Ce 21 février, le résistant communiste des FTP MOI Missak Manouchian entrera au Panthéon. En compagnie de son épouse. Mais aussi, grâce à la mobilisation communiste, avec les noms de 23 de ses camarades que voulait effacer dans un anticommunisme patent le pouvoir. Cette panthéonisation de Manouchian par Emmanuel Macron est en effet pour le moins frappée d’ambiguïté. De fait, c’est constamment sa qualité d’« Arménien » combattant pour la France qui est mise en avant par la célébration officielle, plutôt que son ardent engagement de militant communiste aguerri aux côtés de Joseph Epstein, qui dirigeait le bataillon dit de l’Affiche rouge, et qui ne verra pas son nom accompagner celui de ses camarades, ses compagnons de résistance et de combats. Cette qualité de communiste qu’efface ainsi dans ses titres l’audiovisuel public à l’image de France Info. Certes, personne, certes, ne songe à minimiser l’attachement de Manouchian à son Arménie natale, mais outre que dans sa dernière lettre, qu’il signa « Michel », il revendique hautement sa qualité de combattant régulier de l’Armée française, c’est bien parce qu’il était déjà militant du PCF clandestin que notre grand camarade a rejoint la Résistance armée des FTP-MOI, cette formation d’élite destinée au combat urbain que mit en place et que dirigea politiquement, sous les ordres de Duclos, Frachon et Tillon, l’état-major clandestin du PCF pour combattre l’Occupant et ses valets vichystes. Et d’indignité lorsque l’on sait que l’Elysée qui invite officiellement Le Pen n’a pas voulu faire droit à Léon Landini combattant FTP MOI président de l’amicale des FTP MOI des bataillons Carmagnole Liberté d’être présent.
Dans ce contexte, il est important de faire savoir l’Histoire. Celle des faits. Et c’est pourquoi il est du devoir de chacun de diffuser et faire connaître l’entretien accordé par notre camarade l’historienne Annie Lacroix-Riz à Quartier Général. Un entretien réalisé par Aude Lancelin.
A lire :
- Missak Manouchian au Panthéon : dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, les FTP-MOI dénoncent leur éviction de la cérémonie et ses raisons.
- Honorer Manouchian et les FTP-MOI c’est rendre enfin justice à la résistance communiste, cesser de criminaliser le communisme en poussant à la fascisation, mettre fin à la dissolution de la France dans l’UE atlantique.
- Résistance des FTP-MOI : une mise au point de Léon Landini
- Contre les révisionnistes prétendant effacer la résistance et le rôle décisif des communistes, Léon Landini résistant FTP MOI rétablit la vérité des faits.
« Macron et le RN sont muets sur le fait que les résistants communistes étrangers aient compté parmi les plus éminents patriotes de France »
Quartier Général – entretien d’Annie Lacroix-Riz avec Aude Lancelin
À quelques jours de la panthéonisation des époux Manouchian, ce mercredi 21 février, dont le souvenir imprègne la tristement célèbre « Affiche rouge », l’hommage national emmené par Emmanuel Macron laisse présager un accent mis sur leur origine arménienne plus que sur leur engagement communiste, et une instrumentalisation de leurs actes de bravoure. S’engageant à contre-courant des historiographies dominantes, Annie Lacroix-Riz revient pour QG sur le récit méconnu des ces ardents militants communistes d’origine immigrée, qui défendirent la France au péril de leurs vies, avec une bravoure que beaucoup de « bons Français » n’eurent jamais
Ce mercredi 21 février, à l’initiative de l’Elysée, Missak Manouchian, leader de l’un des groupes des Francs-tireurs et Partisans-Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI) et son épouse Mélinée, elle aussi résistante, entreront au Panthéon, haut lieu de la mémoire nationale française. Qui étaient ces résistants communistes d’origine arménienne et quelle fut l’efficacité de leur groupe contre l’occupant nazi ? Au-delà du cas Manouchian, quelle fut la réalité du combat intérieur mené par les communistes et à quelle date ce dernier commença-t-il? Quelle légitimité a, par ailleurs, le pouvoir macroniste à célébrer des résistants communistes immigrés alors même qu’il s’aligne sur les coordonnées de l’extrême droite en matière migratoire, et utilise de longue date à l’égard de ses opposants politiques des procédés de diabolisation guère éloignés de ceux de la tristement célèbre « Affiche rouge« ? Aude Lancelin s’est entretenue pour QG avec l’historienne Annie Lacroix-Riz, auteur du « Choix de la Défaite » (Armand Colin), au sujet du détournement de l’héritage communiste opéré par les présidents successifs, de Nicolas Sarkozy en 2007 avec le jeune résistant communiste Guy Môquet, jusqu’à Emmanuel Macron en 2024, avec l’épopée admirable des Manouchian, qu’il s’apprête à célébrer à son profit.