La compagnie Jolie Môme c’est une troupe emblématique à Paris, une formation musicale et théâtrale connus de tous les progressistes et au-delà, avec un rayonnement national. Un répertoire de dizaines de pièces originales mais aussi les classiques de Brecht, Prévert et tant d’autres, des créations populaires et ambitieuses qui font incontestablement référence et ce depuis le début du travail entrepris par cette troupe en 1983. La compagnie Jolie Môme c’est aussi un théâtre à la Plaine Saint Denis – la Belle Etoile. Une salle magnifique créé en 2004 au 14 rue Saint Juste quartier de la plaine saint denis, au métro Front Populaire. Une salle historique qui depuis sa construction à la fin du 19e siècle a été une salle des fêtes puis la salle de répétition du théâtre Gérard Philippe. C’est la compagnie Jolie Môme qui la transforme en septembre 2004 en théâtre. Et bien plus que cela, puisque c’est le creuset très riches de très nombreuses initiative et pratiques culturelles, intellectuelles et sociales.
Un incontestable lieux de référence culturel, pour les arts vivants, en région parisienne et bien au delà. Mais un lieu exceptionnel qui est menacé et qui a besoin de soutien. En effet, la compagnie fait face à des menaces d’une municipalités qui veut remettre en cause les conventions, avec un appel à projet mettant en avant d’après les dires du maire de Saint Denis « l’offre culturelle, y compris commerciale : petite restauration, boire, un verre… ». Et pour faire bonne mesure la municipalité veut augmenter de plus de 40 000 € les charges d’occupatation, pour pousser à un projet commercial.
La compagnie alerte : « Notre pérennité à La Belle Étoile n’est assurée que jusqu’à fin décembre. Comme au terme de chaque convention, un appel à projets concernant la gestion et l’occupation du théâtre a été lancé par la mairie, la ville étant propriétaire des lieux. Nous sommes très inquiets car cet appel d’offre ne nous correspond plus. Nous risquons donc de perdre notre outil de travail et de ne pas pouvoir assurer la programmation de la saison complète. »
Un large collectif d’usagers s’est lancé, pour protéger le théâtre et ses riches initiatives, pour soutenir les actions ouvertes qui y sont menées au profit de tous, mais avec d’évident bénéfice pour le quartier et la ville.
La rédaction ne peut qu’inviter chacun à soutenir ces actions, à commencer par signer la pétition de soutien. En quelques jours à peine c’est déjà 3000 citoyens qui ont signé l’appel en ligne.
Pourquoi signer cette pétition est important : https://www.change.org/p/pour-que-vive-la-compagnie-jolie-m%C3%B4me-%C3%A0-la-belle-etoile
Il y a 19 ans la compagnie Jolie Môme a créé et baptisé un théâtre du joli nom de La Belle Étoile. En toute confiance avec la municipalité pendant toutes ces années, cette troupe d’artistes, techniciens et administratifs (ils sont souvent tout cela à la fois !) a gouverné ce navire de 1200 M2 au sein du quartier populaire de La Plaine St Denis.
Elle y a inventé et développé un véritable service public de proximité :
· créations, soirées cabaret autour d’un repas convivial,
· accueil de compagnies en résidence, représentations de spectacles invités,
· accueil d’intellectuels, de mouvements militants, invitant aux débats d’idées,
· développement de pratiques amateurs d’adolescent·es et d’adultes,
· accueil des enfants en complicité avec la magnifique compagnie TMT (Tamèrantong),
· travail de découvertes et de pratiques théâtrales et musicales avec les jeunes des écoles, des collèges et des lycées.
Cette troupe mise au service des arts et des luttes est en effet unique en son genre. Son travail exceptionnel et ses festivals en région participent au rayonnement de la Plaine, de la ville de Saint Denis à travers tout le pays.
La poursuite de cette aventure est menacée par la Mairie.
C’est pourquoi nous avons besoin de votre soutien. Merci de signer et faire signer cette pétition.
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à rejoindre le comité des usagers de la Belle Étoile.
Pour joindre le comité de soutien : soutien@cie-joliemome.org
Une autre pétition, lancée par des collectifs d’artistes de Saint-Denis circule. si vous désirez la signer : https://mensuel.framapad.org/p/soutien
POUR QUE VIVE JOLIE MÔME À LA BELLE ÉTOILE : le manifeste du comité de soutien des usagers de la Belle Etoile
Le 6 juillet 2023, à l’occasion du conseil municipal, M. Hanotin, maire de Saint-Denis, a fait voter une résolution proposant un appel à projets pour l’occupation de la salle dite « La Belle Étoile » pour « adopter une nouvelle convention d’occupation des lieux ».
Les propos du maire de Saint-Denis révèlent sa volonté de mettre un terme à l’aventure humaine de La Belle Étoile.
Citons-le : « Les conventions passées avec la compagnie Jolie Môme sont pour le moins atypiques. Pour l’appel à projets, les critères retenus sont le renforcement de l’offre culturelle y compris commerciale : petite restauration, boire un verre (ce dont le quartier a besoin). Le premier enjeu c’est de proposer un spectacle tous les week-ends, ce qui n’est pas tout à fait le cas aujourd’hui. L’histoire écrite ne s’est pas renouvelée, malgré l’évolution colossale du quartier. Le moment est venu de s’interroger. Ce qui nous guidera c’est la solidité de l’offre culturelle et du financement du projet… »
« La solidité de l’offre culturelle » d’un théâtre associatif capable de maintenir son identité artistique, politique et ses actions sociales depuis 19 ans est-elle reconnue ?
Non, pour la municipalité, la solidité culturelle implique une activité marchande participant à une ambition politique simple : la gentrification de Saint Denis. Et elle ne s’en cache pas. Selon l’appel à projet auquel les candidats doivent correspondre, la politique « culturelle » de la ville « s’inscrit dans le cadre d’une politique de développement urbain ambitieuse, comprenant la rénovation et la création de quartiers entiers, la valorisation du centre-ville, l’arrivée du Grand Paris Express, la création de nouveaux services publics et lieux culturels, ainsi que de l’accueil et la participation à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. »
Alors évidemment, la Compagnie Jolie Môme ne saurait correspondre à une politique culturelle qui n’a rien de culturel. Évidemment, son engagement pour La Belle Étoile ne tient pas à l’opportunisme marchand que suscitent les JO.
Évidemment, nous déplorons également l’augmentation de plus de 40000 € des charges d’occupation que la mairie impose, poussant ainsi une programmation culturelle vers un projet commercial.
C’est la raison pour laquelle nous considérons que réclamer le maintien de la Compagnie à La Belle Étoile est une manière de défendre les habitants de Saint Denis contre la marchandisation de ses usages. Car la commercialisation n’est pas un geste d’ouverture, comme le prétend la mairie. Bien au contraire, c’est un facteur de sélection sociale, distinguant les publics désirables des usagers indésirables.
Qui sommes-nous ?
Le Comité des Usagers de La Belle Étoile !
En tant qu’usagers de La Belle Étoile, nous nous opposons à la transformation du théâtre en commerce et donc à l’exclusion de la Compagnie Jolie Môme. Et plus généralement à la politique urbaine de la mairie.
Le 6 octobre a eu lieu au théâtre de La Belle Étoile une première réunion d’information et de partage avec la Compagnie Jolie Môme.
Passé le temps de l’incrédulité et de la colère contre la mise en danger d’une aventure qui a créé de toute pièce au cœur du quartier, de la ville, du département, de la région et plus encore, un théâtre : lieu ouvert à toutes et tous, quelques soient les origines ethniques, culturelles et sociales, le genre, l’âge, la formation…
Nous avons immédiatement décidé de fonder un comité de soutien des usagers du théâtre de La Belle Étoile.
Nous nous revendiquons usagers parce que la Compagnie Jolie Môme a su créer un véritable service public intergénérationnel des arts, de la culture, du partage et de l’ « en commun ».
Ce service public que Jean Vilar revendiquait : « le théâtre c’est comme l’eau et l’électricité à tous les étages. »
Ce que la Compagnie, en occupant ce lieu a développé dans le quartier, les écoles, la ville et au-delà.
Il y a 19 ans, en se voyant octroyer le lieu, ancienne salle des fêtes chargée d’histoire.s, à l’abandon, véritable friche délabrée, la Compagnie Jolie Môme a développé ses projets, ses pratiques, ses créations. Ce lieu, aujourd’hui magnifique, est totalement ouvert sur le quartier, dans tous les sens du terme :
Ouvert comme la porte : jamais fermée.
Ouvert comme l’accueil et le développement de projets théâtraux, musicaux, sociaux en direction de publics de tout âge, instaurés avec des écoles, collèges, lycées ou associations, et leurs encadrants qui peuvent épanouir leur pratique théâtrale avec La Belle Étoile.
Ouvert comme l’empathie qui y règne et fait se côtoyer toutes les générations, les accents et les couleurs, les origines sociales et culturelles.
Ouvert parce que la vie quotidienne, d’hier, d’aujourd’hui et de demain est au cœur des échanges, des projets, des luttes et des combats pour un autre monde de partage et de solidarité.
Ouvert car c’est bien plus qu’un théâtre, une « salle ».
Nous sommes les usagers d’un lieu, que la Compagnie a inventé, développé en innovant chaque jour, lieu de créations, de spectacles, d’accueil, de pratiques amateurs, reposant sur la socialisation des savoirs et des cultures, militantes de toutes les solidarités.
Nous : usagers de ce magnifique service public du cœur, de la raison et de l’en commun soulignons que l’appel d’offre de la ville ne prévoit aucun financement par les deniers publics.
C’est ce chemin, marqué par l’absence de ces financements qui conduit à la privatisation du bien commun et des savoirs, à la mainmise du capital, des « propriétaires » sur nos vies, nos cultures, notre santé, notre éducation. C’est ce chemin qui concentre les richesses contre la socialisation de nos sociétés et du partage des richesses qui transforme les usagers en clients.
Nous ne laisserons pas s’assécher cette oasis d’empathie, d’espoir et d’avenir.
Nous ne fermerons pas les yeux : ces regards des écoliers d’aujourd’hui ou d’hier, devenus pour certains adultes, chargés de rires, de larmes, d’émerveillements, d’étonnements, de complicités d’amours mais aussi de dégoûts, de frondes, de révoltes… Les regards de nos vies qui sont nos émotions et nos sentiments.
Ne laissons pas fermer ces yeux ouverts sur le chiendent qui pousse entre le béton et les pavés.