Par Gilda GUIBERT – Vous avez peut-être entendu dire que le Musée Carnavalet s’alignant enfin sur celui du Louvre – quatre ans après, quel manque de modernité ! – a supprimé sur un certain nombre de contenus les chiffres romains jugés trop complexes et les a remplacés par les chiffres arabes soi-disant plus ancrés dans le quotidien de l’ignare populace. Il a en effet été jugé nécessaire « de s’adresser à tous les publics, à tous les visiteurs étrangers » et surtout « aux personnes en situation de handicap psychique » (sic Noémie Giard, cheffe des publics au Musée Carnavalet) probablement les plus nombreux à visiter ce vénérable musée parisien. Rassurons-nous : pour le moment Louis XVI restera Louis croix V bâton et son ancêtre restera Louis Croix bâton V, même pour les personnes en situation de handicap… mais jusqu’à quand ?
Les Français ne semblent guère émus de ce type de mesure à l’inverse des Italiens qui, comme le célèbre philologue Luciano Canfora, sont immédiatement montés au créneau. Dans le journal Il Corriere della sera, il écrit d’un ton ironique « Il serait souhaitable d’avoir une loi imposant l’analphabétisme obligatoire et le retour à la seule communication orale ». C’est malheureusement depuis des années la voie suivie par l’Éducation nationale : encore un petit effort et ce but sera atteint.
Qui a eu cette lamentable idée régressive d’« accessibilité universelle » ? Pour ne pas changer : l’Union européenne bien sûr. Les chiffres romains ne seraient pas connus par de nombreux habitants de la planète. Donc, éliminons-les. Et comme la langue française est de moins en moins bien maîtrisée y compris par nos propres compatriotes, éliminons-la aussi ! Ne laissons que de rapides et faciles explications dans la langue la plus partagée dans ce monde : l’english ou plutôt le globish ! Et là nous aurons vraiment la possibilité de toucher tout le monde jusqu’au plus neu-neu. Ainsi parlait d’ailleurs déjà l’auteur d’un petit ouvrage devenu célèbre : « Tout d’abord, le cerveau des jeunes gens ne doit pas être surchargé de connaissances qui leur sont inutiles dans la proportion de quatre-vingt-quinze pour cent et qu’en conséquence ils oublieront bientôt ».Et il ajoutait « Toute propagande doit être populaire et placer son niveau intellectuel dans la limite des facultés d’assimilation du plus borné de ceux auxquels elle s’adresse. De ce fait, son niveau intellectuel doit être situé d’autant plus bas que la masse des hommes à atteindre est plus nombreuse ».Celui qui avait si bien tracé ce type d’approche « intellectuelle » s’appelait Adolf Hitler et son petit ouvrage Mein Kampf. Il a aujourd’hui de beaux émules au sein de l’Union européenne.