Il y a exactement 50 ans les 26,27 et 28 mai 1967 la police et l’armée (CRS et Gardes mobiles de la Gendarmerie) se livraient à un massacre en Guadeloupe.
A l’origine des émeutes de Pointe-à-Pitre, la grève des ouvriers du bâtiment le 26 mai, suivie de la répression armée par la police et du meurtre de Jacques Nestor, un dirigeant syndicaliste visé personnellement .
La grève réprimée dans le sang de Mé 67 en Guadeloupe
Le 24 mai 1967, les ouvriers du bâtiment se mettent en grève pour obtenir une augmentation de salaire de 2% et la parité en matière de droits sociaux.
Le 26 mai vers midi, les travailleurs se réunissent devant la Chambre de commerce pour soutenir leurs camarades en délégation qui participent et portent leurs revendication durant les négociations entre organisations syndicales et représentants du patronat. Vers 12h45, ils apprennent d’un représentant syndical que les négociations sont rompues et un bruit court : le représentant du patronat déclare : « Quand les nègres auront faim, ils reprendront le travail ! ».
Les affrontements commencent : officiellement, il y a eu huit morts, dont les identités sont connues (et une soixantaine de blessés). Un nombre bien plus important de victimes est recensé par les organisations militantes, la presse ou la population. En 1985, Georges Lemoine, alors secrétaire d’État aux DOM-TOM du Premier ministre Laurent Fabius, reconnaissait le chiffre de 87 morts. Christiane Taubira parle elle de 100 morts. Les autorités préfectorales, couvertes par les le gouvernement, s’étaient préparées à frapper vite et très fort tout ce qui ressemblerait à l’amorce d’une contestation populaire. Mai 67 est une répression militaire qui a été méthodiquement préparée et exécutée. Ce n’était pas simplement une grève qui aurait « dérapé ». »
https://youtu.be/2ZNFYqLIr3E
Il s’agit de toute façon d’un massacre au cours d’une manifestation, ordonné sciemment sur le terrain et approuvé par le gouvernement Pompidou de l’époque.
Un collectif d’associations dénommé « Kolèktif Doubout Pou Mé 67 » a appelé à une manifestation le 27 mai à Paris, une marche de commémoration et de revendication.
« Aujourd’hui quel que soit le nombre de vies perdues, les Guadeloupéens veulent faire toute la lumière sur cette affaire ! », explique le collectif. « Par le biais de la commémoration de ce cinquantenaire, en Guadeloupe comme dans l’Hexagone, la voix des Guadeloupéens s’élève pour réclamer “la Vérité, la Justice et les Réparations liées à ce crime d’État”. » En alliance avec des syndicats en particulier la CGT-G et d’autres associations, le collectif lance un appel « pour la reconnaissance de ce crime colonial ; l’ouverture totale des Archives ; la vérité et la justice pour les victimes et leurs familles ; les réparations liées aux préjudices ; et la condamnation de l’État responsable. »