Pour la défense de la langue française !
par le député communiste du Nord, Jean Jacques Candelier
« Il ne restait de ce pays que son langage. Un beau langage qui servait à tout. Vous savez, comme on a chez soi une chose précieuse qui est là depuis si longtemps qu’on en use à n’importe quoi, à empêcher la fenêtre de se fermer, et le petit la prend comme une règle pour dessiner, et c’est un presse-papier si commode ! Qui donc se souciait que ce fût un pays, ce pays, et il est indiscutable que c’est un grand progrès que de perdre ce sens de la jalousie, cette haine du voisin, cet orgueil de son toit, un grand progrès sur les ténèbres, un grand progrès sur le néant
Louis Aragon, poète-résistant
Investi de longue date dans la défense de la langue française, j’ai notamment proposé une résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur les dérives linguistiques actuelles en France, chargée de proposer des mesures de défense et de promotion de la langue française. (à lire ici)
Le 11 mai dernier, j’étais à l’initiative d’une conférence de presse organisée à l’assemblée nationale pour la défense de la langue française avec le CO.U.R.R.I.E.L, une association progressiste de défense de la langue française et de toutes les langues du monde, contre le tout-anglais de la mondialisation néolibérale.
L’objet de cette conférence était de défendre le multilinguisme et plus particulièrement la langue française face à l’anglicisation galopante. En présence de linguistes dont la renommée est internationale, il a été fait le constat que le français, langue de la République, est attaqué de toute part par les multinationales, dont une majorité sont d’origine américaine et anglo-saxonne.
Les banques, les grandes entreprises et des systèmes politiques en place tentent d’imposer l’anglais, y compris dans des traités comme le TAFTA qui sont exclusivement rédigés en anglais, en négation totale des langues souveraines parlées en France et dans les autres Nations européennes.
Nous dénonçons ces manœuvres et revendiquons le droit de comprendre, et de pratiquer la langue de la société dans laquelle nous sommes nés et avons grandi. Il faut mettre fin à l’hégémonie du tout-anglais à la télévision, à la radio, dans la rue, et dans nos entreprises.
Voici quelques extraits de mon intervention.
« Plus d’un Français sur dix, après douze années passées sur les bancs de l’école de la République, se trouve dans une situation d’insécurité linguistique globale. Insécurité linguistique qui obscurcit sérieusement l’horizon culturel et professionnel de nos jeunes. Échec scolaire, errance sociale, voilà où conduit l’incapacité de mettre en mots sa pensée avec précision, permettant aussi de recevoir l’expression d’autrui avec exigence et exactitude. Pour tous ces jeunes gens, la défaite de la langue c’est aussi la défaite de la pensée ; c’est devoir renoncer à agir utilement et pacifiquement sur le monde. Car ne nous y trompons pas : la maîtrise et la compréhension de la langue sont essentielles pour se défendre contre les tromperies, les mensonges, les approximations, et la propagande. »
« Au-delà du constat de l’inégalité devant la langue, nous constatons une montée en puissance des anglicismes dans la société française. Les multinationales, dont une majorité sont d’origine américaine et anglo-saxone, tentent d’asservir les langues souveraines de tous les peuples du monde derrière une seule et même langue : l’anglais. Ce système à l’œuvre depuis des décennies est pernicieux, fourbe, tenace : il est imposé par les banques, les grandes entreprises, et l’oligarchie politique au pouvoir. »
« Pour faire face à cette domination de l’anglais, j’ai émis il y a quelques années une proposition de résolution pour la création d’une commission d’enquête sur les dérives linguistiques en France, proposition qui a été rejetée. La défense et la promotion et la langue française n’ont pas été retenues pour faire face au « Business English » en œuvre par l’idéologie dominante du capital financier mondialisé et de la société de marchés. Il y a pourtant urgence à réagir. »
« Se défendre contre la langue anglaise, c’est se défendre contre l’instrument par excellence de la mondialisation libérale, visant à uniformiser nos comportements, notre mode de vie, notre façon de penser. L’impérialisme de Wall Street essaye par tous les moyens de contourner les règles de la concurrence, y compris par le TAFTA, traité inique donc le but ultime est de standardiser les normes, d’uniformiser les productions, au nom d’une modernité que pourtant les peuples sont une majorité à rejeter. »
Je déplore qu’aucun journaliste du service public de l’audiovisuel, aucun journaliste des radios et télévisions privées ne se soient déplacés. Il s’agit manifestement d’une censure à l’encontre d’un point de vue et d’un étouffement du pluralisme politique (car quoi de plus politique, au sens noble du mot, que la manière dont est traitée la « langue de la République » – cf l’article II de la Constitution), d’une volonté – consciente ou inconsciente, peu importe – d’étouffer le débat sur l’arrachage en cours de notre langue, qui est aussi celle de la Francophonie internationale – au profit du tout-globish porté par la mondialisation financière et notamment, par les partisans du Traité transatlantique qui est pourtant si contesté. J’ai donc alerté le président du CSA pour lui demander de rétablir le pluralisme dans le service public.
Le 6 juillet 2016, j’interroge à nouveau le Secrétaire d’Etat à la Francophonie sur la politique de la SNCF de jouer le « tout anglais » dans une question écrite.
M. Jean-Jacques Candelier interroge le Secrétaire d’Etat à la Francophonie M. André VALLINI à propos du scandale des grandes entreprises françaises qui décident de plus en plus d’adresser au public des slogans écrits en langue anglaise. Lorsque la société Oasis prend pour slogan « Oasis is good » puis « Be Fruit », ou lorsque le groupe d’intérim Adecco décide de communiquer avec « Better Work, Better Life » nous pouvons à la rigueur entendre qu’il s’agit là d’entreprises privées qui décident de s’adapter à un public mondialisé. Mais quand les communicants de la branche SNCF « Gares & Connections » décident de baptiser deux de leurs dispositifs « Work & Station » et « Collect & Station », nous pouvons dire qu’un cap est franchi dans le grotesque impérialisme anglo-américain. C’est une décision qui piétine le droit fondamental du peuple français à comprendre, d’autant plus inacceptable que la SNCF reste (mais pour combien de temps encore ?) une entreprise publique détenue par l’Etat français. Il faut souligner que la France est le pays le plus visité du monde, et que nous n’y résidons pas pour vivre dans une imitation anglo-américaine, suivant leur langue, leurs modes et leurs coutumes. La culture et la langue française se doivent d’être respectés. Il demande donc au Secrétaire d’Etat quelles mesures il compte prendre pour lutter contres ces dérives linguistiques prônées en France par le marketing anglo-américain.
Le combat pour la défense de la langue française continue, d’autant plus après le Brexit où sans les Britanniques il n’y a plus aucune raison d’imposer le français comme langue de l’Europe.
Pourquoi omettons-nous de rappeler que le français est de droit la langue de travail et de communication à parité avec l’anglais dans toutes les institutions internationales et particulièrement dans les institutions européennes . Nos politiques et hauts fonctionnaires sont les premiers à choisir de ne s’exprimer qu’en anglais. Sachons gré à J.C. Junker de s’exprimer officiellement majoritairement en français et de façon ciblée s’adresser aux germanophones et anglophones dans leurs langues.
Et, que penser de la fermeture de nombreux Instituts français à l’étranger ?