Hydroxychloroquine, un espoir dans le traitement du coronavirus cov-sars-2? Il y a quelques jours nous faisions part des premiers résultats encourageants d’un essai préliminaire mené par les équipes du professeur Raoult à l’IHU de Marseille . Diminution de la charge de virus dans l’organisme, réduction de la durée de la maladie, l’essai mené sur une vingtaine de patients est très encourageant, et d’autres hôpitaux sont en train de compléter l’essai à Lille et Paris, tandis que la Belgique et l’Italie commence également l’utilisation de ce vieux médicament autrefois utilisé contre le paludisme.
Le fabriquant français SANOFI a indiqué mettre à disposition des doses permettant de traiter potentiellement 300 000 patients.
Interview de Aurélie*, atteinte d’un lupus et traitée à l’hydroxychloroquine (Plaquenil), préconisé par le professeur Raoult dans le traitement du Covid-19
Si le professeur Raoult, directeur de l’IHU de Marseille, n’a de cesse de proposer l’hydroxychloroquine (Plaquenil) dans le traitement du Covid-19, suite à la démonstration de son efficacité faite dans des publications internationales (chinoises notamment) et aujourd’hui dans son propre laboratoire, la résistance sur l’utilisation de ce médicament par l’ensemble du corps médical fait débat et parait polémique. C’est dans ce cadre que nous jugeons utiles d’apporter le témoignage qui suit.
Une de nos camardes atteinte d’un lupus erythémateux disséminé (LED), maladie de système n’ayant rien à voir avec un coronavirus, ni même un virus tout court, a tenu à témoigner de son cas personnel étant traitée, dans le cadre de sa pathologie, par de l’hydroxychloroquine (Plaquenil).
Il est donc essentiel de bien noter qu’il ne s’agit absolument pas de l’avis d’un praticien hospitalier, ni même d’un membre du personnel soignant, mais du témoignage d’une patiente non atteinte par le covid-19 (pour l’instant…) mais néanmoins traitée à l’hydroxychloroquine dans le cadre sa pathologie. Cette molécule présente des effets secondaires et des contre indications ; elle ne peut être employées en dehors d’une prescription par un médecin. De fait, le PLAQUENIL est soumis à prescription médicale obligatoire.
IC : D’abord, pourquoi apporter ce témoignage?
Aurélie : J’entends tout et son contraire sur le plaquenil. Notamment, on ne maîtriserait pas la posologie. Ça me chagrine, car je suis traitée avec ce médicament depuis 2004, suivi par un Professeur de renom dans un CHU spécialiste des centres de références dans le domaine de ma pathologie.
IC : Peux-tu nous en dire plus sur cette pathologie qu’est le lupus?
Aurélie : Le lupus est une maladie auto-immune chronique où le système immunitaire s’attaque aux tissus conjonctifs du corps. Concernant la forme dont je suis atteinte, elle se manifeste par des poussées inflammatoires d’ordres articulaires. Le lupus s’attaque également aux organes. Je crois pourvoir dire qu’il n’a rien à voir de près ou de loin avec le covid-19.
IC : Y a-t-il un traitement?
Aurélie : Oui. Mais c’est une maladie incurable. On ne peut pas en guérir, juste être en rémission. Et comme toute maladie chronique je suis amenée à prendre un traitement en continu et ce traitement est à base d’hydroxychloroquine, vendu sous le nom commercial de plaquenil.
IC : Le plaquenil, celui utilisé par les équipes du professeur Raoult à Marseille pour lutter contre le covid-19?
Aurélie : Oui, le même, enfin sauf s’il existe un homonyme! (rires) En tout cas mon médicament a bien pour molécule l’hydroxychloroquine et c’est un anti-paludéen. Bref, j’insiste, c’est le même médicament. Ce traitement de fond a été bénéfique pour moi, car, par chance, les effets du lupus sont maîtrisés.
IC : Actuellement, quelle est ta posologie?
Aurélie : Aujourd’hui, un comprimé de 200 mg tous les soirs.
IC : Tous les jours!?
Aurélie : Oui! Tous les jours, j’ai une prise quotidienne d’hydroxychloroquine et je la garderai probablement à vie! Donc vous imaginez mon étonnement quand j’entends dire qu’on ne maîtrise pas la posologie et que c’est un médicament dangereux! Soyons clair, une nouvelle fois, je ne suis pas médecin, j’ai un lupus qui n’a rien à voir avec le coronavirus.
Ce médicament a, comme tous médicaments actifs, des effets secondaires, pouvant être incompatibles avec la prise d’autres traitements où avec certaines pathologies, rétinopathie notamment. Mais comme on ne cesse de le répéter partout, c’est un vieux médicament antipaludéen, j’imagine qu’on connaît donc tous ses effets indésirables.
IC : Tu peux nous en dire plus sur les effets indésirables?
Aurélie : Je reprécise que je ne suis pas une scientifique, ni membre du personnel soignant, je parle dans le cadre de ma pathologie et de mon cas personnel et j’insiste « le cas de l’un n’est pas le cas de l’autre ». Ce médicament est mauvais pour la rétine et la cornée. Je dois faire des examens annuels pour contrôler ma vue. Néanmoins, mon ophtalmologue hospitalier m’a précisé qu’aux doses où je prenais ce médicament le risque était faible. Je rappelle que je prends ce traitement tous les jours.
IC : Tu es suivie régulièrement pour la prise de ce médicament?
Aurélie : Je suis suivie environ une fois par an, en médecine interne, au CHU. Pour l’instant j’ai de la chance, bien qu’handicapant au quotidien mon lupus est pour le moment sous contrôle. Ouf! Et le plaquenil joue un grand rôle dans la maîtrise de ma pathologie!
IC : Tu dois être sacrément étonnée de tout ce que tu entends aujourd’hui sur ce médicament!?
Aurélie : C’est le moins que l’on puisse dire! Surtout sur le fait qu’il soit un médicament dangereux! Les experts rajoutent toujours « en qu’à de surdosage »… Encore une fois, je ne suis pas médecin, mais avaler une boîte de paracétamol et les conséquences peuvent être fatales! Bien sûr qu’il y a un risque de surdosage, comme tous médicaments actifs, qui pourrait en douter!? Mais comme je l’ai dit et surtout comme le dit le professeur Raoult (il dit avoir traité 4 000 patients avec ce médicament) : c’est un vieux médicament, j’imagine que le corps médical le connaît depuis le temps!
Ajoutons encore un détail non anodin, ce médicament est très peu coûteux, la boite de 30 comprimés est vendu 4,17 € soit 13 centimes le comprimé!
IC : Et comment vont tes yeux?
Aurélie : Je vous rassure, j’y vois encore clair! Et je vais encore risquer ma vie ce soir en prenant mes 200 mg d’hydroxychloroquine… (rires)
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On ne le répétera jamais assez, il s’agit de l’avis d’une personne non atteinte par le covid-19 mais qui prend une prise journalière de plaquenil. Il ne s’agit pas d’un avis scientifique mais de celui d’un patient. Nous jugions néanmoins utile d’apporter ce témoignage dans l’actuel contexte.
*Le prénom a été modifié.