Gilets jaunes et syndicalisme. Restriction ou extension du domaine de la lutte ? c’est la question à laquelle Stéphane Sirot, historien spécialiste des mouvements sociaux et du syndicalisme répond dans la brochure hors série n°3 de la collection problématiques sociales et syndicales.
A l’automne 2017, les ordonnances Macron ont rétréci le périmètre d’intervention du syndicalisme dans les entreprises. Un an plus tard et dans un tout autre registre, le mouvement social dit des « Gilets jaunes » s’est formé et développé en-dehors des organisations de travailleurs, alors même qu’un grand nombre de leurs revendications et une large part des citoyens mobilisés s’inscrivent dans le coeur de cible du syndicalisme de rapport de force.
Face à ces défis, les confédérations n’ont pas réussi à imprimer leur marque, après bientôt un quart de siècle d’incapacité quasi-systématique à mettre en échec les pouvoirs politiques successifs. Pourtant, les événements récents démontrent la combativité et la détermination dont est capable de faire preuve le corps social, soumis depuis bientôt quarante ans aux injonctions libérales, venues tant de la droite républicaine que de la social-démocratie.
Un syndicalisme largement dépolitisé et institutionnalisé, volontiers enserré dans le carcan du « dialogue social » et doutant de ses propres capacités à enchanter le monde, se trouve menacé d’être réduit au rang de fait social résiduel. Pour autant, rien n’est écrit d’avance.
L’histoire syndicale plus que séculaire fournit à ceux qui croient encore à l’importance et à l’utilité des organisations des outils dont le réinvestissement offre des perspectives de relance.