Un cri de colère de Brigitte Pascall sur son blog.
1°)- Brigitte Pascale : « Marx définit l’émancipation humaine, lorsque le Peuple réintègre l’action politique dans le champ social. Et s’émancipe pour toujours des professionnels de la politique autonomisés des vies ordinaires, vivant grassement de la vie politique, sur la manne de l’argent public.
La théorie politique participe de ce processus d’aliénation de chacun, en définissant la sphère politique comme étant « supérieure et extérieure » aux individus. Le champ politique devient l’instance « autonome », « professionnalisée », prenant officiellement en charge la question des rapports humains. Marx propose de s’affranchir des professionnels de la Politique, en confiant les choix politiques au Peuple lui-même (cf son ouvrage : « La question juive »).
Le propos de Marx est d’une grande pertinence, grande actualité. Aujourd’hui, la Politique se définit par des « leaders charismatiques » incarnant à merveille cette autonomisation du Politique vis à vis du champ social. Leaders charismatiques, hier Mitterrand, aujourd’hui Mélenchon, qui n’ont eu de cesse de trahir la confiance placée en eux de leurs propres électeurs.
1)-MITTERRAND, LA FARCE TRANQUILLE !
A)-Le Programme Commun, un programme de rupture !
Le Programme Commun, signé en 1972 par le PS et le PCF, François Mitterrand et Georges Marchais propose des avancées sociales significatives. Ce n’est pas moi qui le dit mais le radical Alain Badiou observant : « La réalisation du Programme Commun représentait des concessions majeures. Il y avait une renationalisation de la quasi totalité du crédit..Il y avait la nationalisation de plusieurs grands groupes. C’était un programme formidable en réalité ! Bien plus important par exemple que celui du Front Populaire »(sic) (cf son ouvrage : « Éloge de la politique », édition Café Voltaire-Flammarion, 2017)
B)-Mais ce programme n’a eu de cesse de se modifier au cours des années 70, indépendamment des souhaits du « Peuple de gauche » resté fidèle à la première version intransigeante, que vient de rappeler Alain Badiou. Car le discours du leader charismatique Mitterrand a beaucoup changé au cours de la période : 1971-1980. Jean Lacouture, dans le premier tome de sa biographie de Mitterrand intitulée : »Les risques de l’escalade », édition du Seuil, 1998, restitue tout à la fois l’homme du discours d’Epinay et celui du slogan : la « force tranquille » imagine par Séguéla en 1980.
B-1°)-Personne n’a oublié le discours du congrès d’Epinay, rappelé par Jean Lacouture. Voilà ce que Mitterrand déclare au congrès d’Epinay de 1971:
« Réforme ou Révolution ? La Révolution est d’abord une rupture. Celui qui ne consent pas à la rupture ne peut pas être membre du Parti socialiste. Le véritable ennemi, celui qu’il faut déloger est le monopole. Terme extensif pour désigner toutes les puissances de l’argent, qui corrompt, qui achète, qui écrase. l.’Argent qui tue, l’argent qui pourrit jusqu’à la conscience des hommes »(sic) (cf extrait de l’ouvrage de F. Mitterrand, « Politique », page 532).
Mais ce beau discours enflammé contre l’argent pourrissant l’âme humaine va s’estomper au fil des ans, au profit de la pure « com' »(=bobard) de Séguéla à l’origine du slogan du PS de 1980 : « La force tranquille ». On n’a pas oublié l’image de la petite église de campagne. Mitterrand aurait préféré : « Pour une France forte et tranquille » explique Jean Lacouture,, qu’importe ! Lacouture reconnaît qu’il en résulte « une version apaisée, conviviale, rurale, débonnaire »(sic) du Chef de l’Opposition. Plus à même de conquérir un électorat centriste que la jeunesse post-68arde des « années rouges », pour reprendre la formule d’Alain Badiou.
B-2°)-Le tournant de la rigueur.
Mais, comme dit si bien l’adage : » tombé très bas, on peut toujours tomber plus bas ». Deux ans après avoir fait semblant de mettre en oeuvre, non plus le Programme Commun de 1972, mais les « 110 propositions » rédigées par Jean-Pierre Chevènement, toute démarche réformatrice, keynésienne de gauche est abandonnée du jour au lendemain en 2003, sur ordre de ce même Mitterrand. Pour des raisons strictement idéologiques analyse le sociologue Frédéric Lebaron dans un article non publié.
Résultat : les salaires ne sont plus indexés sur le coût de l’inflation, soit un pactole de 380 milliards de francs offert aux employeurs stupéfaits explique Martine Orange. Le pouvoir Mitterrandien laisse filer sciemment le chômage, la pauvreté de masse, afin que les grandes entreprises retrouvent leur taux de profit. Résultat : le chômage passe de un million (1980) à deux millions (1988).
Bertrand Fragonard , haut fonctionnaire, conseiller de Simone Veil, est obligé de créer de RMI en 1988, cf l’ouvrage de Philippe Askenasy : « Les décennies aveugles. Emploi et Croissance : 1970, 2010 », édition du seuil, 2011. P Askenasy analyse : « c’est pour répondre à cette urgence sociale, que le Gouvernement Rocard réalise sa principale mesure sociale, le RMI »(sic). On voit comment on est passé de la rupture avec le capitalisme, avec ce maigre filet de sécurité existant déjà en Angleterre et Outre Rhin. On rappelle que Bertrand Fragonard est un ancien responsable syndical de Force Ouvrière, appartenant à la droite sociale. Donc, cette proposition de création du RMI, ne figurant même pas dans le programme commun de 1972, ni dans les 110 propositions de J-P. Chevènement, sera in fine, au Panthéon de l’Histoire, la seule réalisation de « goche » des deux septennats Mitterand.
Mitterrand, c’est la « farce tranquille », pour reprendre le titre du livre d’Alain Bihr et Jean-Pierre Garnier, auteurs marxistes, dont nous partageons évidemment l’analyse 5 sur 5.
2°)- Jean-Pierre Combe, militant du PRCF : « Pourquoi intégrer la politique dans les activités quotidiennes des citoyennes et des citoyens? C’est pour une raison simple: la politique consiste à conduire l’économie, de la production jusqu’à la consommation, et l’économie est ce dont dépend la vie de chacune et de chacun d’entre nous!…
Par conséquent, faire de la politique une profession revient à mettre nos vies entre les mains d’une catégorie professionnelle particulière, qui devra se tenir écartée de la société, de la vie sociale, simplement parce qu’elle ne peut recueillir autrement les données nécessaires à l’exercice de sa fonction; mais ce faisant, elle se condamne à ne percevoir qu’une faible partie de ces données, et donc, à travailler en fonction de l’activité d’une minorité; ce n’est pas un hasard si cette minorité est celle des riches, de ceux qui possèdent les moyens nécessaires à la production…
Comment résoudre ce cercle vicieux? En le rompant, en reconnaissant au simple membre de la société le droit de faire valoir ses raisons d’intervenir en politique, qui sont liées à ses droits de vivre les plus élémentaires; mais pour cela, il faut briser les règles de propriété qui assurent aux plus riches le contrôle des moyens de produire; il faut confisquer les biens que contrôlent les propriétaires des plus gros capitaux, établir la propriété sociale et lui soumettre ces biens!… C’est seulement de cette manière que les citoyennes et les citoyens intègreront vraiment la fonction politique dans le domaine de leurs compétences communes; de plus, LA DÉMOCRATIE DIRECTE est au bout du développement de cette démarche!…
Demain : suite et fin de mon article : je parle de JLM et de la France Insoumise