Lecteurs d’IC vous avez déjà pu lire ici la démonstration qu’il n’y a pas de problème de financement des retraites : Il n’y a aucune difficulté pour payer les retraites : les vrais chiffres ! . Et également prendre connaissance des propositions des communistes avec le programme proposé par le PRCF et la pétition lancée pour la retraite à 60 ans.
Après l’analyse des propositions du PCF ( Retraites : analyse des propositions du PCF), Initiative Communiste vous propose une analyse de celles de la France Insoumise.
Des auspices favorables
Les députés de la France Insoumise ont présenté leurs propositions pour les retraites dans un document intitulé: « Retraites contre projet de la France Insoumise pour des jours heureux »
Ce projet présente bien des qualités.
Il s’inscrit très clairement dans le sillage du programme du CNR, ce que signifie son titre avec le rappel des jours heureux, mais aussi parce qu’il cite le ministre Ambroise Croizat inventeur de la sécurité. (On regrettera qu’il ne soit pas précisé ministre communiste.)
Un projet résolument politique
Il s’inscrit aussi dans l’héritage du programme du CNR en s’affirmant comme un projet résolument progressiste.
Au delà des propositions principales :
- retraite à 60 ans
- 40 annuités
- retraite calculée sur les 10 meilleures années
- minimum vieillesse égale au seuil de pauvreté
- retraite égale au minimum au SMIC pour une carrière complète ; au delà des critiques dures et pertinentes portées à la fois contre la situation actuelle et contre les conséquences prévisibles du projet (ex) Delevoye- Macron-Berger-UE, au delà de la dénonciation des mensonges enveloppant le situation réelle de notre régime par répartition et ceux couvrant les scélératesses à venir, c’est un projet résolument politique s’opposant au projet politique Macron-UE et montrant clairement que « la pauvreté des retraités est un choix politique »
Alors que l’environnement économique et sociale de l’après guerre était celui de la reconstruction et de la bataille de la production, le projet des députés FI entend rompre avec le modèle économique productiviste et consumériste du capitalisme pourrissant.
En cela ces propositions rejoignent quoique beaucoup plus timides celles du PRCF.
En plus timide et même en réalité sur le mode social-démocrate puisque jamais le système économique et social n’est qualifié de capitalisme ou d’impérialiste et n’est donc combattu comme tel.
C’est un projet qui refuse la précarité, la définissant comme une forme de pénibilité, et qui entend pour la combattre définir de nouveaux droits
- Définition des facteurs de pénibilité par les professionnels
- Harmonisation des critères de pénibilité par le haut
- Critères appliqués de façon collective (par métier donc)
- Précarité reconnue comme une forme de pénibilité.
- Périodes passées dans ces métiers (pénibles) ouvrant droit à des trimestres supplémentaires validés.
- Intégration des périodes de RSA
- Suppression de la décote sur les carrières incomplètes (1,25% par trimestre manquant)
- Augmentation de la retraite au 1er enfant= 500€ annuels par enfant jusqu’au 4ème pour les femmes retraitées,
- Indexation des retraites passées sur les salaires mais curieusement les députés proposent l’indexation des retraites sur les prix et non pas le rétablissement de l’indexation sur les salaires.
- gestion par les travailleurs et rétablissement des élections directes aux organismes de gestion de la sécurité sociale.
On regrettera cependant qu’il ne soit pas précisé que dans une volonté politique progressiste et sociale il ne soit pas dit que la précarité doit être combattue avec la dernière énergie. Comme on peut le constater aujourd’hui la pénibilité est l’os à ronger que le gouvernement a jeté à la CFDT et autres syndicats jaunes.
Dans la même veine on regrettera, outre la référence mal venue aux ‘cotisations patronales’, l’absence d’une réflexion plus poussée sur les politiques économique et sociale
On ne peut en effet à la fois repousser le productivisme et le consumérisme sans évoquer le parasitisme grandissant du capitalisme mortifère.
Ce qui oblige à repenser entièrement l’instrument de mesure de la production (la valeur ajoutée) à savoir le PIB. Certes il est dans un premier temps commode de se référer à cet agrégat pour soutenir une volonté de pérenniser et renforcer le système des retraites mais il faut aussi commencer de mettre en cohérence les politiques économiques et sociales et leurs critères de mesure.
Financer les retraites
Le projet des députés de la France Insoumise est relativement précis, mais parfois un peu flou, quant au financement des prestations de retraite.
Rappelant que le COR lui même estime le besoin de financement du système tel qu’il est aujourd’hui à 10 milliards € à horizon 2025, le projet FI est de porter l’effort de financement à 16% du PIB à horizon 2024 puisque dans le système par répartition amélioré et étendu les besoins de financement seront plus importants.
A très court terme les député FI rappellent que plusieurs sources peuvent être mobilisées :
- suppression des niches sociales: 5 milliards € ;
- suppression de l’ex CICE transformé en CITS soit des exonérations pérennes de cotisations sociales sans aucune contrepartie ;
- réintégration dans l’assiette des cotisations des formes détournées de salariat : intéressement, participation, options sur actions, épargne salariale.
A moyen terme : contribution dès 2024 de la CADES à hauteur de 24 milliards
Mais surtout à plus long terme et c’est le point essentiel des propositions un nouveau mode de production des richesses et un partage plus favorable au travail.
L’augmentation des salaires entrainera le gonflement de l’assiette. L’égalité salariale hommes/femmes apportera 5 milliards de recettes supplémentaires par an. La cotisation vieillesse déplafonnée portée au taux de 2,3% 4,4 Mds € et la cotisation plafonnée portée) 15,45%, 20 milliards
Pour ce qui est d’un autre partage de la valeur ajoutée le déplacement de 2 points de PIB en faveur du travail, alors que le capital en absorbe 8 pour 150 milliards de dividendes, suffisent pour l’équilibre du système dans 20 ans.
Enfin les députés FI en appellent à une ‘stratégie de planification écologique’ subordonnée à la règle verte et estiment que l’objectif de 100 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2050 nécessite la création de 400.000 emplois ; une nouvelle agriculture paysanne non intensive 2000 à 300.000 ; un plan pour une économie pour la mer 200.000. Or 100.000 emplois représentent 1,3 milliards de cotisations.
Dans ces propositions aussi justes soient-elles on ne peut que constater que les députés de la France Insoumise restent au milieu du gué
On peut appeler de ses vœux un mode de production qui n’épuise pas les hommes et la nature, comme le soulignait Marx à propos du capitalisme rien n’arrivera sans lutter pour sortir du capitalisme. Les députés de la France Insoumise n’évoquent même pas la responsabilité de l’Union Européenne dans la destruction systématique des protections sociales partout en Europe.
Et il ne peut s’agir seulement d’en appeler à l’écologie, notion porteuse de bien de dérives avérées mais plus encore d’assurer par une politique industrielle puissante, l’indépendance de la France. Or sur ce sujet le projet est muet.
Lutter contre la pénibilité est une chose encore faut-il s’attaquer à la racine du mal et œuvrer à la reconquête du travail par les travailleurs.
On peut donc dire que la France Insoumise est plus une France Indignée qu’une France Insurgée.
MC pour www.initiative-communiste.fr
Pas d accord pour dire que le programme de LFI s inspiré de celui du CNR : ou figure ce qui constituait le socle de ce programme : la mise en place d un systeme unique et universel avec une integration de tous les regimes dans le regime general avec un alignement progressif sur les regimes speciaux plus avantageux en fonction de l evolution positive du PIB ( loi du 22 mai 1946 ) ? …le programme de LFI est un copie colle de celui de la CGT et concerne essentiellement les affiliés du regime general , oublie totalement les non salaries et offre très peu d avancée aux regimes speciaux alors que le contre reforme MACRON va entraîner la casse de tous les regimes …en résumé le programme de LFI est incomplet et en refusant de mettre en place un vrai systeme universel avec un alignement par le haut n oppose pas une réponse adéquate a MACRON
LFI revendique le retour au départ en retraite a 60 ans mais en repoussant la durée de cotisations nécessaires à 40 ans au lieu de 37 années et demies , elle limite l accès à ce droit à ceux qui ont commence a travailler au plus tard à 20 ans …quelle générosité ! »