Dans un contexte où les insultes ne sont à nouveau plus retenues de la part des partenaires socio-démocrates de la NUPES vis-à-vis de Fabien Roussel et du PCF, il est d’abord utile de préciser que les relents nauséabonds d’un anticommunisme primaire doivent être condamnés. Car lorsqu’une ancienne sarkozyste passée à LFI traite Fabien Roussel de nouveau Doriot, nonobstant le caractère caricatural de l’insulte, il ne s’agit pas ici poser le bilan critique de l’action du dirigeant de cette partie du parti de la gauche européenne qu’est le PCF, mais bien d’exciter de violents réflexes anticommunistes afin de disqualifier la proposition communiste au service d’un hégémonisme social-démocrate sans issue. Ces réflexes qui sont ceux de cette classe capitaliste qui pour interdire toute alternative révolutionnaire criminalise le communisme en voulant le mettre dans le même sac que le nazisme. Chacun connaît ainsi le fumeux concept de totalitarisme. C’est d’abord une insulte grave aux dizaines de milliers de résistants communistes qui ont donnés leur vie pour gagner une France libérée du nazisme et imposer le plus grand programme de progrès social et démocratique, le Conseil National de la Résistance. Pendant ce temps tout ce que le pays comptait de forces politiques bourgeoise, dans leur masse, des socio-démocrates à la droite, s’étaient engagés dans la collaboration emprisonnant et déportant les communistes, en votant comme un seul homme les décrets Sérol et les pleins pouvoirs à Pétain. Non ces gens ne sont pas qualifié pour pouvoir donner des leçons.
Cela étant, cela ne doit pas conduire à faire toutes les critiques qui sont nécessaires face aux dérives de plus en plus inquiétantes de Fabien Roussel. Et sur ce plan l’histoire de l’ancien maire de Saint Denis et de ce à quoi peut mener l’opportunisme est là pour rappeler à chaque militant communiste ses devoirs pour ne pas laisser dire ou laisser faire. Alors que Roussel multiplie les gestes envers la Macronie pour gagner la sympathie de la droite et ainsi faire sa place dans le champs médiatique en tant que premier critique de la gauche, et apparaître en toutes occasion au bras d’Emmanuel Macron qu’il ne cesse ainsi de cautionner alors qu’il est toujours plus illégitime, il est plus que nécessaire d’analyser ce qui se révèle – dans la continuité de la mutation du PCF qui aura vu son chef de file Robert Hue désormais émarger directement chez Macron avec le MdP – comme un vrai risque de tournant social-chauviniste du P »C »F-PGE rousselien.
En-effete et pour ne citer que cet exemple récent, que Roussel choisisse de parader auprès de Macron en Corse quand celui-ci annonce la prochaine autonomie de la Corse, et avec elle, la fin de la République française une et indivisible issue de la Révolution française (car immédiatement les séparatistes bretons, alsaciens et autres en demandent autant pour leurs futures Euro-régions indépendantes), montre l’ampleur tous azimuts des reniements de Roussel. En comparaison duquel Robert Hue ferait presque figure, et c’est tout dire, de marxiste-léniniste impénitent !
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Chronique d’une lente descente aux enfers
Vladimir Lénine, figure fondamentale du mouvement communiste international, a donné une définition du social-chauvinisme qui résonne encore aujourd’hui : « Le social-chauvinisme, c’est l’opportunisme sous sa forme la plus achevée. Il est mûr pour une alliance ouverte, souvent vulgaire, avec la bourgeoisie et les états-majors. »1 Cette définition, datant de 1916, met en lumière la dérive opportuniste qui peut affecter les partis se réclamant du socialisme, en les conduisant à s’aligner sur les intérêts bourgeois. Cette analyse prend tout son sens lorsqu’on l’applique au P«C»F -PGE sous l’actuelle direction de Fabien Roussel.
Lénine avait déjà averti contre le danger de l’opportunisme au sein des partis socialistes, et le P«C»F, historiquement enraciné dans la lutte pour les droits des travailleurs et qui avait été fondé au départ précisément pour lutter contre l’opportunisme de la seconde internationale, semble avoir pris un tournant définitif vers le social-chauvinisme. Plusieurs événements récents viennent étayer cette thèse.
Le révisionnisme et l’opportunisme galopants au sein de l’appareil du parti depuis des décennies ce n’était qu’une question de temps avant que le renoncement à tous les principes élémentaires, non seulement du communisme, mais aussi de la gauche politique, franchissent une nouvelle étape décisive. Aujourd’hui le « Parti » passe définitivement de l’opportunisme social-démocrate à l’opportunisme social chauviniste déjà en vigueur chez son grand frère, le PS, depuis un bon moment.
Revenons sur un certain nombre de positionnement et d’actions entreprises par Roussel au nom du « parti ».
Positions à propos de la police
Le P «C»F-PGE , sous la direction de Fabien Roussel, a adopté des positions ambiguës à propos de la police. Alors que les mouvements sociaux et les revendications pour une réforme profonde des forces de l’ordre se multiplient, le PCF semble hésiter à soutenir pleinement ces demandes, ce qui le place en décalage avec la base militante et les aspirations à plus de justice sociale. Roussel s’est à plusieurs reprises déclaré du côté des forces de répression de l’Etat bourgeois pendant les émeutes de cet été tout en étant presque complétement indifférents vis-à-vis des violences policières commises en quantité industrielle contre la population. Faut-il rappeler son ralliement à une manifestation des syndicats ouvertement fascistes de police contre l’Assemblée Nationale où été présent Eric Zemmour et laquelle la CGT-Police n’avait même pas officiellement appelé à participer ?
Vote en faveur de l’OTAN et l’envoi d’armes en Ukraine avec la majorité présidentielle
Un autre exemple de dérive social-chauviniste est le vote des députés du P«C»F-PGE à l’Assemblée Nationale en faveur du soutien à l’OTAN, célébrant notamment l’annexion de la Finlande et de la Suède et l’envoi d’armes au régime de Zelensky qui embastillent les communistes et torturent tous les opposants, en alignement total avec la majorité macroniste. Ces positions sont en contradiction avec la défense la plus élémentaire de la paix en s’opposant aux livraisons d’armes, l’opposition à l’escalade militaire et la résistance à l’impérialisme, et elles laissent penser que la direction du PCF-PGE est prêt à sacrifier ses principes pour des gains politiques nuls et non avenus. Qu’en disent les militants ?
Approbation de l’interdiction de l’abaya
Tout récemment, le patron du PGE a également fait parler de lui en approuvant automatiquement l’interdiction de l’abaya, une décision du « nouveau » ministre de l’éducation Gabriel Attal, qu’il avait déjà reçu à la fête de l’Humanité, qui a été critiquée pour son caractère discriminatoire envers les filles de confession musulmanes. Une prostitution absurde de la laïcité alors que le régime macroniste va à la messe avec le pape. Il s’agit surtout d’une diversion assez peu subtile des vrais problèmes de l’Education Nationale comme : le manque d’enseignants et de personnels, l’état désastreux de certains établissements, les classes surchargées, l’anéantissement du baccalauréat pour ne mentionner que cela. N’importe quel parti de gauche digne de ce nom aurait dénoncé cette opération comme une imposture comme l’a fait le PRCF mais pas le P«C»F-PGE de Roussel.
Débat catastrophique avec Édouard Philippe à la fête de l’Humanité
L’un des épisodes les plus marquants a été le débat entre Fabien Roussel et Édouard Philippe à la Fête de l’Humanité. Alors que la Fête de l’Humanité est traditionnellement un espace de débats et de discussions ouverts pour les représentants du monde du travail, Roussel a choisi de donner une tribune à Édouard Philippe, ancien Premier ministre de Macron. Responsable en grande partie de la terrible répression contre les gilets jaunes comme l’a rappelé un courageux militant qui a interrompu la scène avant de se faire évacuer avec une extrême violence par la sécurité2. Il est plus qu’évident que ce choix politique a été perçu par de très nombreux militants comme inacceptable et une tentative d’alliance avec des personnalités issues de la bourgeoisie et un renoncement aux valeurs communistes traditionnelles. Le hument de la foule suffit à faire foi de comment le public de la fête, même majoritairement non militant, a reçu la présence de ce sinistre individu et l’accolade mal aisée de Roussel avec lui. C’est évènement est un symbole à lui tout de seul de la ligne social-traître et social chauvine en vigueur au sein de la direction nationale du « parti ».
N’oublions pas la récente visite conjointe avec Macron en Corse ou Fabien était bien content de poser à côté de l’exécutif, bien tranquille, sans un pli, comme un ministre qui accompagne le « chef » en tournée.
1 V.I. Lénine, « L’opportunisme et la faillite de la seconde internationale », Vorbote, 1, 1916.
2 Lien vidéo : https://twitter.com/AnonymeCitoyen/status/1703386907042889750?t=tzddTIaHnVe5y3GIci7Szw&s=19