Dans la suite de la scandaleuse résolution adoptée par l’Assemblée Nationale, l’escalade belliqueuse dans la fascisation se poursuit, avec à la manoeuvre une certaine presse. Une presse soucieuse de servir elle aussi « la demande des autorités de Kyiv » pour reprendre les termes même d’un article de Médiapart, ces mêmes autorités qui réhabilite et célèbre les collaborateurs génocidaires du IIIe Reich. Et pour cela à dresser des listes d’index des historiens qui ne sanctifient pas avec suffisamment de zèle à la nouvelle propagande de guerre décidée par les chancellerie occidentale, confédérées au sein de l’OTAN, propagande instrumentalisant l’Histoire pour mieux servir ses fins sanglantes.
Dans cette propagande, une nouvelle fois, les victimes sont l’histoire et ses serviteurs, les historiens qui à vouloir satisfaire aux faits et la vérité de la recherche historique, ne se complairaient pas à servir cette « histoire » fabriquée politiquement par une résolution issue d’une alliance entre la droite extrême et l’extrême droite des bancs de l’Assemblée Nationale, elle même directement issus des ordres donnés par le régime Zelenski. C’est ainsi que dans un article au vitriol Médiapart s’en est violemment pris à Annie Lacroix-Riz, l’une des historiennes française spécialiste de la période de l’entre deux guerre. Ces journalistes, s’appuyant de façon unilatérale sur les traditionnels porte voix de l’anticommunisme le plus virulent, se sont crus autorisé de lancer une oukaze contre notre camarade Annie Lacroix-Riz. Taxée de rien moins que de « négationisme pur », dans une acrobatie de sémantique tentant de s’éviter le procès en diffamation qu’ils savent d’évidence perdu, pour jeter par confusion des termes de façon insultante et sans autre forme d’argument l’anathème sur l’historienne. Une abjection lorsque l’on sait que Annie Lacroix-Riz est petite fille déporté juif assassiné à Auschwitz.
Une fangeuse manipulation qui visent de fait à éviter de débattre au fond des faits et de l’état de la recherche historique. Où les arguments des plus éminents spécialistes, et on peut ici citer les travaux de référence de Wheatcroft et Davies, de Tauger, ont démontré tout à la fois le caractère non génocidaire de la famine de 1931-32, ses causes, mais ont également caractérisée son ampleur. Les travaux des démographes de l’INED ont estimé à 2,6 million la surmortalité, dans une une hypothèse de calcul ne tenant pas compte des importants mouvements de populations ayant eu lieu au cours de la révolution industrielle des années 1930. (lire ici) qui ont vu une trentaine de millions de paysans quitter les campagnes pour gagner les villes de la fin des années 20 à la fin des années 1930 . Des résultats de la recherche historique qui tout à la fois battent en brèche le moindre fondement scientifique à la résolution adoptée, mais tout au contraire démontre de son profond ancrage idéologique et de sa visée propagandiste.
Quoi de moins surprenant que cette instrumentation de l’histoire de la part de ceux qui passent systémiquement sous silence dans une hémiplégie d’extrême droite caractérisée toute information en provenance d’Ukraine témoignant que s’y pratique à grande échelle et de façon systémique la répression des forces syndicales, antifascistes et communistes en même temps que la réhabilitation des collaborateurs nazis du IIIe Reich, ceux-la même qui ont largement participé au génocide des juifs d’Ukraine, une situation dramatique dénoncée tant par le centre Wiesenthal que par Arno Klarsfelf, que l’on ne saurait qualifier au demeurant de sympathisants bolchéviques…
Rappelé à leurs obligations découlant du droit de la presse, M Plenel et Médiapart, ont été contraint de publier le droit de réponse de l’historienne Annie Lacroix-Riz, que nous relayons ci-après, et que tout un chacun, soucieux de liberté et de solidité de la production d’une histoire rigoureuse et non d’une histoire de cour et sous influence au service de la propagande de la classe, se fera un devoir de relayer. Nous l’accompagnons de la lettre ouverte par laquelle l’historienne a fait parvenir ce droit de réponse à M Plenel. D’après nos informations, M Fabien Escalona avait d’abord et piteusement tenté de se soustraire à l’obligation de publier à minima un droit de réponse, au brulot qu’il a pourtant cosigné avec Pauline Graule. Mais une intervention solidement argumentée en droit et la peur d’un procès assurément perdu, et sans aucun doute du retentissement médiatique très défavorable tant à l’image de ce média qu’à la campagne de propagande en cours qu’il aurait donné, a obligé Médiapart à piteusement publier un droit de réponse. Une reculade qui sonne comme un aveu quant à la nature de ce qu’ils ont publié.
https://www.mediapart.fr/journal/france/070423/un-droit-de-reponse-d-annie-lacroix-riz
Droit de réponse d’Annie Lacroix-Riz à Médiapart
L’article intitulé « Comment la Grande Famine ukrainienne de 1933 est venue percuter la gauche française » publié le 31 mars 2023 sur le site MEDIAPART, me met personnellement en cause à deux reprises, sans que j’aie été sollicitée pour répondre de ces accusations.
Je suis présentée comme une historienne « connue pour ses thèses aux relents complotistes ». Mais aucun élément n’est apporté à l’appui de cette imputation, dont on sait qu’elle permet d’écarter tout débat et de réduire au silence n’importe quel intellectuel dont les thèses ne correspondent pas à la Doxa amplement relayée par les grands moyens d’information. Professeure des Universités ayant validé tous les prérequis académiques (normalienne, agrégée d’histoire, docteure ès lettres) du métier d’historienne, et appliquée, depuis plus de 50 ans, à exercer mes fonctions par la consultation assidue des archives originales, je suis ainsi classée au rang des conjurés illuminés de Qanon…
Je démens évidemment tout caractère « complotiste » à mes travaux, et j’invite vos lecteurs à en prendre connaissance au fond, notamment via mes ouvrages Le choix de la défaite et De Munich à Vichy, lesquels, au terme de six années de dépouillement d’archives originales, ont démontré, sur la voie tracée par le grand historien Marc Bloch, que les classes dirigeantes françaises avaient opté, dans l’entre-deux-guerres, pour la défaite militaire et la liquidation du régime républicain. Aucun de mes contradicteurs, prompts à contester mes interprétations mais refusant constamment tout débat académique contradictoire, n’a à ce jour pu remettre en cause la rigueur scientifique de ces travaux.
La seconde mise en cause est bien plus grave encore. Elle émanerait d’un de mes collègues, M. Thomas Chopard, qualifiant de « négationnisme pur », assimilable à la négation de la destruction des juifs d’Europe, ma position sur la famine en Ukraine. Les nombreux documents originaux que j’ai consultés (voir notamment mon ouvrage Le Vatican, l’Europe et le Reich de la Première Guerre mondiale à la Guerre froide) m’ont conduite au contraire à décrire les différentes situations de crise, de pénuries, de privation, de révoltes auxquelles le pouvoir soviétique en Ukraine et ailleurs en URSS s’est trouvé confronté au début des années 1930.
De nombreux historiens de renom (notamment Stephen G. Wheatcroft et Robert W. Davies, Years of Hunger, Soviet Agriculture, 1931-1933 et Mark Tauger, Agriculture in World History) l’ont établi : les sources originales ne permettent pas de qualifier, tant dans sa portée que dans son intentionnalité, le moindre caractère génocidaire des épisodes de famine considérés. Si l’on comprend parfaitement dans quel contexte et pour quelles raisons le politique est aujourd’hui conduit à exprimer des opinions sur cette période historique ‑‑ ce qui est au demeurant l’objet de l’article ‑‑, rien dans les travaux de recherche récents, à ma connaissance, n’a apporté de nouvel éclairage scientifique sur la question.
Enfin, je ne saurais accepter d’être accusée de « négationnisme pur », non seulement en tant qu’historienne intègre et vouée à la recherche universitaire, mais davantage en tant que la petite-fille de déporté juif mort à Auschwitz, qui a choisi le métier d’historienne notamment pour comprendre les ressorts de l’extermination des juifs.
Gérard Tollet (SNESUP) adresse son soutien à Annie Lacroix Riz
Dans un message, Gérard Tollet, syndicaliste du SNESUP, a adressé son soutien à Annie LAcroix-Riz
Paule vient de me faire découvrir la nouvelle attaque haineuse dont tu fais l’objet. T’affubler de qualificatifs tels que « négationnisme », « complotiste », c’est insupportable ! En arriver à une telle bassesse de la part de ces journalistes et de Médiapart, c’est lamentable, répugnant, malhonnête, les mots me manquent. C’est pourquoi je viens par ce courriel t’affirmer tout mon soutien et toute ma solidarité.
Bien sûr, dans le contexte actuel, les objectifs politiques de ces gens (comme des députés qui ont voté les yeux fermés cette qualification de « génocide » la famine de 1933) sont évidents et doubles : d’une part, tenter de discréditer une fois de plus toute remise en cause du capitalisme, où que ce soit, passée, présente et future et ceci, par tous les moyens (simplification, caricature, exagération, voire mensonge pur…), et d’autre part, s’aligner de plus en plus sur les atlantistes et les va-t-en-guerre qui veulent entraîner notre pays et le monde dans l’apocalypse meurtrière. La déclaration du député écologiste Aurélien Taché citée dans l’article de Médiapart est en cela très révélatrice : « Même si je comprends qu’il puisse y avoir débat sur le caractère génocidaire de l’Holodomor, au bout d’un moment, il faut faire de la politique ! ». Quel bel aveu !
S’ajoute aussi à cela la volonté bassement politicienne de faire diversion et division à gauche, dans la période actuelle de lutte unitaire et très majoritaire contre la réforme régressive des retraites…
Bref, dans ces conditions, l’insulte (« argument » de ceux qui n’en ont pas…) qui t’est faite dans cet article est une preuve très claire que ton travail scrupuleux d’historienne sur archives gêne au plus haut point. Tu peux donc être fière de ton apport très important à la connaissance historique.
Enfin, plus généralement, un rouleau compresseur politico-médiatique tente depuis quelques années et par tous les moyens d’étouffer tout débat réel, toute réflexion argumentée, toute voix discordante qui ne va pas dans le sens des choix politiques du pouvoir et des intérêts de la finance. Le champ historique n’est en cela pas le seul concerné ! La diabolisation, le mépris, l’étiquetage, prennent de plus en plus le pas sur l’argumentation et la discussion contradictoire. Au final, la démocratie est en danger, d’autant que ces méthodes peuvent rapidement déteindre sur le peuple…
Et quand le milieu universitaire est touché par cette maladie, les conséquences sont pires encore car c’est l’essence même de la démarche scientifique de dialogue, de confrontation d’idées, de recherche qui est remise en question.
C’est pour toutes ces raisons que je réagis et que je vais informer et inviter d’autres citoyens à réagir vivement. Tu peux compter sur mon soutien.
Amitiés.
Gérard TOLLET.
La lettre ouverte d’Annie Lacroix-Riz à M Plénel, directeur de Médiapart
J’ai donc pu constater votre avis commun sur mes travaux, abordés de fait via Wikipédia (cf. ci-dessous), et l’appel, un de plus, à la censure médiatique, dont, si j’ai bien compris, il est absolument scandaleux qu’Aude Lancelin se soit dispensée. Médiapart, étendard, en politique extérieure, de la « gauche américaine » ou « gauche Bretton Woods », concept qu’éclairera un ouvrage à paraître (voir, pour la période antérieure, le chef-d’œuvre censuré de fait par la non-réédition en français, de Saunders Frances Stonor, The cultural Cold War : the CIA and the world of art and letters, New York, The New Press, 1999, réédition, 2013 ; édition anglaise, Who paid the piper?, London, Granta Books, 1999 ; Qui mène la danse, la Guerre froide culturelle, Denoël, 2003 (épuisé)), souhaite donc faire aussi bien que L’Obs, qui s’est débarrassée de Mme Lancelin pour insuffisante discipline générale et atlantiste. Nous parvenons ces temps-ci aux cimes de la liberté de la presse.
Outre cet appel caractérisé à ma censure par tout média (je n’ai accès à aucun des médias « reconnus », comme vous le savez parfaitement), vous vous référez à ma fiche Wikipédia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Annie_Lacroix-Riz, notoirement rédigée par un certain « Guise », surnom discret d’un membre anonyme de l’Action française, et grand amateur de son pair Olivier Dard, éminent conférencier du même groupement. Mon collègue chercheur Damon Mayaffre, victime du même Guise, pour avoir osé évoquer « les 200 Familles », vous le confirmera, ces méthodes ayant été traitées dans Le Canard enchaîné. Ma fiche Wikipédia est irrecevable sur le plan déontologique, et je présume que vous ne l’ignorez pas.
Pour ce qui est de votre média, la censure de mes travaux est systématiquement et strictement assurée depuis l’origine, et, assurément, vous ne pourrez mieux faire en matière de verrouillage. Il serait pourtant opportun, du simple point de vue de la déontologie, que je puisse répondre à votre article infondé, unilatéral et, pour tout dire, ignominieux , afin que votre lectorat ait une meilleure perception des prétendus « micro-détails » forgés par le « jeune historien ». Ce dernier est d’ailleurs accoutumé aux assauts contre ses aînés ( ?) ou aînées, politiste(s) ou historienne(s) (https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/01/26/helene-carrere-d-encausse-une-grande-connaisseuse-de-la-russie-en-plein-brouillard_6159463_3246.html). Je le soupçonne cependant de ne m’avoir jamais lue, ce qui est la règle des références de https://fr.wikipedia.org/wiki/Annie_Lacroix-Riz. Il n’est pas nécessaire de lire les historiens parias ou « controversés » (dans le cadre de quels débats), le consensus régnant à leur sujet.
Votre photographie daterait de 1933? Vous le savez, il n’y en a guère ou pas, la masse venant de celles de la famine, incontestable, de 1921 : voir à ce sujet le travail de Douglas Tottle, qui a poussé à l’hystérie la grande spécialiste médiatique américaine de l’Holodomor, Anne Applebaum, Red Famine, Stalin ’s War on Ukraine, New York, Penguin, 2017, p. 213-214) et mon « échange » avec Jean-Jacques Marie, ci-joint. Le préciserez-vous à vos lecteurs? Quant à l’impossibilité de prendre des photos à cause de la censure de Staline (pourquoi, celle des camps de concentration aurait-elle été autorisée), c’est une plaisanterie : j’ai fait le point sur la question dans une interview parue dans « Arrêt sur images » en 2014, et dans le texte « La campagne internationale sur “La famine en Ukraine” de 1933 à nos jours » de 2016.
Je saurais gré à M. Chopard, qui, à ma connaissance, ne travaille pas sur « la famine en Ukraine » mais sur la persécution des juifs, de me préciser sur la base de quels travaux signés par moi il m’accuse de « négationnisme pur », auquel je suis supposée me livrer par mon insistance sur « des micro-détails » : à quels « micro-détails » est-il fait allusion, à ceux mentionnés à mes étudiants de concours de la question d’agrégation-CAPES de 2006-2009, https://www.historiographie.info/ukr33maj2008.pdf, ou à d’autres compléments produits à plusieurs reprises depuis lors, et disponibles sur la Toile (dont certains ci-joints)? Si M. Chopard a, entre-temps, travaillé sur « la famine en Ukraine », je le remercie par avance de me faire connaître ses écrits.
Par ailleurs, M. Chopard pense-t-il que l’accusation de « négationnisme pur » est moins susceptible de poursuites que celle de « négationniste pure »? Ou plutôt, et plus probablement, lui-même et vous, tablez-vous sur le consensus politique, en aucun cas scientifique, qui écrase et pourrait écraser davantage dans la période à venir les dissidents, qui ne sont émouvants qu’à l’Est de l’Europe, consensus qui, évidemment, pourrait même, par les temps qui courent, vous permettre, journalistes et historien, de me traiter de nazie ou de « rouge-brune »? La prochaine étape pourrait être le recours, contre mes travaux et moi-même, à la loi Gayssot du 13 juillet 1990, pour antisémitisme, ce qui ne manquerait pas de piquant, puisque je suis juive « quatre quartiers », avec un grand-père déporté et assassiné à Auschwitz. Mais, par les temps qui courent, tout est possible en matière de bourrage de crâne, comme en 1914…
Il va de soi que ce courriel sera rendu public, ce qui ne dispense pas Mediapart de me permettre, par respect pour son lectorat, de répondre directement à l’assaut.
Il y a ici un grand nombre de textes joints mais, vu le tapage en cours, je crois nécessaire de soumettre au public soucieux de s’informer les informations nécessaires, et de lui montrer, au surplus, que le tapage politique, et en aucun cas scientifique, de l’heure présente a été de longue date préparé, en France comme ailleurs. Je compte que mes correspondants abonnés à Médiapart feront savoir via le courrier des lecteurs le mauvais cas qui m’a été fait par leur journal, lequel se joint sur ces questions extérieures, selon l’habitude, à la meute, étendue de l’extrême droite à la « gauche Bretton Woods ».
Bien cordialement,
Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine
PS. M. Chopard, doctorant de M. Alain Blum, a été à bonne école. M. Blum a tuteuré divers travaux sur le dossier, dont la thèse affligeante de Mme Ohayon (qui passe son temps à se demander si, au Kazakhstan, les manquants sont morts ou partis vers les villes, c’est-à-dire en exode rural!), et il ne plaisante pas, depuis vingt ans au moins, avec la thèse de l’Holodomor (il y a 30 ans, c’était dix ans de morts sur un an): Paul Pasteur, ami de Mme Ohayon, collègue de Rouen, m’avait avisée, avant la soutenance (et la sortie du bouquin), à l’époque où « Ukraine 33 » me harcelait sur « la famine en Ukraine », que cette chercheuse ne pourrait pas soutenir une thèse sous l’égide de Blum et Nicolas Werth si elle ne sacrifiait pas à la ligne « génocidaire »…
Quand, fin 2004, devant témoin, à l’INED, j’ai demandé en M. Alain Blum comment il pouvait justifier méthodologiquement la note dans laquelle il regroupe, sur la base d’une estimation de démographes russes (dont aucun n’était historien) une décennie de décès estimés sur l’année 1933 (Naître, vivre et mourir en URSS, 1917-1991, Paris, Plon, 1994), cf. infra, il a bredouillé et a tourné les talons. Cette note représentait une énormité telle que j’avais prié mes étudiants d’aller la vérifier eux-mêmes dans l’ouvrage et de ne pas s’en tenir au compte rendu que j’en livrais.
M. Blum et moi-même avons eu un long échange écrit, en janvier 2005 (qui figure en texte ci-joint) :
« Je maintiens », lui ai-je écrit, « que votre chiffrage résulte d’une méthode inacceptable, et que votre note incriminée (Naître, vivre et mourir en URSS, n. 61, p. 241 commentant l’ouvrage d’Evgenij M. Andreev, Leonid E. Darskij et Tatiana L. Khar’kivan Istorija Naselenija SSSR, 1920-1959, Moscou, Muzej Goskomstata SSSR, 1990, et votre texte p. 96-99) ne porte pas « sur une petite partie » mais accepte qu’une décennie de décès soit regroupée sur une année (je l’ai relue trois fois avant d’admettre que j’avais bien lu). Que Kurman ait été arrêté n’y change rien. Je vous remercie par avance de m’indiquer les éventuels ouvrages russes et ukrainiens, fondés sur des archives, qui ne figurent pas, dans Naître, vivre et mourir en URSS, où votre source est celle que je dénonce. Je ne lis aucune des deux langues, mais mon entourage compte des quasi-bilingues, qui traduiront. » M. Blum n’a pas répondu sur ce point mais s’est ainsi esquivé : « Je crois qu’à partir du moment où vous justifiez l’arrestation et l’exécution de Toukhatchevski et des autres officiers, que vous parlez de disette en Ukraine en 1933, il n’y a plus rien à espérer de votre rigueur scientifique. » (Alain Blum [mailto:blum@ehess.fr] Envoyé : jeudi 6 janvier 2005 17:37 À : Annie Lacroix-Riz). L’échange complet de courriers électroniques est, ci-joint, à votre disposition.
Ci-jointe également est ma critique de ladite thèse, sachant que je considère Mme Ohayon, collègue de M. Chopard, comme une victime de la conjoncture multi-décennale qui écrase les jeunes chercheurs vulnérables, par leur quête de carrière, comme je le lui ai écrit publiquement en 2022.
Ci-dessous copie de notre échange, très vite arrêté, les amabilités de Mme Ohayon sur mes « chétives archives » ‑‑ incontestablement plus nombreuses que celles livrées aux lecteurs de La sédentarisation des Kazakhs dans l’URSS de Staline. Collectivisation et changement social (1928-1945), Paris, Maisonneuve et Larose, 2005 ‑‑ n’ajoutant rien aux défauts méthodologiques rédhibitoires de son ouvrage. « Les archives en russe et en kazakh ont été elles aussi largement déclassifiées, celles du Parti, de la Police politique et des organes exécutifs régionaux et locaux. Si cela ne vous suffit pas, des corpus d’égo-documents ont été constitués à partir d’archives familiales. »
« Les archives en russe et en kazakh ont [peut-être] été […] largement déclassifiées, celles du Parti, de la Police politique et des organes exécutifs régionaux et locaux », mais l’intéressée n’en a pas fait usage]. Quant aux « corpus d’égo(sic)-documents […] constitués à partir d’archives familiales », la lectrice de la thèse considérée que je suis ne voit pas en quoi ils consistent.
Le présent courriel est naturellement communiqué à l’intéressée, ainsi qu’à M. Blum.