Il n’y a pas que les médias privés des oligarques capitalistes qui font la promotion permanente du Wall Street English. Car il faut se désoler d’entendre également le service public – en violation de ce à quoi il est dédié – attaquer lui aussi la diversité linguistique. Massacrant la langue français en l’envahissant de vocabulaire globish, ce sabir imposé par l’impérialisme dominant et la dictature de ses banques, de ses multinationales et de ses marchés financiers.
Et ce y compris durant les jeux olympiques. Quel mépris pour la langue française et la diversité linguistique. Alors même que le français est la langue officiel de l’olympisme, et que justement les jeux olympiques sont une belle occasion de défendre – avec la langue française – la diversité linguistique contre la dictature de la langue unique qui est celle du capitalisme mondialisé.
www.initiative-communiste.fr se devait de relayer le coup de gueule d’un journaliste citoyen, lu sur agoravox.fr, démontrant que de plus en plus les langues se délient en France pour refuser de se laisser couper la langue.
« Le français, langue de l’Olympisme », on s’en fout sur France TWO* !
par Passagenoux, lu et repris d’Agoravox
Le mardi 23 août 2016, dans l’immense entrée de France télévisions, Julian Bugier, le journaliste-présentateur du journal télévisé du 20 heures sur France 2, reçut les médaillés français des Jeux olympiques de Rio. Très bien. Les médaillés d’or, d’argent et de bronze ont été mis à l’honneur, des images sont venues rappeler leurs exploits et le journaliste n’a pas hésité à donner la parole à un maximum d’entre eux. Il a été question de Marseillaise, du drapeau tricolore, de la fierté d’être en haut du podium et de l’honneur de la France qui a du coup battu son record de médailles pour les JO, puisqu’elle en a obtenu 42, contre 40 son ancien record.
Bref, nous avons assisté à une belle et intéressante réception, mais une réception où tout de même, on a oublié de parler d’une sportive issue de nos rangs, une sportive méritante qui se bat bec et ongles de Jeux en Jeux pour rester visible et audible dans les stades, dans le village olympique, dans les médias, qui se bat, tout simplement, pour ne pas être mise sur le bord de la touche : la langue française.
En effet, en ce sens, on aurait aimé que Julian Bugier s’intéresse aussi à nos sportifs du côté linguistique, à savoir s’ils avaient pris soin de se munir d’un petit lexique français-portugais pour tenter de se débrouiller en version originale à Rio, à savoir aussi ce qu’ils ressentaient au niveau de la langue française, langue de l’Olympisme avec l’anglais (règle 23 de la Charte de l’Olympisme), si, notamment, ils pensaient qu’elle avait eu toute sa place à Rio.
La rédaction de France 2 aurait pu même inviter, pour développer le sujet, le Camerounais Manu Dibango, nommé Grand Témoin de la Francophonie pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Rio 2016 par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). La rédaction aurait également pu inviter, bien évidemment, la Secrétaire générale de la Francophonie, la Canadienne Mme Mickaëlle Jean qui était présente à Rio pour y défendre la place du français. Mais, non ! – France 2 a soigneusement évité le sujet, elle en avait fait de même d’ailleurs au JT du 20 heures, le 20 mars, journée internationale de la Francophonie où, non seulement, cet évènement ne fut pas évoqué, mais où on nous présenta un film français au titre anglais, FIVE, le tout avec un acteur invité présent sur le plateau, Pierre Niney, qui nous parla de sa première expérience EN ANGLAIS lors d’un tournage aux É-U-A.
Apparemment donc, on n’aime pas parler langue française et Francophonie sur cette chaîne publique, une chaîne publique qui a pourtant, entre autres missions, celle de veiller à la diffusion, à l’illustration, à la promotion et à la défense de la langue française.
Si en ce 23 août, Julian Bugier ne parla pas langue française et Francophonie avec nos champions, la Rédaction du JT n’oublia pas cependant de nous repasser en vidéo (pour la 3e fois de la semaine !) la Française Charline Picon en anglais, car celle-ci, après sa victoire dans l’épreuve de planche à voile, n’a pas trouvé mieux que d’adresser ses premiers mots en anglais à la presse, comme si c’était une tare de s’exprimer en français. À se demander si nos sportifs savent que la langue française est la langue de l’Olympisme et s’ils sont conscients qu’elle est en compétition serrée avec l’anglais, sa rivale, qui menace de l’envoyer dans les cordes et de l’expulser des JO à jamais.
Mais tout de même, comment ne pas comprendre que s’exprimer en anglais, dans ces circonstances, c’est donner la médaille d’or à la langue anglaise, la langue dopée par la première puissance militaire et d’espionnage de monde, une langue glottophage qui veut la mort de la diversité linguistique et culturelle de toute l’humanité ?
Et pourquoi, au lieu de capituler devant la langue hégémonique du moment, ne pas plutôt profiter du statut de notre langue au sein de l’organisation olympique pour faire nôtre la phrase du philosophe, politicien et patriote québécois, Pierre Bourgault : « Quand nous défendons le français, ce sont toutes les langues du monde que nous défendons contre l’hégémonie d’une seule » ?
L’idée est de casser l’hégémonie de l’anglais, casser l’hégémonie de l’anglais non pas pour la remplacer par une autre hégémonie, bien sûr, mais pour qu’il y ait un minimum de plurilinguisme dans la communication internationale, seule garantie de lutter contre la dictature du modèle et de la pensée uniques. À chaque langue, selon sa puissance, son rayonnement, sa spécificité, son histoire, de participer à ce combat. Nous sommes Francophones, nous combattons donc avec notre langue, le français, nous serions hispanophones, ce serait avec l’espagnol, etc. Arrêtons de culpabiliser parce que nous défendons la langue française face au rouleau compresseur unificateur anglophone, les locuteurs d’autres langues n’ont qu’à participer au combat, eux aussi.
Quoi qu’il en soit, lorsque j’ai entendu Julian Bugier clore la réception en remerciant le TEAM (sic) France – le mot Équipe ne méritant certainement plus la première place dans notre lexicographie -, je me suis dit que le combat pour maintenir la langue française à sa place aux prochains JO, n’était pas gagné d’avance et qu’il ne fallait surtout pas compter, ce qui est bien triste et scandaleux, sur France TWO*, notre chaîne publique de télévision.
* France 2