Dans ce dossier spécial, www.initiative-communiste.fr vous propose de revenir sur les violences policières contre le mouvement social et démocratique. Sans doute le seul argument que le gouvernement PS UE MEDEF a à opposer aux travailleurs exigeant massivement le retrait de la loi travail.
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Revue de presse :
Casseurs ou Policier ? Policiers casseurs ? faites vous votre idée avec cette vidéo de Reuteurs
Policiers casseurs dans les manifestations ? par UGTG
Les violences en manifestation ? Cherchez les policiers en civil
À Nantes, comme à Paris quelques heures plus tard sur la place de la République, la manifestation contre le projet de loi sur le travail se finit, samedi 9 avril, dans les fumées de gaz lacrymogène. Ainsi, à Nantes, ce jour-là, on observe des policiers présents en nombre, des canons à eau stationnés sur les places, des rangées de CRS à chaque croisement de rue. À l’angle de la rue de la Basse-Casserie, un petit groupe attend, aligné le long du mur : des policiers en civils. Lunettes de ski, cagoules et casques, matraques télescopiques à la main, ils se jettent sur une personne, qu’ils emmènent, non sans avoir au préalable lancé quelques grenades assourdissantes sur la foule. L’action est rapide. Mais suffit à provoquer les manifestants, dont plusieurs, en réaction, lancent des cailloux et des pavés contre les CRS et des policiers en civil casqués. Les manifestants en colère contre les tirs aveugles des CRS semblent ne pas avoir remarqué les « cagoulés » qui, de leur côté, ont enfin obtenu le Graal : une belle bataille rangée.
- Des « casseurs » ? Non. Des policiers en civil, lors de la manifestation nantaise du samedi 9 avril contre le projet de loi El Khomri. Sans doute mécontent d’être photographié, un policier jette une première grenade assourdissante (visible au bas du dos du policier au dos tourné) dans la direction du photographe.
(…)
Le sabotage systématique des manifestations sociales par de petits groupes minoritaires — qui le revendiquent parfois politiquement — fait le jeu du pouvoir. Dès lors, la question de l’identité réelle de ces provocateurs fait régulièrement l’objet de spéculations : vrais « casseurs » ou policiers ? D’autant que, si ces derniers sont en général identifiables par un brassard ou un casque siglé, ce n’est pas toujours le cas, comme en témoigne la photographie ci-dessous. Dès lors, quel rôle jouent-ils ? Comment les distinguer des briseurs de vitrines ?
- Près de la place de la Nation, à Paris, en marge de la manifestation contre la loi El Khomri du samedi 9 avril. L’homme à capuche est un policier.
À Lyon, en 2010, il avait été prouvé que des policiers en civil s’étaient fait passer pour des syndicalistes de la CGT en arborant des autocollants de ce syndicat. Le recours désormais systématique à des policiers en « civil », à la tenue très proche de celle des militants violents qu’ils sont supposés arrêter, pose question. En ces temps d’invocations constantes des valeurs républicaines, leur attirail tranche avec l’idée que l’on peut se faire de policiers « républicains » : treillis militaires, cagoules, foulards, matraques télescopiques, gants renforcés… Certains ont même pu pousser le bouchon très loin : lors d’une manifestation nantaise après la mort de Rémi Fraisse, fin 2014, des policiers étaient, tout simplement, venus équipés de masques à tête de mort, comme l’avait révélé Reporterre.
Un comportement similaire avait valu à un soldat de la Légion étrangère, au Mali, le renvoi de l’armée. Les policiers à la tête de mort sont restés impunis, un de leurs syndicats ayant invoqué la nécessité de se fondre dans la masse.
Violences policières à Caen ? La Ligue des droits de l’Homme interpelle le préfet
Vendredi 15 avril 2016, la Ligue des droits de l’Homme du Calvados a écrit au préfet pour solliciter un entretien au sujet du « durcissement certain de la répression policière des manifestations, des applications rigides de la loi sans prendre en considération les circonstances
La Ligue des droits de l’Homme affirme avoir été saisie pour des faits mettant en cause le comportement des policiers lors des manifestations.
Depuis les premières manifestations des jeunes, nous avons été saisis par certains de nos membres, des militants de syndicats et d’associations, de faits mettant en cause le comportement de la police dans le maintien de l’ordre avec des témoignages en contradiction avec les versions officielles », précise l’association.
La Ligue poursuit : « nous ne saurions accepter un ordre qui signifierait étouffer le débat démocratique dans ses formes d’occupation de l’espace public ».
et rappelle également
Ces jeunes que les pouvoirs publics ont encouragé à ne pas céder à l’intimidation, dont les plus hautes autorités de l’état ont souligné la mobilisation pour la défense de la liberté d’expression l’année dernière, ne peuvent accepter de subir passivement un traitement d’exception dont sont dispensées d’autres catégories menant pourtant des actions vraiment destructrices.
Communiqué à propos d’un policier portant un autocollant CNT lors de la manif du 9 avril
Fait à Paris, le mardi 12 avril 2016
Monsieur le Préfet,
La photographie d’un agent de police, brassard au bras, prise le samedi 9 avril sur le bord de la manifestation entre la place de la République et Nation, nous est parvenue. Cet agent, casqué et au visage masqué, porte un autocollant de la CNT sur son pantalon. Il est donc manifeste que ce policier a cherché à se faire passer pour un membre de notre organisation syndicale.
Nous condamnons fermement ces méthodes d’infiltration des cortèges qui visent à provoquer les manifestants dans un contexte où les forces de police font un usage systématique de la violence. Pour preuve de cela, notre service d’ordre a dû contacter les secours pour un jeune manifestant qui avait reçu, sur le tibia, un tir tendu de grenade lacrymogène.
Port d’autocollants syndicaux, visage couvert, absence de brassard de police, insultes et violences sont des actes dont de nombreux manifestants sont témoins et victimes. Depuis le début de la mobilisation contre la loi travail, nous avons pu constater l’intensité de la violence policière et de la répression, y compris contre des mineurs. La CNT région parisienne condamne avec fermeté ces méthodes et demande la libération, l’arrêt des poursuites et l’amnistie des personnes interpellées.
Nous exigeons de vos services qu’ils condamnent publiquement ces pratiques, qu’ils prennent des mesures fermes et concrètes pour faire cesser de tels agissements, et qu’ils nous en tiennent informés.
Syndicalement,
La CNT région parisienne
Toulouse, Rennes, Lille, Paris: emballement des violences policières
Malgré l’indignation ressentie après les témoignages des lycéens du lycée Bergson à Paris, les abus policiers se sont multipliés lors de la journée de mobilisation du 31 mars 2016, partout en France.
A Lille, les manifestants ont eu la surprise de découvrir des CRS les chargeant avec des chevaux. Au-delà des gazages habituels pour disperser la foule, un photographe présent sur place a révélé depuis son compte twitter des matraquages violents et abusifs d’étudiants pacifiques.
Dans les rues de Rennes, le même jour, des scènes de violences similaires étaient partagées sur les réseaux sociaux tandis qu’à Toulouse, deux journalistes ont été brutalement agressés par les forces de l’ordre, ce malgré leur brassard « Presse », comme le rapporte l’Obs.
A Lyon, malgré une manifestation plutôt calme dans l’ensemble, deux canons à eau ont été mobilisés et utilisés contre des groupes de manifestants. Des incidents ont également été signalés à Paris, Nantes ou encore Grenoble.
Dans un communiqué intitulé « Halte aux violences policières », la Ligue des Droits de l’Homme a d’ailleurs condamné ces usages de forces disproportionnées: « Il est légitime que la jeunesse manifeste son inquiétude face à un projet qui met en cause son avenir. Rien ne justifie que la violence s’exerce contre les manifestants et il appartient au gouvernement de faire en sorte que les jeunes et les salariés de ce pays puissent manifester dans de bonnes conditions. Ironie du sort: ces dérapages policiers, qui signent l’arrêt de mort du Code de déontologie promu par Manuel Valls, ont lieu à un moment où le Sénat s’apprête à voter une loi qui donne à la police des pouvoirs accrus. La LDH demande que cessent cette escalade de la tension et les brutalités contre les manifestants. Elle attend que toute la lumière soit faite sur ces violences dans le respect de l’Etat de droit ».
La CGT-Police critique la gestion du maintien de l’ordre
La CGT-police livre, dans un document fondé sur le vécu de «collègues de terrain», une version inédite des heurts très médiatisés qui se sont produits lors de la manifestation parisienne du 9 avril. À l’heure où de nombreux manifestants s’insurgent contre les violences policières, attestées à plusieurs occasions et en plusieurs villes depuis le début du mouvement d’opposition à la loi travail, ce témoignage apporte un éclairage utile, celui de l’autre côté de la barricade. Quand la CGT police exprime sa colère contre sa hiérarchie, ce n’est nullement pour dénigrer le mouvement social, mais pour contester une gestion du maintien de l’ordre qui vise au contraire à lui nuire.
Au fil de ces quatre pages, le syndicat dénonce un commandement «qui a laissé partir la manif de République malgré la présence de groupuscules violents anarchistes cagoulés», rappelant que des policiers avaient été blessés. À l’occasion de cette manifestation, le Mili (Mouvement Inter Luttes Indépendant) avait en effet publié un appel à «la jeunesse», l’invitant à prendre la tête du cortège et à ne pas se placer «en position défensive». L’organisation, qui a participé au «black block» du 9 avril, dénonçait notamment la répression policière : «Combien de personnes blessées depuis le retour du mouvement social? Combien de personnes arrêtées? Suffisamment pour ne pas pouvoir rester chez soi samedi 9 avril.»
Le communiqué de la CGT-Police s’interroge sur les moyens mis à la disposition des agents. «Où sont les moyens de la DOSTL? Tels que des barres ponts et les lanceurs d’eau, qui auraient pu éviter aux malheureux collègues des compagnies d’intervention de se faire bombarder pendant plus d’une heure», écrit le syndicat, brandissant l’article XII de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, qui rappelle que «la garantie des droits nécessite une force publique (…) instituée pour l’avantage de tous».
Décrédibiliser les manifestations
Sarcastique, la fédération cégétiste remercie donc «la haute hiérarchie, bien au chaud dans les bureaux, de se soucier du sort des fonctionnaires de police sur le terrain», et d’avoir préférer «la défense d’intérêts particuliers au détriment de l’avantage de tous»:
Les policiers n’ont pas été autorisés (et on ne leur a pas donné les moyens) à intervenir pour protéger les manifestants pacifiques, les commerçants, les collègues, des biens, un commissariat… Par contre, pour protéger le domicile du premier ministre, là, tout a été fait.
Le syndicat estime que l’absence de consignes cohérentes vise à décrédibiliser les manifestations contre la loi El Khomri et le mouvement «Nuit debout», et facilite «les cas de violences policières». Selon eux, «la tactique semble claire « diviser pour mieux régner » et éviter le débat de fond sur les choix de société, en mettant en avant des « faits divers »».
Solidaire du mouvement, la CGT-Police rappelle que, comme n’importe quel salarié, elle aussi a des revendications sociales. Certaines sont, cela dit, plus spécifiques à l’institution. Parmi elles, la CGT demande à «retrouver un sens humain à notre métier, à savoir protéger la population et non remplir des statistiques, qui ne traduisent que les besoins de communication politique du moment», et réclame aussi «la fin des sanctions disciplinaires arbitraires».