Lohengrin est un opéra de transition dans l’œuvre de Wagner. Composé à la fin des années 40 du 19e siècle, son auteur, né en 1813, avait alors quelque 35 ans. C’est la fin d’une première période influencée par Carl Maria Von Weber dans la lignée du Fidelio de Beethoven. Wagner construit peu à peu son langage harmonique propre. Il évolue aussi vers la construction d’un « spectacle total ». Seuls persistent, dans la quasi-totalité de son œuvre, l’inspiration médiévale pour le texte chanté (livret).
J’ai assisté fin Septembre à la production de cette œuvre à la Bastille et en ressors assez révolté et scandalisé. Si je vais à l’opéra ce n’est pas pour aller au cinéma. Si Serebrennikov veut faire un film et l’accompagner de la musique de Lohengrin c’est son droit mais est-ce à l’opéra de s’en rendre complice ?
En faisant abstraction de la scène et du jeu des acteurs ce fut absolument superbe, orchestre flamboyant d’une grande beauté sonore entraîné par un jeune chef plein de fougue et réussissant à nous faire oublier les extravagances de la scène. Les chanteurs par leurs voix tout à fait excellentes mais peu aidés par le jeu qui leur est imposé. Petit problème acoustique pour les chœurs qui au devant de la scène atteignent un niveau de saturation un peu pénible.
On voudrait déringardiser l’ opéra, et tous les poncifs s’y retrouvent : la soldatesque, le striptease, les vidéos, la scène partagée en cases. la caserne hôpital, etc. et le tout très mochouille. De quoi regretter le beau cygne magique.
Nous avons assisté à un combat entre une histoire aussi absurde que l’originale et sans sa poésie et la musique qui heureusement l’a emporté haut la main.
L’opéra court à sa perte s’il poursuit sur cette voie ruineuse et poussera les amateurs vers les versions concerts qui laissent libre cours à l’imagination de chacun tout en nous privant du bonheur d’associer la musique, le théâtre et les arts plastiques. Seule relative bonne nouvelle, la baisse tarif qui sont désormais à 35€ pour les retraités et chômeurs non imposables.
Hubert Cuilleron