En juillet, notre camarade Roland Fodé Diagne, grande figure du Collectif des Sans-Papiers du Nord, infatigable militant communiste et cégétiste, prenait sa retraite. Nous l’avons interrogé sur le bilan qu’il tire et les perspectives qu’il entrevoit. Si la théorie du « racisme d’Etat » en France (où les travailleurs immigrés sont à notre avis discriminés pour des raisons économiques et non raciales – ce qui n’empêche évidemment pas la présence de nombreux éléments racistes dans l’appareil d’Etat, et pas seulement dans la police, d’ailleurs…) mérite pour le moins discussion, le PRCF soutient à 100% la lutte des sans-papiers pour leur régularisation.
Par ailleurs, le Pôle n’a jamais considéré qu’une organisation communiste avait organiquement sa place à l’intérieur de la France Insoumise, et le virage « euro-constructif », voire fédéraliste de cette nébuleuse n’est pas de nature à le faire changer d’avis, non plus que la resucée de la « gauche plurielle » baptisée « NUPES », qui vient de se bâtir à la hâte autour de l’Union Populaire.
Cela dit, nous rejoignons totalement Roland quant à la nécessité de reconstruire enfin un vrai parti communiste débarrassé des réformistes, et nous partageons l’essentiel de ses analyses.
Bonne retraite à notre camarade : nous savons qu’elle sera active et fructueuse aussi bien en France qu’au Sénégal !
L’entretien d’ INITIATIVE COMMUNISTE le journal du PRCF avec ROLAND DIAGNE militant du CHB/RASSEMBLEMENT COMMUNISTE
Initiative Communiste : Tu cèdes ton rôle de porte-parole du CSP 59. Quel bilan en tires-tu ?
Roland Diagne : Ma retraite est professionnelle après 37 années d’éducation nationale et des « réformes » de la retraite qui plombent ma pension. L’État n’a pas respecté le contrat moral statutaire de départ lors de mon embauche. Vivement la victoire par la grève pour une retraite à 60 ans avec taux plein pour nos jeunes.
Au CSP59 il s’agit d’un relais dans la longue marche des sans papiers, travailleurs les plus exploités de France, pour la régularisation. Nous étions quatre (4) porte parole du CSP59 élus par les sans papiers en 1996, donc je ne suis que l’un et le plus connu qui a symbolisé cette fonction durant les 26 ans de lutte. Mon camarade Saïd Bouamama prend donc le relais en devenant à ma place la face visible du CSP59.
1996 – 2022 : le combat social, citoyen, anti-raciste et antifasciste a obtenu directement entre 10.000 à 15.000 régularisations (une estimation) et a marqué d’une empreinte indélébile la scène socio-politique de l’agglomération Lilloise, voire la région 59/62. Tous les mercredis à 18h Place de la République à Lille, les sans papiers se sont donnés et continuent de se donner rendez vous pour chanter, crier, protester, revendiquer au son de la Derbouka ou parfois du Djembé devant la Préfecture. C’est l’antidote de la visibilité collective qui permet de contrer les mensonges médiatiquement répandus pour les exclure de la vie sociale et démocratique et les présenter comme dangereux alors qu’ils sont en danger. Sarkozy ministre de l’intérieur a même tenté de faire interdire cette manifestation devenue traditionnelle par le Tribunal, mais la justice l’a sanctuarisé au point que c’est actuellement la seule manifestation qui passe en centre ville dans les rues piétonnes de Lille.
La lutte des sans papiers à Lille, c’est des centaines d’occupations de bâtiments publics ou patronaux, 14 grèves de la faim, dont une virtuelle, des marches Lille – Paris ou Marseille – Paris ou Bruxelles – Paris ou encore des marches régionales ou départementales à l’instar de celle en solidarité avec les victimes de la Tornade dans le sud du département (Maubeuge) en 2008 auxquelles ont été remis 1000 euros.
C’est aussi des milliers de tracts, d’affiches, de journaux d’agit-prop expliquant que c’est le système économique d’exploitation de l’humain par l’humain qui produit des lois fabricant des humains illégaux parce qu’étrangers chassés de leurs pays par des dictatures civiles ou militaires, la misère subie par le pillage des richesses et de l’environnement naturel par les Multinationales et par les guerres de destruction massive de l’OTAN. Ces lois traduisent un racisme d’État qui met à la disposition d’un patronat véreux qui fraude le fisc une main d’œuvre sans droits ainsi utilisée pour organiser la concurrence de tous contre tous sur le marché du travail afin de baisser ce qu’ils appellent « le coût du travail ». La fabrication de Sans Papiers 5, 10, voire plus ans prisonnier du travail dissimulé par les patrons est équivalent à une forme de « délocalisation » sur place pendant de l’autre délocalisation, celle qui consiste à promener les activités des grands groupes capitalistes à travers la planète à la recherche des bas salaires.
Bien entendu, le CSP59 a affrété à chaque manifestation nationale de la Coordination Nationale des Sans Papiers (CNSP) des bus pour y participer ainsi que pour certaines mobilisations nationales syndicales interprofessionnelles à Paris sans oublier les descentes à Calais dans la « jungle » devenue la nouvelle frontière barricadée anglaise en France.
Il n’y a pas une seule manifestation sociale, anti-raciste, antifasciste, voire culturelle – syndicale, associative, paysanne – sur Lille qui n’ait pas connu une présence massive (près de 1000) ou symbolique (quelques dizaines) des sans papiers selon les générations en lutte. A chaque licenciement ou fermeture d’entreprises dans l’agglomération Lilloise, à l’instar de la Seita ou Lever, les Sans Papiers ont organisé des actions de solidarité pour bien signifier la nature de classe de leur propre lutte.
C’est ainsi que le CSP59 avec ses partenaires associatifs Mrap, Ldh, Cimade, Secours Catholique appuyé par le mouvement syndical CGT, SUD, FSU ont pu constituer un front face à la Préfecture pour y exercer le droit à la défense argumentée des dossiers des sans papiers. En 2004, nous avons ainsi obtenu par la lutte l’accord Delarue du nom de ce conseiller d’État envoyé par le gouvernement pour signer avec nous un protocole d’accord mettant fin à la grève de la faim des 593 par leur régularisation et instituant un processus de construction de la régularisation pour ne pas désespérer les victimes du racisme d’État que sont les Sans Papiers.
Initiative Communiste : Quelles perspectives vois-tu à la lutte des sans papiers dans ce pays et cette UE en proie à une inquiétante fascisation ?
Roland Diagne : La perspective, c’est continuer à se battre pour la régularisation malgré le contexte de fascisation actuelle en France avec un parti fasciste que certains continuent d’euphémiser en « extrême droite » comme si le fascisme est une exclusivité italienne ou allemande. Non il existe bel et bien un fascisme Français qu’il faut combattre comme tel sinon la répétition qui menace de l’adage du Pasteur luthérien Heinrich Niemöller risque d’être une comédie tragique pour tout le monde du travail et le peuple de France pour paraphraser Marx.
Le CSP59 va continuer sa lutte pour les papiers pour tous tout en poursuivant, même temporairement affaibli comme actuellement, sa ligne de visibilité collective pour sensibiliser les autres travailleurs Français et immigrés légaux et se solidariser avec eux dans le combat de classe, la défense des intérêts matériels et moraux du monde du travail, l’antiracisme ce poison diviseur et le fascisme cette arme ultime des patrons pour mâter le peuple.
Le massacre récent à Melilla par les polices maroco-espagnoles, les « murs » dressés par Frontex qui font de la Méditerranée et de l’Atlantique des cimetières à ciel ouvert des migrants, exilés, réfugiés, tous sans papiers à l’arrivée sont l’autre face de la misère, du pillage des richesses, des dévastations écologiques, des guerres que font les Etats des Multinationales impérialistes dans les pays opprimés, les néocolonies d’Afrique, d’Amérique du Sud. Non seulement les souverainetés nationales des pays d’émigration sont bafouées, leur développement empêché et les guerres y sont menées, notamment pas l’OTAN, mais en plus les régimes apatrides néocoloniaux qui y sont imposés par l’impérialisme obéissent servilement aux diktats libéraux de la Banque Mondiale, du Fond Monétaire International et de l’OMC tout en s’érigeant en protecteurs sous traitants externalisés des frontières de l’UE pour l’Afrique et le Moyen-Orient ou des Etats-Unis pour l’Amérique du Sud.
Le CSP59 est l’organisation pour lutter dont se sont dotés ceux et celles qui sont sur place en France et qui n’acceptent pas d’être utilisés indéfiniment comme une variable d’ajustement du marché du travail par la mise en concurrence avec les travailleurs légaux Français et Immigrés et qui veulent ainsi vivre de leur travail dans la légalité et la dignité.
Donc la seule perspective est que la lutte continue pour les papiers, contre le racisme et le fascisme avec nos partenaires associatifs Mrap, Ldh, Cimade, Secours Catholique en lien avec les syndicats CGT, SUD, FSU et élargi à la JC, la Jeune Garde, FSE, SELA CGT, etc comme front antifasciste.
Initiative Communiste : Tu prends aussi ta retraite en tant que prof de LP. Comment le métier a-t-il évolué pendant que tu étais en exercice ?
Roland Diagne : Je suis entré en 1985 dans l’Education Nationale, d’abord comme Maître Auxiliaire puis comme titulaire et depuis malgré nos grèves et manifestations, force est de constater que nous avons subi régression sur régression. La « grande maison » comme je l’appelle a beaucoup changé en mal. Les classes de plus en plus surchargées, les programmes rabougris, les moyens dégradés, les chefs d’établissement avec toujours plus de pouvoir et formatés pour manager, les formations au rabais, la non prise en compte de la misère sociale subie par les familles et nos élèves, les salaires bloqués, les avancements d’échelons ralentis, le statut de fonctionnaire malmené, l’entrée de plus en plus en masse de la précarité (cdd et cdi), la privatisation rampante de plus en plus accélérée, etc.
Le rapport des forces des anciens qui avait permis collectivement des conquêtes sociales et démocratiques dans l’Education Nationale et ailleurs a été inversé. Le corporatisme fortement soumis à l’individualisation, le formatage idéologique et le déclassement sont entrés en force dans la « grande maison » parce que le mouvement syndical réformiste y est dominant. La bourgeoisie parle de « crise de vocation » pour culpabiliser les enseignants, sabrer le statut et à terme privatiser. Le lycée pro qui forme au métier et à la citoyenneté, voire au syndicalisme où j’ai finalement enseigné en tant que titulaire est en voie de liquidation au profit de « l’apprentissage », cette arme de conditionnement pro-patronal des futurs ouvriers, d’implosion du smic et de mise à disposition des patrons de nos enfants. Bref, l’école va mal tout comme la société va mal parce que subissant la crise systémique du capitalisme impérialiste qui détruit tous les conquis sociaux et démocratiques de nos anciens.
Initiative Communiste : Que penses-tu de la manière dont les syndicats enseignants ont mené la lutte pendant tout ce temps ?
Roland Diagne : Le mouvement syndical enseignant tout comme le mouvement syndical interprofessionnel sont minés par l’hégémonie des réformistes qui sont à leur tête. Au lieu d’approfondir l’opposition entre réformistes et révolutionnaires comme avant, on assiste à une convergence entre les réformistes à travers la formule autocratique de « syndicalisme rassemblé » et l’adhésion à la succursale syndicale de l’UE (Union des capitalistes européens et de leurs Etats) qu’est la CES. L’abandon par la CGT de la FSM a été un tournant vers la conciliation entre syndicats pro-patronaux et syndicats indépendants des travailleurs. Voilà d’où vient ce cumul des défaites syndicales depuis le milieu des années 90. On se souvient qu’en 1995, les cheminots et la RATP avaient mené la grande bataille défensive de classe suivis des autres secteurs du monde du travail contre l’offensive libérale socialement dévastatrice, puis il y a eu la parenthèse du CPE avec les étudiants et élèves soutenus par la CGT, SUD, FSU qui a fait reculer le pouvoir, mais depuis lors c’est défaite sur défaite. Mais les bases commencent à relever la tête à l’instar de la bataille contre la loi travail en 2016, puis ce sont les précaires non syndiqués qui à l’instar des Gilets Jaunes se sont lancés dans une belle résistance durant plus d’une année, beaucoup de luttes se mènent et parfois gagnent dans les boîtes, dans les quartiers populaires çà bougent aussi, etc. Le gros problème est que les directions réformistes freinent et empêchent les convergences des luttes. Le réformisme émiette et éparpille les luttes, c’est en cela qu’il sert les milliardaires contre le monde du travail. L’équation posée et à résoudre est de faire déboucher le « tous ensemble » auquel tous aspirent. Pour y arriver, il faut reprendre la lutte des idées, la lutte idéologique dans les organisations prolétariennes contre le réformisme de droite et de gauche et recréer ainsi dans le mouvement ouvrier l’hégémonie culturelle de la lutte des classes comme moteur des transformations révolutionnaires pour abattre le système prédateur qu’est l’impérialisme stade suprême du capitalisme.
Initiative Communiste : Comment vois-tu la préparation du prochain congrès de la CGT, dont tu es membre ?
Roland Diagne : Je suis encore pour mon dernier mandat membre des Commissions Exécutives de la Ferc-CGT, de l’UD CGT 59, de l’UL CGT de Tourcoing et de la CGT Educ’Action 59. A ces différents niveaux, nous allons préparer le 53éme congrès confédéral CGT. Nous ferons tout pour que la base ait son mot à dire sur la stratégie réformiste, inefficace, nuisible et de plus en plus contestée de la direction confédérale. Ce congrès doit être l’occasion pour la base militante, celle qui se bat au quotidien, fait grève et dont l’attente du « tous ensemble » est toujours déçue de faire prévaloir sa volonté démocratique de stopper les attaques anti-sociales et antidémocratiques, voire fascisantes pro-MEDEF et UE répétées des libéraux qui, non seulement copie, mais font le lit du fascisme, notamment par l’odieuse politique qui désigne les musulmans, les immigrés, les sans papiers comme boucs-émissaires des maux socio-économiques et la funeste « américanisation » culturelle hollywoodienne que nous impose la « mondialisation » libérale fascisante sous domination US. Déjà au congrès dernier, nous avons fait introduire dans les documents CGT le nom de la FSM, plusieurs syndicats et UL y retournent à partir du principe de la double appartenance. Il faudra batailler ferme pour ancrer dans la CGT contre l’écologisme petite bourgeois comme le dit Marx que le « capitalisme détruit par l’exploitation l’humain et la nature », contre le féminisme petit bourgeois que le patriarcat est une arme d’oppression capitaliste de la femme travailleuse et de division du prolétariat source du profit maximum de la bourgeoisie, que le racisme négrophobe, arabophobe, rromophobe et islamophobe est aussi une terrible arme de destruction de l’unité des 30 % des post-coloniaux et des 70 % des autochtones qui forment la classe laborieuse en France. Sur la base de ces positions de classe, la CGT doit élaborer une stratégie de lutte convergente d’union à la base des travailleurs contre les obstacles que constituent le réformisme de compromission avec le grand patronat du Medef engagé dans l’alliance patronale de l’UE pour détruire les conquis sociaux et démocratiques et participer à l’oppression des peuples avec les milliardaires étatsuniens.
Initiative Communiste : Lors de ton discours de départ, tu as insisté sur la nécessité de reconstruire un parti communiste. Comment envisages-tu cette reconstruction ?
Roland Diagne : Cette mise à l’honneur surprise à l’occasion de ma retraite professionnelle dans la grande salle polyvalente de la Bourse du Travail des associations (Collectif Afrique/IDM, Mrap, Ldh, Cimade, Secours Catholique), syndicats (CGT), CSP59, Pastef du Sénégal, Union des Travailleurs Sénégalais en France, France Cuba, AFPS et des mouvements communistes (CHB/RC, ANC, PRCF), donc de toutes les luttes dans lesquelles je suis impliqué comme militant m’a surpris d’autant plus que d’habitude cela se fait à titre posthume. Mais manifestement le besoin de le faire s’est fait sentir comme je l’ai compris par les centaines d’appels reçus des absents pour s’excuser. J’ai pensé fortement à mes camarades décédés après l’effet de surprise comme je l’ai dit : Mohamed Tabouré de Sanfin/La Nuée du Mali, Assane Samb et Birane Gaye de Ferñent/L’Etincelle du Sénégal sans oublier Jean Messiaen, Jean Luc Sallé du CHB puis de l’URCF/ PCRF avec Maurice Cukierman, René Lefort du PRCF, ma mamie Suzanne Calonne, Lola, Raymonde, Pierre Levy, Yves Dillies, Nordine Zenine du PADS Algérien, etc.
Ajouter à cette liste les camarades du CSP59 et de la Coordination Nationale des Sans Papiers : Romain Binazon dont le local porte le nom, Rudolphe Bkouche, Jean Marc Lavigne, Bertrand Deconnick, etc.
Comme l’ont si bien expliqué mes camarades William Roger et Saïd Bouamama, « le moteur de l’engagement de Roland dans toutes ces luttes représentées dans cette salle est le communisme ». En effet, de 1979 à la fondation de Vive le Marxisme-Léninisme puis 1983 celle de Ferñent/L’Etincelle à mon arrivée en France en 1984 après un mois de prison et 6 mois de liberté provisoire pour avoir mobilisé les populations de la ville de Tambacounda contre une épidémie de méningite camouflé en paludisme, le communisme a été et est à la base de mon engagement militant. Et comme ils l’ont dit, c’est ainsi qu’avec des communistes de la diaspora africaine et du PCF nous avons mis en place dès 1987/88 le Cercle Henri Barbusse de culture ouvrière et populaire pour, à la fois, réhabiliter le PCF historique du congrès de Tours, les conquêtes du Front Populaire et de la Résistance, défendre, propager les véritables leçons d’Octobre 17, l’URSS, l’Internationale Communiste et contribuer à la reconstruction communiste en France tout en jetant un lien internationaliste avec l’Afrique par Sanfin/La Nuée du Mali et Ferñent/L’Etincelle. C’est ainsi que dès 1985 à l’arrivée de Gorbatchev à la tête du PCUS nous avons conclu que la « perestroïka » et la « glasnost » allaient conduire à la restauration du capitalisme en URSS et dans les pays du camp socialiste d’Europe et accélérer le processus de social démocratisation et de scission du mouvement communiste en France, en Europe et dans le monde d’avec les communistes révolutionnaires. La chape de plomb non matérialiste dialectique des débats du MCI entre krouchtchéviens, maoïstes des années 60 et 80 va sauter, les interprétations erronées de droite et de gauche du 7éme congrès de l’IC vont se révélées au grand jour et peu à peu à travers la lutte des classes et la lutte idéologique l’unité des communistes révolutionnaires pourra se forger à nouveau.
Ce travail ardu, nous l’avons mené avec des hauts et des bas en développant la tactique du « pied dedans et dehors » du PCF dont la direction est totalement révisionniste et social démocratisée. Nous l’avons mené dans la Coordination Communiste nationale jusque vers 2000. A la fois organiser les communistes qui quittent le PCF et ceux et celles qui veulent devenir communistes sans avoir jamais adhérer au PCF, mais garder le lien avec ceux et celles restés dans le PCF pour développer l’unité d’action à la base et entre les différentes organisations nées des départs successifs à chaque tournant dans la marche vers la social démocratisation du PCF.
Nous continuons ce travail d’unité d’action pour rassembler les communistes révolutionnaires de France avec le PRCF, l’ANC, le PCRF à travers des déclarations communes et des débats idéologiques fraternels. Travail complexe qui vient de franchir une étape avec la revue « Echanges Communistes » dont le N°1 porte sur « l’UE et la révolution socialiste ». Nous entendons poursuivre en améliorant l’unité d’action pratique pour aller de l’avant, notamment avec le N°2 sur les dangers de guerre mondiale nucléaire et la nécessité d’un puissant mouvement pour la paix, puis le N°3 sur les luttes de classes en France.
Nous pensons que c’est la dialectique entre l’action commune en direction des masses en luttes et la démarcation idéologique pour co-élaborer et se rassembler progressivement tout en maintenant le lien avec la base du PCF et qu’à travers la lutte des classes multiformes que se réalisera la reconstruction du parti communiste dont le monde du travail a besoin. Nous devons ensemble préparer en théorie et en pratique la défaite idéologique et politique du réformisme social démocrate à la tête du mouvement communiste en France tout en œuvrant ainsi à forger par le débat notre unité idéologique autour d’un programme communiste.
Comme on le sait la vie n’attend pas que les communistes révolutionnaires s’unissent, la lutte des classes continue sous la chape de plomb de l’hégémonie temporaire du réformisme social démocrate et de l’écologie politique. La victoire du NON au TCE sur fond de résistance multiforme des classes populaires a engendré la scission au sein de la social démocratie officielle entre les libéraux et les alter ou anti-libéraux avec la naissance des collectifs anti-libéraux puis de la FI/UP. Toutes les organisations populaires de classes (syndicales, politiques, associatives) sont traversées par cette contradiction grandissante sur fond de précarisation et de paupérisation des « classes moyennes », de l’aristocratie ouvrière entraînant l’opposition de plus en plus visible entre les bases et les sommets.
La pensée unique libérale a effacé progressivement les différences visibles entre la « droite et la gauche » faisant sauter la bipolarisation politique de la dictature de classe des Monopoles capitalistes. La « mondialisation » impérialiste sous hégémonie US a mondialisé le diktat libéralo-fascisant prolongé par les guerres de faibles intensité pour mâter les pays et peuples résistants. Le libéralisme conduisant à la fascisation vient se surajouter à ce processus objectif de différenciation entre les collabos du patronat et les victimes de plus en plus résistantes de la base.
La social démocratie écologiste alter ou anti-libérale – FI/UP – est politiquement à la tête du front de la résistance populaire actuellement. Nous avons choisi au RC d’y être tout comme on est dans les luttes syndicales et populaires (Gilets Jaunes, des quartiers populaires et dans les luttes anti-racistes contre la division raciste de notre camp de classe). Nous pensons que si nous y étions ensemble RC, ANC, PCRF, nous serions en mesure d’être plus fort et d’y faire respecter le courant communiste révolutionnaire.
Mais aussi comme nous l’avons analysé au CHB/RC, la défaite du camp socialiste d’Europe et de l’URSS n’a pas emporté les rescapés du camp socialiste mondial. Cuba, la Corée du Nord, le Vietnam et la Chine poursuivent dans un rapport des forces pas encore totalement favorable leurs expériences socialistes et font, progressivement avec les résistances des peuples, évoluer le rapport des forces au détriment de l’impérialisme (US/UE/Israël/Japon). Ce contexte évolutif accroît certes le danger de guerre, voire nucléaire de la part des impérialistes, mais contient aussi les germes de leur défaite dans chaque pays impérialiste pris isolément et au plan global à condition que les communistes révolutionnaires soient en capacité d’y faire mûrir le facteur subjectif. L’état réel du communisme mondial est à prendre en compte dans la lutte pour la reconstruction communiste contre l’anti-communisme atavique de la bourgeoisie et des réformistes du mouvement ouvrier. Telle est la vision que nous partageons au RC de la reconstruction communiste que nous voulons partager avec l’ensemble des camarades communistes de France.