Google Censure ? En France, Google, le géant américain, c’est 94% de part de marché. C’est ce moteur de recherche qui est la véritable porte d’entrée du Net. Et la multinationale a la capacité de déterminer ce que vous lirez, écouterez, verrez sur le net.
Depuis des années déjà, www.initiative-communiste.fr subit une censure effective de la part de Google, qui refuse de référencer votre site d’info préféré sur son moteur de recherche google actualités. Un portail d’information qui fait en revanche la part belle aux titres de presse et groupes de radios et télévisions des milliardaires Drahi, Niel, Bolloré et autres Lagardère. Rappelons que via son fond FINP, Google finance à hauteur de plusieurs millions d’euros les médias du système. D’après un article du Monde, la liste de censure du quotidien vespéral des marchés (le triste DECODEX) aurait ainsi bénéficier de ces subventions. (le decodex, attention danger, lire ici)
Parmi les dernières nouveautés du géant du web, une refonte de son moteur de recherche. Soit disant pour faire la chasse aux fausses nouvelles. En réalité, si on fait le lien avec le projet Decodex, on comprend bien que ce qui est dans le viseur de la multinationale, c’est la capacité des citoyens à diffuser via le net une information alternative à la propagande diffusée à coups de milliards d’euros par les titres de presse et télévisions des milliardaires. Il s’agit donc, en introduisant une censure politique, de renvoyer dans les profondeurs du web les informations, les analyses et les idées alternatives qui pourraient menacer la dictature de l’oligarchie capitaliste.
Les conséquences ne se sont pas faites attendre. Comme en témoignent nos camarades américains du World Socialist Web Site qui ont vu le nombre de visiteurs en provenance de Google diminuer par trois à la suite de la modification de la présentation des résultats par Google.
Personne ne doit oublier qu’il y a deux façons de cacher une information : l’interdire ou la cacher en la noyant derrière un flot d’autres infos. la seconde a de plus le cynisme de laisser croire à une forme de pluralisme.. Le Capitalisme emploie les deux méthodes. Et chacun pourra constater combien le portail Google actualité renvoie des infos au ton éditorial uniforme, reflétant malgré l’apparence de dizaines de médias mis en avant, exactement à la même ligne politique. Celle des Trump, Lagardère, Macron et aux ultra-libéraux et néo-conservateurs.
Un nouvel algorithme de Google limite l’accès aux sites Web progressistes et de gauche.
Au cours des trois mois écoulés depuis que le monopole des moteurs de recherches sur Internet, Google, a annoncé qu’il fallait empêcher les utilisateurs d’accéder à de « fausses nouvelles » (fake news), le classement mondial du trafic d’une large gamme d’organisations de gauche, progressistes, anti-guerre et démocratiques a considérablement diminué.
Le 25 avril 2017, Google a annoncé qu’il avait mis en place des modifications de son service de recherche pour rendre plus difficile pour les usagers d’accéder à ce qu’il appelait des informations « de mauvaise qualité » telles que les « théories du complot » et les « fausses nouvelles ».
La société a déclaré dans un article de blogue que l’objectif central de la modification de son algorithme de recherche était de donner au géant des recherches un plus grand contrôle dans l’identification du contenu jugé répréhensible par ses directives. Il a déclaré qu’il avait « amélioré nos méthodes d’évaluation et effectué des mises à jour algorithmiques » afin de « contenir un contenu plus autorisé ».
Google a poursuivi : « Le mois dernier, nous avons mis à jour nos lignes directrices sur la qualité de la recherche (Search Quality Rater Guidelines) pour fournir des exemples plus détaillés de pages Web de mauvaise qualité pour que les évaluateurs puissent les signaler de manière appropriée ». Ces modérateurs sont invités à signaler « les expériences qui pourraient perturber des usagers », y compris les pages qui présentent de « théories du complot », sauf si « la requête indique clairement que l’usager recherche un autre point de vue ».
Google n’explique pas précisément ce qu’il entend par le terme « théorie du complot ». En utilisant la catégorie large et amorphe des « fausses nouvelles », l’objectif du changement dans le système de recherche de Google est de restreindre l’accès à des sites Web présentant des opinions différentes, dont la couverture et l’interprétation des événements s’opposent à celles des médias de l’establishment tels que le New York Times et le Washington Post.
En signalant le contenu de telle sorte qu’il n’apparaît pas dans les premières une ou deux pages d’un résultat de recherche, Google est capable de bloquer efficacement l’accès des usagers à celui-ci. Étant donné qu’une grande partie du trafic sur le Web est influencée par les résultats de recherche, Google peut dissimuler ou enterrer efficacement le contenu auquel il s’oppose, grâce à la manipulation des classements des recherches.
Le mois dernier, la Commission européenne a imposé une amende de 2,7 milliards de dollars à la société pour avoir manipulé les résultats des recherches pour orienter les usagers de manière inappropriée vers son propre service de comparaison, Google Shopping. Maintenant, il semble que Google utilise ces méthodes criminelles pour empêcher les utilisateurs d’accéder aux points de vue politiques que l’entreprise considère comme répréhensibles.
Le World Socialist Web Site fait partie des cibles des nouvelles « méthodes d’évaluation » de Google. En avril 2017, 422 460 visites au WSWS venaient de recherches Google, ce chiffre a chuté à environ 120 000 ce mois-ci, soit une baisse de plus de 70 pour cent.
Même si l’on utilise des termes de recherche tels que « socialiste » et « socialisme », les lecteurs nous ont informés qu’il leur était de plus en plus difficile de localiser le World Socialist Web Site dans les recherches de Google.
Les références des recherches de Google vers le WSWS ont diminué d’environ 70 pour cent
Selon le service d’outils pour les webmestres de Google, le nombre de recherches qui ont permis aux usagers de voir le contenu du World Socialist Web Site (c’est-à-dire un article WSWS apparu dans une recherche Google) est passé de 467 890 par jour à 138 275 au cours des trois derniers mois. La position moyenne des articles dans les recherches, entre-temps, est passée de 15,9 à 37,2 au cours de la même période.
David North, président du Conseil de rédaction international du WSWS, a déclaré que Google était engagé dans la censure politique.
« Le World Socialist Web Site existe depuis près de 20 ans », a-t-il déclaré, « et il a développé un large public international. Au cours du printemps dernier, le nombre de visites individuelles au WSWS par mois dépassait 900 000 ».
« Alors qu’un pourcentage significatif de nos lecteurs se rend directement sur le WSWS, de nombreux internautes accèdent au site via des moteurs de recherche, dont Google est le plus utilisé. Il n’y a pas d’explication innocente pour la chute extraordinairement forte du lectorat, pratiquement du jour au lendemain, en provenance des recherches Google ».
« L’affirmation de Google selon laquelle il protège ses lecteurs contre les « fausses nouvelles » est un mensonge politique. Google, un monopole massif, avec les liens les plus étroits avec les agences de l’état et du renseignement, bloque l’accès au WSWS et à d’autres sites Web progressistes et de gauche grâce à un système de recherches biaisé ».
Au cours des trois mois écoulés depuis que Google a mis en œuvre les modifications apportées à son moteur de recherche, moins de personnes ont eu accès aux sites d’information de gauche et anti-guerre. Sur la base des informations disponibles sur les analyses d’Alexa, d’autres sites qui ont subi des baisses dans le classement incluent WikiLeaks, Alternet, Counterpunch, Global Research, Consortium News et Truthout. Même les groupes de défense des droits démocratiques tels que l’Union américaine pour des libertés civiles et Amnesty International semblent avoir été touchés.
Un large éventail de sites de gauche, progressistes, et anti-guerre ont vu diminuer leur rang dans les palmarès du trafic au cours des derniers mois
Selon Google Trends, le terme « fausses nouvelles » a quadruplé en popularité au début de novembre, à l’époque des élections américaines, alors que les démocrates, les médias et les agences de renseignement cherchaient leur imputer la responsabilité de la victoire électorale de Donald Trump sur Hillary Clinton.
Le 14 novembre, le New York Times a proclamé que Google et Facebook « ont fait face à de nombreuses critiques sur les fausses nouvelles sur leurs sites qui ont influencé le résultat des élections présidentielles » et qu’ils prendraient des mesures pour lutter contre les « fausses nouvelles ».
Dix jours plus tard, le Washington Post a publié un article intitulé « L’effort de propagande russe a contribué à diffuser de “fausses nouvelles” lors des élections, disent les experts », qui ont cité un groupe anonyme appelé PropOrNot qui a compilé une liste de « fausses nouvelles » diffusant « la propagande russe ».
La liste comprenait plusieurs sites classés par le groupe comme « de gauche ». De manière significative, il a ciblé globalresearch.ca, qui reproduit souvent des articles du World Socialist Web Site.
Après des critiques très répandues sur ce qui n’était pratiquement rien d’autre qu’une liste noire de sites anti-guerre et anti-établissement, le Washington Post a été obligé de publier une rétractation, en déclarant : « Le Post, qui n’a nommé aucun de ces sites, n’apporte aucune garantie quant à la validité des résultats de PropOrNot. »
Le 7 avril, Bloomberg News a rapporté que Google travaillait directement avec le Washington Post et le New York Times pour « vérifier les articles » et éliminer les « fausses nouvelles ». Ceci a été suivi par la nouvelle méthodologie de recherche de Google.
Trois mois plus tard, sur les 17 sites déclarés « fausses nouvelles » par la liste noire discutée du Washington Post, 14 avaient leur classement mondial en baisse. Le déclin moyen de la portée mondiale de tous ces sites est de 25 pour cent, et certains sites ont vu leur portée mondiale descendre de près de 60 pour cent.
« Les actions de Google constituent de la censure politique et sont une attaque flagrante contre la liberté d’expression », a déclaré North. « À un moment où la méfiance du public envers les médias de l’establishment est répandue, cette entreprise géante exploite sa position de monopole pour restreindre l’accès du public à un large éventail de nouvelles et d’analyses critiques ».
Andre Damon et Niles Niemuth
EN COMPLEMENT : L’UNESCO et le « symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire) https://www.legrandsoir.info/
https://www.legrandsoir.info/
L’ingénieur en chef du moteur de recherche de Google légitime le nouvel algorithme de censure
Entre avril et juin, Google a complété une révision majeure de son moteur de recherche qui réduit fortement l’accès public aux sites Internet qui fonctionnent indépendamment des médias de l’establishment contrôlés par l’État. Depuis la mise en œuvre des changements, de nombreux sites Web de gauche, anti-guerre, et progressistes ont connu une forte chute du trafic généré par les recherches Google. Le World Socialist Web Site a vu, en un seul mois, une baisse de 70 pour cent du trafic en provenance de Google.
Le 25 avril, Ben Gomes, ingénieur en chef en charge du moteur de recherche de Google, a publié sur son blogue la présentation du nouveau programme de censure dans une déclaration portant le titre orwellien de : « Nos dernières améliorations de la qualité des recherches ». Cette déclaration a été pratiquement ignorée par les médias de l’establishment. Ni le New York Timesni le Wall Street Journal n’ont rapporté la déclaration. Le Washington Post a limité sa couverture de la déclaration à une seule publication sur un blogue.
Encadré comme un simple changement des procédures techniques, la déclaration de Gomes légitime la censure d’Internet comme une réponse nécessaire au « phénomène des “fausses nouvelles”, où le contenu sur le Web a contribué à la diffusion d’informations clairement trompeuses, de mauvaise qualité, offensantes ou carrément fausses ».
Le « phénomène des “fausses nouvelles” » est en soi la principale histoire de « fausses nouvelles » de 2017. Dans ses origines et sa propagation, elle a toutes les caractéristiques bien connues de ce qu’on appelait les campagnes de « désinformation » de la CIA, visant à discréditer des adversaires de gauche de l’État et des intérêts de l’establishment.
De manière significative, Gomes ne fournit pas de définition claire, et encore moins d’exemples concrets, de ces termes chargés (« fausses nouvelles », « clairement trompeuses », « faible qualité », « offensant » et « carrément de fausses informations »).
L’objectif du nouvel algorithme de censure de Google est l’actualité politique et les sites d’opinion qui contestent les récits officiels du gouvernement et des grandes entreprises. Gomes écrit : « [C’]est devenu évident qu’un petit ensemble de requêtes dans notre trafic quotidien (environ 0,25 pour cent) ont retourné un contenu offensant ou clairement trompeur, ce qui n’est pas ce que les gens recherchent ».
M. Gomes a révélé que Google a recruté quelque 10 000 « évaluateurs » pour juger de la « qualité » de divers domaines Web. La société a des « évaluateurs – des personnes réelles qui évaluent la qualité des résultats de recherche de Google – nous donner des commentaires sur nos expérimentations ». L’ingénieur de recherche en chef n’identifie pas ces « évaluateurs » ni n’explique les critères utilisés dans leur sélection. Cependant, en utilisant les dernières évolutions dans la programmation, Google peut enseigner à ses moteurs de recherche à « penser » comme les évaluateurs, c’est-à-dire traduire leurs préférences politiques, leurs préjugés et leurs aversions dans les résultats acceptés par l’État et les grandes entreprises.
M. Gomes affirme que ces « évaluateurs » doivent se conformer aux lignes directrices de la société pour une Recherche de qualité, qui « fournissent des exemples plus détaillés de pages Web de mauvaise qualité pour que les évaluateurs puissent coter de manière appropriée, ce qui peut inclure des informations trompeuses, des résultats offensants inattendus, des canulars et des théories du complot sans fondement. »
Encore une fois, Gomes emploie une rhétorique incendiaire sans expliquer la base objective sur laquelle reposent les évaluations négatives des sites Web.
En utilisant la contribution de ces « évaluateurs », Gomes déclare que Google a « amélioré nos méthodes d’évaluation et a fait des mises à jour algorithmiques pour faire paraître un contenu qui fait plus autorité ». Il affirme à nouveau, plus bas, « Nous avons ajusté nos algorithmes pour faire paraître des pages qui font plus autorité et rétrograder le contenu de mauvaise qualité ».
Ce que cela signifie, concrètement, c’est que Google décide non seulement des points de vue politiques qu’il veut censurer, mais aussi des sites à favoriser.
M. Gomes est clairement amoureux du terme « qui fait autorité » (authoritative), et une étude du sens du mot explique la nature de son infatuation verbale. Une définition donnée par le Oxford Dictionary pour le mot « authoritative » est : « Provenant d’une source officielle et exigeant la conformité ou l’obéissance ».
La déclaration du 25 avril indique que les protocoles de censure deviendront de plus en plus restrictifs. M. Gomes affirme que Google « fait de bons progrès » pour rendre ses résultats de recherche plus restrictifs. « Mais pour avoir des changements durables et à long terme, il faut des changements structurels dans Search [le moteur de recherche de Google]. »
On peut supposer que M. Gomes est un programmeur et un ingénieur logiciel compétent. Mais il y a de bonnes raisons de douter qu’il ait une connaissance particulière, et encore moins la préoccupation, de la liberté d’expression.
La déclaration de Gomes est la manière en langage Google de dire que l’entreprise ne veut pas que les gens aient accès à quoi que ce soit en dehors du récit officiel, élaboré par le gouvernement, les agences de renseignement, les principaux partis politiques capitalistes, et transmis à la population par les médias de l’establishment.
En devenant une entreprise gigantesque valant plusieurs milliards de dollars, Google a développé des liens politiquement insidieux et dangereux avec des agences étatiques puissantes et répressives. Il maintient cette relation non seulement avec l’État américain, mais aussi avec les gouvernements à l’étranger. Quelques semaines seulement avant la mise en œuvre de son nouvel algorithme, au début d’avril, Gomes a rencontré de hauts responsables allemands à Berlin pour discuter des nouveaux protocoles de censure.
Google le moteur de recherche est maintenant une force majeure de l’imposition de la censure de l’État.
Andre Damon
Article paru d’abord en anglais, WSWS, le 31 juillet 2017