Il y aura cinquante ans, Samedi 23, mourait Pablo Neruda. Rechercher les causes de ce triste évènement est certes nécessaire mais profitons de l’occasion pour évoquer sa vie publique.
Elle fut mouvementée, riche en événements et en contrastes : diplomate, sauveteur de réfugiés, auteur d’une « lettre d’amour à Stalingrad », opposant poursuivi, exilé au terme d’une longue marche, récipiendaire du prix Staline, poète censuré puis à nouveau Ambassadeur, Prix Nobel malgré plusieurs campagnes hostiles de la CIA, ses œuvre mises en musiques…
«… venez voir le sang dans les rues…. ». Face à une poésie quelque peu éthérée, cet appel célèbre reste malheureusement actuel. Car que voyons nous dans les rues de nos villes ? De jeunes esclaves prêts à bondir sur leur vélo pour livrer des plats tièdes ; d’étranges campeurs dont les tentes sont posées à même le bitume. Les métros ne peuvent traverser nos capitales sans faire accompagner leur bruit de la litanie des quémandeurs démunis qui s’excusent de déranger. Sans parler des visions de béton éventré dans des villes en guerre toujours plus proches…
Donnons donc la parole à ce contemporain. « Je n’ai pas appris dans les livres la composition d’un poème », écrivait-il « la poésie est une action passagère ou solennelle dans laquelle entrent ensemble la solitude et la solidarité, le sentiment et l’action, l’intimité de soi, l’intimité de l’homme et la révélation secrète de la nature ». Il évoque longuement cette dernière dans son discours de nobélisation pour conclure, en s’inspirant de Rimbaud : « ce n’est qu’avec une ardente patience que nous conquerrons la cité splendide qui donnera lumière, justice, dignité à tous les hommes ».
Nous ne saurions en dire d’avantage !
Olivier RUBENS