Monsieur le Directeur,
Je lis l’Humanité depuis ma jeunesse, en 1957, quand ce quotidien était le seul assez courageux pour dénoncer la guerre coloniale menée par la France contre le peuple algérien. Avec ses défauts, ses qualités, l’Humanité a depuis ce temps-là survécu heureusement pour porter la voix des communistes français pour la paix, contre l’impérialisme et l’exploitation capitaliste. Cela, je pense, me donne le droit de protester avec indignation contre une dérive inacceptable dans le numéro du 12/12/2013 à propos des évènements d’Ukraine.
Les reportages quotidiens de l’envoyé spécial à Kiev ont apporté des éléments d’analyse utiles aux lecteurs du journal, y compris la position très nuancée du Parti communiste d’Ukraine (interview du 9 décembre 2013), qui ne choisit pas entre la peste et le choléra, l’allégeance aux « oligarques » russes ou à ceux de l’Union Européenne. J’ai donc sursauté à la lecture dans le numéro du 12 décembre, dans l’encart titré « Cactus », de trois colonnes en demi-page, signées de Pierre Louis Basse, « journaliste et écrivain » ( ?) qui sont l’expression du plus virulent nationalisme ukrainien d’extrême droite, portées à Lviv et Kiev par le parti Svoboda, qui a récemment organisé une cérémonie commémorant « le sacrifice » des SS ukrainiens face à l’Armée rouge en 1944. Je cite : « aimer l’Ukraine, c’est d’abord s’obliger à comprendre des décennies de souffrance et d’identité bafouée ». Suit une justification de ceux qui ont collaboré avec les nazis, excusés par les turpitudes de l’URSS dont l’Ukraine faisait partie : « pouvoir stalinien organisant des famines monstrueuses – plusieurs millions de victimes – des familles mangeant leurs propres enfants ». Mieux, après ces exagérations tirées du Livre noir du communisme, vient le couplet sur « l’antisémitisme d’état » de Staline, en oubliant de rappeler que les massacres de Juifs en Ukraine ont été le fait de nazis et de leurs suppétifs ukrainiens, nationalistes dévoyés jusqu’au nazisme, jusque dans les camps d’extermination. Cette insulte à l’histoire de ce que fut l’Ukraine soviétique, est aussi une insulte aux millions d’Ukrainiens morts dans la guerre contre le nazisme et ses alliés, les partisans de Bandera et autres antisémites et antisoviétiques.
Ce pamphlet outrancier n’a pas sa place dans le quotidien des communistes français.
Je vous demande de publier mon courrier parmi ceux des lecteurs de l’Humanité et de veiller à stopper ce genre de dérives, qui n’ont rien à voir avec un quelconque esprit d’ouverture.
Veuillez croire à mon attachement à l’Humanité, le journal de Jaurès, de Péri et de Marcel Cachin.
Francis Arzalier
Taverny le 12 décembre 2013
Adhérent PCF en 1974,j’ai lu l’Humanité de l’époque avec beaucoup d’intérêt et ce,malgré une dérive sociale-démocrate engagée pour le grand bien de Mitterrand et du Parti Socialiste du Congrès d’Epinay…On voit où cela a mené le Premier Parti de France de l’après-guerre…..
Je ne comprends pas pourquoi M.Arzalier s’étonne de voir cet article grossier dans l’Humanité. Le PCF est maintenant un parti social-démocrate respectable, il n’a plus rien de socialiste et d’anti-impérialiste.Il soutient les « opposants » cubains(en fait des mercenaires au service de l’impérialisme américain) et a applaudi au lâche assasinat de Mouammar Khaddafi,ce grand homme d’état africain mort en héros.Il ne faut donc jamais s’étonner de voir toute sorte de propagande réactionnaire et anti-communiste dans l’Humanité.