Pete Seeger est mort. Chanteur folk américain, brillant continuateur de Woodie Guthrie, modèle de Dylan et Springsteen, son nom évoque pour nous une certaine Amérique. Celle étudiée par l’historien Howard Zinn dans son Histoire populaire des Etats-Unis. C’est l’Amérique des peuples, des opprimés, des combattants.
C’est l’Amérique des syndicalistes matraqués, des militants des droits civiques pourchassés, des communistes emprisonnés, des grévistes assassinés. Loin d’être misérabiliste, cette Amérique chantée par Pete était une lutteuse. Elle affrontait les « chiens à nègres », les briseurs de grèves et de crânes et les McCarthy de tout poil avec courage et panache, à l’image de Pete qui proposa de chanter plutôt que de « parler » à ceux qui le condamnaient à un an de prison pour appartenance au Parti communiste des Etats-Unis.
Qui, mieux que Pete, incarna, au banjo ou à la guitare, cette belle dialectique entre patriotisme et internationalisme ? Pete aimait son pays, ses peuples, sa classe ouvrière. En chemise à carreaux et casquette de base-ball, il chanta de sa belle voix claire l’amour de sa patrie, la haine pour ses dirigeants, et la fraternité avec tous les peuples.
La censure dont il fit l’objet des années durant dévoile, mieux qu’une longue énumération de son œuvre, la peur et la bassesse des gouvernants yankees, leur crainte face à cet homme qui se faisait porte-voix des combats des plus humbles.
Wich side are you on, nous demandais-tu Pete ? Dans quel camp sommes-nous ? Toujours, envers et contre tout, dans le tien, dans celui des exploités et de leur libération à venir !
So long, Pete, et tu avais raison, nous vaincrons, whe shall overcome!
Taki.