Souvenez-vous des mois de février et mars 2020 quand à l’unisson du régime Macron, les médias des milliardaires et leurs « experts » désignés – comme les médiatiques docteurs Patrick Pelloux ou Michel Cymes- faisaient la leçon aux Français : « allez aux théâtres, sortez » ordonnait alors Macron, chacun étant en réalité sommé de continuer à vivre sans aucune mesure de prudence (masques etc…) avec l’appui de ces médecins affirmant que le COVID-19 n’était qu’une petite gripette. Le but: ne pas prendre la moindre mesure portant préjudice à « l’économie », quand bien même les Chinois sonnaient l’alarme contre l’épidémie avec force. Et même quand l’épidémie a violemment frappée en Italie, les mêmes avec une forme de mépris aux relents racistes, continuaient de pérorer sur le fait que la France ne subirait pas la même catastrophe épidémique. En ce mois de juillet, le bilan est terrible : près de 30 000 décès du covid-19.
Le covid-19 plus mortel que la grippe ?
Alors que la première vague de l’épidémie est en net reflux, le nombre d’hospitalisations et de décès quotidiens en raison du covid-19 ayant significativement baissé sur ce mois de juin, sans que l’on en sache encore précisément les raisons, il est désormais possible d’évaluer de façon chiffrée si le covid-19 tue plus que la grippe saisonnière que l’on connait chaque année.
Pour cela, les médecins ont coutume de calculer un chiffre permettant cette comparaison : la létalité des maladies. La létalité est tout simplement le rapport entre le nombre de décès de la maladie et le nombre de malades. Si pour 100 malades il a 1 décès alors la létalité est de 1%. Dans le cas de la grippe saisonnière, la létalité – tous âges confondus – est évalué à 0.1%
La difficulté de ce calcul en France est que le régime Macron ayant décidé que la population n’aurait pas un accès généralisé au test, il n’y a pas eu de dépistage de la maladie. Contrairement à ce qui a été recommandé par l’OMS : tester, tester et tester. Dans ces conditions et comme cela a été évoqué dans un article de la rubrique « débat » d’IC proposé par un de nos lecteurs pour alimenter le débat, avec une très faible détection des cas et un nombre de morts très élevé, la France apparaît comme ayant l’une des pire létalité observée pour le covid-19. Avec 29 893 décès officiels du covid-19 pour 166 960 cas officiels de covid-19 d’après les chiffres de Santé Publique France, la létalité en France est de 17.9%. Ce chiffre est effrayant et ne correspond évidemment pas à la réalité de la létalité du covid-19. En effet, nombre de cas n’ayant pas entraîné de décès n’ont pu être comptabilisés dans les chiffres officiels car n’ayant pas été confirmés par défaut de prise en charge ou d’accès complet au système de santé et de soin, notamment aux tests… Cette létalité très élevée est, à tout le moins, une indication statistique claire la gestion de crise catastrophique par le régime Macron de l’épidémie. Rappelons que la létalité du covid-19 est officiellement de 5.5% en Chine ( 4 634 morts pour 83 542 cas), de 4.6% en Allemagne (9010 morts pour 196 780 cas), de 3.6% à Cuba (86 morts pour 2361 cas).
La question reste donc posée de la létalité réelle de la maladie. C’est celle à laquelle nous allons, au regard des campagnes de dépistage de masse menées à Nice au cours du mois de juin, chercher à répondre.
Calculons la létalité avec le cas de Nice
Une campagne récente de dépistage massif menée par la ville de Nice, impliquant 53 000 Niçois volontaires et 15000 fonctionnaires territoriaux nous offre des données permettant d’avoir une meilleure idée de cette létalité, en identifiant la proportion de la population présentant des anticorps pour le covid-19.
Combien de malades du covid-19 à Nice
D’après les résultats communiqués par Nice, 1,3% des 53 000 Niçois testés ont eu le covid-19, et c’est un chiffre bien supérieur pour les personnels de la ville 3,5%, démontrant au passage le danger pris par les agents des services publics. Ce qui permet d’avoir une évaluation sur la base de ce dépistage massif de la proportion de Niçois ayant été infectés par le covid-19
- 53 000 niçois testés, 1,3% positifs, soit 689 malades
- 15 000 agents publics territoriaux testés, 3,5% positifs, soit 525 malades
- 68 000 personnes testées, 1214 malades, soit 1,79% de malades
- par proportionnalité, en appliquant ces résultats à la totalité de la population niçoise (le modèle proportionnel est une simplification mais avec un échantillon de départ représentant 20% de la population totale, cette modélisation n’est pas dépourvue d’intérêt.)
- 342 500 Niçois, 1.3% de malades, 4453 malades
- 342 500 Niçois, 1.8% de malades, 6165 malades
À Nice, à la fin juin, on peut estimer l’ordre de grandeur du nombre de Niçois infectés par le coronavirus: l’épidémie aurait ainsi frappé entre 4 453 et 6 165 personnes.
Combien de décès du covid-19 à Nice
En l’absence de dépistage systématique, il n’existe pas de recensement complet des décès du covid-19. Ni en général en France, ni en particulier à Nice. Cependant l’Insee publie un fichier de l’ensemble des décès enregistrés, localisés par commune de résidence et commune de décès, et par date. Nous avons donc pu évaluer le nombre de décès supplémentaires provoqués par l’épidémie de covid-19 sur la période mars-avril-mai 2020 à Nice en comparant :
- le nombre de décès en 2019 sur la période Mars-Avril- Mai 2019 à Nice : 850
- le nombre de décès en 2020 sur la période Mars-Avril-Mai 2020 à Nice : 981
- soit une augmentation du nombre de décès durant la période de pic épidémique de covid-19 : 131 décès, une surmortalité importante atteignant les 15.4%
Il est à noter que cette évaluation peut avoir tendance à sous-estimer le nombre de morts du covid-19 à Nice. En effet, du fait du confinement et de la baisse de circulation d’autres maladies le nombre de décès résultant du covid-19 peut être supérieur au surcroît de mortalité. (Ou le sur-estimer si on considère qu’une partie de la surmortalité est liée à la saturation du système de santé, ce qui ne semble toutefois pas avoir été le cas de façon significative à Nice).
La létalité du covid-19 est 30 fois supérieure à celle de la grippe
De ces chiffres, il est possible de déduire un ordre de grandeur de la létalité du covid-19 à Nice ; en dehors des effets de saturation des capacités de soin du système de santé, la ville de Nice n’ayant pas été une de celles ayant vu comme en région parisienne, dans le grand Est, dans le Nord ou en Picardie ses capacités hospitalières totalement saturées.
La létalité du covid-19, d’après ces chiffres de la ville de Nice, peut donc être évaluée dans la fourchette suivante [ 2,1% – 2.9%]. A comparer à la létalité de la grippe saisonnière qui est évaluée généralement à 1 décès pour 1000. Soit une létalité du covid-19 de 20 à 30 fois celle de la grippe d’après ces chiffres.
Il est difficile d’obtenir une base de comparaison fiable pour vérifier la robustesse de ces indicateurs statistiques. Nous pouvons comparer avec les seuls autres résultats disponibles en France obtenus à la suite de la campagne de dépistages massifs menée par l’IHU de Marseille: 150 658 tests, 59 073 personnes testées, 4 937 malades du covid-19 testés positifs, 163 décès. En effet, la campagne de dépistage menée à Marseille n’a concerné que 6.9% de la population (59 073 personnes testées pour 861 635 habitants) contre 19.9% des Niçois (68 000 pour 342 500 à Nice) De plus, les échantillons de ces deux études ne sont pas recrutés de la même façon. Ainsi à Marseille cette campagne de tests concerne une population consultant directement en milieu hospitalier par crainte d’avoir la maladie ou des cas contacts sollicités par l’IHU. La population testée à Marseille est donc a priori plus susceptible d’avoir contracté la maladie et a priori plus susceptible de présenter des formes plus sévères.À Marseille, les résultats sont les suivants : taux de positifs de 8.4%, létalité de 3.3%. On peut tout de même constater que l’ordre de grandeur pour la létalité estimée à Nice est cohérent à avec celui calculé avec les données de l’IHU. . Ailleurs en France, il n’existe pas d’étude de dépistage ou sérologique de cette ampleur publiée permettant de mener cette comparaison. L’APHP ne communique par exemple pas ce type d’information (nombre de test, nombre de positifs, nombre de décès).
Rappelons que cette évaluation de la létalité, intrinsèque à la maladie, peut être fortement aggravée lorsque le système d’hôpital public est dépassé, par saturation de sa capacité à soigner du fait du manque de lits, de personnel (médecins, infirmiers, etc…) et de matériels (respirateurs, protections, masques, médicaments…). Nous avons pu montrer ainsi dans une précédente analyse qu’à l’échelle de la France la mortalité observée à l’hôpital liée à l’épidémie de covid-19 est 60 fois supérieure à celle des épidémies de grippe saisonnières habituelles (lire ici).
En tout état de cause, l’évaluation de la létalité du covid-19 conduit à souligner combien la stratégie « d’immunité collective » initialement choisie par le régime Macron – consistant à laisser circuler librement le virus dans la population générale – était criminelle en privilégiant le profit sur nos vies. Avec une létalité de 2,1%, si le covid-19 avait infecté ne serait ce qu’un Français sur 10, nous aurions eu à pleurer 140 700 morts, et cela sans même compter la surmortalité résultant de la saturation et de l’effondrement du système de soin hospitalier lors de la vague épidémique.
JBC pour www.initiative-communiste.fr