La crise de l’Église catholique française et mondiale s’aiguise au fur et à mesure que s’amplifient les révélations sur les pratiques pédophiles d’une partie du clergé. Il est renversant d’apprendre que des personnes chargées de conduire autrui aient pu se laisser aller à des comportements aussi destructeurs. Plus grave encore, il apparait que bon nombre d’évêques mis au courant de ces agissements auraient protégé les responsables au lieu de dénoncer leur crime, comme c’est une obligation légale.
Nous n’entrerons pas dans le débat, interne à l’Eglise, de savoir ce qui doit advenir du célibat des clercs, du refus d’ordonner des femmes, de l’organisation hiérarchique de l’Eglise qui, s’il n’existe aucun garde-fou suffisant, conduit nécessairement aux pires dérives que dénonçait déjà Diderot à son époque.
Exiger justice, vérité et réparations pour les victimes
Au vu de ces dérapages incroyables, voire massifs dans certains pays (Irlande…), on ne peut que compatir avec les victimes, qu’exiger justice, vérité et réparations pour elles. Ce qui ne signifie absolument pas jeter l’opprobre sur l’ensemble des religieux et des croyants sincères et probes qui se demandent, non sans raison, si l’institution à laquelle ils ont parfois tout donné va survivre à un tel séisme moral. Pour avoir fréquenté d’admirables prêtres-ouvriers comme feu Désiré Marle, ancien délégué CGT des Laminoirs de Lens, Philippe Toulemonde, un militant communiste du bâtiment qui alla vivre la vie et les luttes des habitants de bidonville colombiens, ou Dominique Wiel, le P.O. militant en HLM qui fut injustement accusé dans l’affaire d’Outreau, nous ne participerons pas à l’hallali contre nos camarades de confession chrétienne. D’autant que nous ne voyons que trop comment, en Amérique latine notamment, la crise de l’Eglise catholique profite moins aux idées révolutionnaires qu’aux sectes dites évangéliques « made in USA » qui alimentent les campagnes fascistes contre la gauche progressiste.
Tendre la main à tous les travailleurs
Comme nous l’a enseigné Maurice Thorez aux temps du Front populaire, nous continuerons de tendre la main à tous les travailleurs, quelles que soient leurs croyances personnelles, et plus encore si, au nom de ces croyances ils combattent l’injustice, en les invitant à combattre ensemble, fraternellement, l’exploitation de classe et l’oppression impérialiste. Nous n’oublions pas non plus qu’à la demande du PCF clandestin, c’est un évêque courageux qui, sous l’Occupation nazie, présida le Front national de lutte pour l’indépendance de la France qui prépara la création du CNR sous l’égide de Jean Moulin et avec la participation de la CGT et de la CFTC.
Et cela ne nous empêche nullement de défendre notre conception matérialiste et scientifique du monde, de veiller sur la laïcité (contre les Sarkozy, Hollande et autre Macron qui ne cessent de violer la séparation de l’Etat et des Eglises), de combattre l’UE supranationale, patronale et néo-cléricale, de défendre les lumières et l’avenir commun de l’humanité contre tous ceux qui veulent cléricaliser les esprits pour tenter d’empêcher l’émancipation des individus et des peuples. Ni de défendre des avancées sociétales raisonnables contre les intégristes de la « manif pour tous », tout en refusant tout glissement néolibéral vers la marchandisation des femmes et des enfants.
Tout cela, nous le ferons bien évidemment CONTRE tous les Tartufes qui exploitent et qui salissent l’humanité en eux et dans les autres. Mais nous ne l’accomplirons pas sans l’engagement solidaire et fraternel des croyants sincères qui aiment mieux servir la fraternité humaine que le veau d’or du capital.
6 octobre 2018 – PRCF
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