www.initiative-communiste.fr en partenariat avec Etincelle la revue théorique du PRCF ouvre ses pages à JD pour une réflexion communiste autour de l’environnement et la question écologique. géologue et membre du Conseil scientifique et technique du MNLE (mouvement national de lutte pour l’environnement)
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Environnement : quelques éléments d’information !
Les nouvelles techniques, l’essor démographique dans le cadre de la toute-puissance du capitalisme ont conduit à l’emballement de notre façon de produire. Le gaspillage n’est pas un accident dans la production des produits de grande consommation, c’est la conséquence du mode de production dominant et des inégalités sociales qu’il induit.
Plusieurs mécanismes imbriqués structurés par une consommation massive d’énergies fossiles carbonées, perturbent les cycles biogéochimiques du carbone[1] et de l’azote et conduisent au changement climatique. De surcroît le cycle perturbé de l’azote provoque un impact direct sur l’eau et les sols, aggravé par le productivisme agricole qui engendre ses propres effets négatifs. La production agricole patine alors que les besoins mondiaux augmentent. Il ne suffit pas, pour régler la question de la nourriture, de mettre en accusation la consommation de viande, c’est beaucoup plus complexe. Cette explosion de la production-consommation s’est notamment appuyée sur l’existence de ressources fossiles, pétrole, gaz et charbon, à faible coût économique (ces ressources produites gratuitement par la nature) mais à fort retour sur investissement. L’agriculture contribue aux gaspillages et à la pollution. Une tonne d’engrais, c’est en gros une tonne équivalent pétrole. L’azote que cette énergie permet de capter est aussi, une fois épandu, à l’origine d’émissions qui vont contribuer à la perturbation du climat.
Le statut particulier du CO2 :
La place dans l’empreinte écologique de la problématique réchauffement climatique lié aux gaz à effet de serre concerne essentiellement la concentration de CO2 atmosphérique. Ce gaz appelé aussi dioxyde de Carbonne, ou gaz carbonique, a un statut contradictoire. En effet il est tout à la fois néfaste par sa concentration non maitrisée et croissante dans l’atmosphère donc inducteur d’un effet de serre dé-régulateur, mais en même temps, ce gaz est le nutriment universel indispensable pour la vie végétale à travers le processus énergétique de base qu’est la photosynthèse.
Le gaz carbonique, qui est un oxyde, est assez stable chimiquement. En configuration naturelle le CO2 émis dans l’atmosphère a deux destinées : participer aux mécanismes de photosynthèse végétale et être dissout dans les océans (en se recombinant en calcaire CaCO3 jusqu’à une profondeur fixe). L’effet d’absorption en surface du gaz carbonique par les océans permet schématiquement de diviser par deux la concentration du CO2 dans l’atmosphère mais cette absorption présente des limites quantitatives. Actuellement on estime que la moitié du CO2 produit par l’activité humaine n’est plus absorbé par les océans et conséquemment il s’accumule dans l’atmosphère.
Des solutions d’ingénieurs sont envisagées pour offrir au CO2 émis un autre avenir. Il s’agit des démarches de séquestration de ce gaz en couches géologiques profondes ou d’activation de la molécule en lui fournissant de l’énergie et de l’hydrogène pour qu’il entre dans des synthèses utiles.
L’humanité vit l’âge des énergies fossiles carbonées, pour que nos rejets soient supportables il faudra faire que cette ère soit la plus courte possible ! Au regard des rapports de force actuels, il est illusoire d’espérer dans les traités transatlantiques ou autre conférences internationales, ces procédures ne sont que des cache-sexe destinées à dissimuler le pouvoir des multinationales en escamotant tout ce qui peut gêner la concurrence.
Bref regard sur l’attirail idéologique bourgeois :
Développement durable, principe de précaution, économie circulaire… : d’aucuns de ces outils pourraient trouver une pertinence opératoire s’ils étaient correctement définis et utilisés à autre chose qu’à dissimuler voire à justifier les rapports de production dominants.
–Le gouvernement précèdent a ouvert le chantier de « la transition énergétique »(T.E.) sans en proposer un contenu rigoureux mais en caressant les fibres écolo semées dans la population. La réalisation d’économies d’énergie, comme objectif, est une bonne chose si les moyens de réussir sont donnés. Dans la loi de T.E. il est aussi proposé un recours massif aux énergies intermittentes éoliennes et photovoltaïques, déclinées, à tort, comme renouvelables. Leurs productions d’électricité[2] n’est pas suffisante, ni programmable, ni actuellement stockable et les progrès techniques à venir ne pourront pas changer cette réalité facilement. Aujourd’hui atteindre les objectifs du Grenelle et de la loi TE conduira dans une impasse, qui fragilisera la qualité du réseau l’électrique et ses performances environnementales puisque la seule façon financièrement supportable pour gommer l’intermittence se fait déjà avec l’utilisation en parallèle de centrales fonctionnant au gaz et au charbon, il s’agit donc d’un transfert de pollution. Les énergies abusivement qualifiées de renouvelables (éolien et solaire) sont devenues sources de profit et de spéculation[3] et de nombreuses collectivités, en défaut de ressource, sont alléchées par ces moulins à vent. La fourniture d’énergie électrique devient précaire, l’Allemagne en est le meilleur exemple, tout en étant présenté comme le modèle. En Europe la bagarre sur l’électricité n’est rien d’autre que la volonté allemande d’imposer son modèle avec ses tares en partage[4] et un prix de l’électricité en augmentation permanente.
–il y a la règle du pollueur-payeur présentée comme relevant du bon sens ! Cette règle contribue à la dictature du prix, elle est un des moyens de la manipulation du consommateur. On fait payer le consommateur en lui faisant croire qu’il est coupable. De plus cette règle conduit au curatif plutôt qu’au préventif. La réduction des pollutions résulte classiquement d’avancées scientifiques et techniques, en d’autres termes de transformation des usages.
–Hypocrisie supplémentaires, des économistes intègrent l’utilisation de ressources naturelles gratuites (eau, air) et des rejets dans la nature (pollutions et déchets) dans la constitution des prix. Le pilotage basé sur l’offre, celle-ci se voit contrainte par des suppléments correspondants à des taxes, des règles, des normes et des permis à polluer[5]. La mondialisation généralise ces procédures pseudo-morales mais en dernière analyse c’est le citoyen qui paye.
–Les idéologues tricotent aussi des discours sur la prévention des déchets, créent et/ou récupèrent différents concepts tel que l’économie circulaire. Concernant les déchets nos gouvernants ont pondu concepts et applications d’un dispositif de traitement des déchets emballés dans la notion de « Responsabilité Elargie du Producteur », qui comme d’autres dispositifs de ce type reviennent à faire payer le citoyen consommateur pour conserver les marges du capital.
–le recyclage augmente c’est vrai, encore que l’industrie de transformation est souvent très lointaine (Chine, Inde..). De surcroît ce recyclage est en partie valorisé pour justifier implicitement le gaspillage ou l’obsolescence programmée des biens de consommation. On peut consommer puisqu’on recycle ! Les écrans de smartphone dopés aux semi-conducteurs partent en fumée, les panneaux photovoltaïques et les pots catalytiques usagers s’accumulent, fautes de filières industrielles viables, mais qu’importe, le profit avant tout ! On le voit dans ces quelques exemples il y a pléthore de concepts, de préceptes pour verdir le capital et ses profits.
Le climat est un bien commun mondial et l’énergie est indispensable à l’activité humaine. C’est donc tout à la fois le quotidien des gens, donc le niveau de développement, et la répartition des ressources, notamment énergétiques, et des richesses, qui sont au centre d’enjeux. La manière dont le capitalisme organise les échanges ne fait qu’aggraver les problèmes climatiques. Les pays en développement ne font qu’endosser la même panoplie et par là même aggravent la situation. Dans tous les pays et malgré l’augmentation globale du PIB, les inégalités se creusent. Le coût du travail anémiant les vieilles économies, l’Avenir serait dans l’émergence de nouvelles couches moyennes dans les BRICS. Il suffirait alors de compter sur des innovations numériques pour soutenir l’économie et récolter une part du gâteau. Pendant ce temps, les émissions de gaz à effet de serre s’accroissent (même délocalisées), la biodiversité se ratatine et des millions de gens fuient la misère dans les pires conditions. Les murs-barrières se multiplient alors que les puissants évoquent la liberté de circulation.
Bien faire le bilan et sortir de la culpabilisation des ménages :
D’aucuns affirment que nos sociétés ont réduit les émissions depuis 1990 mais ce bilan n’est que le reflet de leur soumission aux multinationales et à leur division internationale du travail. Une étude de l’INSEE est résumée dans le tableau suivant, elle ne tient compte que du gaz carbonique et décline les émissions liées à notre consommation finale. Le tableau révèle deux choses. Premièrement il faut augmenter nos émissions hexagonales d’un tiers (données de l’année 2005 !) parce qu’une bonne partie de nos consommations est produite ailleurs dans des pays où faible coût du travail se conjugue avec une faible protection environnementale. C’est donc bien l’ensemble production-consommation qu’il faut réinterroger ! Deuxièmement les émissions liées aux usages « déplacements en auto » et « chauffage », théoriquement sous la responsabilité des ménages (le choix est souvent imposé) sont loin d’être majoritaires. Elles ne représentent que 130 millions de tonnes CO2 sur un total de 545 lié à notre consommation finale. Soit 23,8% du total. Rappelons que ce tableau ne tient compte que des émissions de gaz carbonique et non de la totalité des gaz à effet de serre. Auquel cas la fraction attribuée aux ménages serait encore relativement plus faible parce que l’agriculture prendrait une grande place à cause de l’utilisation d’engrais de synthèse.
émissions hexagonales (en Mt de CO2) | 410 |
chauffage et déplacements | 130 |
productions | 280 |
échanges | 135 |
exportations | 205 |
importations | 340 |
total consommations finales | 545 |
Nos émissions de CO2 constatées sur le territoire (410 Mt) sont exportées pour un équivalent de 205 Mt alors que les émissions liées à nos importations atteignent 340 Mt. Notre consommation finale est donc la source d’émissions de 545 Mt.
Les discours officiels comme « l’écologiquement correct » mettent l’accent sur les consommations dans l’habitat et les transports, avec un fort éclairage sur les déplacements domicile-travail. Il n’y a pas lieu de négliger ces secteurs de consommations et il conviendra de modifier nos modes de chauffage et de déplacement. Néanmoins gardons à l’esprit qu’à travers ces discours il s’agit de désinformer et d’atténuer la responsabilité du capitalisme en culpabilisant le citoyen. Le capitalisme, même verdi, est « insoutenable ». L’époque est charnière soit l’énorme force créatrice de l’Homme se retourne contre l’humanité, soit elle sert à la construction d’un bien-être collectif. Dans la lutte pour l’environnement la dimension éthique et culturelle doit supplanter la chosification de l’individu, la perte de l’intérêt général et du lien collectif. Cette lutte pose la question de fond de bien répondre au couple « besoins-usages » avec une sobriété de ressources.
Quelques mots sur l’habitat :
La possibilité de se loger correctement se heurte à de nombreux problèmes quantitatifs et qualitatifs. Le parc locatif social n’est pas le plus énergivore et il est en grande partie alimenté par des réseaux de chaleur (souvent un avantage). La précarité énergétique est le résultat d’une part de l’augmentation du prix de l’électricité principalement et de celui du gaz et d’autre part et prune conséquence de la faiblesse des ressources d’un nombre grandissant de familles. Aujourd’hui la politique du logement ne consiste pas à résoudre un besoin mais à alimenter les marchés de l’immobilier. La politique du logement des cinquante dernières années s’est traduite par une incapacité à donner des réponses satisfaisantes aux besoins d’habiter et a provoqué d’énormes gâchis sociaux et financiers. La question de l’énergie n’en est qu’une des composantes, qu’on ne règlera pas en faisant fantasmer avec des maisons à énergie positive. Actuellement ces perspectives ne contribuent qu’à créer de nouveaux gisements de profit. L’objectif actuel des politiques du logement ne réside pas dans la construction concrète de solutions soutenables mais dans la création de nouvelles opportunités mercantiles, de faire de l’argent à coup d’aides publiques, le parc public social étant chargé d’abriter les plus pauvres.
Seul un service public est capable d’amener l’indispensable cohérence sociale et l’indispensable dynamisme. On peut estimer le nombre d’habitations à rénover à plus de 20 millions. Les filières actuelles de rénovation thermique sont dans l’incapacité d’y faire face. Il s’agit, dans ce domaine d’organiser une véritable mobilisation industrielle incluant tous les acteurs de la recherche, de l’éducation populaire, de la formation, de la fabrication de matériaux, du bâtiment, du génie civil, de la thermique.
Autre enjeu la répartition de l’habitat qui est intimement liée à la question des déplacements de proximité. La concentration dans les grandes villes n’est pas une fatalité si on sait utiliser les réseaux de transport collectif, notamment ferroviaire en multi- et intermodalité. Les gares deviennent des lieux multifonctionnels à privilégier. L’intégration des gares dans un aménagement du territoire revu et corrigé donnerait de la valeur à des productions décentralisées et relocalisées, ce serait un enjeu politique concurrent à la métropolisation à la mode(européenne), on cesserait à l’aide de pseudos plans de planification de déménager le territoire (SCOT, loi Notre….)
L’innovation !
L’effervescence autour des technologies issues du numérique est à la mode. L’industrie cherche à faire des produits clinquants, condensés de technique et d’imagination qui doivent tricoter des envies et rencontrer des portemonnaies. Le capitalisme essaie d’en tirer de nouvelles sources de profit. Le smartphone devient le pivot du quotidien tout en induisant de nombreuses et nouvelles fractures. Le fétichisme du numérique de masse est une nouvelle dimension de l’enfermement de l’homme dans un virtuel qui liquéfie le concret, l’aliène encore plus et dilapide en pillant les ressources minérales des pays africains notamment.
En termes d’horizon la stratégie de l’innovation devrait être de tendre vers zéro dans l’utilisation des énergies fossiles carbonées, d’être efficace dans l’équation usages-besoins-moyens. L’innovation ne doit donc pas seulement être souhaitée et partagée, notamment au niveau international. Le programme sur la fusion nucléaire (Iter) devrait en être un exemple alors que la brevetabilité du vivant constitue un contre-exemple. Libérer l’innovation du profit est un objectif politique fondamental qui appelle des rapports de production renouvelés et un apprentissage collectif sur des secteurs touchant le quotidien, avec l’objectif de ne rien oublier : l’eau, l’énergie, les transports, l’alimentation et la santé.
Tout usage utilise de l’énergie. L’électricité occupe une place centrale du fait de ses aptitudes multifonctionnelles et de l’impossibilité de la stocker de façon massive. Il faudrait cesser de la considérer comme une marchandise. Le droit à l’électricité devrait être institué comme celui de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Mais ces accès ne peuvent pas être assis sur un socle inégalitaire et une consommation sans limite. Pour rester dans une logique besoins/usages, il y a urgence à développer des actions préventives agissant sur l’usage par l’évitement de consommation de ressources et cela sans nécessairement contraindre la satisfaction du besoin. Cette urgence ne peut que se conjuguer avec la sortie définitive de l’accumulation capitaliste.
« Le communisme c’est les soviets plus l’électricité » :
L’utilisation des énergies fossiles carbonées et de l’électricité a provoqué une rupture radicale dans les rapports entre l’énergie et la société. L’usage de ces énergies a transformé la mobilité des biens et des personnes. Mais elles ont fait plus. Les moulins et l’agroforesterie ont fournis l’énergie pendant des siècles. La proximité en était une exigence et l’humanité trouvait sa force dans la campagne. Puis le pétrole et enfin le gaz ont inversé les flux d’énergies actives. Le nucléaire est entré dans la cour avec ses spécificités. La proximité n’est plus que contingente. Les énergies fossiles ont permis de déconnecter les productions des territoires et ont créé une dépendance géopolitique qui désertifie bien des territoires. L’énergie produite à partir du bois est une énergie de flux, elle est renouvelable, celle extraite à partir du charbon ou du pétrole est une énergie de stock, à notre échelle elle n’est pas renouvelable.
Le développement des forces productives énergétiques a été bridé par l’abondance des ressources fossiles et l’absence de prospective publique. L’objectif premier est de faire du profit avec la complicité de la puissance publique. Les dispositifs éoliens et photovoltaïques sont, actuellement et pour les prochaines décennies, dans l’incapacité de donner des réponses à la production électrique dans de bonnes conditions. Seul le nucléaire civil permet de produire sans menacer le climat. Nous sommes bien en crise puisque les seules énergies facilement accessibles sont le gaz, le charbon et le pétrole mais leurs utilisations massives ont un impact social et environnemental insupportable. Ceci étant il ne faut pas tomber dans un pessimisme outrancier sur le long terme. L’intelligence humaine n’a pas dit son dernier mot. Il faut cependant changer de paradigme : sortir de l’ère des énergies fossiles carbonées revient à sortir du capitalisme. En ce domaine, comme dans d’autres et pour reprendre Fidel CASTRO se sera le socialisme ou la barbarie.
La production industrielle a besoin de beaucoup d’énergie. L’électricité joue un rôle important et spécifique. En France la production française d’électricité est faiblement émettrice de gaz à effet de serre, et cela grâce à l’industrie nucléaire. Les tensions au niveau européen sont d’ailleurs extrêmement vives lorsqu’il s’agit de calculer les contributions émissives de CO2. Certains voisins, l’Allemagne en l’occurrence, qui s’érige en modèle environnemental, fait dans ce domaine preuve d’une mauvaise foi avérée.
L’utilisation du végétal comme source d’énergie peut très bien s’accommoder de la division internationale du travail actuelle par l’écrémage mondialisé des gisements. Ce scénario est à l’œuvre et passe même par l’accaparement de terres fertiles dans des pays pauvres. Le trafic maritime étant « peu cher », les ports et les navires sont les points stratégiques de l’économie. Actuellement le conteneur est le vecteur de la délocalisation industrielle. La transformation du végétal peut suivre le même chemin (CETA). Dans le moins mauvais des cas elle peut se rapprocher des marchés encore solvables dans des installations proches des ports. L’hyper-concentration des moyens, la faiblesse des coûts d’accès aux ressources et du travail, la brutalité sociale et environnementale des pratiques agricoles compensent l’impact économique des transports. Le végétal peut donc facilement s’intégrer dans une économie globalisée dominée par les multinationales.
Agriculture :
En termes d’environnement une des questions majeures, est celle de favoriser les évolutions soutenables de l’agriculture et de l’élevage. Les pratiques productivistes ont rompu les cycles biogéochimiques du carbone et de l’azote et créent des problèmes sociaux de plus en plus insupportables. Les échanges de matières doivent donc prendre en compte le raccommodage de ces cycles. Ce qui passe par l’entretien des sols en carbone et la fourniture d’engrais organiques azotés pour maintenir une bonne efficacité agricole. Il est nécessaire d’utiliser au mieux les ressources disponibles en puisant dans le végétal, donc en développant des savoir-faire nouveaux sur des territoires étendus. Mais le génie écologique a besoin d’espaces où la pression de l’homme est moins forte. La quête de ressources végétales ne peut pas se traduire dans l’artificialisation sans fin d’espaces standardisés. C’est une question de survie de l’humanité. Bien au contraire le paysage, le sol, les espèces endogènes, bref l’écosystème sont l’assise, dans leur diversité et leurs relations à diverses échelles, du dispositif productif. Il faut alors prendre la complexité du vivant comme un tout et combattre la tendance à sa simplification. L’éducation et l’éducation populaire devront s’emparer de ces sujets.
Retour sur le CO2
La valorisation industrielle du gaz carbonique renouvelable peut être brièvement abordée. En effet la valorisation du végétal par méthanisation et combustion en fournit de fortes quantités. Le cycle du carbone pourrait y trouver des boucles intéressantes. Mais on peut imaginer que ce gaz devienne une matière première. Auquel cas, il serait non seulement possible de se passer du carbone du pétrole et du gaz, mais on créerait des puits, c’est-à-dire des occasions de faire passer du carbone de l’atmosphère vers des stocks exploitables.
Le gaz carbonique est assez stable chimiquement. Il faut donc de l’énergie pour le réveiller et lui donner de l’hydrogène pour qu’il entre dans des synthèses utiles. Bref il y a là des perspectives de chimie verte qui pousseraient plus loin les potentialités du végétal. Elles mobilisent les moyens locaux de production d’énergie (électricité et chaleur), éventuellement sur la production de méthane (qui peut aussi être utilisé comme carburant). Ces hypothèses rejoignent alors la production éolienne dont l’intermittence est le principal défaut. Le lissage des caprices du vent par l’électrolyse de l’eau produirait de l’hydrogène et également de l’oxygène qui pourrait être utile à la combustion. Ce lissage de l’éolien permettrait de fournir une puissance moins variable au réseau électrique.
Le climat est un bien commun planétaire dont la préservation dépend de décisions et de comportements globalement acceptés. Cette condition se heurte aux inégalités de développement et à des facteurs plus subjectifs qui concernent la prégnance d’un mode de vie consumériste sur lequel est bâtie l’économie capitaliste. La préservation du climat ne pourra pas être atteinte sans que le partage du développement ne devienne une réalité mondiale et cesse d’être un paramètre aléatoire des conférences internationales.
Pour produire et consommer durablement il faut conserver à l’esprit :-Que le développement capitaliste ignore les limites dynamiques de la satisfaction des besoins humains -que la perturbation des grands cycles biogéochimiques (carbone, azote…) par les activités humaines sont à l’origine du réchauffement climatique. La sortie du capitalisme permettra de sortir de l’âge des combustibles fossiles.
La mise en œuvre de solutions techniques en matière d’environnement ne sera que pis-aller tant que les rapports de productions capitalistes domineront. Par exemple le changement de paradigme en matière agricole ne se fera lorsque sera acquis la souveraineté alimentaire, la juste rémunération des producteurs et l’abandon du productivisme forcené.
Schématiquement il y a trois décervelages en actions. Celui des intégristes de l’écologisme, pour qui la question de la survie du capitalisme n’a plus de sens au bénéfice d’une contestation générale du développement occidental. Celui des libéraux de l’écologisme entre déni et récupération qui professent leur optimisme dans l’avenir du capitalisme et pratiquent le verdissement financier et technique. Troisième grand courant, ce ne serait pas le capitalisme, mais la science et la technique, qui génèreraient la crise planétaire contemporaine.
Réindustrialiser et aussi industrialiser autrement entre local, régional, national et international. Par-delà les contraintes techniques la question du pouvoir politique est posé à travers ses différentes échelles, il s’agit d’arrêter le déménagement du territoire au travers par exemple de la vieille injonction « penser global, agir local », en oubliant sa réciproque « penser local, agir global ». Autre principe indispensable qu’il nous faut exhumer de l’histoire avec fierté celui de la planification, en contradiction insurmontable avec la mondialisation capitaliste et sa pédagogie de l’impuissance publique : nous n’avons pas d’autre choix que d’en sortir, le plus tôt étant le mieux et avec des idées cohérentes.
Ne pas sombrer dans les idéologies de la catastrophe ou de la désespérance suppose de tricoter une vision transformatrice, émancipatrice et enrichie par le concret d’ici et d’ailleurs. Les pratiques cubaines voire vénézuéliennes peuvent être sources de réflexion notamment dans leurs dimensions anti-impérialiste. il en va ainsi du « triangle élémentaire du socialisme » d’Hugo Chavez: « propriété sociale ; production sociale organisée par les travailleurs ; satisfaction des besoins communs » Principes qui ont notamment permis aux peuples caraïbes de l’ALBA de payer leur pétrole sur sa valeur d’usage négociée entre partenaires au sein de Pétrocaraïbe et pas sur sa valeur d’échange fixée par les marchés.
[1] Le carbone sous sa forme oxydée n’a que deux destins historiques et naturels : la photosynthèse et la dissolution dans les mers. Il existe un devenir en étude, une solution « d’ingénieur » la séquestration en couches géologiques profondes.
[2] L’électricité n’est pas facilement stockable.
3 Les Permis de construire de parc éolien se vendent chers.
[4] Il en va de même dans le secteur des déchets ménagers.
[5] Différentes versions existent, toutes aussi scandaleuses les unes que les autres. Il existe un marché boursier des quotas de CO2