Le ministre de l’Éducation, Blanquer, se refuse à mettre en place un protocole sanitaire digne de ce nom dans les écoles, collèges et lycées. C’est qu’il est guidé par la double priorité du régime Macron – ne pas recruter le moindre enseignant dans le public pour satisfaire aux ordres de l’Union Européenne et ses critères de Maastricht / accueillir tous les élèves pour n’induire aucune perturbation pour la production des profits capitalistes. Souvenons-nous que ce ministre dont on se demande pourquoi il n’a pas encore été démissionné avait annoncé au matin de l’annonce du 1er confinement que jamais les écoles ne fermeraient et qu’il n’y aurait pas d’enseignement à distance, affirmant le lendemain… que tout était prêt. On a vu ce qu’il en était. Expliquant pourquoi la revendication de la démission de Blanquer est si unanimement partagée.
Pour justifier cette politique irresponsable et dangereuse, tous les arguments sont bons et notamment les plus mauvais. C’est ainsi que le ministre Blanquer s’est saisi des travaux -en rupture avec le consensus international – produits par l’équipe du professeur Cohen pour affirmer que « les enfants ne sont pas contagieux ». En se fondant sur l’étude, tenez-vous bien de 1 foyer d’infection avec un enfant, au mois de février, aux Contamines Montjoie. Peu importe que les enquêtes épidémiques menées aux USA dans des colonies de vacances, ou en Israël dans les écoles pour ne citer que ces exemples aient démontré le contraire. Peu importe que le comparatif international ait montré que la fermeture des écoles est la mesure qui fait le plus baisser le taux de reproduction de l’épidémie. Peu importe que le seul résultat scientifiquement démontré soit que les enfants sont moins gravement malades, mais que leur charge virale au niveau des voies respiratoires est identique à celle des adultes. Résultats confirmés à l’IHU de Marseille au demeurant.
Et d’affirmer qu’il n’y aurait que « 0.03% » des élèves qui seraient porteur du virus à comparer à la population générale où le taux de contamination hebdomadaire varie désormais entre 0.5 et 1% selon les régions. Et le ministre d’affirmer de façon mensongère que l’école ferait exception à l’épidémie, les contaminations y étant « en dessous des proportions qu’on rencontre dans le reste de la population« .
Une affirmation mensongère comme le montre par exemple l’étude épidémiologique en milieux scolaire conduite par l’institut Pasteur au lycée de Crépy en Valois. (lire ici)
Le 6 novembre, Blanquer affirme ainsi que durant la semaine écoulée seulement 3528 élèves auraient été positifs au covid-19 à l’école. Un mensonge grossier et éclatant contredit par les chiffres du ministère de la Santé issus de la transmission automatique des résultats de tests. Une base de données qui trace rien que du 2 au 4 novembre 25 632 cas chez les 0-19 ans, et plus précisément 4566 chez les 0-9ans. C’est juste 14 fois plus que ce que dit Blanquer lorsque l’on tient compte du nombre de jours. En réalité le communiqué de Blanquer traduit la politique du « pas de vague » qui est la règle d’or de la rue de Grenelle. Pas de vague au sens littéral, cela signifie casser le thermomètre. Si on ne dépiste pas les élèves, si on ne recherche pas parmi les élèves et enseignants en contact avec les positifs au covid-19, on ne risque pas de trouver de cas positifs. Ce qui certes permet de ne pas mettre en place de mesures de sécurisation sanitaire et a fortiori de devoir fermer les établissements qui sont des incubateurs à virus. Mais qui contribue à l’accélération de la circulation du virus.
La réalité est bien différente. Avec la rentrée, le taux d’incidence prouvé par les tests a explosé chez les 0-9 ans, triplant entre le 14 septembre et le 26 octobre, précédant un triplement similaire observé dans la population générale.
Regardons donc les chiffres de plus près :
le taux de dépistage selon l’âge
Les chiffres des tests publiés au pas hebdomadaire par le système automatisés SIDEP permettent de connaître le nombre de tests PCR pratiqués chaque semaine par classe d’âge et le nombre de positifs.
Cela permet de calculer le taux de dépistage, c’est-à-dire la proportion de la population d’une classe d’âge ayant fait l’objet d’un test.
C’est une donnée riche d’enseignements : les 0-19 ans font l’objet de deux fois moins de dépistages que les 20-29 ans. Pire, à la rentrée scolaire, alors que le risque augmentait de façon considérable pour les jeunes en âge scolaire, l’écart s’est même accru jusqu’à près d’un facteur trois. Avec trois fois moins de tests, il est évident que l’on risque de trouver… trois fois moins de positifs.
C’est bien le constat que l’on observe sur le graphique suivant montrant l’évolution de la proportion de chaque classe d’age testée positive chaque semaine. Et c’est ce qui explique pourquoi Blanquer à la suite de la SPF prétend que les enfants sont moins contagieux.
Les enfants deux fois moins testés… mais aussi positifs et contagieux
Le graphique des taux de positivité – c’est-à-dire le nombre de résultats positifs sur le nombre de tests – comparés des enfants de 0 à 19 ans et des jeunes adultes de 20 à 40 ans permet de constater:
- que la classe d’âge 0-19 ans diffère très peu dans ses statistiques de la classe d’âge 20-40 ans, démontrant que les enfants s’ils sont moins fortement malades, sont tout aussi contaminés.
- un anomalie statistique pour les 0 -19 ans en semaines 37 à 41 : le nombre de cas confirmés par PCR jusque-là suivant la tendance des jeunes adultes décroche fortement. Cela s’explique par le changement imposé par Blanquer dans le dépistage des cas contacts en milieux scolaires. Pour éviter d’avoir trop de cas dans les écoles en vertu de la politique du « pas de vague », Blanquer a en effet fait relever dès la semaine 38 drastiquement les conditions d’éligibilité à être cas contact pour les élèves. Interdisant le test des groupes classes dès lors qu’un élève ou enseignant positif y est dépisté.
Si le taux de dépistage des 0-19 ans était le même que celui des 20-40 ans, avec le taux de positivité actuellement mesuré chez les enfants de 0 à 19 ans, on peut estimer par le calcul à 65 000 cas supplémentaires d’enfants contagieux au covid-19 que l’on aurait dû détecter en semaine 44. En clair il est probable que des dizaines de milliers d’enfants contagieux ne sont pas dépistés. Donc pas soignés, et pas isolés. Propageant d’autant plus facilement qu’ils sont eux -même peu malades la covid-19 auprès des autres enfants, et ensuite de leurs familles.
On comprend mieux pourquoi la politique de non dépistage, et d’absence de protocole sanitaire suivi dans les écoles, collèges et lycées depuis la rentrée 2020 par le ministre Blanquer est potentiellement ultra-désastreuse.
Non seulement désastreuse mais criminelle. Pour les familles vulnérables des enfants fréquentant cette bombe épidémique, pour les enseignants et leur famille, et comme il s’agit de 14 millions de personnes soit 21% de la population, pour la Nation tout entière. Si un premier pas semble être fait avec la mise en place de test de dépistage pour les enseignants, il est absolument inacceptable que les enfants ne puissent pas avoir accès à un dépistage massif en milieux scolaire.
Estimons le taux de croissance de l’épidémie
Une première estimation peut être faite du taux d’accroissement par classe d’âge de l’épidémie chaque semaine. Il suffit pour cela de diviser le nombre de cas positifs détectés de la semaine N sur celui de la semaine précédente, N-1.
Problème, ce calcul ne tient pas compte de l’accroissement continu du nombre de tests pratiqués. Pour cela nous corrigeons le calcul selon la variation du taux de tests de la classe d’age concernée. Le R n’est alors plus dépendant de la variation du nombre de tests pratiqués d’une semaine à l’autre.
Lorsque le R est supérieur à 1, c’est que l’épidémie progresse, s’il est inférieur à 1, l’épidémie régresse.
Ce graphique est riche d’enseignements :
- on peut dater le début de seconde vague précisément à la semaine 30, correspondant à la semaine du 20 juillet. C’est précisément le début de la saison touristique « intensive ».
- après une accalmie en fin d’été, la semaine de la rentrée marque une reprise nette de l’épidémie (semaine 36).
- l’accroissement des R des populations âgées suit toujours celui des populations plus jeunes, traduisant les contacts familiaux, éducatifs et professionnels intergénérationnels.
- la révision des règles de cas contacts dans les écoles, collèges et lycées, écartant les enfants du dépistage explique l’anomalie des semaines 37 et 38 observée uniquement chez les moins de 20 ans
- La semaine 42, première semaine des vacances de la Toussaint, correspondant à une fermeture des écoles marque un coup d’arrêt net à l’augmentation de l’épidémie chez les enfants.
- Le semaine 44 première semaine du reconfinement voit un effet majeur sur le taux d’accroissement de l’épidémie qui revient à 1 dans toutes les classes d’âge…. sauf dans les écoles.
JBC pour www.initiative-communiste.fr