Michael CONNELLY. Difficile de s’arracher aux polars pleins de noirceur et de rebondissements de Connelly, qui nous implique dans l’univers glauque du L.A.P.D., la police criminelle de Los Angeles. L’inspecteur Harry Bosch s’efforce de rester propre et rigoureux dans un entrelacs mortel de rapports de forces où il n’est jamais certain que ceux qui dirigent la police, et derrière eux, les grands affairistes et politiciens, valent plus cher que les tueurs pourchassés (quand il ne s’agit pas des mêmes). On pourrait presque, à propos de Connelly, avancer le concept de réalisme capitaliste : réalisme, car l’auteur donne à comprendre « comment ça marche » aux USA le racisme et le communautarisme, la police-spectacle, la juridisation du moindre geste quotidien, l’absence de statut des fonctionnaires qui met tout policier honnête à la merci du harcèlement de ses chefs, etc. Réalisme capitaliste néanmoins parce que l’auteur ne voit jamais d’autre issue sociale et morale que la rigueur du policier solitaire qui, évidemment, ne pèse par lourd face à un broyeur social proprement monstrueux. Tout est bon chez M. Connelly, lire Volte-face, le Poète, etc.
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Dans Samedi 14 (La Branche, coll. Vendredi 13, 2011), JEAN-BERNARD POUY raconte l’escapade d’un ex-guérillero de l’action directe (il coupait des oreilles de PDG…) qui avait échappé à la traque, s’était rangé des voitures et qui retombe par hasard dans les pattes des services les plus politiques de la police manipulés par un ministre de l’Intérieur peu ragoûtant (ça ne vous rappelle rien ?). L’ex-gauchiste en cavale va parvenir à promener les flics en prenant appui sur les contradictions de l’appareil répressif. Le style est haletant, voire truculent, même si parfois les personnages sont un peu convenus (on a parfois l’impression que l’auteur, fixé aux conditions de luttes post-soixante-huitardes, ne connaît pas d’ennemi plus redoutable que la République bourgeoise française…).