Nous reproduisons ci-après un échange de nos camarades du M’PEP avec le député PCF PGE JC Sandrier au sujet des municipales, ce dernier réagissant à un communiqué du M’PEP scandalisé par l’alliance PcF – PS à Paris. Le PRCF a lui aussi eu l’occasion de dénoncer ce choix dangereux et opportuniste de la direction du PCF et du PCF de Paris.
La réponse du M’PEP
A l’attention de Jean-Claude Sandrier, ancien député-maire PCF de Bourges (Cher)
Cher Camarade,
Tu t’es ému de l’article publié par le M’PEP au sujet du vote des adhérents du PCF parisien. Tu nous dis qu’il ne faut pas mélanger enjeux locaux et nationaux ; que des décennies d’alliance PCF-PS ont servi les intérêts de nos concitoyens ; qu’une telle alliance n’affaiblit pas la critique que le PCF fait du social-libéralisme.
Nous avons sur ces trois points une analyse très différente.
Il existe une grande porosité entre les enjeux locaux et nationaux à l’occasion des prochaines élections municipales
A tel point que l’enjeu de ces élections est bien davantage national que local. Pour au moins trois raisons :
1.– Le gouvernement EELV-PS mène une politique d’austérité visant à sauver la monnaie unique européenne dont chacun constate qu’elle a pour conséquence la diminution des dotations de l’État aux collectivités locales.
2.– Le gouvernement EELV-PS met en œuvre la politique de l’Union européenne qui vise à libéraliser – et à terme privatiser – les services publics, notamment les services publics territoriaux, à travers la directive « Services ». Cette directive, anciennement appelée directive « Bolkenstein », affaiblit juridiquement la notion de services publics tels que nous les connaissons en France, pour développer le marché des services privés.
3.- Le gouvernement EELV-PS met en place la réforme appelée « Acte III de la décentralisation ». Celle-ci vise à affaiblir la démocratie communale et à éliminer l’échelon départemental, au profit de « métropoles » et des régions. Métropoles et régions conçues dans le seul but de favoriser l’« attractivité » des territoires placées ainsi en concurrence les unes avec les autres. C’est-à-dire, in fine, pour marginaliser l’échelon national. Cette stratégie est celle de la Commission européenne. Stratégie dite des « euro-régions » qui modèlera les territoires et diluera encore un peu plus la souveraineté nationale.
Etant donné que ces élections auront lieu avant que les règles du jeu ne soient modifiées par l’adoption de l’« Acte III », les programmes des candidats aux municipales deviendront inapplicables lorsque ça sera fait !
Il est donc inexact de dire que les enjeux locaux doivent être mis en avant prioritairement lors de ces élections. Car si les objectifs de la politique gouvernementale et européenne deviennent réalité, on ne pourra plus se poser la question des enjeux locaux. Tout simplement parce que le « local » n’aura plus aucune marge de manœuvre, ni sur le plan budgétaire, ni sur le plan juridique.
Des décennies d’alliances et de ralliements du PCF avec le PS discréditent le premier aux yeux de la population
Si le bilan des alliances du PCF avec le PS au niveau local était positif comme tu le soutiens, pourquoi la population s’en détourne-t-elle ? Les récentes élections à Brignoles n’illustrent-elles pas dramatiquement la situation ? La réalité est que le soutien du PS au candidat PCF a été dévastateur pour ce dernier et a provoqué une abstention massive qui a permis au candidat FN de l’emporter.
Car pour beaucoup d’électeurs, il n’y a pas de différence entre le PS et l’UMP. Pas de différence entre le gang de Solferino et le gang du Fouquet’s ! Surtout parmi les classes populaires dont il n’y a encore pas si longtemps le PCF se prévalait d’être le porte-voix.
Le ralliement du PCF parisien illustre la fragilité de l’analyse du PCF sur ce qu’est réellement le PS
Depuis 1983, les alliances du PCF avec le PS n’ont plus la même signification qu’au temps de l’union de la gauche (1936, 1981). En effet, le Parti « socialiste » est sur une ligne néolibérale depuis 30 ans. Il n’est plus un parti de gauche, il est la droite masquée.
Depuis trente ans, les alliances du PCF avec le PS ont divisé la gauche de gauche. Après le vote des communistes parisiens, l’Humanité a osé titrer : « A Paris, le PCF choisit la gauche unie ». Non ! A Paris, le Parti communiste a choisi – une fois de plus – la division des forces placées à gauche du PS. Car il y a bien à Paris une candidature du Front de gauche, Danielle Simonnet, membre du PG.
Bien sûr, il n’échappera à personne que si le PCF ne soutient pas cette candidate, c’est surtout pour sauver quelques sièges. Mais plus qu’une alliance, en tentant de réaliser des listes d’union avec les « socialistes » au premier tour, les membres du PCF parisien font un choix qui sonne comme un véritable ralliement au PS. Pour deux raisons :
- ils ébrèchent la seule tentative crédible d’union des forces anticapitalistes ayant vu le jour depuis très longtemps ;
- ils confirment la volonté d’un rapprochement idéologique avec la social-démocratie telle qu’elle se manifeste depuis que le PCF a rejoint le PGE (Parti de la gauche européenne). PGE financé par l’Union européenne qui se donne pour objectif de « favoriser l’intégration européenne »…
Les membres du PCF à Marseille, Lyon, Bordeaux, Limoges… ont fait le choix de présenter une liste contre les candidats PS-EELV
Lorsque la direction du PCF multiplie les signes de soumission au PS, masqués derrière un rideau de fumée rhétorique sur la lutte contre l’austérité, et qu’elle appelle dans le même temps à des listes communes avec le PS, elle fait fuir un électorat qui rejette la politique d’austérité menée par les socialistes.
Cette « stratégie » se heurte d’ailleurs au mur du bon sens dans les villes dirigées par un député-maire PS. Dans ces villes, les membres du PCF trouvent-ils cohérent de protester, à l’assemblée, contre la politique d’austérité du gouvernement et, en province, de s’allier avec les mêmes pour mener, soi-disant, des politiques anti-austérité au niveau local ?
Soyons sérieux.
Sanctionner le gouvernement PS–EELV, tel sera l’enjeu réel du prochain scrutin des élections municipales. Les électeurs le feront soit en votant pour d’autres listes, soit en s’abstenant afin de protester.
Bien fraternellement.
Le Conseil national du M’PEP
La lettre de JC Sandrier
Lettre de Jean-Sandrier au M’PEP
Sur la trahison.
Il y a des mots dont il faut toujours mesurer l’utilisation. Le mot trahison en fait partie. Je sais aussi que pour toute une gauche se « payer » le PCF est encore un objectif constant.
Cette outrance que je lis m’amène à faire 2 ou 3 remarques.
La 1ere porte sur cette volonté de mélanger à tout prix une élection, la plus locale qui soit, avec un enjeu national. Bien sûr que des liens existent mais en même temps comment ne pas voir que le PS peut-être d’accord avec nous pour municipaliser le service de l’eau et cela dans l’intérêt de nos concitoyens et que nationalement nous soyons en complet désaccord sur les retraites ou le crédit d’impôt compétitivité emploi !
Ce qui compte est de savoir si nous pouvons faire avancer des choix en faveur de nos concitoyens au plan municipal si oui pourquoi ne pas le faire ? En quoi cela affaiblit-t-il notre critique du social-libéralisme qui sévit dans la gestion du pays. Penser cela voudrait dire notamment qu’au plan local il ne peut y avoir un rapport de force qui fait prendre en compte ce que nous défendons. Heureusement que selon les villes les régions ces rapports de force sont différents et peuvent amener à des choix stratégiques différents.
2e remarque liée à ce qui précède doit-on avoir exactement la même attitude, un peu militaire, d’aucune alliance avec le PS quand le maire ou le chef de file accepté est PCF, PG ou Front de Gauche ? Quand nous sommes dans une alliance depuis des décennies avec le PS et que cela sert nos concitoyens en leur évitant localement une politique de droite faut-il la quitter ? etc…
3e remarque cela fait 80 ans que la stratégie d’union de la gauche prévaut dans notre pays, avec des hauts et des bas sans aucun doute, mais qui peut prétendre que par un coup de sifflet comme dans la cour de récréation, tout le monde se mette en rang !
Enfin 4e remarque venir expliquer que vous ne choisirez pas entre une liste UMP ou PS-PC ou FN frise l’irresponsabilité politique. Veuillez m’excuser pour la dureté du mot mais il répond à peine à celui de trahison.
Si vous retirez « trahison » je retire « irresponsabilité ». Dans tous les cas pensons plutôt à nous rassembler sans vouloir que tout le monde se coule dans un même moule dans lequel toute diversité, toute différence, tout débat, toute hésitation, tout tâtonnement serait proscrit voire même jugé.
Jean Claude Sandrier
La vérité, c’est que même ceux qui critiquent la social-démocratisation du PCF entretiennent la confusion. On fait croire que le PCF serait un parti communiste, que ce parti pourrait changer, pourrait modifier son fond et sa forme, sa stratégie, ses alliances. C’est exactement le même genre de confusion que l’on entretient avec le PS. Alors, il faut cesser de vilipender la confusion sur le PS tout en entretenant la confusion sur le PCF. Quant on lit la dernière abomination de monsieur Brossat sur le HuffPost, ici : http://www.huffingtonpost.fr/ian-brossat/frigide-barjot-nathalie-kosciusko-morizet_b_4297868.html?utm_hp_ref=france
on voit à quel point le PCF est le clone du PS. Le PCF n’est pas dépendant du PS, n’est pas trop gentil avec le PS : pour parler clair, et j’espère n’être pas censuré, le PCF, le Parti de gauche et l’ensemble du Front de gauche, sont dans la main de l’oligarchie, voilà la vérité, ce sont des sociaux-libéraux au service de l’oligarchie et qui crient (de moins en moins, du reste) pour donner l’impression qu’ils sont à la gauche de la gauche. Mais, le PS étant de droite, cela signifie que le Front de gauche est simplement à la gauche de la droite (et, en réalité, même pas …). Comme je le dis dans mon commentaire sur le Huff Post, le Front de gauche est à la radicalité ce que la limonade est à l’absinthe. Ces gens sont du Canada dry, et encore : ça veut se donner la couleur, l’odeur et le goût de la radicalité, mais ça n’en a même pas le début d’un commencement d’esquisse … On pourrait en dire autant des syndicats, du reste. On peut nous rappeler quelle fut la position de Bernard Thibault au moment du référendum de 2005 ? Il était pour le oui ! Le PCF, le Front de gauche sont pour l’euro, pour l’UE; monsieur Mélenchon ne propose absolument pas de sortir de l’otan, il était favorable à la guerre en Libye, sa position sur le Mali était tout sauf claire, il a approuvé la première guerre du Golf.