel est frappant : tout le monde boit au Danemark, les lycéens, les professeurs, les amis, la femme déprimée… C’est un fait, l’alcool fait partie de la société danoise (et européenne d’une manière générale) et c’est tout : c’est un fait établi. Sans le juger, le cacher ou bien le diaboliser, l’alcool est présenté comme un personnage à part entière du film. Il est montré comme un vecteur social entre les jeunes, les amis mais aussi comme un désinhibant efficace. Grâce à lui, les personnages principaux du film vont se lâcher, retrouver le grain de folie qu’ils avaient perdu. Le film n’est cependant pas une ode à l’alcoolisme. Les problèmes liés à une forte consommation d’alcool vont arriver progressivement pour certains personnages : problèmes familiaux, violence, alcoolisme profond, incapacité à travailler. La conclusion du film montrera l’équilibre qu’une société doit entretenir vis-à-vis de ce breuvage: en effet on a tendance à souvent l’oublier, mais tout n’est pas noir, tout n’est pas gris mais tout est une nuance de gris. L’alcool est comme cela dans la vraie vie: il peut être très cool comme mortel.
Une histoire de jazz
Dernier élément très intéressant du film : la danse jazz. Durant tout le long métrage, elle est amenée d’une manière subtile, comme un serpent de mer. Martin, le personnage principal explique qu’il était bon danseur dans sa jeunesse, mais qu’au fil des années son dos n’est plus en état pour tournoyer frénétiquement. Encore une fois, l’alcool va aider Martin à se désinhiber, mais également se rapprocher symboliquement de la jeunesse par la fête et la danse.
Un final fort et lourd de sens [attention ne pas lire si vous voulez ménager le suspens]
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Le final du film est très fort et lourd de sens : les deux générations (professeurs et élèves) se rencontrent pour célébrer l’examen de fin d’année des bacheliers. Avec une bouteille de champagne à la main, et de la musique de djeuns dans les enceintes, les professeurs rejoignent leurs élèves pour faire la fête. C’est ce rapprochement générationnel qui touche beaucoup en guise de final ; si l’alcool aide à cela, ce n’est pas lui qui fait le bonheur des protagonistes à l’écran. Martin se libère donc et entamera une très belle danse, pour le plaisir des yeux de la jeunesse danoise mais également pour se prouver à lui-même qu’il n’est pas un vieux con fini, comme il l’était en début de film. Une conclusion intelligente.
« Oser, c’est perdre pied momentanément.
Ne pas oser, c’est se perdre soi-même. »
Telle est, juste un instant, la citation d’un des professeurs Danois de ce fabuleux film chroniqué par notre excellent camarade V..
Elle est de KIERKEGAARD (il est non cité dans le film de Thomas Vinterberg, 2020).
Dans ‘L’Ame & les formes’ (2011),
Lukacs y glanait une ontologique détermination à l’engagement communiste.
Même si cet écrit de jeunesse, berlinois à souhait, un tantinet idéaliste, formait les prémisses d’une oeuvre d’importance pour tout camarade.
lE SerPent rOugE