« Il est la figure emblématique du mouvement ouvrier polonais en France de l’entre-deux-guerres. Né en Galicie autrichienne, Thomas Olszanski émigre dans les mines du Nord-Pas-de-Calais au début du XXe siècle. Après la Première Guerre mondiale, il travaille pour le compte de la Compagnie des mines d’Aniche, aux fosses Saint-René (Guesnain) et Déjardin (Sin-le-Noble). Il s’installe alors à Lallaing.
Naturalisé français en 1922, désigné secrétaire de la Fédération unitaire des mineurs de France (CGTU), ce militant communiste sillonne l’Hexagone à l’écoute des revendications des mineurs polonais notamment. Son activisme, son charisme, sa popularité auprès de la main-d’œuvre immigrée, le rendent suspect aux yeux de l’Etat français. Il est accusé de propagande révolutionnaire visant au renversement du régime (sic !). On lui reproche ses écrits dans l’Humanité.
La IIIe République procède donc (fait rarissime) à sa dénaturalisation en 1932. Dès lors, il entre dans la clandestinité mais poursuit son activité syndicale. Le 16 septembre 1934, il est arrêté à Noyelles-Godault puis incarcéré à Béthune. En dépit d’une campagne de protestation d’ampleur soutenue par de nombreux intellectuels (Malraux, Nizan), il est expulsé en Belgique. Bénéficiant de l’assistance du Secours rouge international, il trouve refuge à Bruxelles puis rejoint, en novembre 1934, l’URSS qui lui accorde l’asile politique. Thomas Olszanski ne gagne la Pologne qu’en 1945. Sa « patrie » a tourné le dos à son passé semi-féodal. Il sera l’un des bâtisseurs de la Pologne populaire. »
Jacques Kmieciak
Les Amis d’Edward Gierek