Le 14 octobre 2014, François Hollande s’est rendu à Clichy-la-Garenne, aux portes de Paris, pour défendre son plan de lutte contre la pauvreté.
En 2011, selon la dernière enquête en date de l’Insee sur ce sujet, 8,7 millions de personnes, soit 14,3% de la population, vivaient en dessous du seuil de pauvreté (977 euros mensuels).
Malgré ces chiffres alarmants, l’ancien leader de la CFDT, François Chérèque, chargé du suivi du plan quinquennal de lutte contre la pauvreté, a estimé que ses principaux objectifs étaient atteints. Selon lui les seuls points noirs seraient l’hébergement d’urgence et le logement avec des «retards dans la construction de logements sociaux et très sociaux». «Il nous reste encore beaucoup à faire», a cependant reconnu la secrétaire d’Etat à la lutte contre l’exclusion, Ségolène Neuville. Un euphémisme.
Après une visite des locaux de l’Agence du don en nature qui collecte les invendus des industriels pour les redistribuer aux organisation caritatives -une «start-up sociale», dixit le président à qui le « franglais » ne fait pas peur- F Hollande a débattu avec une dizaine de présidents d’organisations caritatives.
Il a dû alors affronter la colère des associations qui ont dénoncé les «paroles, y compris au plus haut niveau de l’Etat, sur la stigmatisation des chômeurs » et le «renoncement» du président à l’une de ses promesses de campagne, la garantie universelle des loyers ».
En réponse, François Hollande a dévidé des généralités. «La solidarité n’est pas un supplément d’âme» mais «un principe républicain qui ne passe pas par l’Etat mais par l’ensemble de la société française».
L’Etat ne représente donc pas les citoyens français? La pauvreté n’est donc pas une question de société ? une question de système ? Comme pour l’écologie voilà qu’on culpabilise, qu’on individualise la question de la pauvreté. Ce n’est plus le système capitaliste, ce ne sont plus les politiques austéritaires européennes et françaises qui sont responsables des catastrophes économiques et sociales dans notre pays, c’est chacun d’entre nous. Selon notre président , ce sont donc les salariés, les retraités … qui doivent chacun prendre en charge cette question. Sans doute en donnant encore plus, en plus de leurs impôts déjà très augmentés, au Secours Populaire, à Emmaüs, aux restos du coeur …
Hollande, à Clichy, incite donc les salariés et les retraités à faire l’aumône. Mais à l’Elysée et à Bruxelles, il travaille de concert avec Gattaz à les appauvrir davantage et à attaquer toutes les institutions de solidarité réelle, comme la sécurité sociale, la retraite pour les remplacer par des assurances privées qui n’ont plus rien de solidaire – leurs bénéfices ont augmenté de 39% en 2013 – et qui vident les poches des salariés pour gonfler les dividendes des actionnaires.
Et tous, patronat, droite et PS, responsables européens répètent, de plateaux télé en stations de radios, aux journalistes qui ressassent après eux: il n’y a pas d’argent, il n’y a plus d’argent pour financer les logements sociaux ( auxquels de moins en moins de salariés peuvent prétendre), l’éducation, la santé, l’école, les services publics, les transports : de telles dépenses, prétendent-ils, nous enfonceraient dans la crise.
C’est justement cette politique là qui nous noie dans la crise économique, sociale, politique, morale et qui développe la très grande pauvreté.
Yvette Genestal
source : http://www.actioncommuniste.fr/article-fran-ois-hollande-et-les-pauvres-124807588.html