Vassieux-en-Vercors, mémorial de la Résistance.
La route traverse le village, passe devant les structures des planeurs des tortionnaires allemands posés tout contre le cimetière où reposent leurs victimes, puis s’élève en quelques virages au Col de la Chau.
Là se trouvait en 1944 un village courageux abritant un terrain d’aviation précaire et un camps de maquisards…on y avait proclamé la République Libre du Vercors.
Devoir de mémoire, devoir de résistance …
Ici, venus de toute la région répondant à l’appel lancé sur les ondes de la B.B.C, « le chamois des Alpes bondit »: des milliers de jeunes sont montés sur le plateau afin de mettre en oeuvre le Plan Montagnard.
Ici tous ont vu arriver avec espoir une nuée de planeurs, et avec eux l’arrivée des renforts et des armes lourdes promises par les Alliés, avant de réaliser qu’il s’agissait de l’aviation allemande et de son cortège de barbares et de tortionnaires.
Comme à Saint Nizier du Moucherotte, ils se sont battus avec courage mais ont du céder sous le nombre et l’absence d’armement lourd: ils se sont fait massacrés et avec eux la population du Vercors. Partout les plaques commémoratives ont fleuri dans le Vercors; Vassieux a été nommé Compagnon de la Libération, on y a construit un Mémorial de la Résistance.
Dans une scénographie sobre et soignée, on y relate les événements tragiques et l’ont demande au touriste de passage de ne pas oublier…et comment oublier les pendus appuyés sur une jambe des troupes barbares du général Pflaum?
On y entend l’appel du Général De Gaulle le 18 juin 1940, une vidéo explique les opérations militaires et un petit film relate la vie de ces maquis jusqu’à leur fin dramatique. Quelques secondes sont consacrées à l’explication de « l’abandon par Londres et Alger » de ces courageux combattants.
On apprend que les dirigeants du maquis au coeur des combats accusèrent les chefs alliés responsables de l’absence de soutien d’être des « lâches et des criminels ». Le responsable maquisard Dalloz explique que l’administration de De Gaulle « ne souhaitait pas armer les maquis ni dans le Vercors ni nul part pour éviter les embêtements à la Libération… »
Quoiqu’il en soit, même si beaucoup de maquisards et d’habitants sont morts tandis que le plateau vit arriver l’hiver 1945 dans des ruines encore fumantes, on se souviendra que leur « sacrifice » n’a pas été inutile puisqu’ils ont retenu 15 000 militaires hitleriens sur le plateau…Ces derniers le quitteront le 15 août pour répondre au débarquement de Provence.
Mémoire sélectives et grosses ficelles de propagande
Enfin, un petit film termine la visite faisant la liste des mouvements de résistances apparus de part le Monde depuis…Il ne nous n’apprendra rien des morts de Charonne ou des martyrs de Long Kesh. Pas un mot sur le Thêt ou sur les enfants de l’intifada, à la place le film tresse les lauriers du Commandant Massoud qui chassa le « régime communiste » de Kaboul (ramenant la charia dans ses bagages et les talibans à sa remorque!).
Alors que l’on passe devant les centaines de noms de ces hommes courageux, morts dans des conditions atroces pour que souffle le vent de la Liberté et que vive la République, le malaise s’installe.
Le devoir de mémoire, c’est le devoir de se souvenir, et de se souvenir de tout.
Or s’il y a un peu à discuter sur l’Histoire dont ce mémorial se souvient, il y a beaucoup à interroger sur celle que ce mémorial oublie.
Comment expliquer que dans la plupart de ces lieux de mémoire il ne soit jamais fait mention de l’Appel du 17 juin 1940 lancé par le dirigeant communiste Charles Tillon?
(Ici à Vassieux comme dans beaucoup autres, par exemple en Alsace au camps du Stuthof où furent suppliciés à mort les Nacht und Nebel, les commentaires des guides évitent soigneusement de dire qui étaient les « détenus politiques » persécutésdont principalement des « rouges » communistes en premier originaires d’Allemagne et d’Autriche.)
Comment comprendre que l’engagement politique des Résistants et le réseau militant et politique nécessaire à la constitution des maquis soit systématiquement tu?
Dans le Vercors il s’agissait du mouvement Francs-Tireurs organisé par la SFIO partie prenante du Front Populaire, mais souvent ailleurs des FTP ou des FTP-MOI du PCF. Une partie des troupes venait de Grenoble et était constituée de militants communistes notamment des cheminots. Nulle trace de cela dans le mémorial. Cet engagement est oublié, tout comme la tentative contrée par De Gaulle, du commissaire à l’air, le communiste Grenier, de mettre en place une unité aérienne de soutien aux maquis l’Unité Patrie.
Pourquoi ne se souvient-on jamais des aspirations portées par la jeunesse fauchée au cœur et bien officiellement célébrée par ces lieux de mémoire et n’y parle-t-on jamais du programme du C.N.R qui fonda tous les progrès sociaux de la Libération?
Cette dernière question est peut être la réponse aux précédentes.
A l’heure ou le programme du dirigeant du Medef Denis Kessler consistant à « revenir sur tous les acquis du sociaux du C.N.R » est appliqué avec fougue par des gouvernements de combats anti populaire foulant aux pieds la souveraineté nationale en collaborateurs zélés qu’ils sont de l’Union Européenne et de son cortège de commissaires non élus appointés par Goldman Sachs, il apparait logique de trier dans les souvenirs.
Pendant que l’Allemagne remilitarisée pressure à mort le peuple grec et parle fort au concert des Nations tandis que l’OTAN, France et U.S.A en tête soutient les nazis nostalgiques des légions de l’Est bourreaux de Vassieux qui gouvernent à Kiev et massacrent de Donetsk à Odessa, il vaut mieux avoir la mémoire sélective.
Alors si le souvenir de ces martyrs du Vercors voit se serrer le coeur, le devoir de défendre l’idéal de Progrès et de Liberté pour lequel ils sont morts voit sel poing se serrer.
J’ai visité cet été le camp des Milles (mal foutu, d’ailleurs), puis le petit musée parisien Jean Moulin : je n’y ai pas vu beaucoup d’objectivité scientifique en ce qui concerne la place, ni des militants communistes, ni des russes, dans la Victoire !