Pour se faire réélire, Macron s’est prétendu défenseur des libertés. Pourtant, dès le premier janvier, un « contrat d’engagement républicain » était imposé aux associations. Le versement des subventions à ces dernières est subordonné à un engagement de s’abstenir de toute action portant atteinte à l’ordre public et d’inciter à aucune action manifestement contraire à la loi, violente ou susceptible d’entraîner des troubles graves à l’ordre public ».
Dans un contexte général d’atteinte à la liberté d’association, la « création » artistique est particulièrement visée.
Quel est cet ordre public auquel il est fait référence ? Derrière cette notion floue se cachent mal l’argument d’autorité et l’exigence de conformité à la politique du Gouvernement et, aujourd’hui, d’intégration dans l’Union Sacrée. C’est si vrai que les exigences en la matière ont varié comme la longueur des jupes ou leur port par l’un ou l’autre « genre ».
L’art est particulièrement visé. Il constitue un désordre public par nature. Comme l’écrivait un professeur de droit, célèbre en son temps : « le théâtre représente l’inconvénient majeur d’exalter l’imagination, d’habituer les esprits à une vie factice et fictive et d’exalter les passions de l’amour, qui sont aussi dangereuses que celle du jeu et de l’intempérance ».
Dans ce cadre, un film comme « L’an 01 » de Doillon (1973) avec Christian Clavier, Josiane Balasko, Depardieu etc… qui exalte l’atteinte à la propriété privée se serait vu refuser l’avance sur recettes. La regrettée Miss-Tic aurait été traduite devant les tribunaux pour le même motif. De même, toute forme de spectacle de rue plus ou moins spontané fait entrave à la liberté de circulation etc…
Ce décret devrait enfermer les responsables culturels dans d’insolubles contradictions. Dès 2001, Delanoë, Maire de Paris et son adjoint à la culture nommait un « monsieur Squat ». La même année, le très mutant Michel Duffour, sous-ministre de la culture, acceptait un rapport intitulé « Friches, laboratoires, fabriques, squats, projets pluridisciplinaires… : une nouvelle époque de l’action culturelle ».
De fait, de nombreux lieux de spectacle et de création plasticienne étaient et demeurent illégalement occupés. Ces émergences servent même de cache-sexe à une action culturelle publique de plus en plus normalisée et normée. Tirant le bilan des années récentes, deux ex-hiérarques du ministère écrivent : « Mais le mouvement le plus important est sans conteste celui de la naissance et de la multiplication des « tiers-lieux culturels » …
Sont-ils sûrs que les responsables de ceux-ci payent toujours le loyer correspondant, invitent les « commissions de sécurité », acquittent la TVA sur le jus de pomme bio vendu à l’entracte, s’assurent qu’aucun sans-papier ne dort dans le grenier et fassent la chasse aux fumeurs de cannabis ?
Si le droit pratique le plein de la répression, il connaît aussi le vide des statuts. Ainsi la plupart des auteurs et plasticiens sont aujourd’hui structurés en association, seule forme juridique qui leur permet de facturer leurs prestations.
Qu’en sera-t’il à partir de 2022 ?
commission culture du PRCF