Il y a 150 ans naissait à Vladimir Illich Oulianov, dit Lénine. La situation actuelle démontre l’actualité de la méthode et des résultats du révolutionnaire russe. Initiative Communiste a interrogé à ce sujet Georges Gastaud, auteur en 2017 d’un essai, Le nouveau défi léniniste, paru aux éditions Delga.
IC – Né il y a 150 ans, Lénine a-t-il encore une actualité pour nous ?
Oui, bien sûr. Lénine fut et reste une figure de proue de la praxis révolutionnaire, de la construction politique, de l’art militaire, de l’édification économique, de la bataille culturelle et de la pensée théorique ; ce n’est pas un éloge, c’est un constat. Or, comme l’a montré Hegel, de tels hommes ne vieillissent pas et sont mille fois plus modernes, inoubliables et actuel au plein sens du mot que ne le seront jamais les « hauts personnages » de l’oligarchie actuelle dont on retiendra aussi peu les noms dans dix ans que l’on ne sait les noms des présidents de la IIIème République ou les patronymes des anciens rois d’Austrasie. Pour me résumer à l’extrême (ceux qui voudraient en savoir plus peuvent passer commande du Nouveau défi léniniste chez Delga !), je dirais que Lénine nous est indispensable…
En philosophie :
Dès 1908, Lénine a compris qu’une révolution majeure commençait d’ébranler les sciences physiques et il s’est intéressé avec sagacité aux polémiques menées par Ernst Mach, Henri Poincaré et par bien d’autres physiciens d’avant-garde de son temps. Doté d’une grande finesse critique et armé d’une profonde maîtrise des orientations matérialistes en épistémologie, Lénine a compris que c’était la forme, et non le contenu principiel des catégories de matière, d’énergie, etc. qui changeait. Alors que certains physiciens rejetaient la nouvelle physique émergente ou qu’à l’inverse, un Poincaré, par ex., dérapait vers l’immatérialisme et déclarait que « la matière disparaît », alors qu’Ostwald prétendait substituer l’ « énergétisme » au matérialisme philosophique, le fin dialecticien qu’était Lénine fit preuve d’un grand sang-froid théorique ; il montra que c’est la conception purement mécaniste de la matière qui devait céder le pas à une conception plus riche, plus large, en somme plus dialectique de la nature physique : une conception nouvelle dans laquelle la matière ne serait plus articulée du dehors, « métaphysiquement », à l’énergie, au vide, à l’espace-temps, etc., comme c’était encore le cas dans la physique d’inspiration newtonienne, mais où tout au contraire, les scientifiques auraient à comprendre en profondeur cette phrase anticipatrice d’Engels, lui-même passionné de sciences de la nature, selon laquelle « il n’y a pas plus de matière sans mouvement que de mouvement sans matière » : bref, le matérialisme doit apprendre à se dialectiser, à sortir de conceptions essentiellement statiques de la matérialité (et essentiellement métaphysiques, non matérialistes, de l’espace, du temps, du vide, etc. ; de même qu’à l’inverse, la dialectique doit se matérialiser et rompre avec ses origines largement idéalistes (planonisantes ou hégéliennes). D’où le travail de fond qu’entreprendra ultérieurement Lénine en lisant et en annotant la Grande Logique de Hegel, ce livre que des lecteurs communistes superficiels qualifieraient sans doute d’ « abscons » et que Lénine jugeait à la fois « le plus idéaliste et le plus matérialiste » du grand logicien allemand. Lénine donna ainsi l’exemple – sans pouvoir mener cette étude à son terme étant donné l’emballement de l’histoire – d’une pratique philosophique de type nouveau où l’élaboration des catégories logiques doit sans cesse se croiser à la réflexion sur les progrès de notre connaissance de la matière… et aux innovations de la pratique révolutionnaire. Les grands livres de référence en la matière sont Matérialisme et empiriocriticisme et les Cahiers sur la dialectique de Hegel, des textes d’étude qui ne seront publiés que longtemps après la mort de Lénine. Quand on prend connaissance des débats théoriques actuels sur l’ontologie des sciences physiques ou cosmologiques, sans parler des débats théoriques sur l’économie, on ne peut être que frappé sur le champ par la modernité de la démarche léniniste dont la méthodologie dia-matérialiste invite, hier comme aujourd’hui, à ne pas opposer par exemple « la matière » à l’ « antimatière » ou l’ « énergie » au « vide quantique », et qui refuse par exemple de confondre « le travail productif » ou « le prolétariat » pris dans leur essence, avec tel mode d’existence daté de la classe ouvrière ou du travail salarié…
On est donc ici à mille lieues comme on le voit de la représentation courante d’un Lénine pur « praticien » de la « théorie » de Marx, comme si ce dernier n’avait pas été AUSSI un grand organisateur pratique du prolétariat (le fondateur notamment de la Première Internationale !) et comme si, à l’inverse, Lénine n’avait été qu’une sorte d’agitateur des passions populaires slaves… À l’instar d’Engels, qui jouera un grand rôle dans la formation de la Deuxième Internationale (dont la dégénérescence politique eut lieu après sa mort), et qui fut un vrai savant, notamment en anthropologie, et une sorte de nouvel Encyclopédiste (il faut lire et relire sa Dialectique de la nature, inédite de son vivant) Marx et Lénine surent s’appliquer pleinement le précepte de l’unité dialectique de la théorie et de la pratique : toute pratique marxiste est fortement théorique, sous peine de tomber dans le spontanéisme plat et stérile, de même que toute théorie marxiste se confronte organiquement aux sciences, au devenir culturel et aux luttes pour la transformation sociale.
Et le fait de comparer ces géants de l’intellect aux scribouillards ineptes que furent Mussolini et Hitler dans le domaine de la théorie politique, montre toute la sottise de l’idéologie dite « antitotalitaire » qui déshonore le programme officiel d’histoire de nos collèges et lycées, prêts à tous les amalgames les plus ineptes.
En économie politique,
Lénine ne fut pas qu’un lecteur rigoureux du Capital. Il a notamment rendu compte dans le détail du devenir du capitalisme mondial à l’époque du capitalisme monopoliste évoluant vers le Capitalisme monopoliste d’Etat : alors que Marx et Engels pouvaient encore, à juste titre, célébrer la dimension partiellement progressiste du capitalisme libéral et concurrentiel de leur temps, Lénine a saisi que le capitalisme « moderne », principalement marqué par la baisse tendancielle du taux de profit prévue par Marx, était désormais massivement tourné vers la constitution de monopoles capitaliste truquant la concurrence, pratiquant l’exportation massive des capitaux, organisant la prédominance du capital financier, généralisant le pillage de l’Orient – Chine en tête – , suscitant des luttes inter-impérialistes impitoyables pour le repartage colonial du monde, allumant sans fin de nouvelles guerres impérialistes (les tendances à la lutte entre blocs impérialistes l’emportant sur les trêves entre empires rivaux : nous sommes à des kilomètres de la sotte « mondialisation heureuse » d’un Alain Minc ou des théories gauchistes de T. Negri sur « l’Empire et la multitude »…). Le capitalisme-impérialisme, c’est aussi le bridage insidieux ou brutal des forces productives (la recherche technico-scientifique principalement canalisée vers la recherche du profit maximal) et la montée du parasitisme économique dans les métropoles impérialistes : dès 1916, s’appuyant sur les travaux d’Hobson, Lénine (L’impérialisme, stade suprême du capitalisme) montrait la tendance fondamentale des métropoles impérialistes à délocaliser la production industrielle vers les pays à bas coûts salariaux, à accaparer les moyens techniques du pouvoir et de l’influence dans les pays riches tout en réduisant à domicile l’impact social des classes ouvrière et paysanne dont l’existence sociale repose sur le travail productif (on est désormais en pleine explosion de ce parasitisme avec l’euro-casse de l’industrie en France et avec la montée vertigineuse des couches dites « bobos » qui donnent le ton dans les grandes villes de France, notamment Paris : milieux de la pub, de la finance, de la com, etc.). Tout cela a abouti à l’idée, exposée par Lénine en pleine Guerre mondiale de 14/18, que l’impérialisme est la « réaction sur toute la ligne » ; si bien que l’actuelle phase impérialiste du capitalisme dévoie ou renie selon les cas les orientations encore partiellement progressistes de la phase libéral-démocratique et antiféodale de l’histoire capitaliste (mouvement des nationalités du 19ème siècle) : ce n’est pas pour rien que la grande bourgeoisie macroniste actuelle diabolise comme jamais, soit dit en passant, Robespierre et le jacobinisme qui accouchèrent pourtant de la révolution bourgeoise-démocratique dans notre pays…
Mais l’impérialisme, c’est aussi l’usurpation du sentiment national, en lui-même légitime et initialement progressiste (pensons aux Soldats de l’An II…), pour déguiser les visées prédatrices des oligarchies financières ; et parallèlement, c’est la double montée en puissance
- des formes politiques brutales et barbares, ouvertement non démocratiques, de la domination oligarchique (on ne disait pas encore le fascisme, mais Engels avait déjà prévu que tôt ou tard, l’humanité devrait choisir entre socialisme et barbarie…), et
- de l’opportunisme social-démocrate et réformiste, voire – à notre époque où le patronat s’efforce de tout reprendre aux travailleurs, de l’opportunisme CONTRE-réformiste à la Laurent Berger : car l’exportation des capitaux et la surexploitation des colonies permettent aux oligarchies capitalistes d’acheter la paix sociale dans les métropoles en corrompant les bureaucraties politiques et syndicales du mouvement ouvrier.
Lénine a mis en lumière les traits politiques majeurs du capitalisme contemporain
Dans le cadre de cette analyse de l’impérialisme, Lénine mettra en lumière plusieurs traits politiques majeurs du capitalisme contemporain :
La loi d’inégal développement qui interdit aux impérialismes d’harmoniser leurs économies et de s’unifier durablement entre eux, tant le capitalisme est essentiellement un mode d’existence anarchique de la production et de l’échange ; cette loi du développement inégal conduit, périodiquement, à « promouvoir » certains impérialismes au détriment d’autres, qui sont périodiquement déclassés ; et cela pousse inexorablement les empires capitalistes à s’affronter sans relâche, tout en s’unifiant pour combattre les peuples et les expériences socialistes émergentes, ainsi qu’on l’a vu à l’époque de la guerre dite « froide » et comme on le voit aujourd’hui (entre autres) quand l’Europe allemande et les USA, pourtant rivaux sur le plan monétaire et commercial, font front commun contre Cuba et les pays de l’ALBA, ou appuient tous deux leurs talons de fer sur la tête du peuple palestinien ;
De ce point de vue, Lénine comprit très vite, à la fois contre l’aile droite du mouvement ouvrier représentée par Kautsky, et contre l’aile gauchisante représentée par Trotski (et pour une part, par Rosa Luxemburg, contre laquelle Oulianov – qui ne l’en admirait pas moins – écrira la brochure Du droit des nations à disposer d’elles-mêmes), que l’avenir n’est nullement aux « Etats-Unis d’Europe », fussent-ils proclamés « socialistes ». Une telle Europe fédérale, que certains pacifistes –attirés en réalité par un supranationalisme impérial inconscient – promouvaient déjà durant la Première Guerre mondiale, ne pouvait être une solution progressiste à la situation sans issue d’un monde capitaliste de plus en plus barbare : « en régime capitaliste, dira Lénine, les États-Unis d’Europe ne sauraient être qu’utopiques ou réactionnaires ». Utopiques car en réalité, ils n’harmoniseront pas les rapports entre Etats européens fédérés mais soumettront impitoyablement les plus faibles aux plus puissants d’entre eux (voir comment Berlin a par ex. traité Athènes, Lisbonne ou Madrid ces dernières années : en « PIGS » : « cochons »). Ou bien carrément réactionnaires car ces États-Unis d’Europe fédérant des puissances de nature capitaliste-impérialiste (Allemagne, France, Angleterre…) ne peuvent être au mieux qu’un cartel prédateur d’États-brigands et nantis écrasant en commun le mouvement ouvrier et les mouvements de libération des colonies ; bref, les « marxistes » actuels (type Lutte ouvrière ou NPA), ou pire, les pseudo- « marxistes-léninistes » actuels qui traitent comme l’UE et la sortie de l’UE comme une bricole politique, qui opposent la lutte pour le socialisme à l’émancipation des peuples par rapport à l’UE, n’ont strictement rien compris au léninisme.
Qui, dialectiquement, refuse d’opposer l’internationalisme prolétarien au droit des nations à disposer d’elles-mêmes : d’abord parce que, à l’époque de l’impérialisme, l’exploitation éhontée des nations colonisées, voire des nations impérialistes soumises à d’autres et pillées par elles, peut comporter une signification anti-impérialiste totale ou partielle. D’où le complément apporté par l’Internationale communiste au célèbre mot d’ordre du « Manifeste communiste » : « prolétaires de tous les pays, peuples opprimés du monde, unissez-vous ! ». D’où aussi, sur un autre plan le fait que les léninistes français des années 1920 eurent raison de combattre l’exploitation française de la Ruhr alors que l’Allemagne ne cessait pas d’être un Etat impérialiste, et vice-versa, les communistes français eurent raison de combattre l’occupation allemande de leur pays alors que l’Etat français occupé demeurait structurellement impérialiste). D’où le fait que c’est en fusionnant, sur des bases anti-impérialistes, antifascistes, antiracistes, les revendications populaires, éventuellement socialistes, aux aspirations nationales légitimes des peuples que les grands combats communistes du 20ème siècle, de Stalingrad au Vietnam en passant par la Yougoslavie (libérée par les partisans communistes dirigés par le PCY), par la Chine (la libération nationale fut pilotée par le PCC) ou par l’Afrique lusophone (les libérateurs de l’Angola, du Mozambique, de la Guinée-Bissau, Neto, Machel, Cabral, étaient tous de culture communiste) unirent toutes d’une manière ou d’une autre le combat social au combat patriotique. Lénine lui-même disait partager la « fierté nationale des Grands-Russes » et se déclarait amoureux de la langue de son pays, distinguant bien évidemment le nationalisme (et le social-patriotisme impérialiste des réformistes qui n’en est qu’une projection) du patriotisme populaire : car le nationalisme impérialiste vise à l’oppression des peuples étrangers (et des minorités nationales « internes »), alors que le patriotisme populaire vise à affranchir les peuples de l’oppression impérialiste ; l’égalité et la solidarité entre les peuples constituent donc des critères assez simples permettant de distinguer le patriotisme populaire du nationalisme, du colonialisme, du racisme et du chauvinisme impérialistes. Et c’est ainsi que Lénine concevra la constitution d’une Union des Républiques Socialistes Soviétiques où la Russie ne serait pas prédominante, où chaque république fédérée jouirait du droit de se détacher de la Russie, et tout cela dans la perspective affichée du renforcement du camp socialiste et jamais comme un encouragement aux national-séparatismes réactionnaires (tels qu’on les a vu tristement proliférer en 1991 lors de l’éclatement de l’URSS, la séparation contre-révolutionnaire des pays baltes donnant le pouvoir sur place aux pires nostalgiques de Hitler !)… et tels qu’on voit aujourd’hui les forces européistes les encourager dans divers pays dont la France, pour disloquer les États-nations et stimuler la mise en place de ce que Bruno Le Maire appelle « l’empire européen »…
En politique proprement dite, Lénine fut, selon ses propres termes légèrement ironiques, un « marxiste orthodoxe », ce qui ne veut pas dire un théoricien simpliste tant la théorie marxiste de la révolution est riche et dialectiquement articulée. Contrairement à la politologie contemporaine qui ne connaît superficiellement que des « démocraties » et des « dictatures », le marxisme observe un fait patent que connaît d’expérience tout militant ouvrier chevronné : l’État, y compris l’État « démocratique » n’est pas « neutre », trônant « impartialement » au-dessus des classes en luttes. Tout État est démocratique d’une certaine façon (pour la classe dominante, y compris dans les périodes esclavagistes ou féodales où existaient toutes sortes de « conseils » et où le pouvoir absolu d’un seul n’a jamais été qu’une fiction) et dictatorial d’une autre façon : de cent façons il est là pour « mater » les classes dominées. Il s’ensuit que le passage du capitalisme au socialisme et au communisme ne saurait être gentiment graduel, pleinement pacifique, continu, insensible, comme le croient les réformistes et le révisionnisme moderne (par ex. les dirigeants du PCF parlant, dès les années 1980 de « l’avancée au pas à pas vers le socialisme autogestionnaire » et autres bluettes pour enfants sages. Le pouvoir d’une classe sociale ou d’un groupe de classes sur une autre classe sociale ou sur un autre groupe de classes ne se partageant pas (tant pis pour les Bergers du « dialogue social » n’apportant que des régressions !), il s’ensuit que le passage d’un mode de production à un autre de production ne saurait être qu’un basculement, donc qu’une révolution sociopolitique, quelle qu’en soit la forme (plus ou moins pacifique selon les cas) ; et une telle révolution sera potentiellement d’autant plus violente que les rapports de forces nationaux ou internationaux, et surtout, que la résistance opposée par la classe sociale en voie d’éviction, lui seront plus défavorables.
Dès lors, comme l’avait déjà signalé Marx dans son analyse critique de la Commune de Paris (« La guerre civile en France« ), la classe ouvrière en révolution ne peut se contenter de récupérer tel quel l’appareil d’État bourgeois dont la police, l’armée, la justice, le fonctionnement institutionnel et même ce qu’Althusser, faisant suite à Gramsci, nommera les appareils idéologiques d’État (appareils religieux, école bourgeoise, médias dirait-on aujourd’hui, mais aussi appareil publicitaire, etc.) sont intrinsèquement façonnés par et pour les exigences de la domination (la classe dominante doit assurer des services publics indispensables au fonctionnement global de la société et au maintien d’un minimum de consentement social, mais même ces exigences sont en dernière analyse surplombées par l’impératif catégorique de la domination). Il faut donc « briser l’État bourgeois ». Ce qui ne signifie pas congédier les fonctionnaires – chaque passage des communistes au gouvernement les a au contraire sécurisés dans leur emploi et leurs libertés professionnelles (statut Thorez, statut Le Pors…) – mais qu’il faut révolutionner tous ces appareils d’État pour les approprier aux classes populaires, tant il est vrai que, comme le dira le philosophe communiste français Georges Politzer, « la nation, c’est le peuple ».
Dès lors la révolution se confond avec, d’une part la conquête du pouvoir d’État (qui ne se réduit pas à la victoire du parti communiste aux élections), d’autre part la nationalisation démocratique (en mouvement vers la socialisation proprement dite) des grands moyens de production, avec le pouvoir des travailleurs (ce que les classiques du marxisme ont appelé la dictature du prolétariat) et avec la refonte de l’appareil d’État de manière telle que les travailleurs soient concrètement en situation d’imposer des décisions qui leur soient favorables et d’en contrôler l’exécution. On voit aussi du même coup qu’il n’y a pas de muraille de Chine séparant la révolution socialiste et la construction du communisme dont Lénine dessine la visée dès la prise du pouvoir (voir par exemple les fameuses Thèses d’Avril 1917, écrites alors que Lénine est encore en exil). Le communisme, c’est-à-dire cette visée concrète vers laquelle le socialisme est sans cesse amené à s’auto-dépasser sous peine de régresser, et qui implique le passage d’une logique du profit maximal à une logique de satisfaction des besoins sociaux, d’une économie de marché anarchique vers une société démocratiquement planifiée (Lénine parle de la « société des coopérateurs civilisés »), d’une répartition fondée sur le principe : « de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins » (ce qui inspirera la mise en place de la Sécurité sociale telle que la construira A. Croizat) et d’une société décloisonnée où la division en classes opposées cessera d’ossifier le corps social et où « le développement de chacun (sera) la condition du développement de tous ».
Dans une telle société, le dépérissement de l’État – y compris de l’État socialiste en tant qu’il est encore séparé de la société – n’est pas seulement une lointaine visée, c’est une tâche concrète de chaque instant dont « L’État et la révolution » (écrit en pleine révolution de 1917 !) décrit la logique implacable. Pour ne prendre qu’un exemple, en pleine « période spéciale », au moment où la Russie d’Eltsine s’acoquinait avec l’impérialisme étatsunien pour étrangler Cuba, la direction communiste du pays a « mis le paquet » sur l’éducation entièrement gratuite, sur les soins médicaux entièrement gratuits, sur le partage de la nourriture restante (le pays était de fait en état de siège) et des transports automobiles subsistants : de la sorte, la visée communiste de Cuba restait concrètement vivante pour la population alors que, économiquement parlant, les pénuries s’installaient et la production reculait de 40%. Et comme on sait, les ultimes textes de Lénine, blessé par balle et gravement malade, furent à la fois pour engager la construction du socialisme en URSS (le « socialisme en un seul pays » n’est pas une invention maligne de Staline !) et pour construire l’Internationale communiste, pour appeler à collectiviser et à prolétariser au maximum la direction du parti et de l’État, pour mettre en place l’ « Inspection ouvrière et paysanne » (afin de lutter contre l’étatisme et la bureaucratisation), pour refuser la militarisation des syndicats et de la production que proposait Trotski, pour insister sur l’égalité des républiques fédérées de l’URSS (sur ce plan Lénine s’opposa à certaines initiatives des Géorgiens Staline et Ordjonikidzé) et pour appeler à un développement large de l’initiative communiste des masses (La grande initiative, De la coopération).
Si l’histoire de l’URSS a vu par la suite se développer largement l’État, l’Armée rouge (y compris sa dimension professionnelle) et d’incontestables formes de bureaucratisation (que dénoncèrent, combattirent… ou que ne combattirent pas les successeurs de Lénine, cf le chapitre III de mon livre Mondialisation capitaliste et projet communiste, paru en 1997 au Temps des cerises, et intitulé « Pour une analyse révolutionnaire de la contre-révolution » : je ne puis développer ici), ces développements n’étaient nullement inscrits dans la matrice théorique du marxisme et du léninisme : ils eurent essentiellement à voir avec les conditions très dures et biaisées dans lesquelles dut se déployer la première expérience historique de construction d’une société socialiste : l’Union soviétique fut en effet constamment entourée et menacée par un monde capitaliste agressif qui lui infligea des contraintes terriblement usantes et déformantes : intervention de 18 pays impérialistes au cours de la Guerre civile de 1917/1921, invasion exterminatrice de Hitler (entre 25 et 30 millions de morts !), puis « équilibre au bord du gouffre » entretenu par l’impérialisme US, seul instigateur de tous les « tours » de la course aux armements nucléaires qu’initia le bombardement atomique du Japon.
Il ne m’est pas possible ici, faute de temps et de place de développer une analyse léniniste de ce que sont devenus les orientations léniniste en URSS et dans l’Internationale communiste après la mort d’Oulianov et je me contenterai donc de réaffirmer ce que j’ai développé cent fois par ailleurs : ce n’est pas par excès, mais par défaut de léninisme, que l’URSS, le camp socialiste et le Mouvement communiste international livrés aux déviations idéologiques croisées de l’opportunisme de droite (dont, pour finir, l’eurocommunisme et le gorbatchévisme) et de l’opportunisme de gauche (dont la coopération antisoviétique et antivietnamienne de la Chine dite maoïste de la fin des années 1970 avec les USA offrit un triste exemple) ont fini par succomber au décours des années 1989/91. Qu’il suffise ici de rappeler que tous les sondages réalisés en Russie depuis 1991 montrent que massivement, les Russes regrettent le socialisme expérience faite des deux systèmes sociaux. Pourquoi les Russes seraient-ils plus mauvais juges en la matière, eux qui ont fait l’expérience concrète du socialisme et de la restauration capitaliste – de la supériorité du socialisme (si déformé qu’il ait pu être, c’est une autre question) sur le capitalisme ; sauf bien entendu pour la minorité de « nouveaux Russes » chouchoutés par l’Occident qui se sont gobergés sur les privatisations de la propriété publique et de la Terre ?
La nécessité du parti communiste et de son efficacité par le centralisme démocratique : les leçons tirées par Lénine de l’expérience
Un point majeur de la construction théorico-politique cohérente du léninisme est la théorie du parti. Contrairement à ce qui est seriné par un certain nombre de « marxiens », sinon de marxistes, la théorie bolchevique du parti se situe dans le droit fil de la conception marxiste classique du parti communiste.
Marx et Engels sont partis du fait patent que les ouvriers servaient constamment de chair à canon aux révolutions bourgeoises (notamment en France : sous la Révolution bourgeoise démocratique, en 1830, en 1848…), qu’ils se faisaient tuer héroïquement pour la République « sociale », mais qu’une fois la fraction républicaine de la bourgeoisie installée au pouvoir, elle se retournait régulièrement contre le prolétariat qu’elle massacrait non moins massivement (pensons aux milliers de morts ouvriers fusillés en juin 1848 par le général « républicain » Cavaignac). Pour qu’il n’en fût plus ainsi, il fallait créer un parti ouvrier indépendant de toute bourgeoisie et de toute petite bourgeoisie.
À l’époque de Marx on en était encore à regrouper toutes les segments existants du mouvement ouvrier encore diffus et dispersé. Mais très vite, Marx lui-même a mesuré combien, par ex., l’anarchisme, héritier de Proudhon et ossifié par Bakounine, pouvait devenir un ferment continu de décomposition et de défaite en divisant et en désorganisant le mouvement ouvrier qui n’a que faire de cultiver l’indiscipline et le culte grand seigneur du « moi-je » alors qu’il a en face de lui, non seulement le grand patronat, mais un appareil d’État armé et supérieurement organisé.
Cette nécessité de s’organiser plus solidement sera une des raisons, surtout après l’écrasement de la Commune, pour organiser la Deuxième Internationale dans laquelle le marxisme commençait à l’emporter décisivement sur l’anarchisme, notamment en Allemagne. Mais d’emblée la IIème Internationale, contemporaine de la montée en puissance de l’impérialisme, donc de la montée de l’opportunisme en mouvement ouvrier, donnait des signes de soumission au parlementarisme bourgeois et l’on sait ce qu’il advint d’elle quand, en 1914, elle sombra partout, sauf en Russie et en Bulgarie, dans l’union sacrée de chaque parti « socialiste » avec l’impérialisme de « son » propre pays.
C’est de cette considération fondamentale, et non de l’on ne sait quel « autoritarisme » viscéral, que découle la théorie du centralisme démocratique dont les références initiales sont d’ailleurs moins « marxiennes » et « léniniennes » que jacobines et « montagnardes » : en effet, lors de la Révolution française, ce fut l’aile gauche bourgeoise, proche des Sans culottes parisiens (les secteur le plus populaire et combatif de la révolution) qui défendirent le centralisme démocratique (l’idée d’une république une et indivisible dont la loi fût la même pour tous sur tout le territoire) contre l’aile droite girondine des grands bourgeois provinciaux qui se méfiaient du prolétariat parisien et voulaient préserver la domination de la bourgeoisie riche à l’échelle des provinces.
Mais plus profondément encore, la nécessité du centralisme démocratique est issue du constat que la classe prolétarienne ne saurait devenir intellectuellement et pratiquement indépendante de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie sans se doter d’un parti fortement organisé, ancré dans le monde ouvrier, cimenté par l’analyse scientifique de la réalité (donc critique à l’égard des couches bourgeoises monopolisant le « débat public »). En effet, une remarque fondatrice du marxisme – dont chacun mesure quotidiennement l’actualité au triste spectacle du décervelage médiatique que nous subissons – est énoncée dans « L’Idéologie allemande » où il est justement noté que « dans toute société divisée en classes sociales, les pensées dominantes sont les pensées de la classe dominante car la classe qui possède les moyens de production matériel dispose aussi des moyens de production spirituels ». Si bien que le parti de la classe ouvrière ne saurait être un conglomérat amorphes de tendances disparates élisant leurs directions et fixant leurs orientations au gré des modes et de l’image de leurs chefs que forgent les médias aux mains de la bourgeoisie (« primaires » du PS par ex.) : si tel est le cas, c’est en réalité la bourgeoisie qui aura beau jeu de faire la pluie et le beau temps dans les partis dits ouvriers, comme on le voit depuis plus de 100 ans dans les partis « socialistes », où les « écuries » se disputent l’appareil sous l’arbitrage intéressé des médias (souvenons-nous de la manière dont le New York Times a lancé S. Royal il y a 13 ans en la mettant sur sa Une…).
Pour que la classe ouvrière domine dans son propre parti, dans son syndicat de classe, dans ses activités de loisir, autrement dit pour qu’elle soit MAITRESSE EN SA MAISON, c’est-à-dire libre, indépendante intellectuellement et en état de diriger la société, il faut qu’elle se dote d’une théorie révolutionnaire exprimant SES analyses, SES buts de classes et SA philosophie de l’existence : c’est la fameuse phrase de Lénine « pas de mouvement révolutionnaire sans théorie révolutionnaire » (« Que faire ? » 1902). Et il faut évidemment aussi qu’à l’intérieur du parti, ce ne soient pas les « grands élus » – et à travers eux les institutions bourgeoises -, les chefs autoproclamés, les tribuns d’un jour, les chouchous des médias, qui fassent la pluie et le beau temps, mais les CONGRÈS du parti tranchant les questions franchement, majorité contre minorité, les directions élues étant collégiales, les organes du parti dépendant dudit parti, les syndicats ne dépendant que des finances et des mandats de leurs adhérents (et non, par ex., des subsides de l’UE via la C.E.S. !). Ce qui permet au surplus à la discipline d’action de fonctionner et aux décisions prises d’être appliquées par tous, minorité comprise, quitte à être révisées au congrès suivant si des éléments nouveaux sont apparus.
Voilà pourquoi, si l’on part de son concept fondé sur la nature des choses, et non pas d’on ne sait quel « bonapartisme ouvrier » comme le disent sottement tant de manuels scolaires, le centralisme démocratique est un principe de liberté et d’autonomie pour la classe laborieuse qui peut alors, tant dans sa réflexion autonome que dans son action disciplinée et focalisée contre l’ennemi de classe, cesser d’être une masse de manœuvre pour les classes dirigeantes et devenir un SUJET CONSCIENT de son histoire et de celle de son pays, voire de l’humanité tout entière à travers la construction d’une Internationale communiste démocratiquement centralisée. C’est ainsi que, malgré les apparences, les bolcheviks (« partisans de la majorité » en russe), mobilisèrent un enthousiasme extraordinaire dans les classes populaires de Russie, puis du monde entier ; car pour la première fois, les ouvriers et les paysans eurent le sentiment justifié par les PRATIQUES qu’ils disposaient enfin d’un PARTI À EUX, de SYNDICATS À EUX, d’un moyen d’exister ensemble comme un puissant NOUS magnifique, redoutable et indestructible où à tout moment « les communistes faisaient ce qu’ils disaient et disaient ce qu’ils faisaient ». Ce que confirmèrent en gros, malgré les inévitables soubresauts de l’histoire, les immenses victoires d’Octobre 17, de 1945 (l’URSS fut, et de très loin, le principal vainqueur militaire du Reich), de 1949 (Pékin), de 1975 (Saïgon), etc. ; sans parler, à une échelle plus modeste, des avancées émancipatrices (partielles mais vivifiantes) du Front populaire français ou des grandes conquêtes de 1945 portées par Thorez, Duclos, Croizat, Paul, Wallon, etc. Alors que sous le nom de « liberté de critique », de discutaillerie sans fin, le parti petit- bourgeois du « menchevik » Martov n’apportait par à la classe ouvrière l’indépendance politique qu’elle cherchait mais la subordination à la contre-révolution et à l’impérialisme. C’est ce qu’allait confirmer l’histoire entière de la social-démocratie occidentale, puis le ralliement honteux des eurocommunistes occidentaux (directions du PCI, du PCE, et hélas, du PCF au cours des années 1970/80/90) à la « construction » européenne, à la « réunification » allemande, à la contre-révolution en URSS ; dans cet esprit capitulard travesti en « novations théoriques », Enrico Berlinguer (chef de file du PC italien) alla jusqu’à promettre qu’un gouvernement à participation communiste ne quitterait pas… l’OTAN !
Résumons-nous : indissociable de l’ancrage dans les luttes prolétariennes et dans la théorie scientifique de Marx, le centralisme démocratique n’est que secondement une question de discipline et de bonne organisation, même s’il l’est aussi : en premier lieu, il est le moyen pour la classe dominée de briser les chaînes de la domination spirituelle bourgeoise et de se rendre capable de marcher « contre le courant », contre l’idéologie dominante ; faute de quoi il ne saurait y avoir de parti d’avant-garde capable de déjouer les pièges tendus par l’adversaire, d’anticiper, de rebondir dans les défaites, pour fédérer toute la nation et toute l’humanité laborieuse derrière la classe prolétarienne et pour vaincre à temps ce redoutable ennemi mortel de l’humanité qu’est l’impérialisme.
La conception politique léniniste à l’opposée d’un ouvriérisme étroit, pour que la classe ouvrière soit au centre
Par conséquent, aucun ouvriérisme étroit dans la conception politique léniniste. Car le dialecticien Lénine n’a jamais opposé la construction sévère, exigeante, du parti communiste, à la formation de larges fronts populaires, démocratiques, pacifiques, visant à isoler l’adversaire principal. Le léninisme, contrairement à la caricature qu’en font les dogmatiques sectaires, ce n’est nullement l’assaut frontal immédiat et permanent des bataillons ouvriers contre l’ensemble des citadelles capitalistes comme si nous étions toujours à la veille d’assaillir le Palais d’Hiver. Tel est le pli malheureux du trotskisme qui, dès le début du siècle, sous-estimait l’alliance des ouvriers et des paysans russes indispensable pour abattre le tsarisme et pour asseoir une République démocratique pourvu que cette lutte démocratique elle-même fût dirigée par le prolétariat, et non pas sous-traitée par ce dernier (telle était la position menchévique dominante) au parti bourgeois « constitutionnel-démocrate » (les « cadets » /KD en initiales russes). Ni subordination à l’aile gauche de la bourgeoisie sous couvert de « large union antitsariste », ni isolement superbe menant à l’écrasement du prolétariat. C’est pourquoi le léninisme n’est ni un sectarisme ouvriériste, ni une machine à rabattre le vote ouvrier vers les partis de la gauche bourgeoise comme le fait l’actuel Parti de la Gauche Européenne, ce pilier gauche de l’Europe maastrichtienne. Pour nous résumer, le léninisme nous apprend plutôt à construire un solide parti de classe, théoriquement instruit et fortement organisé, qui soit capable d’unifier solidement sa classe, de la lier au syndicalisme de lutte et à l’ensemble des courants d’avant-garde de la société (y compris scientifiques, artistiques, culturels au sens large), non pour isoler les prolétaires, mais pour les mettre au cœur de la problématique politique nationale et mondiale, pour leur permettre, pays par pays, de « devenir la nation » (comme y invitait déjà le « Manifeste du Parti communiste« ), et planétairement, de devenir ce que Marx appelait « l’humanité sociale ». S’identifier et s’organiser non pour se replier mais pour fédérer sa classe, pour l’unir à toutes les autres couches anti-oligarchiques, pour diriger la lutte contre le grand capital et la tourner vers le socialisme-communisme, conquérir la direction de chaque nation non pas en contraignant les autres couches populaires (les thèmes gramsciens de l’hégémonie culturelle ne sont en rien des ruptures avec le léninisme, cf l’article de Lénine intitulé « De la portée du matérialisme militant », voir aussi ses innombrables écrits sur l’art et la littérature, et plus encore, la pratique extraordinairement souple et inventive de la construction culturelle qui fut celle d’Anatoli Lounatcharski, le premier commissaire du peuple à l’Instruction publique), mais en les faisant travailler ensemble dans la visée commune la plus progressiste possible : voilà la perspective constructive et potentiellement toujours victorieuse, du léninisme.
Il n’est d’ailleurs que de voir combien les « mouvementismes » et autres « spontanéismes » actuels, tous animés d’une polémique implicite contre Lénine, ne « tiennent pas la distance » : faute d’outillage marxiste et de véritable démocratie interne soumettant la minorité à la majorité (en application du principe d’égalité : un homme une voix), ils se laissent régulièrement égarer par leurs courants les plus européistes. En France et ailleurs, ce n’est pas le mouvement spontané des masses qui manque le plus ; mais de véritables partis d’avant-garde démocratiquement liés aux masses. Y compris au mouvement spontané des masses que le léninisme n’a jamais rejetés puisque l’insurrection bolchevique de 1917 avait pour objet de remettre tout le pouvoir aux soviets ouvriers et paysans. Modeste confirmation française et actuelle : contrairement à d’autres, y compris à de prétendus « mouvementistes » qui ont tout dit et le contraire à ce sujet, les léninistes du PRCF ont d’emblée soutenu les « gilets jaunes » sans leur faire la leçon, en essayant d’apprendre de leur expérience… tout en leur apportant l’expérience du mouvement ouvrier organisé…
conclusion
Il y aurait encore mille choses à dire et je mesure combien cet article est rapide et incomplet mais je manque présentement de temps et d’espace pour aller plus loin. Je me permets aussi une fois encore, immodestement certes, de renvoyer le lecteur qui veut aller plus loin à mon livre « Le nouveau défi léniniste« , ou encore à L’Essai ou aux deux derniers chapitre de « Lumières communes, traité de philosophie générale à la lumière du matérialisme dialectique » (Delga, nouvelle édition, 2020, dernier Tome intitulé « Fin(s) de l’histoire »). J’invite enfin pour finir, notamment les visiteurs du site INITIATIVE COMMUNISTE à ne pas faire de Lénine une lecture intemporelle et à confronter la lecture de ses « Œuvres complètes« , notamment celle des ouvrages signalés dans le présent article, à se souvenir que Lénine définissait l’esprit du marxisme comme l’ « analyse concrète d’une situation concrète » et dans cet esprit, à prendre connaissance de la résolution que la 5ème conférence nationale du PRCF a adoptée sur les enjeux contemporains en juin dernier : à eux de voir, en confrontant ce texte aux réalités en mouvement, si l’ambition du PRCF d’aider à reconstruire une organisation d’avant-garde correspond ou non à une réalité.