C’est à l’Union Soviétique que l’Europe doit principalement sa libération des griffes du nazisme. Ce 27 janvier, qui peut oublier que ce sont ses soldats de l’Armée rouge qui ont libéré Auschwitz ? Qui peut oublier que ce sont les Soviétiques qui ont supporté, longtemps seuls, la quasi totalité de l’effort de guerre pour détruire le IIIe Reich ? Plus de 25 millions de Soviétiques ont payé de leur vie la libération de l’Europe.
Pourtant, la propagande anticommuniste, guère différente au fond de celle qui appelait dans les années 1930 et 1940 à l’unification de l’Europe contre le Bolchévisme, se fait plus vociférante, à l’image de l’ignoble résolution révisionniste adoptée par le parlement européen le 19 octobre 2010, en contradiction d’ailleurs avec celle adoptée par l’ONU (lire ici).
Le président russe, a ces derniers jours, lors d’une rencontre avec des vétérans de l’armée soviétique, promis «Nous allons fermer la bouche ignoble de certains responsables à l’étranger qui l’ouvrent pour atteindre leurs buts politiques à court terme, nous la fermerons avec des informations exactes et fondamentales», « Et nous faisons taire ceux qui tentent de réécrire l’Histoire, de la présenter sous un faux jour et de réduire le rôle de nos pères et nos grands-pères, de nos héros, qui ont perdu la vie en défendant leur patrie et presque le monde entier contre la peste brune»
Rappelons que la publication en 2017 de documents gardés secrets depuis plus de six décennies – des milliers de documents inédits sur le génocide juif émanant de la Commission des crimes de guerre des Nations unies – a montré d’après l’historien Dan Plesch une inaction certaine de la part de la Grande Bretagne ou des USA alors que ces derniers savaient dès 1942 l’extermination en cours. Notamment ce dernier indique que les membres du ministère américain des Affaires étrangères craignaient que les relations économiques germano-américaines soient mises à mal après la guerre si des poursuites contre les dirigeants nazis se concrétisaient… L’historien expliquait en 2017 : « parmis les raisons données par les politiciens américains et britanniques pour limiter les procès contre les nazis, il y avaient la conviction qu’au moins certains d’entre eux seraient utiles pour reconstruire l’Allemagne et combattre le communisme, ce qui a ce moment était considéré comme le plus grand danger ».
Ce n’est qu’après la libération des camps à l’été 1945, et la médiatisation qui l’accompagna, que les dirigeants occidentaux ont été contraint d’accepter la tenue du procès de Nuremberg.
LE 27 JANVIER 1945 L’ARMÉE ROUGE LIBÉRAIT AUSCHWITZ
La journée du 27 janvier est la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes du génocide des juifs d’Europe par le fascisme hitlérien et ses alliés.
Cette date a été choisie car elle est celle de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz par l’Armée Rouge.
Hommage aux victimes de la barbarie nazie mais aussi au rôle libérateur de l’Union Soviétique.
C’est suffisamment rare pour être relevé à l’heure où les médias chiens de garde du capitalisme, tentent de faire de l’ Armée Rouge une bande de pillards, elle qui a perdu onze millions de ses hommes et femmes pour écraser le nazisme et libérer l’Europe.
Auxquels il faut ajouter les 3 millions de prisonniers de guerre soviétiques assassinés par les Allemands, soit plus de 50% des prisonniers.
Et rappelons aussi les 17 millions de victimes civiles en URSS durant la guerre d’extermination menée en Union Soviétique par les hitlériens.
Cette journée du 27 janvier est donc l’occasion de rappeler la vérité des faits à la jeunesse du monde sur cette période historique centrale du XXe siècle.
L’Armée Rouge a mis fin à l’holocauste et au nazisme – par G. Roberts
“Il faut aujourd’hui se souvenir que sans les efforts de l’Armée rouge, les nazis auraient pu mener a terme leur tentative de génocide des juifs d’Europe.”
Par Geoffrey Roberts
Voici une traduction de son article de l’Irish Examiner tel que publiée par le site de la Librairie Tropiques. Retrouvez en complément la présentation de son livre visible .
Auschwitz libéré par l’armée rouge
La commémoration du 70e anniversaire de la libération d’Auschwitz par l’Armée rouge
a été entachée d’une controverse. Lors de la commémoration du 60e
anniversaire, il y a une décennie, le président russe Vladimir Poutine
avait été le conférencier-vedette des cérémonies qui eurent lieu à
l’ancien camp d’extermination nazi en Pologne. Cette année, il n’était
pas le bienvenu. Alors que les dirigeants mondiaux se sont réunis à
Auschwitz, Poutine a présidé une cérémonie dans le musée juif de Moscou,
où il a dénoncé ceux qui tentent d’exclure l’Armée rouge de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.
En 2005, les relations de la Russie
avec l’Europe et les Etats-Unis étaient relativement bonnes.
Aujourd’hui, ces relations sont obérées par le parrainage russe du
séparatisme ukrainien, en particulier son soutien à la sécession de la
Crimée de l’ancienne république soviétique.
De fait, le président Polonais a tourné son discours lors de la
commémoration d’Auschwitz, mardi dernier, en sorte de présenter
l’occupation de son pays par deux totalitarismes : le nazisme et le communisme1.
Ainsi, pour ce genre de critique extrémiste, Poutine est un nouvel
Hitler, un leader autoritaire guidé par les ambitions expansionnistes de
la puissance russe et de son territoire. Pourtant, du point de vue de
ses partisans, les actions de Poutine en rapport avec l’Ukraine ont été
simplement défensives et réactives.
En dépit de ces controverses contemporaines,
le fait établi est que c’est bel et bien l’armée soviétique qui a mis fin à l’holocauste à Auschwitz, comme elle l’a fait dans la plupart des autres camps de concentration allemands.
L’exclusion de Poutine de cette commémoration
importante était donc d’autant plus amèrement inconvenante que son
homologue ukrainien, Petro Porochenko2, fut invité et présent à la cérémonie.
Auschwitz (en polonais, Oswiecim) fut reprise par Premier Front
ukrainien du maréchal Koniev à la fin de Janvier 1945. De nombreux
Ukrainiens ont servi dans les armées de Konev – y compris certains de
ceux qui ont été parmi les premiers à entrer Auschwitz – mais la
majorité de ces troupes étaient russes. Cette unité fut intitulée
« Front ukrainien » du nom de sa principale zone d’opérations avant
qu’elle eut à combattre dans le sud de la Pologne au début de 1945.
Auparavant, elle avait été appelée le « Front de Voronej ». Après la
libération d’Auschwitz, les troupes de Konev continuèrent vers Prague et
participèrent à la bataille de Berlin en Avril 1945.
Auschwitz ne fut pas le premier camp de la mort libéré par l’Armée
rouge. Cette douteuse distinction revient à Maidenak en Pologne de
l’Est, qui a été investie lors de l’avancée des forces soviétiques en
Juillet 1944. La «libération» de Maidenak a été suivie par celle des
camps de Belzec, Chelmno, Sobibor et Treblinka – terrains de massacre où
plus de deux millions de victimes furent exterminées – pour la plupart
d’entre elles des Juifs des ghettos créés par les nazis pour concentrer
et contenir les populations juives de Pologne et l’Allemagne.
De même les missions de libération accomplies par l’Armée rouge ne
furent pas obtenues sans sacrifices : des milliers de soldats
soviétiques sont morts dans les combats lors de l’approche de ces divers
camps de concentration.
Les relations de meurtres de masse, de ravages et de destructions causés
par les nazis étaient un des thèmes de base des reportages de guerre
soviétiques. Mais, quand il en vint à décrire Maidenak, l’écrivain et
journaliste soviétique, Konstantin Simonov, dut avertir ses lecteurs que
ces horreurs étaient au-delà de l’imagination humaine et de la
compréhension; non pas simplement le théâtre de nouvelles atrocités,
mais lelieu de l’assassinat systématique à une échelle de masse.
Lorsque les soldats soviétiques arrivèrent sur
Auschwitz ils s’attendaient à investir un grand camp de prisonniers et à
être accueillis comme des libérateurs. Ce qu’ils ont découvert a
bouleversé leurs sensibilités pourtant déjà bien aguerries. Peu parmi
les 8000 survivants ont pu parler ou simplement bouger et encore moins
accueillir les Soviétiques. En fait ils étaient même terrifiés à l’idée
de voir arriver de nouveaux bourreaux.
Le colonel Anatoly Shapiro se souvient : «J’avais déjà vu beaucoup
d’innocents tués. J’avais vu des gens pendus. J’avais vu des gens
brûlés. Mais je n’étais pas encore préparé à Auschwitz ».
Shapiro se souvient aussi des premiers indices probants des assassinats de masse « Nous avons découvert des montagnes de dents artificielles, de lunettes et de cheveux humains ».
Dans la caserne des enfants, il y avait seulement deux survivants, le
reste gazés ou morts comme des sujets d’expériences médicales horribles.
Un autre officier soviétique a rappelé que lorsque les équipes de
nettoyage sont allées inspecter les cheminées des crématoires, ils ont
trouvé des dépôts de graisse humaine sur les murs 45in (115cm)
d’épaisseur.
Ce que l’Armée rouge avait découvert à Auschwitz ce n’était pas un camp,
mais un complexe de camps occupant une superficie de 20 km2. Beaucoup
de soldats soviétiques furent étonnés par ces dimensions qui attestent
de l’ampleur de l’extermination de masse et du fait qu’Auschwitz était à
l’origine un site industriel de travail d’esclaves géré par les SS.
Les premiers prisonniers furent des polonais et des prisonniers de guerre soviétiques. La
plupart d’entre eux sont morts du fait des conditions dans lesquelles
les nazis les firent travailler à la production de caoutchouc
synthétique pour la machine de guerre allemande, tandis que d’autres
furent victimes des premières expériences d’assassinat de masse par
gazage.
C’est à Auschwitz que les Allemands ont perfectionné leur méthode de
gazage de masse dans des pièces déguisées en douches. Les massacres
précédents avaient été menés par fusillade, ou avec de explosifs, ou en
intoxiquant au monoxyde de carbone, dans des camions spécialement
conçus. Mais les nazis avaient trouvé ces méthodes à la fois inefficaces
et trop pénibles pour les bourreaux.
Environ 1million de personnes sont mortes à Auschwitz. La grande
majorité étaient juives mais de nombreux Tsiganes, des homosexuels et
des communistes allemands furent également au nombre des victimes. Après
1945, Auschwitz en vint à symboliser ce qui allait être reconnu comme
l’Holocauste – l’assassinat en masse par les nazis de la communauté
juive européenne, 80% d’entre eux ont été tués pendant la guerre.
Auschwitz était le seul parmi les camps à être la destination finale des
Juifs qui avaient été déportés de toute l’Europe: parmi eux 25 000
Belges, 75 000 Français, 100 000 Néerlandais et 300.000-400.000
Hongrois.
Les juifs Danois ont survécu uniquement parce qu’ils ont été secrètement
évacués à travers la Baltique vers la Suède neutre. Ce qui est arrivé à
Auschwitz et d’autres camps était horrible delà de l’exprimable, mais
la clé de la compréhension de l’Holocauste c’est de savoir qu’il a commencé en Juin 1941, sur le front de l’Est après l’invasion allemande de l’Union soviétique. Hitler voyait l’Union soviétique comme un État judéo-bolchevique, une combinaison tout à fait répugnante à ses yeux, parce que le führer nazi était aussi anti-communiste qu’il était antisémite.
Ainsi, les Allemands ont consciemment mené une guerre
d’anéantissement en Russie, massacrant indistinctement tous les Juifs
et les communistes qui dirigeaient l’État soviétique3.
Dans un premier temps, les pelotons d’exécution SS ont exécuté des
hommes valides, capturés sur le soupçon d’être juifs ou communistes.
Mais bientôt la SS se mit à perpétrer le massacre de communautés juives entières.
La plus célèbre atrocité a eu lieu en Septembre 1941 : le massacre de Babi Yar, où 30 000 juifs, hommes, femmes et enfants ont été tués dans un ravin tout juste à l’extérieur de Kiev – un acte de représailles pour punir un attentat à la bombe qui avait tué un certain nombre des soldats allemands dans la capitale ukrainienne .
On estime que 1 million de juifs soviétiques ont été exécutés en 1941-1942, une tâche énorme pour laquelle la SS dut être secondée par l’armée allemande et par les antisémites et anti-communistes locaux, un bon nombre d’entre eux étaient des ultra-nationalistes ukrainiens.4
Cette extermination en masse sur le front de l’Est devait fournir le modèle de la soi-disant « solution finale » que les nazis apportaient à « la question juive en Europe ».
Dès 1933, lorsque les Nazis parvinrent au pouvoir en Allemagne, ils persécutèrent les juifs en forçant beaucoup à émigrer. Après la déclaration de guerre en 1939, les nazis raflèrent juifs polonais et allemands, les parquèrent dans des ghettos urbains ceinturés, et envisagèrent de les déporter en Afrique ou les refouler profondément en Russie – un plan contrarié par leur échec à conquérir l’Union soviétique.
Finalement, les nazis résolurent de faire travailler à mort les Juifs qui en étaient capables et de tuer les autres. D’où la tristement célèbre séparation des prisonniers arrivant à Auschwitz entre ceux jugés aptes au travail et les femmes, les enfants, les malades et les personnes âgées envoyés directement dans les chambres à gaz. Auschwitz et l’Holocauste ont eu lieu dans un concours extraordinaire de circonstances de guerre, mais à leur racine il y avait une idéologie raciste et un leader fanatique dirigeant un régime barbare.
Le régime hitlérien a été en grande partie détruit par l’Armée rouge, qui pour cela a du supporter des millions et des millions de morts pendant la guerre.
Sans l’Armée rouge et les sacrifices du peuple soviétique,
surtout les Russes, les nazis auraient été en mesure de réaliser et
d’achever leur tentative de génocide des Juifs d’Europe.
Geoffrey Roberts
1 NdT : à l’instar des idées fausses désormais diffusées par les nouveaux « manuels scolaires » français.
2 NdT : Allié aux néo-nazis ukrainiens de Svoboda et Pravy Sektor
3 NdT : pour cette idéologie nazie se revendiquant déjà « européenne » (et « occidentale »), les bolchéviques cumulaient 3 tares conçues comme congénitales : être slaves (donc juste bons à l’esclavage par les « aryens »), en plus d’être communistes (donc totalitaires et ennemis des libertés individuelles) et plus encore juifs (donc sous-race/religion à éliminer par souci de pureté ethnique et spirituelle).
4 NdT : aujourd’hui alliés du gouvernement de Porochenko, voir les Einsatzguppen
Traduction de l’article de l’Irish Examiner. source : http://www.librairie-tropiques.fr/2015/02/l-armee-rouge-a-mis-fin-a-l-holocauste-et-au-nazisme.html
Geoffrey Roberts est membre de la Royal Historical Society, professeur d’histoire moderne à l’Université de Cork en Irlande il est actuellement à la tête de l’École d’histoire à l’UCC. Il a remporté de nombreux prix et distinctions universitaires, y compris une bourse Fulbright à l’Université de Harvard et tituliare de l’Irlande Senior Research Fellowship. Il est un des commentateurs les plus notoires et les plus autorisés de l’histoire et de l’actualité des journaux britanniques et irlandais. Il est contributeur au « History News Service », qui syndique des articles des médias américains. Très présent sur les médias anglo-saxons, il y est conseiller historique de séries documentaires. Spécialiste de l’histoire diplomatique et militaire soviétique de la Seconde Guerre mondiale.
Son dernier livre traduit en français : « les guerres de Staline » (éditions Delga 2014) est depuis sa parution (en 2005) le livre de référence des universités du monde entier sur l’URSS et Staline dans la seconde guerre mondiale.
Une gloire indiscutable, acquise au cours de la Seconde Guerre mondiale, impuissante toutefois à rendre le communisme attractif. Il y a une raison à cela, que les faits d’armes ne parviennent pas à compenser.