Miguel Urbano Rodrigues, ancien député du PCP au Conseil de l’Europe, figure de la Révolution des Œillets et de la libération de l’Angola, organisateur des Rencontres de Serpa, animateur du site brésilien O-diario.info . Traduction à la demande du PRCF par Rose-Marie Serrano.
RÉFLEXION SUR DES HISTOIRES POLÉMIQUES DU PCUS, DE LA RÉVOLUTION D’OCTOBRE ET DE L’URSS
Par Miguel Urbano Rodrigues
Cet article fut écrit pour être inclus dans un livre posthume que je suis en train d’écrire. J’ai changé d’avis parce que ma compagne m’a persuadé que, dans ces jours où l’Humanité (le Portugal inclus) est immergée dans une crise structurelle du monstrueux système capitaliste condamné à disparaître, sa publication immédiate peut être utile.
J’ai lu en 1961, en Guinée Conakry, la traduction française de l’Histoire du Parti Communiste (Bolchévique) de l’URSS, révisée et approuvée en 1938 par le Comité Central du PCUS. Au Portugal, sur l’initiative du camarade Carlos Costa, l’histoire citée fut publiée en 2010 avec pour sous-titre Cours abrégé et une préface, très élogieuse, de Leandro Martins, alors chef de rédaction de « Avante !». L’initiative engendra une polémique au sein du PCP.
REGARDS INCOMPATIBLES SUR L’histoire
J’ai dans ma bibliothèque de Gaia la mentionnée Histoire du Parti Communiste (Bolchévique), différentes éditions de l’Histoire de l’Union Soviétique éditées en castillan par la Maison d’Edition Progrès de Moscou et la traduction en portugais de l’História da Grande Revolução Socialista de Outubro [Histoire de la Grande Révolution Socialiste d’Octobre], de la même maison d’édition, de 1977.
L’Histoire du PCUS, publiée en 1938 et approuvée par le Comité Central du Parti, fut traduite en 67 langues et plus de 42 millions d’exemplaires en furent vendus. Mais après le XXème Congrès elle fut retirée des librairies soviétiques.
Je décidai non sans une certaine sensation de malaise, d’exprimer mon opinion sur cette œuvre, celle de la Révolution d’Octobre et l’une des Histoires de Russie et de l’URSS, celle élaborée par les historiens A. Fadeiev, Bridsov, Chermensky, Golikov et A. Sakharov, membres de l’Académie des Sciences de l’Union Soviétique. Elle fut éditée en castillan aussi par la Maison d’Edition Progrès en 1960.
Pourquoi ce malaise ?
En raison de la conscience de la difficulté extrême d’établir des frontières entre le positif et le négatif, entre l’évocation de l’Histoire et la tergiversation de l’Histoire qui, parfois dans le même chapitre coïncident, ou se confondent ou se croisent en une confusion labyrinthique.
Dans l’Histoire du parti Communiste (Bolchévique), les trois premiers chapitres sont dédiés à la lutte pour la création d’un parti ouvrier révolutionnaire (le futur Parti Ouvrier Social Démocrate de Russie-POSDR-initialement marxiste), la lutte des bolchéviques contre les menchéviques et la première révolution russe (1904/1907). Le récit est très intéressant et souligne le rôle décisif que Lénine joua dans cette phase historique.
Les chapitres 4, 5 et 6 sont centrés sur la période qui va de la réaction de Stolypine jusqu’à la Révolution de Février 1917 qui renversa l’autocratie tsariste. Une information très riche et inédite pour les lecteurs d’Occident donne de la valeur à ces pages car elles illuminent l’ascension et le renforcement continu du Parti bolchévique et l’importance de l’œuvre théorique de Lénine comme idéologue. Les Thèses léninistes d’Avril, qui constituèrent un virage décisif dans la ligne du Parti, méritent une attention spéciale. En exigeant « tout le pouvoir aux soviets », Lénine enterra l’idée de la longue durée de la Révolution démocratique bourgeoise, en mobilisant le Parti et les travailleurs contre le Gouvernement Provisoire de Russie, dessinant la stratégie de la Révolution prolétarienne vers le socialisme.
Dans le chapitre 7, les auteurs de l’Histoire du Parti évoquent les événements qui précédèrent la Révolution d’octobre et sa préparation, avec des citations de Lénine qui facilitent la compréhension des luttes engagées contre le gouvernement Kerenski et dans le Soviet de Petrograd lui-même.
Mais le langage du livre, à partir du chapitre 4 dédié à la réaction de Stolypine, dans la période précédant le début de la guerre de 1914/18, change beaucoup et se distance de la rigueur, de la sérénité et de la loyauté exigées aux historiens responsables comme le furent des académiciens soviétiques de renom mondial comme Evguéni Tarle.
Pour caractériser l’opportunisme des menchéviques, des économistes, des empiriocriticistes et dénoncer et critiquer les erreurs de Kamenev, Zinoviev, Rykov, Preobrajensky et Trotski, et démontrer son incompatibilité avec le léninisme, les auteurs de l’Histoire du Parti Communiste (bolchévique) de l’URSS ont recours à une adjectivation agressive et insultante et déforment grossièrement l’Histoire.
Staline commence à apparaître de manière répétée dans de nombreuses pages, et on lui attribue des décisions et des initiatives importantes à une époque où il était encore un dirigeant peu en vue du parti, bien que proche de Lénine.
Il n’est pas vrai que Trotski ait adhéré au parti pour le miner de l’intérieur ou avec l’objectif de le détruire.
Kamenev et Zinoviev, à la veille de l’insurrection d’Octobre, assumèrent des positions qui amenèrent Lénine à les qualifier de traitres ; néanmoins l’attitude de Trotski, qui était président du Soviet de Petrograd, ne suscita aucune critique de la part de Lénine.
Quant aux négociations de Brest-Litovsk, les auteurs de l’Histoire du Parti Communiste tergiversent aussi les événements. Lénine censura Trotski, qui était le chef de la délégation soviétique, parce qu’il n’avait pas respecté les instructions pour signer la paix avec les Allemands, mais il n’a jamais appelé traîtres ni lui ni Boukharine, qui assuma une position ultra gauchisante, ni Radek ni Piatakov. Les historiens affirment qu’ils formaient un groupe anti bolchévique qui ourdit, « au sein du parti, une lutte furieuse contre Lénine ». Il est faux qu’ils eussent planifié d’ « arrêter VI. Lénine, JV. Staline et IM. Sverdlov, de les assassiner et de former un nouveau gouvernement de boukharinistes, trotskystes et social révolutionnaires de gauche ».
Il est faux que Trotski, avec « Kamenev, Zinoviev et Boukharine comme lieutenants, tentât de créer en URSS une organisation politique de la nouvelle bourgeoisie, le parti de la restauration capitaliste ».
La preuve qu’ils n’avaient pas agi comme des conspirateurs et des traitres fut la nomination postérieure d’eux tous pour des tâches de la plus grande responsabilité précisément à la demande de Lénine. Trotski fut nommé Commissaire de Défense dans la période la plus dramatique de la guerre civile et de l’intervention militaire des puissances de l’Entente, des USA et du Japon ; Zinoviev assuma la présidence de la IIIème Internationale avec l’approbation de Lénine ; Boukharine fut le chef de rédaction de la Pravda de 1924 à 1929 avec l’aval de Staline.
Dans le chapitre 9 la tergiversation de l’Histoire continue.
Même en vie de Lénine, Trotski, pendant le débat sur les Syndicats et la fondation de la NEP, assuma des positions qui furent durement critiquées par Lénine, mais continua dans le Politburo, avec l’approbation de celui-ci.
Dans les pages dédiées au XIII Congrès du Parti, la brève référence à la lettre que Lénine, déjà invalide, lui adressa le 24 décembre 1922, des mois avant de souffrir la dernière et dévastatrice attaque cérébrale, sont passés sous silence le contenu et la signification de ce document fondamental.
Les historiens de l’Histoire affirment que « Dans les accords conclus par le XIII Congrès on a pris en compte toutes les indications données par Lénine dans ses derniers articles et lettres ».
Il s’agit d’un mensonge inexcusable.
La lettre de Lénine et l’appendice du 4 janvier 1923 furent lus devant de nombreux délégués mais non publiés. Ce n’est qu’à partir de 1956 qu’ils furent divulgués publiquement en URSS.
Pourquoi ?
Dans cette lettre Lénine transmettait au Congrès son opinion sur les membres les plus importants du Comité Central, dont il défend l’élargissement.
LA LETTRE DE LÉNINE AU XIII CONGRES
Etant donné son importance je transcris à la suite certains passages de la longue lettre de Lénine au XIII Congrès dans laquelle il attirait l’attention sur le grave danger qui menaçait le Parti si l’on n’introduisait pas des modifications dans la structure de sa direction.
« Le camarade Staline, devenu secrétaire général, a concentré dans ses mains un pouvoir immense et je ne suis pas sûr qu’il sache l’utiliser avec la prudence suffisante. D’autre part, le camarade Trotski, selon ce que montre sa lutte contre le CC en raison du problème du Commissariat du Peuple des Voies de Communication, ne se distingue pas uniquement par des qualités remarquables. Personnellement, peut-être est-il l’homme le plus capable de l’actuel CC, mais il est trop orgueilleux et se laisse trop dominer par l’aspect purement administratif des affaires ».
Quelques lignes plus loin, il esquisse les profils de Kamenev, Zinoviev, Piatakov et Tomski qui étaient alors, avec Boukharine, Trotski, Staline et lui-même, membres du Politburo. Il attribuait à Boukharine certaines fragilités mais il en faisait aussi beaucoup l’éloge.
Sur Staline il avertit dans cet appendice :
« Staline est trop brusque et ce défaut, totalement tolérable dans notre milieu et dans les relations entre nous, les communistes, devient intolérable dans la charge de secrétaire général. C’est pourquoi je propose aux camarades de penser à la manière de passer Staline à un autre poste et de nommer pour cette charge un autre nom susceptible de se différencier du camarade Staline dans tous les autres aspects seulement par un avantage à savoir : qu’il soit plus tolérant, plus loyal, plus correct et plus attentif avec les camarades, moins capricieux etc. Cette circonstance peut paraître un détail insignifiant. Mais je crois que pour ce qui est de prévenir la scission et de ce que j’ai écrit avant des relations entre Staline et Trotski, ce n’est pas un détail ou il s’agit d’un détail qui peut acquérir une importance décisive ».
Contre des spéculations fréquentes chez des historiens d’Occident, l’hypothèse de la nomination de Trotski comme secrétaire général est absurde. La vieille garde du parti ne l’aurait jamais accepté.
Il y a quelques divergences dans les traductions en anglais, français, portugais et castillan de la Lettre de Lénine au Congrès et de l’appendice suivant. Mais elles sont insignifiantes.
L’ÉPOPÉE DE LA RECONSTRUCTION DE LA RUSSIE ET DE L’INDUSTRIALISATION
Le chapitre 10 est le meilleur du livre.
La Russie sortait ruinée de la guerre mondiale, de la guerre civile et de l’agression des puissances de l’Entente. Des dizaines de villes, des centaines de villages furent détruits. La production agricole et industrielle tomba à des niveaux très inférieurs à ceux de 1913. Pendant la sécheresse catastrophique de 1921 des millions de personnes moururent de faim.
Le Gouvernement Soviétique affronta des défis terribles.
Les usines existantes étaient obsolètes.
Je transcris de l’Histoire du Parti :
« Il était nécessaire de construire toute une série de secteurs industriels inconnus en Russie tzariste ; de construire de nouvelles usines de machinerie et des outils d’automobiles, de produits chimiques et métallurgiques, d’organiser une production propre de moteurs et de matériaux pour l’installation de centrales électriques ; d’augmenter l’extraction de charbon et de minerais, car c’est ce qu’exigeait le triomphe su socialisme en URSS.
Il était nécessaire de créer une nouvelle industrie de guerre, de construire de nouvelles usines d’artillerie, de munitions, d’avions, de tanks, de mitrailleuses, car ainsi l’exigeaient les intérêts de la défense de l’URSS dans ces conditions d’encerclement impérialiste.
Il était nécessaire de construire des usines de tracteurs, des usines de machinerie agricole moderne pour approvisionner l’agriculture, pour donner à des millions de petits paysans individuels la possibilité de passer à la grande production du kolkhoze, car ainsi l’exigeaient les intérêts du triomphe du socialisme dans les campagnes ».
Ces tâches gigantesques exigeaient des millions de roubles. Et les caisses du Trésor étaient vides.
Comme le pouvoir soviétique avait annulé toutes les dettes à des pays capitalistes contractées par l’autocratie tzariste, le crédit étranger était une impossibilité absolue.
Les excédants de l’agriculture étaient l’unique source sur laquelle le pouvoir soviétique pouvait compter. Mais pour les obtenir il était indispensable que l’agriculture fût en condition de les produire.
Un double défi se présentait : entreprendre la collectivisation des terres et moderniser en un minimum de temps l’agriculture en dotant les kolkhozes et les sovkhozes (fermes d’Etat) de moyens techniques adéquats.
Le Pouvoir Soviétique, contre les prévisions de Paris, Londres et Washington, qui considéraient impossible sa survie, gagna cette bataille épique.
Celle-ci coïncida avec les intenses luttes internes dans le Parti (Trotski fut expulsé en 1927 et déporté au Kazakhstan, Kamenev et Zinoviev furent aussi expulsés, bien que postérieurement ils fussent à nouveau admis) et exigea la destruction des koulaks [agriculteurs et paysans qui possédaient des propriétés] qui s’étaient enrichis énormément pendant la NEP.
Il n’y a pas de précédents dans l’Histoire de l’Humanité de transformations aussi profondes et rapides que celles qui eurent alors lieu en URSS.
Entre 1926/27 furent investis dans l’industrie un milliard de roubles, trois ans après, cinq milliards. Dans cette brève période on construisit la Centrale Electrique du Dniepr, la voie ferrée du Turkestan à la Sibérie, la gigantesque usine de tracteurs de Stalingrad, l’usine d’automobiles AMO.
En 1928, la superficie de kolkhozes était de 1.390.000 hectares ; en 1929 elle surpassait les 4.262.080 hectares et en 1930, 15 millions d’hectares.
Au cours du triennat 1930/33 l’industrie fut multipliée par deux.
Ces succès inimaginables furent néanmoins entachés de graves déviations des principes et des valeurs léninistes.
Dans la collectivisation des terres les koulaks ne furent pas la seule cible de la répression, elle toucha, et très brutalement, des millions de petits paysans qui résistaient à leur intégration dans les kolkhozes.
Staline critiqua « les excès gauchistes » de cadres du parti dans un article dans lequel il dénonçait les « graves erreurs de ceux qui s’étaient déviés de la ligne du Parti » à travers des mesures de « coercition administrative ».
Les statistiques forgées en Occident selon lesquelles des dizaines de millions de paysans russes et ukrainiens moururent dans le processus de collectivisation sont fantaisistes, de toute évidence.
Mais il est indéniable que de grandes responsabilités concernant des crimes commis au cours de cette période incombent à Staline.
L’Histoire du Parti Communiste (bolchévique) omet ce sujet.
Les idées de Lénine sur la collectivisation étaient incompatibles avec la politique de Staline pour l’agriculture et les méthodes auxquelles il eut recours dans un contexte de lutte exacerbée au sein du Comité Central.
Mais ma divergence frontale avec le secrétaire général du PCUS, désormais investi de l’énorme pouvoir que Lénine craignait et dénonça, ne m’empêche pas de reconnaître qu’il fut un révolutionnaire exceptionnellement doué qui réalisa en moins d’une décennie une œuvre colossale.
Je prends totalement mes distances par rapport aux éloges obstinés et dithyrambiques à Staline, mais je constate que le I er Plan Quinquennal fut achevé avec succès avant terme, la Russie se transforma d’un pays agraire arriéré, avec des structures médiévales, en un grand pays industriel. Un pays dans lequel presque 75 % de la population adulte était analphabète devint un pays instruit et cultivé doté d’un réseau impressionnant d’écoles supérieures, secondaires et primaires dans lesquelles on enseignait les langues de dizaines de nationalités qui vivaient ensemble dans l’espace soviétique de la Baltique et la Mer Noire jusqu’au Pacifique ; le premier pays au monde dans lequel l’Etat garantissait la santé et l’éducation gratuite à tous les citoyens.
CONCLUSIONS
Dans le chapitre des conclusions, les auteurs de l’Histoire du Parti (bolchévique) prétendent présenter le régime soviétique de la fin des années trente comme la concrétisation du léninisme. Staline en serait l’interprète fidèle.
Le cours de l’histoire a démontré la fausseté de cette prétention.
A cette époque -là, déjà, le culte à la personnalité de Staline était incompatible avec le projet de Lénine.
Ce ne fut qu’en 1956, au XXème Congrès du PCUS que le thème fut abordé.
Khrouchtchev, qui n’avait jamais adressé la plus infime critique au secrétaire général, en dessina un profil horrible. Postérieurement on a su que le célèbre Rapport au Congrès était semé de fausses informations. Mais le culte à la personnalité, stimulé par Staline, fut une réalité.
Ladite déstalinisation ne peut pas cacher que l’arrivée au pouvoir de Khrouchtchev marqua le début de la politique révisionniste qui conduisit à la destruction de l’URSS.
Ce fut Gorbatchev qui enterra le Socialisme en URSS, mais celui qui creusa la fosse fut Khrouchtchev.
SUR L’HISTOIRE DE LA GRANDE REVOLUTION SOCIALISTE D’OCTOBRE
Un groupe d’académiciens se chargea de la version portugaise, publiée en 1977 par la maison d’édition Progrès, mais la maison d’édition soviétique ne cita pas leurs noms.
Par le style, par le langage, par les sources consultées (qui occupent 71 pages dans la table des matières), c’est une œuvre différente de l’Histoire du Parti Communiste (bolchévique) de 1938.
Les premières références aux divergences dans la fraction bolchévique du POSDR n’apparaissent pas avant les pages 152 et 163. Les auteurs soulignent que Trotski, Kamenev et Zinoviev ne croyaient pas en la « victoire de la révolution socialiste en Russie ». Les deux derniers dénoncèrent même dans un article la préparation de l’insurrection du 7 novembre (25 Octobre pour le calendrier julien encore en vigueur), ce qui poussa Lénine à les qualifier de « traitres ».
La III ème Partie de l’Histoire en question est dédiée à l’Edification de l’Etat Soviétique et aux Transformations Révolutionnaires dans le pays.
Dans les 200 pages qu’elle occupe les critiques à Kamenev et à Zinoviev sont fréquentes et rares les références à Staline et à Trotski.
Les critiques à Trotski surgissent à propos des positions contradictoires qu’il assuma comme chef de la délégation soviétique dans les négociations de paix de Brest-Litovsk avec les Allemands et les Autrichiens.
Mais le langage dans ces lignes n’est pas agressif. Les auteurs écrivent que
« comme les communistes ‘de gauche’ (alors menés par Boukharine), Trotski ne croyait pas à la possibilité de conserver le Pouvoir Soviétique sans l’appui des pays d’Europe occidentale. Lénine avait donné des instructions pour signer le traité de paix si les Allemands présentaient un ultimatum ».
Et Trotski, comme chef de la délégation, ignora les indications de Lénine en se retranchant sur la formule absurde « ni paix ni guerre ! ». Mais quand les Allemands reprirent l’offensive le 18 février, Trotski, dans la réunion d’urgence du Comité Central, vota avec Lénine en faveur de la signature immédiate du traité imposé par les Allemands qui eut lieu le 3 mars.
Les auteurs n’indiquent même pas l’expulsion de Trotski du Parti en 1927 et sa déportation en Asie Centrale.
Il est évident que ce groupe d’historiens suit de façon disciplinée la ligne révisionniste adoptée par le PCUS depuis le XXème Congrès. Ils reflètent dans leur Histoire un type de sectarisme aussi condamnable que celui des rédacteurs de l’Histoire du Parti Communiste (bolchévique).
Le manque de références à Trotski n’est pas justifié.
S’il est faux qu’il ait été le cerveau d’un plan ténébreux destiné à démembrer l’URSS, en livrant l’Extrême Orient aux Japonais et l’Ukraine à Hitler, il est indéniable que le fondateur de la IV Internationale conspira de manière permanente dans son exil contre l’Union Soviétique.
UNE HISTOIRE DE L’URSS EGALEMENT POLEMIQUE
L’Histoire de l’URSS élaborée par les membres de l’Académie des Sciences cités au début de cet article, est aussi une œuvre polémique dans laquelle la tergiversation des événements reflète l’esprit du révisionnisme khrouchtchévien.
C’est un manuel peu ambitieux destiné aux jeunes. Le titre est de plus incorrect parce que les auteurs prétendent condenser en 400 pages l’histoire des peuples qui depuis le paléolithique s’installèrent au cours des siècles dans l’espace de l’Union Soviétique.
Le chapitre I, de Bridsove et A. Sakharov, est dédié aux communautés primitives et à la période de l’esclavage.
Dans le chapitre II, de Sakharov, le thème est le féodalisme et il englobe depuis la fondation de l’Etat Russe, les invasions mongoles, la désintégration de la Horde d’or, pour finir avec le développement des relations capitalistes.
La perspective marxiste n’est pas facile à identifier dans ces pages qui contiennent des informations très intéressantes absentes dans les travaux des historiens occidentaux sur ces périodes. Le nom de Staline apparaît pour la première fois à la page 141 inclus dans une liste de Bolchéviques qui luttaient contre les Menchéviks.
Kamenev est cité à la page 202 comme « leader des opportunistes de droite ». Boukharine et Preobrajenski, à la page 206 comme de « capitulards ».
Trotski est critiqué (Pag.212) pour « avoir violé les instructions du CC du Parti et du Gouvernement Soviétique, en refusant de signer les conditions de paix ».
On attribue à Staline, comme à Vorochilov, le succès de la victoire sur Krasnov (pag. 231) à Tsaritsyne (future Stalingrad).
Le trotskisme est à nouveau cité de façon critique à la page 528. Boukharine et Rykov sont qualifiés de « groupe anti parti d’opportunistes » (pag. 261).
Dans les pages dédiées à la collectivisation de l’agriculture, la violation des principes du Parti est attribuée à des fonctionnaires et à des soviets locaux et elle qualifie d’importante la critique de Staline à de telles déviations. Mais sans faire référence aux crimes commis et à la déportation en masse des paysans.
L’historien ne fait même pas allusion aux procès des années 30 qui aboutirent aux exécutions de Kamenev, Zinoviev, Rakovski, Boukharine, Preobrajenski et d’autres vieux Bolchéviques.
Les premières références au culte de la personnalité de Staline apparaissent à la page 281. L’auteur du chapitre affirme que l’ « idolâtrie envers Staline causa de graves préjudices au Parti Communiste et à la Société Soviétique » et il souligne que les succès obtenus par le parti et les masses populaires furent injustement attribuées à Staline.
Dans le chapitre dédié à la II ème Guerre Mondiale on souligne que Staline « assuma la direction militaire, économique et politique en concentrant dans ses mains la totalité du Pouvoir de l’Etat » (pag.287).
Dans le chapitre IV, l’académicien F. Golikov dédie un vaste espace (pag. 312 et suivantes) au XX Congrès. Il informe que lors de celui-ci on discuta le rapport du premier secrétaire, Khrouchtchev, en soulignant que « la question de dépasser le culte de la personnalité de Staline et ses conséquences » mérita une attention spéciale.
« Le Congrès -écrit-il- révéla avec audace et sincérité les fautes et les insuffisances dans le travail, résultat de l’idolâtrie à Staline, surtout dans les dernières années de sa vie et de son activité. Etranger à l’esprit du marxisme-léninisme et à la nature du régime du régime socialiste de la société, l’androlâtrie empêcha le développement de la démocratie soviétique et empêcha l’avance de l’Union Soviétique vers le communisme ».
Mais en critiquant les « aspects erronés de l’activité de Staline », la nouvelle direction du Parti affirme que « comme fidèle marxiste-léniniste et ferme révolutionnaire, Staline occupera la place qui lui est due dans l’Histoire ».
Dans la session plénière du CC de juin 1957 on indique que « fut vaincu et démasqué le groupe anti parti composé de Malenkov, Kaganovitch, Molotov, Boulganine et Chepilov ».
Suivent des pages apologétiques sur les extraordinaires succès que le PCUS, sous la direction de Khrouchtchev, était en train de réussir et qui permettraient à l’URSS d’ « occuper dans les prochaines années la première place mondiale tant en volume global de production qu’en production per capita. Dans ce pays sera créée la base matérielle et technique du communisme. »
Pour le malheur de l’Humanité, cette prévision optimiste fut démentie par l’Histoire.
Par le style et par le langage, le Rapport en question révèle clairement la mentalité révisionniste qui poussa l’URSS à sa dislocation et à la réimplantation en Russie du capitalisme.
C’est un travail qui ne contribua en rien au prestige de l’historiographie soviétique.
Il est utile de souligner que la grande majorité des historiens occidentaux, épigones du capitalisme, loin de contribuer à la connaissance de l’histoire réelle de l’Union Soviétique la travestissent avec perversité pour diaboliser le marxisme et Lénine.
Des décennies étant passées, c’est ma ferme conviction que l’Histoire du Parti Communiste (bolchévique) de 1938, l’Histoire de la Grande Révolution d’Octobre et les différentes Histoires de l’URSS éditées dans les années 70, tergiversèrent, chacune avec des objectifs divers, l’Histoire réelle d’événements qui laisseront des marques indélébiles dans la marche de l’Humanité.
*História do Partido Comunista (bolchevique) da URSS, Edição de Para a História do Socialismo, Portugal, Agosto de 2010, 527 páginas
** História da Grande Revolução Socialista de Outubro, Edições Progresso, Moscú, 1977, 676 páginas
*** Historia de la URSS (Ensayo), publicada en 1960 por Ediciones Progresso, de Moscú, 422 páginas
Serpa y Vila Nova de Gaia, Septembre et Octobre 2016
Traduction du portugais de Red Roja
Traduction du français de Rose-Marie Serrano
REFLEXIÓN SOBRE HISTORIAS POLÉMICAS DEL PCUS, DE LA REVOLUCIÓN DE OCTUBRE Y DE LA URSS
Por Miguel Urbano Rodrigues
Traducción: Red Roja
Este artículo fue escrito para ser incluido en un libro póstumo que estoy escribiendo. Cambié esta decisión porque mi compañera me persuadió de que, en estos días en que la Humanidad (incluido Portugal) está inmersa en una crisis estructural del monstruoso sistema capitalista condenado a desaparecer, su inmediata publicación puede ser útil.
Leí en 1961, en Guinea Conakry, la traducción francesa de la Historia del Partido Comunista (bolchevique) de la URSS, revisada y aprobada en 1938 por el Comité Central del PCUS. En Portugal, a iniciativa del camarada Carlos Costa, la citada Historia fue publicada en 2010 con el subtítulo Breve curso y un prefacio, muy elogioso, de Leandro Martins, entonces jefe de redacción de “Avante!”. La iniciativa generó polémica en el PCP.
MIRADAS INCOMPATIBLES SOBRE LA HISTORIA
Tengo en mi biblioteca de Gaia la citada Historia del Partido Comunista (bolchevique), diferentes ediciones de la Historia de la Unión Soviética editadas en castellano por la Editorial Progreso de Moscú y la traducción en portugués de la História da Grande Revolução Socialista de Outubro [Historia de la Gran Revolución Socialista de Octubre], de la misma editorial, de 1977.
La Historia del PCUS, publicada en 1938 y aprobada por el Comité Central del Partido, fue traducida a 67 idiomas y se vendieron más de 42 millones de ejemplares. Pero después del XX Congreso fue retirada de las librerías soviéticas.
Decidí, no sin cierta sensación de malestar, expresar mi opinión sobre esta obra, la de la Revolución de Octubre y una de las Historias de Rusia y de la URSS, la elaborada por los historiadores A. Fadeiev, Bridsov, Chermensky, Golikov y A. Sakharov, miembros de la Academia de las Ciencias de la Unión Soviética. Fue editada en castellano también por la Editorial Progreso en 1960.
¿Por qué ese malestar?
Por ser consciente de la extrema dificultad de establecer fronteras entre lo positivo y lo negativo, entre la evocación de la Historia y la tergiversación de la Historia que, a veces en el mismo capítulo, o coinciden, o se funden, o se cruzan en una confusión laberíntica.
En la Historia del partido Comunista (bolchevique), los primeros tres capítulos están dedicados a la lucha para la creación de un partido obrero revolucionario (el futuro Partido Obrero Social Demócrata de Rusia –POSDR- inicialmente marxista), la lucha de los bolcheviques contra los mencheviques y la primera revolución rusa (1904/1907). El relato es muy interesante y hace hincapié en el papel decisivo que Lenin desempeñó en esta fase histórica.
Los capítulos 4, 5 y 6 se fijan en el periodo que va de la reacción de Stolypin hasta la Revolución de Febrero de 1917 que derrocó la autocracia zarista. Una información muy rica e inédita para los lectores de Occidente da valor a estas páginas pues iluminan el ascenso y el fortalecimiento continuo del Partido bolchevique y la importancia de la obra teórica de Lenin como ideólogo. Las Tesis leninistas de Abril, que supusieron un viraje decisivo en la línea del Partido, merecen especial atención. Al exigir “todo el poder para los soviets”, Lenin enterró la idea de la larga duración de la revolución democrático-burguesa, movilizando al Partido y a los trabajadores contra el Gobierno Provisional de Rusia, dibujando la estrategia de la revolución proletaria hacia el socialismo.
En el capítulo 7, los autores de la Historia del Partido evocan los acontecimientos que precedieron a la Revolución de Octubre y su preparación, con citas de Lenin que facilitan la comprensión de las luchas emprendidas contra el Gobierno Kerenski y dentro del propio Soviet de Petrogrado.
Pero el lenguaje del libro, a partir del capítulo 4 dedicado a la reacción Stolypiana, en el periodo precedente al inicio de la guerra de 1914/18, cambia mucho y se distancia del rigor, de la serenidad y lealtad exigidas a historiadores responsables como lo fueon académicos soviéticos de prestigio mundial como Evgueni Tarlé.
Para caracterizar el oportunismo de los mencheviques, de los economicistas, de los empiriocriticistas, y denunciar y criticar los errores de Kamenev, Zinoviev, Rikov, Preobragensky y Trotsky, y demostrar su incompatibilidad con el leninismo, los autores de la Historia del Partido Comunista (bolchevique) de la URSS recurren a una adjetivación agresiva e insultante y distorsionan groseramente la Historia.
Stalin comienza a aparecer de forma repetida en muchas páginas, y le son atribuidas decisiones e iniciativas importantes en una época en que aún era un dirigente poco destacado del partido, aunque próximo a Lenin.
No es verdad que Trotsky se haya adherido al partido para minarlo por dentro o con el objetivo de destruirlo.
Kamenev y Zinoviev, en la víspera de la insurrección de Octubre, asumieron posiciones que llevaron a Lenin a calificarlos de traidores ; sin embargo la actitud de Trotsky, que era presidente del Soviet de Petrogrado, no suscitó ninguna crítica de parte de Lenin.
En cuanto a las negociaciones de Brest-Litovsk, los autores de la Historia del Partido Comunista, tergiversan también los acontecimientos. Lenin censuró a Trotsky, que era el jefe de la delegación soviética, por no haber cumplido las instrucciones para firmar la paz con los alemanes, pero nunca llamó traidores ni a él ni a Bujarin que asumió una posición ultraizquierdista, ni a Radek ni a Piatakov. Los historiadores afirman que formaban un grupo anti bolchevique
que tramó, “en el seno del partido, una lucha furiosa contra Lenin”. Es falso que planeasen “detener a Vl. Lenin, a JV. Stalin y a IM. Sverdlov, asesinarlos y formar un nuevo gobierno de bujarinistas, trotskistas y social-revolucionarios de izquierda”.
Es falso que Trotsky, con “Kamenev, Zinoviev y Bujarin como lugartenientes, intentase “crear en la URSS una organización política de la nueva burguesía, el partido de la restauración capitalista”.
La prueba de que no habían actuado como conspiradores y traidores fue el posterior nombramiento de todos ellos para tareas de la mayor responsabilidad precisamente a instancias de Lenin. Trotsky fue nombrado Comisario de Defensa en el periodo más dramático de la guerra civil y de la intervención militar de la potencias de la Entente, de USA y de Japón; Zinoviev asumió la presidencia de la III Internacional con la aprobación de Lenin; Bujarin fue el jefe de redacción del Pravda desde 1924 hasta 1929 con el aval de Stalin.
En el capítulo 9, sigue la tergiversación de la Historia.
Aun en vida de Lenin, Trotsky, durante el debate sobre los Sindicatos y la fundación de la NEP, asumió posiciones que fueron duramente criticadas por Lenin, pero continuó en el Politburó con la aprobación de éste.
En las páginas dedicadas al XIII Congreso del Partido, la breve referencia a la carta que Lenin, ya inválido, le dirigió el 24 de diciembre de 1922, meses antes de sufrir el último y devastador derrame cerebral, se omite el contenido y el significado de ese documento fundamental.
Los historiadores de la Historia afirman que “En los acuerdos tomados por el XIII Congreso se tuvieron en cuenta todas las indicaciones hechas por Lenin en sus últimos artículos y cartas”.
Se trata de una mentira inexcusable.
La carta de Lenin y el apéndice del día 4 de enero de 1923 fueron leidas ante muchos delegados pero no publicadas. Solo a partir de 1956 se divulgaron públicamente en la URSS.
¿Por qué?
En esa carta Lenin transmitía al Congreso su opinión sobre los más destacados miembros del Comité Central cuya ampliación propugna.
LA CARTA DE LENIN AL XIII CONGRESO
Por su importancia transcribo a continuación algunos pasajes de la extensa carta de Lenin al XIII Congreso en la que llamaba la atención sobre el grave peligro que amenazaba al Partido si no se introducían modificaciones en la estructura de su dirección.
“El camarada Stalin, llegado a secretario general, ha concentrado en sus manos un poder inmenso, y no estoy seguro de que siempre sepa utilizarlo con la suficiente prudencia. Por otra parte, el camarada Trotsky, según demuestra su lucha contra el CC con motivo del problema del Comisariado del Pueblo de Vías de Comunicación, no se distingue únicamente por dotes relevantes. Personalmente, quizá sea el hombre más capaz del actual CC, pero está demasiado ensoberbecido y se deja llevar demasiado por el aspecto
puramente administrativo de los asuntos.”
Unas pocas líneas más adelante, esboza los perfiles de Kamenev, Zinoviev, Piatakov, y Tomsky que eran por entonces, con Bukarin, Trotsky, Stalin y él mismo, miembros del Politburó. A Bujarin le atribuía ciertas fragilidades pero también lo elogiaba mucho.
Sobre Stalin advierte en ese apéndice: “Stalin es demasiado brusco, y este defecto, plenamente tolerable en nuestro medio y en las relaciones entre nosotros, los comunistas, se hace intolerable en el cargo de secretario general. Por eso propongo a los camaradas que piensen la forma de pasar a Stalin a otro puesto y de nombrar para este cargo a otro nombre que se diferencie del camarada Stalin en todos los demás aspectos sólo por una ventaja, a saber: que sea más tolerante, más leal, más correcto y más atento con los camaradas, menos caprichoso, etc. Esta circunstancia puede parecer una pequeñez insignificante. Pero creo que, desde el punto de vista de prevenir la escisión y de lo que he escrito antes de las relaciones entre
Stalin y Trotsky, no es una pequeñez o se trata de una pequeñez que puede adquirir importancia decisiva”.
En contra de frecuentes especulaciones en historiadores de Occidente, la hipótesis del nombramiento de Trotsky como secretario general, es absurda. La vieja guardia del partido nunca lo aceptaría.
Hay algunas discrepancias en las traducciones en inglés, francés, portugués y castellano de la Carta de Lenin al Congreso y del siguiente apéndice. Pero son irrelevantes.
LA EPOPEYA DE LA RECONSTRUCCIÓN DE RUSIA Y DE LA INDUSTRIALIZACIÓN
El capítulo 10 es el mejor del libro.
Rusia salía arruinada de la guerra mundial, de la guerra civil y de la agresión de las potencias de la Entente. Decenas de ciudades, centenares de aldeas fueron destruidas. La producción agrícola e industrial cayó a niveles muy inferiores a los de 1913. Durante la catastrófica sequía de 1921 millones de personas murieron de hambre.
El Gobierno Soviético se enfrentó a desafíos tremendos.
Las fábricas existentes estaban obsoletas.
Transcribo de la Historia del Partido:
“Era necesario construir toda una serie de sectores industriales desconocidos en la Rusia zarista; construir nuevas fábricas de maquinaria y herramientas de automóviles, de productos químicos y metalúrgicos, organizar una producción propia de motores y materiales para la instalación de centrales eléctricas; incrementar la extracción de carbón y minerales, pues así lo exigía el triunfo del socialismo en la URSS.
Era necesario crear una nueva industria de guerra, construir nuevas fábricas de artillería, municiones, aviones, tanques, ametralladoras, porque así lo exigían los intereses de la defensa de la URSS en aquellas condiciones de cerco imperialista.
Era necesario construir fábricas de tractores, fábricas de maquinaria agrícola moderna para abastecer a la agricultura, para dar a millones de pequeños campesinos individuales la posibilidad de pasar a la gran producción del koljoz, porque así lo exigían los intereses del triunfo del socialismo en el campo”.
Estas tareas gigantescas exigían miles de millones de rublos. Y las cajas del Tesoro estaban vacías.
Como el poder soviético había anulado todas las deudas a países capitalistas contraídas por la autocracia zarista, el crédito extranjero era una imposibilidad absoluta.
Los excedentes de la agricultura eran la única fuente a la que el poder soviético podía acudir. Pero para conseguirlos era indispensable que la agricultura estuviera en condiciones de producirlos.
Un doble desafío se presentaba: emprender la colectivización de las tierras y modernizar en un tiempo mínimo la agricultura dotando a los koljozs y a los sovjozs (haciendas del estado) de medios técnicos adecuados.
El Poder Soviético, contra las previsiones de París, Londres y Washington que consideraban imposible su supervivencia, ganó aquella batalla épica.
Ésta coincidió con las intensas luchas internas en el Partido (Trotsky fue expulsado en 1927 y deportado a Kazajistán, Kamenev y Zinoviev también fueron expulsados, aunque posteriormente fueron readmitidos) y exigió la destrucción de los kulajs [agricultores y campesinos que poseían propiedades] que se habían enriquecido enormemente durante la NEP.
No hay precedentes en la historia de la Humanidad de transformaciones tan profundas y rápidas como las que por entonces tuvieron lugar en la URSS.
Entre 1926/27 se invirtieron en la industria mil millones de rublos, tres años después, cinco mil millones. En ese breve periodo se construyeron la Central Eléctrica del Dniéper, el ferrocarril de Turquestán a Siberia, la gigantesca fábrica de tractores de Stalingrado, la fábrica de automóviles AMO.
En 1928, la superficie de koljos era de 1.390.000 hectáreas; en 1929, sobrepasaba los 4.262.080 hectáreas y en 1930, 15 millones de hectáreas.
En el trienio 1930/33 la industria creció el doble.
Estos éxitos inimaginables estuvieron sin embargo manchados de graves desvíos de los principios y valores leninistas.
En la colectivización de las tierras no fueron solo los kulaks el objetivo de la represión, también alcanzó, y muy brutalmente, a millones de pequeños campesinos que se resistían a su integración en los koljozs.
Stalin criticó los “excesos izquierdistas” de cuadros del partido en un artículo en el que denunciaba los “graves errores de aquellos que se habían desviado de la línea del Partido” a través de medidas de “coerción administrativa”.
Son, obviamente, fantasiosas las estadísticas forjadas en Occidente según las cuales decenas de millones de campesinos rusos y ucranianos murieron en el proceso de colectivización.
Pero es innegable que incumben a Stalin grandes responsabilidades por crímenes cometidos en ese periodo.
La Historia del Partido Comunista (bolchevique) a este respecto se omite.
Las ideas de Lenin sobre la colectivización eran incompatibles con la política de Stalin para la agricultura y con los métodos a que recurrió en un contexto de lucha exacerbada dentro del Comité Central.
Pero mi discordancia frontal con la estrategia del secretario general del PCUS, ya investido del enorme poder que Lenin temía y denunció, no me impide reconocer que fue un revolucionario excepcionalmente dotado que realizó en menos de una década una obra colosal.
Me distancio totalmente de los elogios obstinados y ditirámbicos a Stalin, pero constato que, terminado con éxito antes de plazo el I Plan Quinquenal, Rusia se transformó de un país agrario atrasado, con estructuras medievales, en un gran país industrial. Un país en el que casi el 75% de la población adulta era analfabeta se convirtió en un país instruido y culto con una red impresionante de escuelas superiores, secundarias y básicas en las que se enseñaban las lenguas de las decenas de nacionalidades que convivían en el espacio soviético desde el Báltico y el Mar Negro hasta el Pacífico; el primer país del mundo en el que el estado garantizaba la salud y la educación gratuita a todos los ciudadanos.
CONCLUSIONES
En el capítulo de las Conclusiones, los autores de la Historia del Partido (bolchevique) pretenden presentar el régimen soviético de finales de los años 30 como la concretización del leninismo. Stalin sería su intérprete fiel.
El discurrir de la historia demostró la falsedad de esa pretensión.
Ya en aquella época, el culto a la personalidad de Stalin era incompatible con el proyecto de Lenin.
Solo en 1956, en el XX Congreso del PCUS fue planteado el tema.
Kruschev, que nunca había dirigido la más leve crítica al secretario general, dibujó un perfil horrible de él. Posteriormente se ha sabido que el famoso Informe al Congreso estaba sembrado de informaciones falsas. Pero el culto a la personalidad, estimulado por Stalin, fue una realidad.
La llamada desestalinización no puede esconder que la llegada al poder de Kruschev señaló el principio de la política revisionista que condujo a la destrucción de la URSS.
Fue Gorbachov el que enterró el Socialismo en la Unión Soviética, pero el que cavó su fosa fue Kruschev.
SOBRE LA HISTORIA DE LA GRAN REVOLUCIÓN SOCIALISTA DE OCTUBRE
La versión portuguesa, publicada en 1977 por la editorial Progreso estuvo a cargo de un grupo de académicos, pero la editorial soviética no cita sus nombres.
Por el estilo, por el lenguaje, por las fuentes consultadas (que ocupan 71 páginas en el índice), es una obra muy diferente de la Historia del Partido Comunista (bolchevique) de 1938.
Las primeras referencias a las divergencias en la fracción bolchevique del POSDR no aparecen hasta las páginas 152 y 163. Los autores subrayan que Trotsky, Kamenev y Zinoviev no creían en la “victoria de la revolución socialista en Rusia”. Los dos últimos denunciaron incluso en un artículo la preparación de la insurrección del 7 de noviembre (25 de Octubre por el calendario juliano aun vigente), lo que llevó a Lenin a acusarlos de “traidores”.
La III Parte de la Historia en cuestión está dedicada a la Edificación del estado Soviético y a las Transformaciones Revolucionarias en el País.
En las 200 páginas que ocupa son frecuentes las críticas a Kamenev y a Zinoviev y escasas las referencias a Stalin y a Trotsky.
Las críticas a Trotsky surgen a propósito de las posiciones contradictorias que asumió como jefe de la delegación soviética en las negociaciones de paz de Brest-Litovsk con los alemanes y los austriacos.
Pero el lenguaje en esas líneas no es agresivo. Los autores escriben que “tal como los comunistas ‘de izquierda’ (entonces liderados por Bujarin), Trotsky no creía en la posibilidad de conservar el Poder Soviético sin el apoyo de los países de Europa occidental. Lenin había dado instrucciones para firmar el tratado de paz si los alemanes presentaban un ultimátum”.
Y Trotsky, como jefe de la delegación, ignoró las indicaciones de Lenin amparándose en la fórmula absurda “¡ni paz ni guerra!”. Pero cuando los alemanes retomaron la ofensiva el 18 de febrero, Trotsky, en la reunión de emergencia del Comité Central, votó con Lenin a favor de la firma inmediata del tratado impuesto por los alemanes que tuvo lugar el 3 de marzo.
Los autores no señalan siquiera la expulsión de Trotsky del Partido en1927 y su deportación a Asia Central.
Es obvio que este grupo de historiadores sigue disciplinadamente la línea revisionista adoptada por le PCUS después del XX Congreso. Reflejan en su Historia un tipo de sectarismo tan condenable como el de los redactores de la Historia del Partido Comunista (bolchevique).
La escasez de referencias a Trotsky no se justifica.
Si bien es falso que él hubiera sido el cerebro de un tenebroso plan que apuntaría a la desmembración de la URSS, entregando el Extremo Oriente a los japoneses y Ucrania a Hitler, es innegable que el fundador de la IV Internacional conspiró permanentemente en su exilio contra la Unión Soviética.
UNA HISTORIA DE LA URSS TAMBIÉN POLÉMICA
La Historia de la URSS elaborada por los cinco miembros de la Academia de las Ciencias citados al principio de este artículo, es también una obra polémica en la que la tergiversación de los acontecimientos refleja el espíritu del revisionismo kruscheviano.
Es un manual poco ambicioso destinado a los jóvenes. El título es por lo demás incorrecto porque los autores pretenden condensar en 400 páginas la historia de los pueblos que desde el paleolítico se instalaron a lo largo de los siglos en el espacio de la futura Unión Soviética.
El capítulo I, de Bridsove y A. Sajarov, está dedicado a las comunidades primitivas y al periodo de esclavitud.
En el capítulo II, desde Sajarov, el tema es el feudalismo y abarca desde la fundación del Estado Ruso, las invasiones mongoles, la desintegración de la Horda de oro, para terminar con el desarrollo en Rusia de las relaciones capitalistas.
La perspectiva marxista no se identifica fácilmente en estas páginas que contienen informaciones muy interesantes ausentes en los trabajos de los historiadores occidentales sobre esos periodos. El nombre de Stalin aparece por primera vez en la página 141 incluido en una lista de bolcheviques que luchaban contra los mencheviques. Kamenev es citado en la página 202 como “líder de los oportunistas de derecha”. Bujarin y Preobragensky, en la página 206 como “capituladores”.
Trotsky es criticado (Pág. 212) por “haber violado las instrucciones del CC del Partido y del Gobierno Soviético, al negarse a firmar las condiciones de paz”.
A Stalin se le atribuye el éxito, con Vorochilov, de la victoria sobre Krasnov (pág. 231) en Tsaristin (futura Stalingrado).
El trotskismo vuelve a ser citado críticamente en la página 528. Bujarin y Rykov son calificados de “grupo anti partido de oportunistas” (pág. 261).
En las páginas dedicadas a la colectivización de la agricultura, la violación de los principios del Partido es atribuida a funcionarios y a los soviets locales y valora como importante la crítica de Stalin a tales desvíos. Pero sin hacer referencia a los crímenes cometidos y a la deportación en masa de campesinos.
El historiador ni siquiera alude a los procesos de los años 30 que terminaron en los fusilamientos de Kamenev, Zinoviev, Rakovsky, Bujarin, Preobragensky y otros viejos bolcheviques.
Las primeras referencias al culto a la personalidad de Stalin aparecen en la página 281. El autor del capítulo afirma que “la idolatría a Stalin infligió graves daños al Partido Comunista y a la Sociedad Soviética” y subraya que los éxitos obtenidos por el partido y las masas populares fueron injustamente atribuidos a Stalin.
En el capítulo dedicado a la II Guerra Mundial se subraya que Stalin “asumió la dirección militar, económica y política concentrando en sus manos la totalidad del Poder del Estado” (pág. 287).
En el capítulo IV, el académico F. Golikov dedica un amplio espacio (pág, 312 y ss.) al XX Congreso. Informa que en él se discutió el informe del primer secretario, Kruschev, subrayando que “la cuestión de superar el culto a la personalidad de Stalin y sus consecuencias” mereció especial atención.
“El Congreso – escribe – reveló audaz y sinceramente las faltas y las deficiencias en el trabajo resultado de la idolatría a Stalin, sobre todo en los últimos años de su vida y actividad. Extraño al espíritu del marxismo-leninismo y a la naturaleza del régimen socialista de la sociedad, la androlatría impidió el desarrollo de la democracia soviética e impidió el avance de la Unión Soviética hacia el comunismo.»
Pero al criticar los “aspectos erróneos de la actividad de Stalin”, la nueva dirección del Partido afirma que “como fiel marxista-leninista y firme revolucionario, Stalin ocupará su debido lugar en la Historia”.
En la sesión plenaria del CC de junio de 1957 se indica que “fue derrotado y desenmascarado el grupo anti partido integrado por Malenkov, Kaganovich, Molotov, Bulganin y Shepilov”.
Siguen unas páginas apologéticas sobre los extraordinarios éxitos que el PCUS bajo la dirección de Kruschev estaba logrando y que permitirían a la URSS “ocupar en los próximos años el primer lugar en el mundo tanto en el volumen global de producción como en la producción per cápita. En este país se creará la base material y técnica del comunismo”.
Para desgracia de la Humanidad, esa previsión optimista fue desmentida por la Historia.
Por el estilo y lenguaje, el Informe en cuestión trasluce con claridad la mentalidad revisionista que empujó a la URSS a su disgregación y a la reimplantación en Rusia del capitalismo.
Es un trabajo que no contribuyó en nada al prestigio de la historiografía soviética.
Es útil subrayar que la gran mayoría de los historiadores occidentales, epígonos del capitalismo, lejos de contribuir para el conocimiento de la história real de la Unión Soviética la deturpan con perversidad para satanizar el marxismo y Lenin.
Transcurridas décadas, es mi firme convicción que la Historia del Partido Comunista (bolchevique) de 1938, la Historia de la Gran Revolución de Octubre y las diferentes Historias de la URSS editadas en los años 70, tergiversaron, cada cual con objetivos dispares, la Historia real de unos acontecimientos que dejarán marcas indelebles en el caminar de la Humanidad.
*História do Partido Comunista (bolchevique) da URSS, Edição de Para a História do Socialismo, Portugal, Agosto de 2010, 527 páginas
** História da Grande Revolução Socialista de Outubro, Edições Progresso, Moscú, 1977, 676 páginas
*** Historia de la URSS (Ensayo), publicada en 1960 por Ediciones Progresso, de Moscú, 422 páginas
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Serpa y Vila Nova de Gaia, Septiembre y Octubre de 2016
Traducción del portugués de Red Roja