En ce début d’année, les sympathies nauséabondes d’un Olivier Dard – référence de l’establishment médiatique – historien se permettant « d’oublier » de mentionner dans une notice l’antisémitisme de Maurras, l’une des principales figures du mouvement fasciste en France, ont fait tomber les masques. Il ne s’agissait pas d’une surprise s’agissant d’un historien tout occupé à rééditer les œuvres de personnalités fascistes et invité régulier des manifestations de l’Action Française. (lire ici)
L’historienne Annie Lacroix-Riz, spécialiste de la collaboration, qui a eu tant à subir des agressions d’un petit monde médiatique aux ordres lui reprochant de révéler, à la lumière des sources des archives, la nature de ce qu’ont été l’entre-deux-guerres et la collaboration, revient dans une tribune très documentée sur le contexte qui a mené à ce que, dans la France de 2018, le régime Macron veuille « commémorer » Maurras, sur ce que cela signifie et sur l’atmosphère de censure qui a rendu cela possible.
Dossier Maurras-Olivier Dard, chasse aux sorcières Wikipédia et colloque aryano-européen
Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine, université Paris 7-Denis Diderot, chercheuse en activité.
Mise au point pour la grande presse sur la notice d’Olivier Dard pour la commémoration de Charles Maurras » et « Olivier Dard et Maurras ni antisémite ni germanophile ni pronazi.
Quelques rappels de la première semaine de février 2018 sur le dossier Maurras-Olivier Dard, éclairants sur ce que j’ai qualifié d’extrême droitisation d’une historiographie sans sources dans « Olivier Dard et Maurras ni antisémite ni germanophile ni pronazi » :
et sur divers autres sites, dont
- https://www.initiative-communiste.fr/articles/culture-debats/olivier-dard-preuve-dun-dangereux-laxisme-envers-maurras-antisemite-notoire/
- https://www.investigaction.net/fr/maurras-vu-par-olivier-dard/
- https://www.humanite.fr/sur-la-notice-pour-la-commemoration-de-maurras-650213
Voir aussi https://www.les-crises.fr/le-rond-de-serviette-d-olivier-dard-a-l-action-francaise/, présentation de documents qui comporte une référence au grand diplomate patriote Raymond Brugère, premier secrétaire général du Quai d’Orsay à la Libération, auquel j’ai fait de fréquentes références dans mes ouvrages De Munich à Vichy et Les élites françaises, 1940-1944. De la collaboration avec l’Allemagne à l’alliance américaine (voir les index). La réédition de Veni, vidi, Vichy s’imposerait en effet, pour son sérieux documentaire et civique, surtout à une époque où l’extrême droite prône une accélération de la republication de tous auteurs fascistes et collaborationnistes ou collaborateurs ‑‑ distinguo absolument dépourvu de sens historique en dépit de son immense vogue des vingt dernières années. Notons qu’aucun d’entre eux ne s’est contenté de manier la plume de 1940 à 1944, comme d’ailleurs dans l’entre-deux-guerres fasciste des intéressés : voir aussi Le choix de la défaite.
Wikipédia France, un instrument de chasse aux sorcières : la méthode du deux poids, deux mesures
Sur le fonctionnement de Wikipedia France, il convient de consulter l’article https://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion:Olivier_Dard, discussion sur l’article Olivier Dard. « Guise » est un pseudo transparent (le duc de Guise étant un des prétendants royalistes du 20e siècle). Il atteste que la confection des fiches d’histoire et d’historiens s’apparente à une véritable chasse aux sorcières : complaisance ou aveuglement pour les historiens d’extrême droite, hargne contre les historiens marxistes, dépréciés sur cette seule base (c’est de moi qu’il s’agit, mais tout progressiste est susceptible de subir le même sort).
On comprend mieux le contenu souvent unilatéral des fiches historiques Wikipédia-France quand on mesure le pouvoir de bloquer l’information tant sur les historiens qui plaisent que sur ceux qui déplaisent. Les éléments qui suivent attestent que l’encyclopédie prétendument interactive ne l’est pas mais est confisquée par quelques privilégiés idéologiquement sélectionnés.
Ce qui arrive avec les révélations sur la complaisance et les silences archivistiques d’Olivier Dard pour ses personnages de l’extrême droite fasciste, sur la complaisance et les silences de Wikipédia et des « historiens du consensus » sur Olivier Dard confirme simplement ce sur quoi j’alerte le très modeste public qu’il m’est possible de joindre depuis près de trente ans (voir L’histoire contemporaine toujours sous influence, Paris, Delga-Le temps des cerises, 2012). La censure qui me frappe depuis des décennies frappe d’ailleurs désormais d’autres chercheurs, comme Jacques Sapir (voir son dossier dans les-crises.fr) et, plus récemment, Olivier Todd, qui s’est en plaint vivement dans une interview du 25 janvier 2018 accordée à Aude Lancelin, https://www.les-crises.fr/video-furieux-emmanuel-todd-dezingue-macron-et-les-medias-je-suis-censure-sur-franceinter/ écouter à 25 :50.
La virulence antimarxiste, masquée en équation communisme=nazisme, débouche, d’une part, à la fois sur une criminalisation de la pensée progressiste, surtout quand celle-ci ne se cache pas d’être marxiste, et sur une complète banalisation de l’extrême droite, accompagnée d’une dissimulation systématique des choix politiques et idéologiques des intellectuels concernés et, d’autre part, dans la discipline historique, sur l’abandon des exigences méthodologiques en matière de démonstration archivistique, abandon qui a été rendu possible par une longue croisade contre « les archives » et leur « positivisme » désuet. Wikipédia s’est, de ce point de vue, remarquablement adapté à l’atmosphère régnant depuis plusieurs décennies en histoire contemporaine, dans laquelle ses censeurs, stricto sensu, se meuvent comme des poissons dans l’eau.
Le dossier des participations respectives à des réunions politiques ou convoquées par telle mouvance politique est à cet égard particulièrement démonstratif : faire une conférence pour l’Action française ne présume de rien en matière d’options politiques, la prononcer devant une organisation progressiste ou communiste déprécie entièrement un intellectuel et ses éventuels apports scientifiques à sa spécialité académique : il ne peut dès lors plus être considéré comme une « source secondaire ».
Voilà le sort réservé au contributeur volontaire qui s’efforçait de corriger la complaisance sidérante de l’article Wikipédia Olivier Dard, « Placidemuzo » (deux amis spécialistes d’informatique m’ont également dit il y a quelques années avoir vainement tenté de compléter ou corriger ma fiche, c’est-à-dire s’être heurtés au même mur de censure).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Utilisateur:Placidemuzo
Ce compte a été bloqué indéfiniment le 9 décembre 2017 à 22:30 (CET) avec ce motif : « attitude non-collaborative (passages en force) et rapport contributions / bruit très défavorable »
L’équipe Wikipedia qui s’est acharnée à dissimuler les options d’Olivier Dard, nul ne s’en étonnera, est la même qui a œuvré, dans le même sens, dans l’article de discussion Annie Lacroix-Riz, avec Guise et consorts, contre « Placidemuzo »:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion:Annie_Lacroix-Riz
où, comme il se doit, Olivier Dard est une des cautions scientifiques fournies à l’appui de la non-scientificité des travaux concernés, due à « des postulats idéologiques clairement énoncés », in La synarchie ou le mythe du complot permanent, Paris, Perrin, 2012, p. 222-224.
Sur ce verrouillage et sur la confiscation de la prétendue « encyclopédie » interactive par des chasseurs de sorcières, deux articles du site Initiative communiste avaient été préalablement postés, les 9 février et 22 octobre 2017 :
Excusez la longueur de l’exercice de lecture, indispensable, que je vous propose.
Pour éclairer le débat sur le sens des prestations d’Olivier Dard auprès de l’Action française et d’organisations liées à celle-ci
Voici quelques éléments recherchés après lecture de l’article d’Antoine Perraud du 7 février 2018 dans Médiapart : https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/070218/celine-maurras-chardonne-faire-face?onglet=full
sur le colloque prévu le 7 avril 2018 « Fiers d’être Européens ! » à l’institut Iliade, dirigé par Jean-Yves Le Gallou, «président du groupe FN puis MNR au conseil régional d’Île-de-France de 1986 à 2004, et député européen de 1994 à 1999. » : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Yves_Le_Gallou
http://institut-iliade.com/ , dont les « postulats idéologiques [sont] clairement énoncés »
http://institut-iliade.com/abecedaire-europeen/lettre-r/
https://metamag.fr/2018/01/10/5eme-colloque-de-linstitut-iliade-le-7-avril-2018/,
reproduit ci-dessous sous sa forme originale chargeable (au cas où le document viendrait à disparaître d’Internet) :
Repentance, ahurissement, avachissement… Stop ou encore ? « Fiers d’être Européens ! »
Cinquante ans après Mai 68, le « macronisme » achève la victoire du libéral-libéralisme le plus débridé. Son cœur idéologique reste celui de la gauche, marquée par l’héritage d’une mauvaise conscience coloniale, la repentance perpétuelle et obligatoire, la haine de soi. Il est temps d’y mettre un terme en retrouvant l’amour de nos racines, la fierté de ce que nous sommes ! C’est à cet impératif que s’attachera le colloque annuel de l’Institut Iliade pour la longue mémoire européenne, organisé samedi 7 avril 2018 à partir de 10h à la Maison de la Chimie, 28 Rue Saint Dominique, 75007 Paris.
La journée est divisée en deux séquences
La matinée (10h-12h30) dressera le cadre de l’analyse, pour appeler à en finir avec la culpabilisation des Européens. Interviendront à cette occasion Philippe Conrad (« Pourquoi s’attaquent-ils à notre Histoire ? »), Javier Portella (« Du nihilisme à l’ethnomasochisme »), ainsi qu’Olivier Dard et Bernard Lugan autour d’une table ronde animée par Martial Bild (TVLibertés) : « En finir pour de bon avec la culture de la repentance ». La conclusion de la matinée sera présentée par la philosophe Bérénice Levet, qui s’attachera à réaffirmer « le droit des Européens à la continuité historique ». Une première séance de rencontres et dédicaces est proposée avec les orateurs de cette matinée.
L’après-midi (14h-18h30) explorera les voies et moyens de redevenir ce que nous sommes. Interviendront ainsi Sylvain Gouguenheim (« L’apport du Moyen Âge à l’identité européenne »), Jean-François Gautier (« Ce que nous devons aux Européens ») et François Bousquet (« Gagner la guerre culturelle »), la conclusion valant synthèse des travaux étant assurée par Jean-Yves Le Gallou. Ces interventions seront entrecoupées d’illustrations concrètes, à partir de travaux des auditeurs de l’Iliade, et de deux tables rondes. La première réunira Rémi Soulié, Paul-Marie Coûteaux et Gérard Dussouy pour traiter des moyens de se réapproprier notre identité, tant à l’échelle locale que nationale et européenne. La deuxième table ronde, illustrée d’une vidéo de témoignages dans différents pays européens, réunira les journalistes Yann Vallerie (Breiz-Info) et Ferenc Almassy (Visegrád Post) autour du thème « Irlande & Europe centrale et orientale : comment se réveille un peuple ? ».
Ce colloque constitue la manifestation publique annuelle de l’Institut Iliade. Il s’est rapidement imposé comme l’un des plus importants rassemblements des partisans de l’identité nationale et européenne avec, à chaque édition, plus de 1 000 participants désireux d’explorer les pistes du nécessaire réveil de notre civilisation, d’échanger et de se retrouver, y compris autour d’un verre, dans la convivialité d’une communauté ainsi reformée.
L’édition 2018 sera l’occasion de présenter en exclusivité le deuxième ouvrage édité par l’Iliade chez Pierre-Guillaume de Roux : Ce que nous sommes. Les sources pérennes de l’identité européenne. Ce livre original, tout à la fois érudit et engagé, réunit douze auteurs autour de trois grands chapitres (« Notre longue mémoire », « Un regard européen sur le monde », « Combats d’aujourd’hui et de demain »). Leurs contributions composent un chant polyphonique d’amour et de combat pour l’Europe de demain. Histoire, mythologie, arts, musique, sciences, littérature, politique et philosophie : en se réappropriant les différentes facettes de leur héritage commun, les Européens ont toutes les raisons de croire encore en leur avenir !
Pour être certain de disposer d’une place et accéder plus rapidement à la salle, il est vivement recommandé de réserver en s’inscrivant en ligne dès maintenant via la page d’accueil du site de l’Institut : institut-iliade.com
Contact, demandes d’interviews et renseignements complémentaires : contact@institut-iliade.com
http://institut-iliade.com/la-repentance-basta-soyons-fiers-detre-europeens/
http://institut-iliade.com/2018-fiers-detre-europeens
https://www.polemia.com/colloque-de-linstitut-iliade-le-choc-des-mots-le-choc-des-idees/
le programme de 2016, prometteur pour 2018, etc.
Olivier Dard participera, auprès de Jean-Yves Le Gallou et Bernard Lugan, entre autres, à ce colloque promoteur de la supériorité blanche, occidentale, aryenne et « européenne » et du rejet de la « repentance » (sur quoi, « la destruction des juifs d’Europe », notamment ?). Depuis longtemps, ce collègue met en garde le public, notamment académique, contre la lecture de mes travaux, qu’il classe, avec, jusqu’ici, l’aval du milieu académique en histoire contemporaine, parmi les élucubrations idéologiques des « complotistes » et « conspirationnistes ».
En revanche il est tout à fait partisan de « rééditer les mots bruns », comme il ressort de son interview par Sonya Faure, dans Libération, le 2 février 2018 :
« Faut-il rééditer les mots bruns ? »
Question : « Il y a tout de même une responsabilité à publier aujourd’hui des œuvres d’auteurs d’extrême droite, qui ont collaboré avec Vichy ou le nazisme… »
Réponse : « La responsabilité éditoriale existe, évidemment, mais le débat est sous-tendu par l’idée, discutable, que la France d’aujourd’hui ressemblerait beaucoup à celle des années 30. Vous ne dissuaderez pas l’antisémite d’aujourd’hui d’être antisémite avec des notes en bas de page. De toute façon, celui-là n’achètera pas ces éditions avec appareillage critique. En revanche, elles peuvent permettre aux personnes désireuses de mieux comprendre ceux qui ont fait cette période de l’histoire. Lire Les Décombres de Rebatet, par exemple, est la meilleure manière de se mettre dans la tête d’un collabo. Censurer ces œuvres risque au contraire d’avaliser les thèses complotistes. Ce qui compte c’est la pédagogie et le décryptage. Arrêtons de penser que le public n’est pas mûr. »
Olivier Dard s’apprête également à publier « Notre avant-guerre de Robert Brasillach », en une édition « critique » dont sa présentation « critique » de Charles Maurras (biographie de 2013, Armand Colin, et « notice » pour la Commémoration officielle) laisse prévoir le manque de rigueur scientifique, via notamment la renonciation à consulter les sources historiques (notamment policières et judiciaires) relatives au personnage.
Notons que les « complotistes » et « conspirationnistes » ont été démasqués notamment par les tenants de l’Action française, par Wikipédia et par Rudy Reichstadt, membre de la fondation Jean Jaurès, pourfendeur des sites « critiques » (dont celui d’Olivier Berruyer, https://fr.wikipedia.org/wiki/Olivier_Berruyer, notice Wikipédia d’ailleurs prudente) qui avait également érigé Olivier Dard en juge suprême de mes compétences historiques dans une notule de 2012 (« La synarchie. Le mythe du complot permanent », d’Olivier Dard », sur Conspiracy Watch, 17 octobre 2012), source Rudy Reichstadt « reconnue » et « autorisée » selon Wikipédia (sept fois citée dans https://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion:Annie_Lacroix-Riz). J’attends avec intérêt la réaction de M. Reichstadt à la notice « officielle » d’Olivier Dard sur Maurras, à ses diverses interviews et surtout à la participation de l’intéressé au colloque du 7 avril 2018 « Fiers d’être Européens ! »
Le même peuple français qui ne saurait lire sans péril des historiens appuyant leurs écrits sur des sources originales extrêmement diverses et recoupées serait en revanche « mûr » pour avaler la potion fascisto-nazie, en lisant de présumées éditions « critiques » de Maurras, Rebatet, Céline, Brasillach, etc.? Il convient de l’informer sur les manœuvres en cours, qui ne sont pas scientifiques mais idéologiques et politiques.
On comprend mieux pourquoi il convenait de « laver », au terme de très longs efforts, l’Action française, Maurras et consorts (après le faux « suicidé » Jean Coutrot, et Bertrand de Jouvenel, tous deux passés par le moule Action française, comme tous leurs pairs). Le lavage, à la fin de 2017, avait atteint une étape cruciale vu la perspective des « Commémorations officielles » à venir en 2018, qui lui conférait l’aval de l’Etat républicain, représenté par son ministère de la culture. Il était également indispensable de présenter depuis vingt ans telle historienne « marxiste », horresco referens, comme mythomane et « conspirationniste ». Elle avait en effet commis le crime de décrire un fascisme français entièrement issu de l’Action française, au lait de laquelle avaient été nourris tous les membres fondateurs et la quasi-totalité des membres demeurés décisifs ou importants, de la prétendue mythique synarchie qui envahit les fonds des Archives nationales et de la Préfecture de police depuis les années 1930.
Il est désolant que la chasse aux sorcières généralisée contre les intellectuels qui résistent à l’équation nazisme=communisme (ou au postulat communisme pire que nazisme) ait rencontré jusqu’ici tant de complaisance ou de complicité académique. Car celle-ci a largement ouvert la voie à la censure dont est porteuse, nul ne saurait l’ignorer, le projet étatique sur les « fausses nouvelles » (fake news) visant à « durcir » la fort efficace législation de 1881, projet cautionnée par la ministre de la Culture, l’éditrice Françoise Nyssen
la même ministre de la Culture qui s’était déclarée à l’origine enchantée par l’excellence du Livre officiel des Commémorations, notice amnésique sur Maurras d’Olivier Dard incluse (déclaration d’ailleurs introuvable puisque remplacée par ses reculs des 27 et 28 janvier 2018 :
Selon le dernier communiqué cité, « Le travail et l’expertise des membres du Haut-comité ne sont évidemment pas en cause » : ce n’est pas mon avis