Le 18 juillet 1939, en une de l’Humanité, Lucien Sampaix, son responsable, dénonce la connivence entre les responsables nazis, notamment Otto Abetz ambassadeur de l’Allemagne hitlérienne à Paris, et des journalistes du Figaro et du Temps. Ceux-ci auraient touché de l’argent contre des renseignements intéréssant la défense nationale.
Ce ne sont pas le Figaro et le Temps, journaux de droite, qui vont traîner Lucien Sampaix devant la justice, mais le gouvernement français. A cette époque, la France n’est pas encore entrée en guerre.
Le secrétaire général de l’Humanité est convoqué au Quai des Orfèvres et inculpé« à la requête du ministère public » pour avoir enfreint la loi du 26 janviers 1934« en divulguant des renseignements relatifs à des enquêtes ou informations ». Bref, lanceur d’alerte à son époque contre la collusion journaux de droite et Allemagne nazie, Lucien Sampaix risque 3 000 francs d’amende et 3 ans de prison.
Le 28 juillet 1939, Lucien Sampaix se présente devant la 12e chambre correctionnelle de la Seine. Le journaliste de l’Humanité écrit que « loin de se placer sur la défensive, il établit un véritable réquisitoire contre les agents directs et indirects de Hitler en France ». S’ensuit la plaidoirie des avocats.
Vers 20h 45, après un heure de délibéré, les juges relaxent Lucien Sampaix. Le lendemain, dans toute la largeur de sa une, l’Humanité écrit: « Acquittés! L’Humanité et Lucien Sampaix avaient donc raison. »
Moins d’un mois plus tard, le gouvernement interdit l’Humanité, le 26 août 1939. Lors de la déclaration de guerre, Lucien Sampaix est mobilisé comme ouvrier spécialisé dans une usine d’armement à Levallois, mais le directeur le refuse.
Il participe à la parution clandestine du quotidien communiste. Il est arrêté par la police française le 19 décembre 1939 au titre du décret-loi sur les « indésirables ». Transféré de camp d’internement à camp d’internement, parce que « communiste dangereux », il parvient à s’évader le 25 décembre 1940. Lucien Sampaix retrouve la clandestinité et l’édition de l’Huma clandestine. Mais la police française le reprend le 27 mai 1941.
Jugé par un tribunal français, il est remis aux autorités nazies dans le cadre de la loi hitlérienne sur les otages. Il est fusillé le 15 décembre 1941 par les nazis.