QUE RÉVÈLE L’AFFAIRE DU « LANCET »? c’est la question à laquelle Georges Gastaud, philosophe – auteur d’une réflexion approfondie sur les sciences à travers son traité Lumières Communes – et secrétaire national du PRCF répond ce 5 juin 2020
Il ne nous appartient évidemment pas de trancher de la validité ou pas de la bi-thérapie (dépistage par des tests, traitement à l’azithromycine et à l’hydroxychlorine des personnes positives) mise en place à l’IHU de Marseille pour abaisser la charge virale des patients testés positifs au Covid 19 dès les premiers symptômes de la maladie. Nous nous étions contentés d‘indiquer, au début de la polémique créée par certains milieux experts autour de l’association azitromycine/hydroxichloroquine, qu’en période d’urgence épidémique, et en l’absence d’un traitement universellement reconnu, il fallait faire droit à l’esprit de responsabilité et d’initiative des médecins de terrain et se souvenir qu’en cas d’urgence, la certitude pratique de médecins traitant des centaines de patients pouvait l’emporter provisoirement, et sans annuler les exigences de rigueurs de la seconde, la certitude théorique exigible d’un processus de validation scientifique (tests randomisés en double aveugle, etc.). Champion du doute méthodique EN SCIENCES, Descartes lui-même conseillait de se contenter de la certitude pratique quand il faut agir dans l’urgence, et c’est d’elle que s’est contentée à juste titre Pasteur quand il a inoculé à Joseph Meister son vaccin antirabique (sans essais randomisés en double aveugle!).
Car comment supporter qu’un médecin n’ait rien d’autre à répondre à un malade mort d’angoisse que « restez chez vous, prenez du paracétamol et en cas de subite aggravation respiratoire, prévenez le 15, on vous mettra sous respirateur… si on en a suffisamment sous la main et que nous ne soyez pas trop vieux« ? Dans un tel cas, la rigueur scientifique a bon dos et frise le refus de soin. Eh bien les pouvoirs médicaux en place, soutenus par Véran et Macron, ont fait pire encore. Ils ont interdit aux médecins de prescrire du plaquenil / hydroxycloroquine (en vente libre en pharmacie jusqu’à février, puis brutalement retiré des étals!), menacé les médecins de ville qui auraient décidé de l’essayer (beaucoup de médecins malades sont passés outre pour eux-mêmes et certains ont eu le courage de le dire !), décidé d’autoriser l’hydroxychloroquine en soins « compassionnels » (à une étape de la maladie où ce médicament, les médecins marseillais l’avaient dit et redit, n’a plus de sens et peut même devenir dangereux puisque le problème n’est plus viral mais immunitaire et cicatriciel : on aurait voulu discréditer ce médicament, on n’aurait pas fait autrement…). Fin de non-recevoir opposée au directeur des Caisses de retraite des médecins généralistes qui a écrit quatre fois, sans obtenir de réponse du ministère, pour proposer que l’on se serve des médecins généralistes malades et volontaires pour comparer systématiquement, deux cohortes, celles des médecins qui se seraient administré la bi-thérapie marseillaise et celle des médecins qui auraient refusé ce traitement.
Ajoutons à cela la montée en épingle par certaines ARS de cas de malades ayant pris de la chloroquine en automédication et ayant eu par la suite des problèmes cardiaques (alors que le traitement devait bien évidemment se faire sous surveillance médicale et cardiaque comme ce fut le cas à Marseille, où un électrocardiogramme était méthodiquement effectué). Le coup de grâce à la chloroquine étant porté par l’étude foireuse en effet, selon les justes mots du professeur Raoult, qu’a publiée sans contrôle sérieux l’ex-revue prestigieuse anglaise The Lancet, pour condamner ce traitement en additionnant des pommes de terre et des fers à repasser sur la base de big data non sourcées : aussitôt les autorités françaises et leurs innombrables toutous médiatiques à la Laurent Joffrin se sont jetés sur cette « étude » pour discréditer l’IHU marseillais et faire interdire son traitement dans la foulée…
Sauf que, sur le champ, 100 sommités médicales de différents pays, légèrement plus férus d’épistémologie infectiologique que David Pujadas et Léa Salamé eux-mêmes, engueulaient littéralement The Lancet d’avoir publié une étude d’aussi basse qualité (voire d’aussi mauvaise foi!) que déjà, trois de ses auteurs sur quatre, ont désavouée publiquement leur piteuse prestation…
Encore une fois, je ne suis pas qualifié pour me prononcer sur le traitement ni même sur les méthodes (et encore moins sur les personnalités et sur les pratiques) des professeurs Raoult, Parola, Chabrière, etc. Mais en tant qu’observateur un peu aguerri des médias et de la vie politique, je ne puis que constater avec effroi un acharnement rien moins que scientifique à discréditer un traitement qui, dès le début, n’avait pas l’oreille de « l’État médical profond » français. Que ce soit pour des raisons de batailles mandarinales au sein des innombrables et coûteuses structures multiples et variées qui gèrent la santé publique chez nous, ou parce que d’aucuns voyaient d’un mauvais œil un traitement bon marché et « à l’ancienne », résultant du repositionnement de deux molécules archiconnues et libres de droit, pour traiter les premières phases de la maladie et qui était susceptible de barrer la route à des traitements nouveaux, brevetés, privés (Sanofi? Gilead?) et très chers, potentiellement générateurs de milliards de profits pour certaines firmes qui ont l’oreille de certains de nos décideurs peu regardants sur les conflits d’intérêts. Au fait, quelqu’un a-t-il déjà oublié l’affaire du MÉDIATOR et des complicités d’État sans lesquelles Servier n’aurait pas pu écouler son poison durant des années?
Conflit d’intérêts qu’on ne fera cesser qu’en nationalisant l’industrie du médicament, qu’en la gérant démocratiquement avec l’intervention dans la gestion des médecins de terrain et qu’en relocalisant en France la production des matériels médicaux indispensables pour que les Français n’aient pas à subir deux fois une gestion chaotique et anxiogène qui a désorganisé l’économie et le système de soins déjà aux portes de l’asphyxie.
Georges Gastaud – 4 juin 2020
le retrait piteux de l’article de The Lancet
La lettre ouverte de médecins du monde entier dénonçant cette étude foireuse
Open Letter the statistical analysis and data integrity of Mehra et al_Final