Initiative communiste publie cette chronique de la « Semaine sanglante » rédigée par les camarades du Rassemblement communiste (RC) ayant débouché sur l’écrasement de la Commune de Paris du 21 au 28 mai 1871. La particularité de cette chronique tient dans l’analyse du rapport entre internationalisme et question nationale, qui rejoint l’ensemble des analyses prodiguées par le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) depuis des années, selon une approche que ne renieraient pas Robespierre et Saint-Just, Marx et Engels, Jaurès et Thorez, ou encore Lénine. Car comme le dit si bien Jaurès en son temps : « Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup d’internationalisme y ramène ; un peu de patriotisme éloigne de l’Internationale, beaucoup de patriotisme y ramène. »
En effet, la souveraineté nationale n’est pas systématiquement – ni systémiquement – réactionnaire, car tout dépend de la classe qui exerce cette souveraineté. C’est exactement à cet enjeu que se heurtèrent les Jacobins de 1793, les Communards de 1871, les bolcheviks de 1917 ou le PCF du Front populaire, de la Résistance et de la Libération, en alliant dès les barricades de Paris de 1871 les drapeaux rouge ET tricolore, ce dernier ayant, de fait, toujours été honni et/ou souillé par les forces réactionnaires et contre-révolutionnaires ayant toujours préféré le drapeau blanc de la Réaction (1792) et de la reddition (1871), voire le drapeau à croix gammée sur les monuments publics de France pendant la guerre.
Voilà pourquoi l’alliance des deux drapeaux que porte le PRCF depuis des années, et qui s’incarne dans la campagne pour une Alternative Rouge-Tricolore pour 2022, est indissociable du combat en faveur de l’émancipation des travailleurs, comme l’exprima si bien Jaurès : « La souveraineté nationale est le socle de l’émancipation sociale ». 150 ans après l’écrasement sanguinaire des Communards, le meilleur hommage à leur rendre samedi 29 mai 2021 est encore de réaffirmer cette nécessité absolue d’associer les drapeaux de la Révolution jacobine et de la Révolution prolétarienne, sous peine d’ouvrir la voie aux réactionnaires instrumentalisant le drapeau tricolore pour masque leur haine antipopulaire, mais aussi aux forces supranationales désireuses de dissoudre l’héritage révolutionnaire et prolétaire de la République une et indivisible, sociale et laïque, souveraine et démocratique, fraternelle et pacifique, dans la mortifère « Union européenne » capitaliste, et aux forces gauchistes correspondant plus que jamais à la « maladie infantile du communisme » que fustigeait déjà Lénine.
Chronique de la semaine sanglante – 23 mai 1871 – JOUR 4
INTERNATIONALISME ET QUESTION NATIONALE
Les révolutionnaires sont toujours internationalistes… mais ceci ne veut pas dire qu’ils ne défendent pas la souveraineté nationale et populaire. Comme la résistance à l’occupant nazi contre la bourgeoisie française collaborationniste lors de la deuxième guerre mondiale, les « communards » défendaient la souveraineté de la France contre les Versaillais capitulards et contre l’occupant prussien. Il n’y avait aucun racisme germanophobe dans cette défense, mais au contraire la volonté d’autodéfense face à la facture exorbitante que Bismarck exigeait et que la jeune république bourgeoise versaillaise allait leur faire payer.
La souveraineté nationale n’est donc pas systématiquement « réactionnaire » et peut dans certaines circonstances, celles du droit des peuples, nations à l’indépendance et donc de la libération nationale, être profondément progressiste, révolutionnaire et… internationaliste ! Le révolutionnaire italien Garibaldi, héros de l’unification italienne, qui n’était pas présent sur place, avait été symboliquement élu membre de la Commune par exemple, et la colonne napoléonienne de la place Vendôme avait été abattue avec le projet d’y fondre une statue de la réconciliation franco-allemande avec des canons des deux armées.
La formule de Marx et Engels est donc tout à fait pertinente, mais quand on ne la tronque pas dans l’idée anarchiste ou gauchiste que toute défense patriotique est forcément « nationaliste » : « Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu’ils n’ont pas. Comme le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation, il est encore par là national, quoique nullement au sens bourgeois du mot. » La Commune concrétise ce qu’est le patriotisme populaire et sa différence absolue avec le nationalisme bourgeois.