Ça y est, sous prétexte de supprimer les « fausses nouvelles », les multinationales controlant internet (Google, Facebook…) de concert avec les puissant monopoles médiatiques détenus par les milliardaires ont décidé de mettre ouvertement en place un contrôle de la diffusion des informations. En clair, de soit disant algorithmes – s’appuyant en fait sur le choix des rédactions instrumentalisées en machine à censurer des groupes de presses détenus par les milliardaires (Bolloré, Niel, Dassault et Cie en France) – vont filtrer ce que google ou facebook vont vous présenter comme information. D’ores et déjà, loin de nous débarasser de « fausses nouvelles » c’est bien l’opposition politique – mouvement pour la paix, activistes anti impérialistes, médias de la classe des travailleurs anti capitaliste – qui est dans le viseur, comme en a ainsi témoigné chiffre à l’appui le World Socialist Web Site (lire ici).
Pour notre part, à Initiative Communiste, nous avons du constater également une stagnation de notre nombre de visiteurs et ce alors que le nombre de personnes suivant www.initiative-communiste.fr sur les réseaux sociaux est en forte hausse. En cause, la baisse du nombre de vue de nos publications sur facebook et la baisse importante du nombre de visiteurs en provenance de Google, les deux principales portes d’entrées de l’internet pour l’information en France. Rappelons que Google a toujours refusé jusqu’à présent de référencer votre site d’information préféré sur son portail d’actualité, google actualité.
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L’aube d’un avenir à la Orwell, par Robert Parry
Source : Robert Parry, Consortium News, 28-07-2017
Aux États-Unis, les médias dominants continuent à propager leurs propres « fake news », notamment à propos d’un « consensus » de la communauté du renseignement sur le « piratage » à l’origine du Russia-gate tandis que des algorithmes entreprennent de marginaliser les opinions dissidentes, écrit Robert Parry.
Le New York Times, semble-t-il, ne peut pas s’empêcher de reprendre un bon gros mensonge. Pourtant contraint de publier une correction embarrassante où il retirait sa fausse allégation au sujet du prétendu consensus des 17 agences du renseignement, selon laquelle la Russie a piraté les mails du Parti démocrate et les a rendus publics pour aider Donald Trump à battre Hillary Clinton, le journal remet cela en nous suggérant exactement la même chose.
Le New York Times use à présent d’un nouveau stratagème : il affirme que les allégations au sujet du piratage russe sont l’objet d’un jugement « consensuel » de la communauté du renseignement états-unienne sans préciser le nombre d’agences impliquées. Ainsi, il a publié vendredi un article de Matt Flegenheimer à propos du vote du Sénat destiné à empêcher le Président Trump de lever les sanctions contre la Russie et il emploie cette formulation fallacieuse :
« L’administration Trump s’est opposée aux sanctions contre la Russie, faisant valoir qu’elle a besoin d’une certaine flexibilité pour entretenir de meilleures relations diplomatiques avec un pays qui, selon le consensus du renseignement américain, s’est ingéré dans l’élection présidentielle de l’année dernière. »
Ainsi, au lieu d’exposer la vérité – c’est-à-dire que « l’évaluation de la communauté du renseignement » était le fait d’un petit groupe d’analystes « triés sur le volet » appartenant à trois agences, et ce, sous le regard vigilant de celui qui était alors directeur de la CIA, John Brennan, et sous la surveillance de celui qui était alors directeur du renseignement national, James Clapper – le Times choisit de donner à ses lecteurs l’impression trompeuse qu’il y avait un « consensus » au sein de la communauté du renseignement états-unien.
En d’autres termes, à moins qu’un lecteur du Times ne connaisse la vérité pour l’avoir lue dans un média indépendant comme Consortiumnews.com, il va continuer à croire que les 17 agences de renseignement étaient toutes d’accord sur ce point crucial de l’affaire du Russia-gate.
Marginaliser la dissidence
Et le Times et d’autres médias dominants continuent, de façon délibérée, à tromper leurs lecteurs et ils avancent dans leur projet visant à déployer des algorithmes Internet destinés à traquer et à marginaliser ce qu’eux, ils considèrent comme des « fake news » , y compris des articles qui mettent en cause le pouvoir que s’octroient les médias mainstream en contrôlant la version qu’ils donnent des événements.
Selon un rapport du site World Socialist West, « dans les trois mois après que Google, en situation de monopole sur Internet, a annoncé vouloir empêcher ses utilisateurs d’accéder aux ‘fake news’, nombre d’organisations progressistes de gauche, pacifistes et en faveur du respect des droits démocratiques ont vu chuter spectaculairement le nombre de leurs visiteurs dans le monde entier. »
La stratégie de Google est de déclasser les résultats de recherche pour des sites web ciblés, tout en prétendant vouloir limiter l’accès du lecteur à une information de « mauvaise qualité ». Cependant, parmi ces cibles, on trouve apparemment certains des sites Internet alternatifs les plus sérieux, comme, selon le rapport, Consortiumnews.com.
Google parraine la First Draft Coalition, créée pour faire échec aux présumées « fake news » et constituée de médias dominants comme le New York Times et le Washington Post et aussi de sites internet agréés par l’establishment comme Bellingcat, qui est intimement lié au Conseil atlantique anti-russe et pro-Otan.
Ce ministère de la Vérité moderne a vu le jour à la faveur d’une hystérie alimentée par les médias dominants au sujet des « fake news » et de la « propagande russe » au lendemain de l’élection de Donald Trump.
À Thanksgiving, l’an dernier, [24 novembre 2016], le Washington Post a publié, à la Une, un article dans lequel étaient rapportées les accusations d’un site Web anonyme, PropOrNot, pour lequel 2000 sites Internet, y compris des sites qui ont fait leurs preuves comme Truthdig, Counterpunch et Consortiumnews, étaient des organes de « propagande russe ».
Manifestement, PropOrNot avait décidé de prendre comme critère la mise en cause de la Version officielle du département d’État sur la crise ukrainienne ou sur les événements de tout autre point chaud du globe et il dénigrait tous les médias qui osaient le faire. Toutefois, le Post n’a pas donné de détails précis sur ce que ces sites Internet avaient fait pour se trouver sur cette liste noire maccarthyste.
Un avenir à la Orwell
Début mai 2017, le New York Times est entré dans le jeu avec un article élogieux sur la façon dont des algorithmes sophistiqués pouvaient purger l’Internet de présumées « fake news » ou de ce qui est, selon les médias dominants, de la « désinformation ».
Comme je l’ai écrit à l’époque, « on n’a pas besoin d’être très imaginatif pour voir comment cette combinaison de pensée unique dominante et d’intelligence artificielle pourrait créer un avenir à la Orwell où on ne donne qu’une version d’un événement et où l’autre version disparaît tout simplement. »
Après la parution de mon article, j’ai reçu un coup de téléphone d’un journaliste de la NPR, la National Public Radio (radio d’État nationale) qui projetait de faire un sujet sur cette nouvelle technologie et qui a discuté avec moi de mes inquiétudes. Cependant, après que je lui ai expliqué en détail pourquoi il s’agissait là, pour moi, d’une situation où le remède était pire que le mal, je n’ai pas été invité à l’émission de la NPR.
En outre, pour ce qui est du petit nombre de « fake news » publiées volontairement, aucune n’a pu être imputée à la Russie, en dépit des immenses efforts déployés par les médias états-uniens pour trouver un lien quel qu’il soit. Le jour où ces médias dominants ont dépisté une source de « fake news », celle-ci s’est trouvée être un jeune entrepreneur qui essayait de gagner un peu d’argent en attirant beaucoup de visiteurs sur son site.
Par exemple, le 26 novembre 2016, alors que, dans les jours qui ont suivi l’élection de Trump, l’hystérie anti-russe se déchaînait, le New York Times a publié un article relativement objectif à propos d’un site Internet de « fake news », révélant qu’il n’était pas du tout lié à la Russie mais qu’il avait été créé par un étudiant géorgien sans emploi qui utilisait ce site à Tbilisi pour gagner de l’argent en promouvant des articles pro-Trump.
Le propriétaire du site, Beqa Latsabidse, 22 ans, a affirmé avoir essayé au départ de faire paraître des articles favorables à Hillary Clinton mais cela s’était avéré trop peu rentable et il était donc passé aux articles anti-Clinton et pro-Trump, que leur contenu soit exact ou non.
Nous condamnons certes sans réserve ceux qui fabriquent intentionnellement des « fake news » et des « théories conspirationnistes » sans fondement, mais c’est une effrayante et dangereuse perspective que de voir attribué au Times et à un groupe de médias approuvés par Google le pouvoir d’interdire au public d’accéder à une information mettant en cause des pensées de groupe tout aussi stupides.
Doutes sur le Russia-gate
Même si le gouvernement russe n’a pas piraté les mails du Parti démocrate et ne les a pas fait passer à WikiLeaks – accusation réfutée à la fois par le Kremlin et WikiLeaks – personne ne prétend que ces mails étaient faux. En fait, tout prouve qu’ils étaient vrais et tout à fait dignes de faire la Une.
Pendant ce temps, les accusations du gouvernement des États-Unis contre la chaîne russe, Russia today, ont plus à voir avec son traitement de sujets susceptibles de nuire à l’establishment comme les manifestations Occupy Wall Street, la fracturation pour la recherche de gaz naturel et les opinions des petits candidats à la présidentielle qu’avec sa publication de fausses nouvelles.
Dans certains cas, des responsables du département d’État ont fait de fausses allégations en attaquant RT.
La frénésie actuelle autour du Russia-gate est un exemple particulièrement effrayant de la façon dont les conclusions contestables du gouvernement et les mensonges des médias dominants peuvent pousser le monde vers l’annihilation nucléaire. La certitude affichée par les médias dominants à propos de la culpabilité de Moscou en est l’illustration alors même que des experts bien informés ont exprimé de sérieux doutes, certes presque uniquement relayés sur des sites alternatifs.
Vous pouvez y lire, par exemple, l’avertissement de Scott Ritter, ancien inspecteur en armement des Nations-Unis, au sujet des leçons qui n’ont pas été retenues après la débâcle d’ Irak ou encore l’opinion des anciens professionnels du renseignement qui ont mis en cause l’exactitude du rapport du 6 janvier sur le piratage russe.
Peut-être que ces inquiétudes n’ont pas lieu d’être et que le rapport du 6 janvier est exact, mais la poursuite de la vérité ne doit pas consister simplement à s’adjuger les opinions de quelques analystes « triés sur le volet » qui travaillent pour des responsables politiques, comme Brennan et Clapper. Ce qu’on considère comme la vérité doit être mis rigoureusement à l’épreuve et confronté à des points de vue alternatifs et des arguments contradictoires.
Cette attitude est un principe essentiel depuis l’époque des Lumières : la vérité émerge après avoir été confrontée à des opinions opposées parmi celles existant dans la foire aux idées. Remplacer cette très ancienne vérité par des algorithmes qui se déchaînent pour imposer la Version officielle est une menace bien plus grave pour un électorat non informé et pour la santé de la démocratie que les occasions relativement peu nombreuses où un gamin fabrique une fausse nouvelle pour augmenter le nombre de visiteurs sur son site.
Et si cette nouvelle façon de marginaliser les opinions dissidentes prospère, qui va demander des comptes au New York Times quand il trompe intentionnellement ses lecteurs en s’exprimant de manière fallacieuse au sujet du « consensus » de la communauté du renseignement des États-Unis sur la Russie et les e-mails du Parti démocrate ?
Le journaliste d’investigation Robert Parry a révélé plusieurs affaires Iran-Contra pour The Associated Press et Newsweek dans les années 80.
Source : Robert Parry, Consortium News, 28-07-2017
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.