Alors que se termine l’année c’est l’heure des bilans et de remise de prix. Comme chaque année, depuis 1999, c’est le moment des prix de l’Académie de la Carpette anglaise, un jury qui sous un nom provocateur se préoccupe de mettre en exergue une question fondamentale et sérieuse, celle du respect de la diversité linguistique à travers la défense de la langue française et de la francophonie contre le tout anglais. L’Académie de la Carpette anglaise décerne donc le prix de la « Carpette anglaise » à un membre des dirigeants français et francophones qui, s’est particulièrement déshonoré par son acharnement à promouvoir la domination de l’anglais en France et dans les institutions européennes au détriment de la langue française. Il « récompense » l’acharnement des élites françaises et internationales à promouvoir l’anglais au détriment de la langue française.
Ce jeudi 14 décembre, le prix de la Carpette anglaise a été remis Rémy Rioux, président de l’Agence française de développement (AFD)
Cet organisme est censé être responsable de la mise en œuvre de l’aide au développement de la France. Il s’agit donc d’une institution essentielle de la diplomatie française. Mais l’AFD et son directeur général, M. Rémy Rioux, se sont notamment fait remarquer par une politique service de destruction de la langue française, en choisissant notamment de dénommer en anglais des événements destinés à l’Afrique francophone, comme l’AFD Invitation Research Conversations et même la fête de l’AFD coiffée du titre Let’s Start Together — The Party. Un choix servile et délibéré, s’agissant d’évènements organisés par la France à destination de pays francophones.
En décembre 2022, lors d’une conférence sur le thème de la « sustainability » (comme si le terme soutenable n’existait pas), le philosophe francophone et sénégalais Souleymane Bachir Diagne avait dû traduire en anglais sa communication pourtant rédigée en français afin qu’elle soit retraduite en français par l’interprète. Les citations de l’un des pères de la Francophonie Léopold Sédar Senghor furent elles aussi traduites en wall street english pour être ensuite retraduite … en français. Rappelons que, selon l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), 60 % des 321 millions de locuteurs du français dans le monde sont en Afrique !
Le prix spécial étranger de la Carpette anglaise a lui été délivré au ministre du Budget, de la Fonction publique et de la Promotion du multilinguisme de la région de Bruxelles-Capitale, Sven Gatz.
Ce dernier en dépit de son mandat s’est en-effet particulièrement illustré en proposant le 6 juin 2023 rien moins que de faire de l’anglais la troisième langue administrative de la région de Bruxelles après le français et le flamand, qui sont les langues parlé par la population. Rappelons que l’anglais n’est pas une langue officielle de la Belgique, dont les langues sont le français, le flamand et l’allemand et que plus de 70% des habitants de la région de Bruxelles, sont francophones. C’est une idée défendue depuis des années par le parti libéral flamand, l’Open VLD, qui combat depuis longtemps l’influence du français dans la capitale belge et européenne.
C’est aussi une manière d’imposer cette fois ci de manière directe et officielle la prééminence, dans la ville centre des institutions supranationales de la très antidémocratique Union Européenne, de l’anglo américain. Faut il rappeler que, depuis le Brexit, l’anglais n’est plus la langue officielle exclusive d’aucun des pays membres de l’Union Européenne, n’étant langue secondaire officielle que de l’Irlande et de Malte soit 1.2% de la population de l’UE ? L’anglais n’est pas la langue officielle de l’UE mais y est imposée dans les faits et contre les règlements, comme langue exclusive, de l’expression de la commission européenne et de travail des institutions de l’Union Européenne notamment ses comités de travail, et de sa banque centrale. L’Union Européenne, avec son exécutif la commission européenne, est l’une des principales armes de destruction de la diversité linguistique – en dépit de ce qui est inscrit de façon hypocrite dans ses traités et réglement – en imposant en réalité comme langue de pouvoir l’anglais. Rappelons que sur le plan de l’éducation, afin de créer un marché concurrentiel et libéral de l’enseignement supérieur, dans le cadre du processus de Bologne, l’UE a imposé le système ECTS, ce qui a ouvert la voie à imposer la prééminence de l’anglais dans l’enseignement supérieur. A tel point qu’il est désormais obligatoire en France pour valider un diplôme d’étude supérieure d’obtenir une certification, non pas en une langue étrangère librement choisie, mais en anglais, tandis que des centaines de master sont désormais enseignés en globish. En dépit du fait que l’essentiel des étudiants et professeurs qui les suivent ne sont pas anglophones mais bien souvent francophones.
Il s’agit là de suivre un but politique, celui d’assurer la domination du centre impérialiste dominant de l’Union Européenne qui est à Washington et de son relais continental qu’est la RFA, et avec elle, celle de son idéologie capitaliste. Quoi de mieux que la langue de Wall Street pour véhiculer les concepts, les idées et les représentations du monde qui sont celles de Wall Street ? tout en assurant un environnement de travail plaçant en situation avantageuse les maîtres capitalistes face aux travailleurs dominés ainsi culturellement par la relégation puis l’éradication de leurs langues.
Communiqué 2023 de l’académie de la Carpette anglaise
Sous la présidence de Philippe de Saint Robert, le jury de la Carpette anglaise 2023, réuni chez Lipp, le 14 décembre, a décerné, à l’unanimité, son prix d’indignité nationale, à l’Agence française de développement (AFD), en la personne de son directeur général, M. Rémy Rioux pour avoir donné à des évènements relatifs à l’Afrique francophone des titres en anglais, notamment à sa propre fête, en février 2023 : « Let’s start together – The party » .
À titre étranger, le prix a été décerné – par six voix sur neuf – à Steven Gatz, ministre du Budget et du Multilinguisme de la région de Bruxelles-Capitale – ville francophone –, pour avoir proposé, le 6 juin 2023, de faire de l’anglais la troisième langue administrative de la région de Bruxelles.
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Philippe de Saint Robert, Paul-Marie Coûteaux, Benoît Duteurtre, Marc Favre d’Échallens, Yves Frémion, Guillemette Mouren, Marie-Josée de Saint Robert, Albert Salon, Marie Treps, sont membres de l’académie de la Carpette anglaise ainsi que les associations suivantes: Association pour la sauvegarde et l’expansion de la langue française (Asselaf), Avenir de la langue française (ALF), Cercle des écrivains cheminots (CLEC), le Collectif unitaire républicain pour la résistance, l’initiative et l’émancipation linguistique (COURRIEL), Défense de la langue française (DLF) et Le Droit de comprendre (DDC).
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Le prix de la Carpette anglaise est attribué à un membre des « élites françaises » qui s’est particulièrement distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l’anglo-américain en France au détriment de la langue française.
Le prix spécial à titre étranger est attribué à un membre de la nomenklatura européenne ou internationale, pour sa contribution servile à la propagation de la langue anglaise.
Contact : Marc Favre d’Échallens, secrétaire de l’académie de la Carpette anglaise.
Historique des prix de la Carpette anglaise : Les lauréats du prix de la Carpette anglaise : 1999 à 2021
2023 : M. Rémy Rioux directeur général de l’Agence française de développement (AFD) , M. Steven Gatz, ministre du Budget et du Multilinguisme de la région de Bruxelles-Capitale
2022 : M. Emmanuel Macron, président de la République, Madame Mushikiwabo, ancienne ministre du Rouanda.
2021 : Gérald Darmanin ministre de l’Intérieur, pour avoir promu la nouvelle carte nationale d’identité bilingue.
2019 : La Banque postale pour son offre de banque mobile dénommée « Ma French Bank », accompagnée d’une campagne publicitaire de sabotage linguistique.
2018 : M. Olivier Schrameck , président du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel), pour avoir refusé d’exercer les pouvoirs qui lui incombent en matière de respect de la langue française dans les chaînes de radio et de télévision.
2017 : Mme Anne Hidalgo, maire de Paris, pour l’utilisation prioritaire de l’anglais comme langue de communication de la Ville de Paris.
2014 : M. Pierre Moscovici, membre de la Commission européenne pour avoir adressé à M. Michel Sapin, ministre des Finances et des Comptes publics, une lettre entièrement en anglais.
2013 : Guillaume PÉPY, président de la SNCF, distingué pour ses éminents mérites en dévotion anglophone a reçu le prix 2013 de la Carpette anglaise. Après les Smiles, les TGV Family, et autres médiocrités linguistiques.
2013 (prix exceptionnel) : Mme Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, pour avoir, dans la lignée de Mme Valérie Pécresse
(« carpettée » en 2008) et malgré de nombreuses mises en garde, légalisé en maintenant l’article 2 de son projet de loi l’enseignement en anglais
2012 : M. Frédéric Cuvillier, ministre délégué chargé des Transports, pour avoir déclaré, selon Le Parisien, que, dans le domaine du transport, « l’anglais devrait être la langue de rédaction des documents officiels harmonisés ».
2011 : M. Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP, pour promouvoir avec vigueur l’usage de la langue anglaise de la maternelle aux grandes écoles et pour faire de la télévision publique en anglais aux heures de grande écoute (sous-titré en français)
2010 : Mme Martine Aubry, premier secrétaire du Parti socialiste, et à ses conseillers en communication, pour leur recours systématique à des slogans anglo-saxons.
2009 : M. Richard DESCOINGS, directeur de l’Institut d’études politiques de Paris, pour imposer des enseignements uniquement en langue anglaise dans certaines filières proposées et pour correspondre en anglais avec le lycée français de Madrid.
2008 : Mme Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, pour avoir déclaré que le français était une langue en déclin et qu’il fallait briser le tabou de l’anglais dans les institutions européennes.
2007 : Mme Christine Lagarde, ministre de l’Économie et des Finances, qui communique avec ses services en langue anglaise, par huit voix contre quatre à M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d’État à la Francophonie, qui a publiquement célébré les futurs bienfaits du protocole de Londres.
2006 : Le Conseil constitutionnel pour « ses nombreux manquements à l’article 2 de la constitution qui dispose que la langue de la République est le français » et pour avoir « déclaré conforme à la constitution le protocole de Londres sur les brevets, permettant ainsi à un texte en langue anglaise ou allemande d’avoir un effet juridique en France ».
2005 : France Télécom, opérateur de téléphonie présidé par Didier Lombard, pour la mise en place de services et produits aux dénominations anglaises (« Business Talk, Live-Zoom, Family Talk… »), désigné par huit voix contre quatre pour Yves Daudigny, président du conseil général de l’Aisne pour sa campagne publicitaire en anglais « L’Aisne, it’s Open ! ».
2004 : Claude Thélot, président de la Commission du débat national sur l’avenir de l’école, pour avoir considéré « l’anglais de communication internationale » comme un enseignement fondamental, à l’égal de la langue française, et avoir préconisé son apprentissage par la diffusion de feuilletons américains en VO sur les chaînes de la télévision française.
2003 : le Groupe HEC, dont le directeur général, Bernard Ramanantsoa, a déclaré en décembre 2002 : « Dire que le français est une langue internationale de communication comme l’anglais prête à sourire aujourd’hui ».
2002 : Jean-Marie Colombani, directeur de la publication du Monde qui publie sans la moindre réciprocité, et à l’exclusion de toute autre langue, un supplément hebdomadaire en anglo-américain tiré du New York Times.
2001 : Jean-Marie Messier, PDG de Vivendi Universal, pour avoir systématiquement favorisé l’anglais comme langue de communication dans ses entreprises.
2000 : Alain Richard, ministre de la Défense, pour avoir obligé les militaires français à parler anglais au sein du Corps européen alors qu’aucune nation anglophone n’en fait partie.
1999 : Louis Schweitzer, PDG de Renault, pour avoir imposé l’usage de l’anglo-américain dans les comptes rendus des réunions de direction de son entreprise (juste devant Claude Allègre, sélectionné pour avoir déclaré à La Rochelle, le 30 août 1997, « Les Français doivent cesser de considérer l’anglais comme une langue étrangère »).
Lauréats du prix spécial du jury à titre étranger (prix créé en 2001) :
2021 : Mme Ursula von der Leyen, pour la 2e fois, à Ursula von der Leyen, qui, depuis son arrivée à la Commission européenne qu’elle préside, a décidé toute seule de promouvoir l’anglais au rang de langue unique de travail de la Commission.
2019 : Mme Ursula von der Leyen, pour tenter d’imposer la seule langue anglaise dans les textes officiels émanant de la Commission européenne.
2018 : M. Doug Ford , Premier ministre de la province canadienne de l’Ontario, pour avoir annoncé l’abandon du projet de l’université francophone de l’Ontario français à Toronto, province bilingue.
2017 : M. Donald TUSK, président du Conseil européen, pour s’exprimer en priorité en anglais excluant notamment le français, qu’il se refuse à apprendre.
2014 : Mme Paula Ovaska-Romano , directrice du Département des langues et directrice par intérim de la Direction générale de la traduction de la Commission européenne, pour avoir violemment tancé en anglais une responsable associative qui la sollicitait en italien et avoir qualifié, à cette occasion, l’italien de « langue exotique ».
2013 : M. Tom ENDERS, président exécutif d’EADS et grand organisateur de la politique linguistique du tout en anglais dans son groupe, qui a trouvé (dis)grâce aux yeux du jury. L’Académie a tenu à lui décerner son prix spécial à titre étranger pour avoir annoncé, en anglais seulement, à tous les salariés allemands, espagnols et français de la branche « défense et espace », un vaste plan de licenciements par une vidéo…
2012 : l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII) et à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) pour la campagne publicitaire « Say oui to France – Say oui to innovation », qui promeut la France à l’étranger en utilisant un anglais de pacotille comme seul vecteur de communication, au lieu de s’adresser dans la langue des pays intéressés par cette campagne.
2011 : compagnie Ryanair, présidée par M. Michael O’Leary, pour avoir imposé, en Espagne, aux femmes enceintes de plus de vingt-huit semaines un certificat médical exclusivement rédigé en anglais, y compris pour les vols intérieurs (menaçant de ne plus desservir les aéroports ne se pliant pas à cette exigence). (AFP, Madrid, 13 septembre 2011.).
2010 : M. Paul Kagamé, président de la République du Rwanda, pour avoir imposé dans son pays le passage du français à l’anglais comme langue officielle et comme langue de l’enseignement, et pour avoir quitté l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie) pour adhérer au Commonwealth.
2009 : M. Jean-Louis BORLOO, ministre d’État, ministre de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer, pour avoir signé, le traité de l’IRENA (International Renewable Energy Agency) dont la seule langue de travail est l’anglais.
2008 : Eurostat, service des statistiques de la Commission européenne, qui diffuse depuis avril 2008 sa publication « Statistiques en bref » uniquement en anglais, renonçant aux langues allemande et française.
2007 : la police de Genève, pour avoir diffusé une publicité intitulée « United Police of Geneva ».
2006 : Ernest-Antoine Seillière, président de l’Union des industries de la communauté européenne, pour avoir prononcé un discours en anglais au Conseil européen à Bruxelles en mars 2006.
2005 : Josep Borrell, président du Parlement européen, pour avoir avantagé l’anglais lors d’une session de l’assemblée parlementaire Euro-Méditerranée qu’il venait de présider à Rabat au Maroc sans prévoir la traduction des documents de travail.
2004 : Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, élu pour avoir présenté en anglais la politique de l’établissement devant le Parlement européen de Strasbourg et avoir déclaré lors de sa prise de fonction « I am not a Frenchman ».
2003 : Pascal Lamy, élu pour son utilisation systématique de l’anglais dans ses fonctions de commissaire européen, au mépris des règles communautaires.
2002 : Romano Prodi, président de la Commission européenne, qui n’a jamais manqué une occasion de promouvoir la langue anglaise comme langue unique au mépris des règles communautaires, comme l’ont montré l’affaire de l’étiquetage en anglais des produits alimentaires, et l’imposition de l’anglais comme langue unique de négociation pour l’élargissement européen.
2001 : La société Lego, fabricant danois de jouets pour enfants, qui présente ses produits en France et dans le monde uniquement en anglais sous les expressions « explore being me », « explore together », « explore logic » et « explore imagination ».