Coup à l’estomac
Décidément, pousser au gré de l’horaire, la porte de la salle obscure offre de la surprise et du bonheur. Balayée dès les premières secondes, la réserve du spectateur à qui on ne la fait pas s’évanouit au spectacle d’une ville naufragée dont il apprend avec la population la suppression des aides sociales et autres prestations.
Arthur Fleck aspire à être invité dans l’émission phare de Murray Franklin- un Robert De Niro magistral. En attendant, il survit en faisant le clown pour les enfants malades à l’hôpital, ou l’homme sandwich dans les rues violents et sales de Gotham City rongée par les folles inégalités et le chômage, et dont la population ne va pas tarder à adopter le clown comme figure allégorique de la rébellion. En situation d,angoisse ou de stress, le Joker est saisi d’un rire incontrôlable que Joaquim Phoenix module dans une inquiétante et merveilleuse gamme de timbres, de gloussements, sanglots, gémissements, raclements, de mimiques et de grimaces. Ne dévoilons pas les ressorts narratifs qui soutiennent l’attention du spectateur, les plans et séquences qui percutent son émotion, les scènes qui éveillent sa réflexion.
De “ L’homme qui rit” de Victor Hugo à “ La valse du pantin” de Martin Scorsese, les références du fil sont innombrables, à lire les critiques. Pourtant, le film est reçu aisément sans grille de lecture savante.
D’où sans doute la mutation qui s’est opérée entre la sortie du film et cette fin octobre. De succès phénoménal, il devient un événement culturel – et politique?- avec la rencontre des afficionados de la critique la plus prestigieuse et du grand public. Apparemment, tous sont sonnés par un film coup de poing en forme d’appel à la sédition dans un monde contemporain frappé de décrépitude. C’est à ce film que la Mostra a courageusement attribué le Lion d’or.
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