Ce film a reçu le label « centenaire » délivré par la Mission du centenaire de la première Guerre mondiale.
Raconté grâce à de nombreux documents inédits, issus des archives officielles et privées « Les Mutins de La Courtine » nous dévoile un épisode méconnu de la Première guerre mondiale, celui des soldats du Corps Expéditionnaire Russe engagés aux côtés des Français, victimes encombrantes de l’histoire qui osèrent se révolter contre l’ordre guerrier. Une épopée romanesque au coeur de la guerre alors que la Russie se libérait du tsarisme pour basculer dans la révolution bolchévique. Retirés du front, regroupés au camp de La Courtine dans la Creuse, certains de ces soldats accueillis en héros mourront en mutins
France 3 Limousin / Leitmotiv Production
En Février 1916, un accord conclu avec la France aboutit à l’envoi des 20 mille premiers combattants russes pour affronter l’armée allemande. Ils seront entre 40 et 50 000 au total. Courageux, travailleurs, disciplinés, ces soldats sont de bons gars qui ne reculent devant aucun sacrifice. Nous sommes au cœur de la 1ère Guerre Mondiale mais une autre page de l’Histoire est en train de s’écrire en Russie. En Février 1917, la révolution éclate et le Tsar Nicolas II abdique. Un gouvernement provisoire est constitué et il souffle comme un air de liberté, y compris jusque dans les rangs des moujiks présents sur le front français. Ils sont de plus en plus nombreux à contester l’autorité de leur hiérarchie.
De la chair à canon
C’est l’offensive « Nivelle » qui va être le déclencheur d’un mouvement de contestation, qui va mettre le feu aux poudres. Cette offensive du Chemin des Dames va coûter la vie à 30 mille soldats français et 5000 Russes de la 1e et de la 3e brigade : les survivants veulent rentrer au pays. « Sur cette photo… mon grand-père, raconte Eric Molodtzoff, il a été blessé en avril 1917 lors de l’offensive Nivelle. Touché à l’épaule, il a été évacué sur Saint-Malo. Pendant sa convalescence aura lieu la mutinerie de la Courtine. Il n’y aura pas participé directement, mais je me suis pris dans le jeu de l’enquête, j’ai découvert que l’histoire officielle a jeté aux oubliettes la révolte des soldats russes. »
Vers la mutinerie
La première brigade russe est décimée. La révolte gronde. Les soldats veulent rentrer chez eux, profiter de la liberté récemment acquise dans leur pays. Ils ne se reconnaissent plus dans la discipline dans laquelle ils ont été forgés. La propagande pacifiste parvient jusqu’à eux et la France craint alors une « contagion » dans ses propres troupes. Il faut alors éloigner les « mauvais esprits »… La 1e brigade doit être cantonnée : ce sera dans la Creuse.
Plus de 10 mille hommes débarquent donc le 26 juin 1917 dans le camp militaire de La Courtine. Rapidement, ce camp devient un site autogéré par des soldats à bout. Ils refusent de rendre leurs armes. Le 16 septembre, l’armée française et le commandement russe passent à l’action pour museler les mutins et obtenir leur reddition : 3 jours de bombardements, 9 morts et 49 blessés. Les hommes de la 1e brigade se rendent. Les deux brigades 1e et 3e sont dissoutes.
« A ce moment-là, trois choix sont offerts aux survivants, raconte Eric Molodtzoff, rejoindre le front, intégrer des compagnies de travail à l’arrière… et pour les réfractaires, une déportation en Algérie (…) mon grand-père ira casser des cailloux dans une carrière à Lure…. »
article repris du site web du PRCF 29 l’Hermine Rouge
Le documentaire :
https://vimeo.com/groups/indiefilm/videos/144629846