A travers plusieurs notes, dont celle-ci est la première, JC Grellety revient sur quelques éléments de discussion à la lecture du formidable travail historique d’Annie Lacroix Riz rassemblés dans un livre qui fait déjà date » Les élites française entre 1940 et 1944″. Un livre qui fait suite aux travaux concernant plus spécifiquement les années d’avant guerre présenté par le célèbre livre « Le choix de la défaite » d’Annie Lacroix Riz, établissant les différents aspects de la collaboration de la classe capitaliste durant la guerre, avec l’Allemagne nazie puis avec l’impérialisme américain. JC Grellety revient à travers ces différents éléments de recension sur les questions, précisément, du sens et des formes de l’adaptation, de ces affairistes idéologisés, de leur servilité (en échange de bénéfices financiers) à l’égard d’un premier maître, puis à l’égard d’un second maître, lequel avait l’avantage de partager deux règles fondamentales du premier : l’argent-roi, et l’organisation anti-populaire.
De 1940 à 1944 : la Grande Terreur, l’adhésion des élites françaises à l’exploitation et à l’assassinat du Prolétariat
Avec ce nouvel ouvrage, Annie Lacroix-Riz nous donne à voir et à comprendre les œuvres et les manœuvres de la grande bourgeoisie dirigeante, en France, engagée dans la Collaboration, sous toutes ses formes, jusqu’à la préparation de sa sortie de cette responsabilité et culpabilité, afin de permettre la continuité des affaires, l’obstruction active aux révolutionnaires, souvent «rouges». Qu’il s’agisse des activités économiques, ou des activités de contrôle social et politique, ces individus, ces familles, ces réseaux, les ont pratiqués, avec détermination, parfois un enthousiasme certain, avec admiration, pour ces occupants germaniques qui, enfin, faisaient le boulot, et notamment le «sale boulot», contre les communistes, les socialistes de type communiste, les anarchistes, les franc-maçons,, et, évidemment, les Juifs – les Juifs, en tant que pauvres étrangers européens ou en tant que bourgeois français sans protection, dont l’accaparement des biens aura été l’obsession de tous ces affairistes. Il ne faut pas être sensible au vertige. C’est qu’ALR vous expose à des gouffres, au fond desquels des voix horribles couvrent les voix des victimes. Ce «mur du son», sur et contre les souffrances des victimes, aura constitué une force pratique, à la «Libération», à l’occasion de laquelle le peuple français s’est si peu «libéré» – s’il avait su.
Découvrir les manœuvres socio-politiques de la classe capitaliste et de ses hommes de mains
C’est aussi un ouvrage qui démontre une fois de plus que, derrière la politique-spectacle, il y a les véritables manœuvres socio-politiques, et que, sans perception ni connaissance de ces manœuvres, un peuple est à la merci de toutes les manipulations, mensonges, escroqueries, tragédies. Il faut donc accepter de faire une plongée dans l’enfer où des salauds en costume cravate ont co-agi pour que des crimes, immédiats ou durables, frappent des centaines de milliers de femmes et d’hommes. Les portraits qu’ALR fait de ces canailles/racailles en col blanc révèlent des individus, des agents de l’étranger, qui ont travaillé, pour un intérêt personnel capital, par adhésion aux dogmes nazis, par haine du peuple et des rouges, à rendre possible la disparition de la France, dans une Europe nazifiée, qui aurait été la préfiguration d’un monde nazifié, ce à quoi nous avons l’immense bonheur d’avoir échappé, grâce au courage de millions de femmes et d’hommes, partout en Europe, de l’Armée Rouge, jusqu’aux résistances nationales héroïques (grecque, yougoslave, tchécoslovaque) .
L’histoire d’une dénazification si partielle, explications de la haine de classe
Il y a tant de noms qui, de l’Histoire de France, n’ont jamais dépassé la barrière de ce qui sépare le monde des «initiés» et le bouche à oreille partout dans le pays, la «conscience nationale». A la fausse «Libération», une justice spectacle s’est focalisée sur les noms connus de tous, les Laval, Pétain, Brasillach, et consorts, mais en a tant ignoré, parce que le travail de «l’épuration» n’a pas été fait, en a tant absous, condamné légèrement ou quand elle a condamné lourdement, a prononcé, en appel, des relaxes. Certains sont passés d’une condamnation de la prison à vie à la liberté totale. C’est dire. En quelques années, les membres et les soutiens du régime de Vichy ont retrouvé liberté, et liberté de parole et d’action, et souvent même, les rouages de l’État. Donc, depuis cette période, les colporteurs des bonnes et des mauvaises nouvelles n’ont jamais enquêté sur ces collaborateurs, et il faudra attendre quarante ans, pour qu’un Papon soit obligé de sortir de sa torpeur de retraité, pour devoir répondre de ses actes, dans les conditions que l’on sait, dans le déshonneur que l’on sait, pour sa libération «humanitaire». Mais, pour un Papon, des milliers de criminels d’une machine d’État n’ont jamais eu à rendre des comptes, à commencer par leur nom cité dans des ouvrages d’Histoire.
Censure : interdiction d’exposer la collaboration de la classe capitaliste
De la liste établie en 1947 des 45 «agents français de l’ennemi» «passibles de la peine de mort», aucun des grands capitalistes n’a subi ce sort, à la différence des rares Laval, Deloncle, Doriot, ceux-là étant morts en outre dans les circonstances typiques de la guerre. C’est pourquoi la continuité du travail et des révélations d’Annie Lacroix-Riz force un respect définitif, et, preuve que ce qu’elle expose gêne en plus haut lieu, son travail est ignoré par nos élites actuelles, logiquement : elles sont dans la continuité des précédentes et des précédentes des précédentes, et, parmi elle, le régime collaborateur du nazisme. Alors, bien sûr, il y avait Laval, le fameux affairiste et corrompu, l’incarnation de ce que peut provoquer dans et par un «homme», la passion folle de l’argent. Laval était un des chouchous des Nazis. Il avait tant fait pour «l’amitié franco-allemande». Il était aussi le favori des «synarques» (cf l’histoire «secrète» (!) de la Synarchie, une organisation socio-économique des années 20 et 30 en France qui a pensé un fascisme français avant de le rendre possible et effectif, à partir de la fin des années 30, organisation que des historiens de salon continuent de prétendre être une «légende»). «Les RG, écrit-elle, lui prêtaient sous l’Occupation une fortune de trois cent à quatre cent millions de francs – répartie sur un très grand nombre d’affaires.» La ploutocratie n’est pas qu’américaine… Laval était-il trop germanophile et anglophobe pour le nouveau régime ? Il est débarqué du premier gouvernement, à la grande colère de ses amis allemands. C’est une banque disparue, la banque Worms, qui, source de la synarchie, pilote entièrement le second gouvernement, jusqu’au retour de Laval à la mi 42. Ce second gouvernement va pratiquer la collaboration la plus engagée et, dans le même temps, des relations avec le gouvernement fédéral des Etats-Unis d’Amérique. Pour tous ces affairistes, il ne faut jamais insulter l’avenir est un principe fondamental. La présence et les activités de cette Banque, dont de nombreux dirigeants sont des français juifs, interpelle autant sur ceux-ci que sur les nazis eux-mêmes. De quoi les Juifs européens étaient-ils le symbole pour les Nazis, si ceux-ci toléraient, voire, protégeaient des Juifs européens riches et à leur service ? Pour les Nazis, les Juifs honnis n’étaient-ils pas l’autre nom pour les Pauvres, quelle que soit leur origine, nationalité ? Car, contrairement aux images véhiculées par les Nazis et d’autres sur «les» Juifs, si divers, l’immense majorité de ceux-ci, dans les pays de l’Est, étaient pauvres, petits commerçants, artisans, petits fonctionnaires, puisque les États dans lesquels ils vivaient les ghéttoïsaient depuis longtemps (la Pologne, l’Ukraine, …). Nous ne nous étendrons pas sur Laval, le bien ou le mal connu. Il est l’un des rouages d’une machine européenne, dont sa partie française travaille aux mêmes objectifs, avec les mêmes exigences, que les autres, dont les objectifs sont : l’appropriation/valorisation des biens des uns et des autres, et leur concentration entre un tout petit nombre de mains (le nazisme est une forme du capitalisme), et l’attaque, et, autant que possible, la destruction, par la victoire, de ce pays et de cette force qui résistent à tout cela, à savoir l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Des méconnus ou des oubliés, Annie Lacroix-Riz rappelle l’existence, les actions, les méfaits, d’un Adrien Marquet, maire de Bordeaux, auquel elle consacre plusieurs pages, où son engagement total dans la collaboration est révélée ; d’un Marcel Peyrouton, Pierre-Etienne Flandin, Jean-Hérold Plaquis, Bernard Faÿ, l’homme qui prendra la tête du «Service des Sociétés Secrètes», le «croisé anti-maçonnique», dont la revue, «Les Documents Maçonniques» (le titre est trompeur, puisque la dite publication est anti-maçonnique), était «entièrement» contrôlée «par les Allemands, qui fournissaient même les articles à y faire paraître». L’existence, les activités et les crimes de ce «service» mériterait une publication spéciale, avec toutes les difficultés d’aujourd’hui, puisque, dès lors que le tuteur et ami allemand est parti, face à l’arrivée des soldats anglo-américains, des archives précieuses ont été détruites, dans des proportions énormes.
La collaboration : terreur de masse et assassinat de masse du prolétariat
Plusieurs champs économiques et productifs sont analysés, avec des figures dirigeantes : aux côtés des politiques, on trouve donc des personnalités des «médias», pour parler le langage d’aujourd’hui, et notamment ceux d’Inter-France, mais aussi et bien évidemment, des dirigeants militaires, comme de l’Église catholique. Il est très important de le dire : on ne parle pas ici de personnalités «mondaines» – comme elles y ont prétendu elle-même, dans leur vie. Il s’agit de criminels/criminelles. Ils ont porté assistance, à des degrés divers, à une armée d’assassins, dont le projet était mondial. En France même, ils ont pu viser des personnes ou des groupes, aider à leur repérage, arrestation, torture, assassinat, déportation. Et ce qui caractérise ces criminels, c’est qu’ils appartiennent toutes et toutes à ce «milieu mondain», que ce sont des «gens de bien», nés. Ils ont voulu, rendu possible, contribué à ce qui n’est pas nommé, à tort, en raison de ses caractéristiques, la «Terreur». Car, la période désignée comme telle sous la Révolution Française, est une plaisanterie d’enfants de choeur, à côté de celle-ci. C’est bien de cela dont nous parle Annie Lacroix-Riz dans ce nouvel ouvrage : qui, dans ces «élites», a pris part à cette Terreur anti-populaire, anti-communiste, par laquelle une grande bourgeoisie française a donné tous ses moyens et toute son influence pour gagner la guerre. De cet échec, beaucoup ne s’en sont pas remis, en gardent, encore, rancoeur, haine, et continuent à porter les idéaux et les objectifs de ce régime, autrement. La France pétainiste n’a jamais disparu, elle a su se cacher, changer, s’adapter, pour se maintenir et se renforcer. Il ne faut donc pas s’étonner de l’entendre chaque jour vous parler à votre oreille.
JC Grelety pour Etincelles & Initiative Communiste
Cette première note sera suivie de deux ou trois autres notes, sur le même ouvrage, afin de traiter ses autres champs et apports. Il sera question, précisément, de ce sens et des formes de l’adaptation, de ces affairistes idéologisés, de leur servilité (en échange de bénéfices financiers) à l’égard d’un premier maître, puis à l’égard d’un second maître, lequel avait l’avantage de partager deux règles fondamentales du premier : l’argent-roi, et l’organisation anti-populaire («communiste»)
https://vimeo.com/user4868631
Merci pour tous ces éclairages et ces conseils de lecture. Il est évident que nous devons savoir, que nous devons défendre ce qui a été fait par nos anciens, ne serait-ce que pour protéger nos enfants et petits enfants.
Bernard.