Assurer la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences étrangères – Programme du Conseil National de la Résistance – 1944
2.6. Démocratiser les médias, couper leurs liens avec le capital, étendre le pluralisme démocratique, l’information libre et objective, le débat citoyen ; revitaliser et actualiser les ordonnances de 1945 démocratisant la presse écrite; mobiliser et démocratiser l’outil informatique pour systématiser la consultation directe des citoyens; – Programme candidat du PRCF
Médias les assistés du système
Personne n’a pu échapper à une de ces couvertures tapageuses des hebdos dénonçant cette France « impossibles à réformer », ces impôts écrasant les riches, ces fainéants de fonctionnaires, cette SECU trop couteuse, et l’assistanat des travailleurs menaçant de ruiner notre pays.
Placardée sur tous les kiosques, dans les gares, sur les panneaux, c’est une campagne de propagande permanente contre les conquêtes sociales des travailleurs.
Reprenant le discours du MEDEF, Le Point, Valeurs Actuelles, L’Express, Capital, Le Figaro, Challenges … tous en chœur s’indignent de la « dépense publique » réclamant à qui mieux mieux toujours plus d’austérité : ils exigent que les syndicats se taisent, que les fonctionnaires disparaissent, que l’on privatise les services publics, que l’on taille dans les retraites et la Sécu, car selon eux il n’y aurait plus d’argent dans les caisses de l’Etat…
De véritable chiens de garde du système, protégeant leurs maitres…
Car en matière d’assistanat, ces titres (et leurs propriétaires : n’est ce pas eux qui bénéficient d’exonérations fiscales en tout genre?) ils s’y connaissent. Car le plus tragique est que la plupart de ces « journaux » bénéficient de très larges subventions publiques.
Regardons de plus près les montants reçus pour une douzaine de titres de la presse nationale :
Le Figaro et Le Monde retirent la part du lion. L’Humanité et Marianne, seuls titres à faire entendre une voix un peu discordante ne perçoivent qu’un peu plus de 8%. Au passage, remarquons que même en comptant l’effacement exceptionnel d’un prêt consenti par l’Etat à l’Humanité, ce dernier ne reçoit toujours que les 2/3 de l’aide reçue par Le Monde et le Figaro chacun. Et là on ne compte pas les subventions privées que sont la publicité (principale ressource) ou les achats par les entreprises, par exemple Air France le premier acheteur de la presse française : selon le blog d’Erwann Gaucher 14% des ventes de « Libération », 12,5% de celles des « Echos », 11,7% pour « le Monde », 10,2% pour « Le Figaro »…. une paille.
En clair, ce sont les impôts des sans dents, des fonctionnaires, des immigrés etc. – nos impôts quoi – qui les financent. Et pas qu’un peu. Il y a de quoi rire jaune non? www.initiative-communiste.fr s’est penché sur les chiffres. Entre les aides à la presse (près de 300 millions d’euros pour l’année 2013) et la niche fiscale accordée aux journalistes (près de 60 millions d’euros tout de même) on arrive à une coquette somme.
Entre 2009 et 2011, le secteur de la presse a touché 5 milliards d’euros de subventions publiques selon la Cour des Comptes ! Rapporté aux chiffres d’affaire annuel du secteur (9,6 M€ / an) la presse est donc subventionnée au taux record de 18%….
Paradoxal? non pas vraiment
Paradoxe apparent, simplement apparent. Car pour qui a étudié un peu l’économie – sérieusement c’est à dire en ne censurant pas les analyses marxistes – on ne retrouve là qu‘un symptôme supplémentaire de ce que l’on appelle le capitalisme monopoliste d’État : malgré leur discours, les Capitalistes ne veulent pas moins d’État ni plus de concurrence, ils veulent un état au service de leurs intérêts. Un état privatisant les profits et socialisant les pertes faisant payer la classe des travailleurs pour remplir les poches de ceux de la classe capitaliste. Ils sont pour la libéralisation des services publics, leurs privatisations, mais ils sont les premiers à refuser la concurrence comme en témoignent les condamnations régulières quoique très symboliques pour entente sur les prix…
Le financement public devrait aider une presse indépendante
Loin de nous l’idée de remettre en cause le besoin d’un financement public de la presse. Mais chacun doit prendre conscience que ce financement public est pour l’immense majorité une subvention à des monopoles capitalistes et qu’il ne défend guère la liberté de l’information et son indépendance des puissances d’argents. Comme en témoigne le fait qu’un journal reconnu comme le Monde Diplomatique ne reçoit (presque )rien alors que la presse à scandale ou les journaux TV reçoivent près de 22 millions d’euros.
Presse, TV, Radios, qui détient quoi :
Contrairement à une idée trop largement répandue par des années de bourrage de crânes, la grande presse dans notre pays n’est ni indépendante, ni pluraliste. Pour parler clair, si les idées de la classe dominante sont celles de la classe dominante, c’est aussi parce que les médias dominants sont les médias de la classe dominante. Au sens propre.
Jugez plutôt : Seulement dix groupes se partagent le gâteau de la presse quotidienne régionale, la plupart appartenant à des patrons biens connus
- SIPA Ouest France : Association (Ouest-France Le Courrier de l’Ouest Le Maine libre Presse-Océan La Presse de la Manche)
- EBRA : Lignac/ Hersant /crédit mutuel(Le Dauphiné libéré Le Progrès L’Est républicain Les Dernières Nouvelles d’Alsace L’Alsace-Le Pays Le Journal de Saône et Loire Le Bien public – Les Dépêches Vosges Matin Le Journal de la Haute-Marne)
- Sud Ouest : fLemoîne et alliés (Sud Ouest Midi libre L’Indépendant Charente libre La République des Pyrénées Centre Presse L’Éclair Dordogne libre)
- hersant média : Hersant, Tapie (La Provence Nice-Matin Var-Matin Paris-Normandie Corse-Matin Le Havre libre Le Havre Presse – Le Progrès de Fécamp)
- Groupe La Voix du Nord : famille Hurbain (Belgique) (La Voix du Nord Nord éclair Nord Littoral Le Courrier picard L’Union – L’Ardennais L’Est-Éclair Libération Champagne)
- Amaury : Amaury(Le Parisien Aujourd’hui en France)
- Groupe centre France : Fondation Varenne (La Montagne Le Populaire du Centre Le Berry républicain Le Journal du Centre L’Yonne républicaine L’Écho républicain La République du Centre L’Éveil de la Haute-Loire)
- Groupe NRCQ : (La Nouvelle République du Centre-Ouest Centre Presse)
- Groupe la dépêche : Baylet – Lagardères (La Dépêche du Midi La Nouvelle République des Pyrénées Le Petit Bleu de Lot-et-Garonne)
- Groupe Télégramme : Coudurier (Le Télégramme Le Républicain lorrain L’Écho du Centre La Marseillaise – L’Hérault du jour)
Et c’est la même chose pour les grands titres de la presse nationale dont voici les principaux propriétaires:
- Le Figaro Dassault (Aviation, armement)
- le Monde Niel (Free), Pigasse (Banque)
- Libération (SFR, téléphonie)
- AUJOURD’HUI EN FRANCE AUJOURD’HUI EN FRANCE DIMANCHE : Amaury (Médias)
- Le Nouvel Observateur Bergé–Niel–Pigasse – Groupe Perdriel
- Le Point Pinault (Luxe,commerce)
- Les Echos Arnault (LVMH)
- La Croix Les Augustins de l’Assomption (Groupe Bayard Presse)
- Marianne Yves de Chaisemartin Maurice Szafran
- L’humanité Lagardères (minoritaire, à hauteur de 9% ) (médias distribution)
- L’Express De Nolf, (entreprise de médias Belgique)
- Challenges Claude Perdriel (médias)
- Valeurs Actuelles Pierre Fabre , Dassault (Groupe Valmonde)
Et en ce qui concerne les médias audiovisuels, en dehors des chaînes publiques c’est la même chose pour:
- les télévisions : TF1 (TF1, LCI, NT1…) appartient à Bouygues, Canal+ (Canal+ Direct 8…) Vivendi (Groupe Bolloré BlackRock , Société générale , Amundi , Caisse des dépôts , salariés 3,13 %…), M6 (M6,W9…) à Bertelsmann (groupe RTL), BFM TV à A Weil
- les radios : Europe 1 appartient à Lagardères, RMC A Weil, RTL à Bertelsmann…
Bref, on comprend mieux d’où vient le discours de ces médias qui se font les portes-voix de leur maître la classe capitaliste.
Et en ce qui concerne les chaînes publiques, force est de constater que ce ne sont pas les dernières à participer aux concert d’aboiement des chiens de garde du système. Il suffit de prendre l’exemple de la très patronale émission C dans l’air d’Yves Calvi. Pas besoin de long discours, il suffit d’ajouter à la suite et presque au hasard un certain nombre des sujets « traités » par cette quotidienne accueillant à bras ouverts le très libéral Christophe Barbier, ou la lobbyiste du patronat Agnes Verdier Molinié (officiant auprès du très mal nommé IFRAP)
Pour leur part, les médias du PRCF sont 100% libres et engagés : ce sont les médias des militants du PRCF et ils donnent de la voix pour défendre les intérêts des travailleurs. Raison de plus pour les soutenir.
Censuré par les médias du Capital, nous ne pouvons compter que sur vous, lecteurs, pour mener notre travail d’information et de ré-information.
Alors pourquoi ne pas vous abonnez à Initiative Communiste? pourquoi ne pas vous inscrire à son supplément électronique gratuit @IC Hebdo? Ou rejoindre le PRCF?
Pour poursuivre sur le sujet, nous ne saurions que trop recommander de voir l’excellent documentaire Les Nouveaux Chiens de Garde de Gilles Balbastre ou encore le nouveau film de Pierre Carles Opération Correa les anes ont soif
[edit le 16/11/2014]
sur les monopoles de l’édition :
L’édition en France : Les groupes éditoriaux français
source Association la Feuille et a Plume
La France, pays des Lumières, a sans doute une certaine culture et un attachement particulier aux métiers du livre et à l’édition. Aujourd’hui il existe une multitude de maisons d’éditions en France, mais il est très difficile d’en donner un chiffre exacte car aucune n’a le même profil et un gouffre énorme existe entre les maisons créées par des passionnés, éditant moins d’un titre par an, et les géants de l’édition, arrivant à des millions d’Euros de chiffres d’affaires.
Actuellement, l’édition française a vu se regrouper ces grandes maisons en de grands groupes, financés par des capitaux totalement étrangers à l’édition et à la culture. Ces groupes détiennent le monopole sur la production, la distribution, la médiatisation, et donc les ventes.Les groupes éditoriaux en France(chiffre et groupe de 2006)
Depuis quelques années, la majeure partie du chiffre d’affaires de l’édition se concentre autour de quelques groupes éditoriaux.
Ces groupes developpent une concentration horizontale (par le rachat des maisons d’éditions) mais aussi verticale (en étant présents sur toute la chaîne du livre, de la réalisation à la promotion, en passant par la distribution).Le groupe Hachette a réalisé à lui seul un chiffre d’affaires de 1 431 millions (soit près de 50% du total de l’édition française). Hachette est aux mains du groupe Lagardère, autrefois impliqué dans Matra, et contrôlant par exemple aujourd’hui EADS, géant de l’aéronautique et des industries d’armement.
Dans le domaine de l’édition, Hachette contrôle : Hachette, Grasset, Lattès, Calmann-Lévy, Stock, Fayard, Hatier, Dalloz, Armand Collin, Larousse, Mille et une nuits, Editond du Chêne, Pauvert, Mazarine, Hazan, Marabout, les Guides bleus, Didier, Dunod, Le routard, Harlequin, le Livre de Poche, …
Le groupe Lagardère possède aussi 56 titres de presse, dont Paris Match, Télé 7 jours, Première, Pariscope, Elle, Corse Presse, Nice-Matin, etc. Il possède aussi Europe 1 et Europe 2, RFM, et les télévisions Canal J, Match TV, MCM, etc.
Hachette est aussi surtout présent dans la distribution et la diffusion du livre, avec les relais H, Virgin, les Furet du Nord, les maisons de la presse, et la société de diffusion et distribution, Hachette Livre, ou Hachette Diffusion, Hachette Distribution.Le groupe Éditis a été formé à la suite de la crise Vivendi-Universal-Publishing, qui détenait l’autre partie de l’édition française. Hachette racheta la partie édition de ce groupe, mais la Commission européenne demanda la rétrocession pour éviter la situation de monopole, formant ainsi Editis. Ce groupe réalise 717 millions de chiffre d’affaires. Il appartient au groupe Financier De Wendel, que dirige le Baron Antoine Seillières. Groupe détenant de multiples entreprises, notamment dans les secteurs de la sidérurgie et de l’industrie.
Le groupe détient les éditions : La découverte, Solar, Belfond, Les Presses de la Cité, Plon, Perrin, Robert Laffont, Juliard, Nil, Pocket, 10/18, Nathan, Le Robert, Fleuve Noir, Bordas, Retz, Orban, Le Pré aux Clercs, Omnibus, Acrolpole, Langues pour tous, Seghers, Les Presses de la Renaissance, Rouge et Or, Clé International, et récemment Le Cherche Midi, …
Il possède aussi sa structure de distribution : Interforum. Mais contrairement à son concurrent pas de grande marque de diffusion.Le groupe La Martinière à l’origine maison familiale et aujourd’hui contrôlé par les frères Wertheimer, financiers qui contrôlent Chanel, et le groupe l’Oréal. Le groupe La Martinière a aussi pour actionnaire Chicago Tribune, détenant aussi un monopole éditorial outre-atlantique.
Le premier gros rachat de La Martinière fut le Seuil, et le groupe est parfois présenté sous le nom, Le Seuil-La Martinière. Il réalise aujourd’hui près de 300 millions de Chiffre d’Affaires.Il possède : Les éditions La Martinière, Le Seuil, Les éditions du Sorbier, Minerva, L’Olivier, la Baleine, les Empêcheurs de penser en rond, …
Il possède aussi (et surtout) la société de distribution Volumen, qui distribue et diffuse Les éditions Minuit, Christian Bourgeois, José Corti, Autrement, Textuel, Liana Lévi, et beaucoup d’autres.Le groupe Flammarion, racheté par le groupe de presse Italien Rizzoli, réalise 228 millions. Il contrôle : Flammarion, Aubier, Casterman, Arthaud, Pygmalion, Champs, Castor, J’ai Lu, Librio, … et a de fortes participations dans Acte Sud, qui de son côté a repris en 2005 les éditions du Rouergue.
Gallimard, appartient toujours à la famille Gallimard, qui a finalement racheté la totalité de ses parts. Outre les éditions qui lui sont rattachées depuis longtemps, comme Denoël ou Le Mercure de France, Gallimard contrôle aussi POL, la Table Ronde, Quai Volatire, Joëlle Losfeld, …
D’autres groupes participent à cette marchandisation de l’édition, tels Albin Michel (Magnard, Millepage, Circonflexe, et le distributeur Dilisco), Média participations (plusieurs éditions chrétiennes, Dargaud, Fleurus, Dupuis), Reed Elsevier (Masson), et le groupe allemand Bertelsman qui contrôle France Loisirs et qui détient le Grand Livre du Mois, ou encore le groupe des laboratoires Fabre qui a repris Privat, et donc Le Rocher et le Serpent à Plumes…
Les chiffres, et les listes, présentés ci-dessus, évoluent rapidement, du fait que ces groupes peuvent acheter et revendre certaines de leurs éditions, afin de réaliser des profits, de racheter d’autres éditions, ou simplement de changer de secteur d’activité.
Il est étonnant de voir l’édition française partagée entre ces groupes financiers, parfois fabricants à la fois d’armes et de livres scolaires. Sans rentrer dans la polémique sur les bienfaits et les malfaits d’un tel partage, certains constats sont indéniables. D’abord le livre est, aux yeux de ces groupes, un investissement financier, qu’il faut amortir. Le but n’est pas de publier des œuvres de qualité mais des livres qui se vendent (l’un n’empêchant pas l’autre). Il est intéressant de voir ces groupes investir dans l’édition, qui n’est pourtant pas un des secteurs les plus rentables. Mais il est indéniable que l’édition conserve une image assez noble, liée au développement de la culture, des nouvelles idées, et de la communication, notamment lorsqu’elle est associée financièrement à la presse, aux radios, à la télévision, et bientôt aux télé-communications.Malgré tout, nombre de ces maisons restent de qualité, et continuent de disposer d’une certaine liberté dans leurs décisions éditoriales. Elles savent éditer des oeuvres de qualité, et repérer les nouveaux talents, qui plairont aux lectorats d’aujourd’hui, …
Mais par souci de rentabilité, elle délaisse certaines catégories d’ouvrages, qui permettent souvent à d’autre éditeurs, appellés éditeurs indépendants, ou petit éditeurs, d’exister
Manuels scolaires, le soupçon
Manipulant ou manipulé ?
Qui, du manuel ou de l’enseignant, est le maître dans la classe ? Dans la pratique, les professeurs gardent leurs distances avec les supports pédagogiques.
par Laurence De Cock, septembre 2013Bien qu’il n’ait plus grand-chose à voir avec ses ancêtres de l’époque des tableaux noirs et de l’encre violette, le manuel scolaire continue de nourrir une certaine suspicion. Laquelle naît d’une question légitime : quel type d’enseignement assure-t-on aux enfants ?
Il serait excessif de prétendre qu’aucun rapport n’existe entre le contenu d’un manuel d’histoire et ce qui est transmis en classe. Mais, comme n’importe quelle source, le manuel mérite d’être interrogé dans une triple dimension : en amont (les modalités et les acteurs de sa confection), en aval (ses usages par les enseignants et les élèves) et dans son contenu (récit d’histoire, activités proposées, ressources mobilisé). D’ailleurs, de nombreuses enquêtes à son sujet existent en histoire ou en sociologie de l’éducation (1), et elles pointent, aujourd’hui comme hier, un décalage important entre le récit prescrit et le récit transmis.
Jusqu’au milieu des années 1970, date à laquelle l’enseignement de l’histoire s’ouvre aux pédagogies actives, le manuel était conçu comme un long récit linéaire, illustré par quelques documents. Il était par là adapté aux cours, majoritairement magistraux et centrés sur le récit du maître. L’enseignement de l’histoire relevait surtout d’une transmission descendante, favorisant une posture d’adhésion à un discours. Il se « racontait » d’abord, se « récitait » ensuite.
Cette forme initiale peut laisser supposer une équivalence entre le récit du manuel et celui de l’enseignant. La réalité était tout autre. Ainsi, on ne peut plus sérieusement prétendre que les petits indigènes des colonies ânonnaient du « Il y a deux mille ans, notre pays s’appelait la Gaule et ses habitants les Gaulois » : les recherches montrent au contraire les adaptations systématiques des instituteurs colons, appelés officiellement à valoriser l’héritage autochtone (2).
Pas le même livre pour tous les élèves
D’autres recherches sur les pratiques en primaire ou dans le secondaire sous la IIIe République, en métropole, témoignent elles aussi de la multiplicité des situations locales. Elles permettent de relativiser la puissance homogénéisante du roman national dans une République en construction, et l’influence du fameux « petit Lavisse » ou des « Malet et Isaac », ouvrages traditionnellement emblématiques de l’histoire scolaire (3). Longtemps, par exemple, les élèves d’une classe n’ont pas tous possédé le même livre d’histoire. Dans ce cas, la relation qu’ils entretiennent avec lui varie : outil de préparation de cours pour les uns, lecture individuelle pour les autres. Il est l’un des vecteurs de la transmission, sans que l’on puisse en faire le pivot de l’enseignement. L’intérêt de ces recherches historiques est de déconstruire en partie les représentations encore bien vivaces d’une école de Jules Ferry dotée d’un arsenal propagandiste au service de la fabrication de jeunes patriotes dociles et biberonnés au culte du national.
L’histoire scolaire répond désormais à de nouvelles logiques, tant dans son contenu que dans ses méthodes. Il lui est demandé plus fermement d’accompagner l’apprentissage de l’esprit critique, notamment par des activités d’analyse de documents à la manière des historiens. Parallèlement, le marché scolaire, soumis à une forte concentration, devient l’un des plus florissants du monde de l’édition. Les petites maisons disparaissent et la concurrence transforme progressivement l’outil en produit ; le document iconographique supplante le texte, à la fois comme illustration et comme support d’activité ; le panel d’auteurs se diversifie en accordant une large place aux enseignants du secondaire, signe du profilage didactique du manuel. Ce dernier devient un objet tiraillé entre une multiplicité de commandes : celles des programmes, du marché, des enseignants et des élèves.
Concurrence du PowerPoint
L’arrivée plus récente du numérique à l’école et l’injonction à utiliser les technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (TICE) continuent d’influencer les usages du manuel, parfois dénigré comme un outil un peu obsolète. Les ouvrages consacrés à l’histoire se plient à un impératif d’attractivité, et le récit des événements est souvent mineur par rapport aux multiples pages d’activités. Il est donc devenu quasiment impossible d’y repérer une ligne idéologique dominante, tant leur contenu est diffracté.
Le manuel n’a plus rien d’un simple livre de lecture. Concurrencé par l’engouement généralisé pour le PowerPoint, il continue néanmoins de trôner sur les pupitres, mais on l’utilise de façon intermittente, pour illustrer un moment du cours ou pour laisser les élèves autonomes en leur donnant des exercices.
Il existe par ailleurs, dans le petit monde de l’histoire-géographie, une tradition de distance vis-à-vis des activités didactiques proposées par le manuel. La plupart des enseignants préfèrent les concevoir eux-mêmes, en utilisant certes les ressources du livre, mais en adaptant le questionnement. Rares sont ceux qui admettent en transposer une page sans retouches personnelles. Beaucoup disent pratiquer une compilation de plusieurs ouvrages pour composer leurs cours.
C’est sans doute parce que le manuel reste l’un des rares livres d’histoire à transiter de l’école à la maison qu’il nourrit l’illusion de représenter la « boîte noire » de la classe. Mais cet objet plus volontiers manipulé que manipulant ne constitue qu’un des maillons du vaste dispositif de fabrique scolaire de l’histoire.
Laurence De Cock
Professeure d’histoire-géographie en lycée. Coauteure, avec Emmanuelle Picard, de La Fabrique scolaire de l’histoire, Agone, coll. « Passé & présent », Marseille, 2009.
Je n’achète plus aucun journal , je me renseigne sur le net auprès de l’habitant ( blog etc )….
Je suis contre le fait de subsidier la presse d’un seul centime !
Tu vends pas ton journal ?
Tu changes de métier !!
Je suis contre le fait de subsidier la presse d’un seul centime !
Contrairement à une idée largement répandu, éditer un média sur le net, ce n’est pas gratuit, même lorsque c’est une équipe de militants bénévoles (avec toutes les limites que cela implique !) qui s’en occupe : il y a des frais de conception du site, de maintenance, d’hébergement. Non, l’information n’est jamais gratuite !
http://www.initiative-communiste.fr, Initiative Communiste, Etincelles, sont écris par des bénévoles qui n’en font pas leurs métiers, mais ils n’existent que parceque des citoyens des militants les soutiennent en les finançant. Refuser de soutenir une presse libre, engagée, c’est juste laisser le champs libre à la presse aux ordres qui appartient à l’oligarchie capitaliste.